Alstom construira 600 trains en Afrique du Sud

Alors que dans plusieurs pays d’Afrique centrale règne un climat de guerre civile et/ou de dictature plus ou moins latente, l’Afrique du Sud va de l’avant,  améliore ses infrastructures et ses moyens de transport déjà bien implantés. Ce 4 mars à Johannesburg, Alstom lance la production en Afrique du Sud de 600 trains X’Trapolis Mega dans sa nouvelle usine de Dunnotar qui sera inaugurée dans 18 mois et emploiera 1500 personnes. Un contrat de 4 milliards d’Euros (51 milliards de Rands) a été signé avec PRASA, l’opérateur public sud-africain responsable des transports (Passenger Rail Agency of South Africa): “Ce contrat sud-africain est le plus important jamais décroché par Alstom, avoue Gian Luca Erbacci, vice président pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Il comprend aussi un transfert de compétences, un accompagnement technique et des pièces de rechange pour 18 ans. La construction durera 10 ans”:

Pas de renouvellement depuis 40 ans

Il est significatif de remarquer que le grand parc ferroviaire sud-africain n’a pas été renouvelé depuis 40 ans, la nouvelle Afrique du Sud sous Mandela a ainsi bénéficié des compétences de l’ancien gouvernement blanc et du savoir-faire pour la maintenance… Mais Alstom n’est pas seule. Le Canadien Bombardier a déjà construit le Gautrain, train rapide tout autour de Johannesburg. Tout porte à croire que les besoins de l’Afrique du Sud iront  en croissant. En effet,  Daech et Boko Haram ne sont pas là pour perturber la croissance de ce pays de 52 millions d’habitants dont 73 % sont chrétiens et 1,5 % musulmans d’origine indienne ou indonésienne. Donc rien à craindre de ce côté-là, du moins pour le moment…

Centrales nucléaires ?

 L’électricité fournie par la seule centrale nucléaire de Koeberg et par l’énergie du charbon dont l’Afrique du Sud est riche, ne suffit plus. Les coupures sont fréquentes. Le gouvernement sud-africain reste discret sur ses intentions de construire plusieurs centrales nucléaires. Chine, Russie, France (Areva), Corée du Sud, Etats-Unis se sont empressées de faire des offres l’année dernière. La Russie aurait la préférence pour un contrat de 8 centrales. Mais rien n’est vraiment décisif. Les protestations ont déjà commencé, avec raison, étant donné que l’énergie solaire serait plus appropriée dans ce pays très ensoleillé et où il y a beaucoup de vent, sans parler de la dangerosité. De toute manière, l’Afrique du Sud comme les autres pays émergents (Inde, Chine, Brésil, notamment) semblent se moquer de la COP21, car  selon eux, c’est aux pays industrialisés à faire le plus d’efforts, eux qui ont pollué le plus. Et qui dit multinationales en Afrique ne peut que s’inquiéter des probables dégâts sociaux et environnementaux, contestés bien sûr la main sur le cœur. Heureusement les puissants syndicats bien implantés déjà depuis les débuts du gouvernement blanc, veillent à la justice sociale. Intéressant retour des choses…

Christine von Garnier

Christine von Garnier, sociologue et journaliste, a vécu 20 ans en Namibie où elle était correspondante du Journal de Genève et de la NZZ. Elle a aussi travaillé comme sociologue dans le cadre des Eglises. Aujourd’hui, secrétaire exécutive de l’antenne suisse du Réseau Afrique Europe Foi et Justice.