Urgence climatique et police

1ère partie sur 3

(2 minutes de lecture – le féminin est compris dans le texte)

Ce 112ème post inaugure la rentrée automnale 2021.

Je prévois trois épisodes pour traiter l’urgence climatique en relation à nos polices.

1ère partie :  une nécessité

2ème partie : une anecdote

3ème partie : une nouvelle police

Ces trois posts seront entrecoupés d’autres commentant l’actualité et de l’interview d’un ancien policier ayant rédigé (édité et publié) les faits marquants de sa carrière.

Une nécessité

La police, dans le sens de sa définition originelle, est la force que le peuple organise, rémunère et délègue à des agents légitimés et assermentés.

But : préserver la paix, le bien commun, l’intégrité et les avoirs privés de tout un chacun.

Où ? Au cœur des cités comme dans les contrées les plus éloignées, habitées ou non.

Comment ? Par coercition et opportunité discrétionnaire ; cette dernière faculté s’adaptant au gré des besoins et des évolutions sociétales.

La nature policière

La police s’apparente à une prise de conscience assortie d’une évaluation permanente des situations ; ce, par le truchement de l’enquête, des auditions de témoins et du recueil des indices et des preuves. Une police qui, par ses initiatives de prévention, de régulation et de sanction doit faire face aux nécessités.

Quelles nécessités ?

Celles que nous, membres du peuple des migrants, des touristes, des résidents et des citoyens ne pouvons pas résoudre nous-même.

Pourquoi ?

Parce que le risque de détérioration serait trop grand. Les statuts de victime, de témoin ou d’auteur d’une exaction comme d’une infraction ne permettent pas de les résoudre. Trop impliqué, le mélange des postures – juge et partie – ne produit que déformation, rancœur et vengeance. La récolte des informations comme leur arbitrage nécessitent une distanciation et une délégation à des tiers, neutres, objectifs et assermentés. La police est donc née. Une police qui se chargera ensuite de présenter ses résultats au pouvoir judiciaire. Organe séparé, le judiciaire réunira les conditions du jugement.

Les contours sociologiques d’une époque et l’évolution de nos polices

Les notions de criminalité se définissent dans les âges, les mœurs et les coutumes. Au fil du temps, il en ressort d’étranges compromissions à l’image de ces normes qui conditionnent les humains ou inversement soulèvent d’improbables révolutions. Avant-hier, en bon pays catholique, renier la foi de ses pairs vous condamnait immanquablement aux pires châtiments. Aujourd’hui, ce crime poussiéreux, jadis placé au sommet de l’échelle des péchés, s’est totalement dilué pour ne provoquer, sous nos latitudes, plus aucun sourcillement. Les dépénalisations et les libéralisations progressives des drogues douces en Europe sont les démonstrations du phénomène des transformations et perceptions criminologiques. Notre société baisse la garde d’un côté pour la lever de l’autre ; notamment face à de nouvelles formes de criminalités économiques, numériques, génétiques et… écologiques.

L’urgence climatique

Le dernier rapport des experts du climat GIEC, présenté le 9 août passé (2021) à Genève, est cinglant. Il détaille les désordres, à grande échelle, occasionnés par le réchauffement. « Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et l’eau. » peut-on lire dès les premières lignes du rapport. Son contenu est limpide, il confirme la « relation quasi linéaire entre les émissions anthropogéniques de CO2 et le réchauffement qu’elles entraînent.»

Agir c’est “policer” !

Il ne fait aucun doute que les activités humaines néfastes à l’environnement naturel doivent être régulées par de nouvelles polices à naître. Nous (voyons) verrons alors apparaître des brigades spécialisées en surveillance de la gestion des déchets – plusieurs employés de commune s’y emploient déjà – . D’autres polices enquêteront, au long cours, et remonteront les filières d’extraction des produits naturels, veilleront aux sources d’eau potable, arpenteront nos forêts jusqu’aux terminaux portuaires.

à suivre…

Articles en lien avec la sortie du nouveau rapport GIEC et parus dans le quotidien Le Temps :

… un nouveau coup de semonce…

En Suisse, l’inertie climatique

Blogs de l’observatoire des polices, antérieurs, sur le climat et l’environnement :

Les crimes contre l’environnement

La police environnementale

 

 

 

Frédéric Maillard

Frédéric Maillard, socio-économiste, accompagne les nouvelles gouvernances d’une dizaine de corporations policières suisses. De 2005 à 2015, il a analysé les pratiques professionnelles de 5000 agent-e-s. Depuis, il partage publiquement son diagnostic, commente l’actualité et propose des innovations. fredericmaillard.com

4 réponses à “Urgence climatique et police

  1. Pouvez-vous définir les concepts de “coercition et opportunité discrétionnaire”?
    Non seulement ces notions sont floues mais elles sont dangereuses et incompatibles avec notre ordre constitutionnel. Par leur côté élastique elles conviendraient plutôt à la mentalité et à la doctrine d’engagement de polices telles que la Gestapo ou le KGB. Pas à celle d’un état de droit comme notre pays.

