Seul le débat est salutaire !

Le licenciement du porte-parole de la Police cantonale valaisanne

Vous êtes nombreux à solliciter mon opinion sur l’éviction du porte-parole de la police cantonale valaisanne. J’ai longtemps hésité. D’ordinaire, je ne me prononce pas sur les sujets que je ne maîtrise pas de fond en comble et encore moins sur les affaires interpersonnelles.

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Néanmoins, j’ai envie de commenter cette déconfiture pour deux raisons publiques :

  1. Monsieur Jean-Marie Bornet était le chef de la communication et de la prévention d’une police cantonale. La parole et le développement argumentatif étaient et sont toujours ses aptitudes. N’en déplaise à certains.
  2. Monsieur Jean-Marie Bornet avait le grade de Premier-lieutenant, membre de l’État-Major. Ce grade n’est pas anodin. Monsieur Bornet s’est vu confié la responsabilité de « Premier tenant des lieux*», autrement dit de premier gardien de la bienséance de l’institution policière valaisanne. Ce grade** est doté d’une haute charge symbolique.

Une faille institutionnelle

Il y a les femmes, les hommes et les institutions : leurs réceptacles professionnels. Les institutions sont faites pour être critiquées. Ainsi, les personnes individuelles devraient être épargnées afin que l’organisation morale puisse progresser.

Nonobstant quelques antécédents, le deal produit par les parties et autorisant Monsieur Jean-Marie Bornet à s’extraire de sa corporation le temps de faire politique politisée ne pouvait pas se conclure sereinement.

Pourquoi ?

Parce que les organisations étatiques qui employaient Monsieur Bornet peinent à renouveler leurs méthodes de management. En effet, ce ne sont pas les contenus des propos que l’officier Bornet, devenu candidat, a pu discourir le long de sa campagne qui posâtent problème. Ceux-ci n’étaient autres que ceux articulés par toutes les bouches des agents sous assermentation, 24h./24h., dans les vestiaires et dans les voitures de patrouille. Nos autorités ne sauraient l’ignorer alors même que ces agents bavards et peu courageux souffrent d’amnésie en toutes occasions de se faire reconnaître.

C’est le contenant institutionnel qui manque d’audace et de place

L’exiguïté organique de certaines instances étatiques, l’absence d’espace de libre parole, l’incapacité à débattre la contradiction et à traiter les critiques sont les causes de ce problème en particulier.

De tels espaces offrent le plus fabuleux outil managérial… le seul qui, véritablement, à long cours, protège la cohésion interne, renforce le taux de sympathie externe et surtout développe l’innovation.

Malheureusement, il existe encore des institutions frileuses qui s’imaginent ne pas avoir besoin d’autocritique et d’introspection, figées comme une suprématie momifiée … jusqu’au jour où l’un des leurs fait don de lui-même, sans restrictions.

ou “qui tient lieu de ” càd. représentant du pouvoir.

** Nombre d’agents ignorent la nature de leurs grades. Ils les convoitent ou s’en accommodent dans l’unique but de gravir l’échelle des salaires ainsi que leur ego.

 

 

 

 

Frédéric Maillard

Frédéric Maillard, socio-économiste, accompagne les nouvelles gouvernances d’une dizaine de corporations policières suisses. De 2005 à 2015, il a analysé les pratiques professionnelles de 5000 agent-e-s. Depuis, il partage publiquement son diagnostic, commente l’actualité et propose des innovations. fredericmaillard.com