Un corps faible est commandé.

Un corps fort agit.

Ne dit-on pas que le silence des bons est plus terrible que les actes des méchants ?

Alors, pourquoi le nouveau Président de la Société suisse des officiers (SSO) s’évertue à vouloir défendre le silence compromettant de ses membres ?

Pourquoi considère-t-il les propos du chef de notre armée, devant un parterre de 150 officiers généraux d’Etat-Major à Brugg (AG), comme, finalement, si peu graves ?

Son allégeance serait-elle façonnée par deux poids, deux mesures ?

(Le féminin est compris dans le texte – 2 minutes de lecture)

Le Président de la SSO minimise les propos de son chef mais incendie l’action de dénonciation des officiers informateurs aux médias. Sur les ondes de La Première (RTS), le mercredi 11 mai 2016 passé, dans l’émission Forum, il déclare : « … scandaleux… le fait qu’il y avait dans ce séminaire… un ou deux, ou trois, officiers qui ont… accueillis les mots du Commandant de Corps et les ont distribués aux médias… »

Pourquoi ne pas se réjouir de la résistance d’hommes d’honneur face aux propos, pour le moins irrespectueux, de leur chef suprême ?

Au sein des corps de notre armée, comme de plusieurs de nos polices, notamment celles qui maintiennent des réminiscences militaires dans leurs organisations et leurs hiérarchies, le désir d’un management plus ouvert et plus transparent se fait sentir. La sous-coutume du silence et de l’omerta n’a plus la cote.

Dans cette affaire de Brugg et selon le Président de la SSO, le fait d’avoir rompu l’asservissement du groupe est bien plus grave que le fait d’avoir dénoncé les déclarations indignes du chef. C’est bien cette attitude de faiblesse qui doit changer.

Œuvrer pour un management qui ne craint plus la critique.

Une telle évolution est salutaire.

D’une part, elle renforce la lutte contre les criminalités. Je constate que les enquêtes judiciaires menées par des inspecteurs à l’esprit frondeur et indépendant aboutissent à de meilleurs résultats. Ces policiers ne se laissent pas intimider par des supérieurs blasés, frustrés ou pire, paresseux.

D’autre part, cette nouvelle forme de gouvernance transversale vivifie la démocratie et facilite la dénonciation des irrégularités et des connivences nuisibles.

Dès lors, pourquoi craindre que des officiers supérieurs prennent leurs responsabilités en estimant que le maintien en alerte de notre démocratie est bien plus important qu’une certaine forme de loyauté envers un chef déviant ?

Frédéric Maillard

Frédéric Maillard, socio-économiste, accompagne les nouvelles gouvernances d’une dizaine de corporations policières suisses. De 2005 à 2015, il a analysé les pratiques professionnelles de 5000 agent-e-s. Depuis, il partage publiquement son diagnostic, commente l’actualité et propose des innovations. fredericmaillard.com

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