    1. Bonjour,
      je vous remercie pour votre réaction.

      Je vous l’accorde, ces notions sont floues et je ne souhaitais pas m’étendre dans ce post. Mon blog du 28 mai 2020 explique ces concepts dans le détail.

      Enfin, vous dire, qu’en effet, le risque de dictature subsiste et c’est pourquoi ils doivent être maîtrisés l’un comme l’autre par des contre-pouvoirs. Le premier étant la proportionnalité et le deuxième la non-discrimnation négative. Ces deux contre-pouvoirs sont garants de notre démocratie.

      Avec mes salutations les meilleures,

      Frédéric Maillard

  2. Faites-vous allusion à l’article “Proportionnalité et opportunité en police”?
    Je l’ai lu. Désolé, mais ça reste flou, “gummi” dirait-on en allemand. Vous insistez sur la symétrie entre opportunité et proportionnalité. Évidemment c’est important mais ça reste très théorique et laisse la porte ouverte à n’importe quel arbitraire. Surtout quand on ajoute à cela la notion de pouvoir discrétionnaire comme vous le faites. Je suis juriste et je connais le classement en opportunité, qui est discrétionnaire en effet. Dans la pratique cela permet des décisions scandaleuses, comme dans des cas que je connais où un particulier avait été victime de violences et déprédations graves par une bande de nervis protégés par la clique gauchiste au pouvoir dans un canton romand. Ses plaintes ont été classées en opportunité sans suite. Donc je ne suis pas convaincu par votre notion d’opportunité. Quand en plus vous mélangez dans un même cocktail “coercition” “opportunité” et “discrétionnaire”, la proportionnalité nous fait une belle jambe. Si le pouvoir discrétionnaire qui évalue l’opportunité pour la police d’intervenir ou non, comme dans le cas de ce match de foot avec 1000 spectateurs en pleine épidémie de covid, cela n’est pas choquant à mes yeux. En revanche, il y a des pratiques policières d’opportunité consistant à laisser agir librement des voyous, par exemple dans certaines banlieues françaises, parce que les autorités ont tout simplement peur de ces voyous, alors qu’elles s’acharneront sur les non porteurs de pass sanitaire, où sur les manifestants. Ces pratiques scandaleuses sont tout à fait compatibles avec vos critères.
    En résumé, voilà un policier qui nous explique qu’il faut une police agissant de manière “coercitive” , en “opportunité discrétionnaire” pour appliquer une “police climatique” très contestable, car fondée sur les rapports du GIEC et les obsessions idéologiques des verts les plus gauchistes. Il y a de quoi s’inquiéter car ce qui est annoncé est une action policière idéologique, militante, biaisée, et surtout arbitraire. De fait on pourra choisir de persécuter quelqu’un qui déplaît au pouvoir rose-vert, en instruisant à charge sur la base de dénonciations malveillantes. Tout cela est rendu possible par vos concepts gummi et la proportionnalité n’offrira aucune protection.

  3. Vous vous engagez sur un terrain délicat en créant ce nouveau sujet où vous traiterez en trois épisodes l’urgence climatique en rapport du rôle de notre police… Il sera facile de parler des dégradations volontaires de l’environnement, beaucoup moins des actions tangentes qui perturbent notre vie et poussent à la colère quand on assiste à la passivité d’une police qui ménage la chèvre et le chou. Vos orientations en rapport de l’écologie auront-elles l’occasion de se révéler au détriment de ce que vous attendez d’une police qui s’adapte plus ou moins aux courants de masse ? Aurez-vous un pied de chaque côté ? L’un sur la pédale de votre vélo, et l’autre au carrefour où les policiers sont devenus les aimables gardiens des manifestations qui bloquent la ville chaque vendredi ? J’espère que vous direz clairement vos avis, si le bon policier doit ou non avoir la fibre de « sauveur du monde », pour cela il faudra que vous preniez la peine de d’abord vous situer. Parce que peut-être l’urgence climatique vous incite à saluer sympathiquement le cycliste qui arrive à contresens le soir à la limite de la portée de vos phares, et ce n’est là qu’un exemple de la nouvelle application des lois sur le modèle « deux poids, deux mesures ». Allez-vous fabriquer une image de la police conforme à vos attentes qui satisfasse vos idéaux écologiques ? Ou prendre la peine de vous confronter aux compromis qui deviennent « la règle » au détriment des règlements ? Il vous faudra prendre du recul, c’est un travail personnel préalable à la rédaction.

Les commentaires sont clos.