Paris brûle… Pourquoi ?

Il n’y a pas de mots qui puissent vraiment décrire ce que nous ressentons tous, mais il y a le silence qui nous permet d’aller au-dedans de nous et de nous demander: pourquoi ? Et de tenter une ouverture sur l’innommable. Depuis les écrits de René Girard, on sait qu’il y a un lien profond entre la violence et le sacré dans toutes les sociétés et que les rites sacrificiels sont le rempart contre ce qu’on croit être le mal.

Sacrifier la jeunesse

Daech a sacrifié en priorité la jeunesse de Paris, sur le lieu de la Révolution française de 1789 qui a décrété les Droits de l’homme, qui nourrissent aujourd’hui la haine des djihadistes, parce que justement ces droits sont souvent ignorés, même bafoués par ceux qui les ont inventés: les Occidentaux, Américains compris, leurs institutions, leurs polices. Pourquoi sommes nous si détestés  dans de nombreuses parties du monde, et notamment au Moyen Orient ? Il y a l’envie, la jalousie, la frustration, l’injustice sociale, la pauvreté, l’exploitation, l’exclusion. Notre mode de vie, nos libertés sans limites, avec l’exemple de la presse, les excès de toutes sortes, surtout dans le domaine sexuel, les manipulations de la vie par les scientifiques,  tout cela est compris comme des transgressions du sacré. Nous sommes fragiles dans notre puissance, et nous ne le reconnaissons pas,  nous n’avons peut-être  pas encore compris à quel point nous sommes méprisés. La réponse des Américains à l’attentat du 11 septembre 2001 a été l’invasion de l’Irak qui a engendré un monstre, l’Etat islamique. Et depuis lors, nous n’avons fait que de bombarder, ce qui n’a fait que d’alimenter la haine et grossir les rangs des djihadistes.

Ecouter les sages de toutes les civilisations

Et si nous écoutions les sages de toutes les civilisations ? Confucius, Platon,  Jésus, Gandhi, Martin Luther King, Mandela,  etc.  Et plus près de nous, le Dalaï Lama, Aung San Suu Kyi, Mathieu Ricard,  et le pape François dont l’encyclique Laudato Si est un chemin bien plus sûr vers la paix que les bombes. Alors changeons d’orientation et à la longue, nous gagnerons. Et nos vraies valeurs démocratiques en serons renforcées.

Photo de Une: Reuters

Christine von Garnier

Christine von Garnier, sociologue et journaliste, a vécu 20 ans en Namibie où elle était correspondante du Journal de Genève et de la NZZ. Elle a aussi travaillé comme sociologue dans le cadre des Eglises. Aujourd’hui, secrétaire exécutive de l’antenne suisse du Réseau Afrique Europe Foi et Justice.