L’ancien président sud-africain blanc Frederik De Klerk est mort

Né en 1936, Frederik de Klerk était un conservateur nationaliste qui a fait libérer Mandela en 1990 emprisonné depuis 27 ans. Il a été l’initiateur du grand changement en Afrique du Sud qui a eu un retentissement sur tout le continent. Afrikaner convaincu, personne n’avait pensé qu’il ferait ce pas. Comme quoi, on peut quand même croire aux miracles en politique ! Différents facteurs l’avaient amené à retourner sa veste : la chute du mur de Berlin qui supprimait la menace communiste en Angola et au Mozambique sur laquelle reposait en partie la politique de l’apartheid, mais surtout l’influence de membres du nouveau gouvernement multiracial indépendant en Namibie depuis 1990. Ils sont allés lui expliquer qu’un gouvernement multiracial sans apartheid était possible. Les choses sont ensuite allées très vite. Mandela et de Klerk ont reçu tous les deux le Prix Nobel de la Paix en 1993. En 1994, Mandela a été assermenté à Prétoria par un juge encore blanc devant un parterre de chefs d’Etats du monde entier. Un de ces moments qui a fait jaillir les larmes aux yeux de beaucoup : la fin de l’apartheid et de l’Afrique du Sud blanche depuis 1948. Un miracle sans effusion de sang, bien que l’extrême droite blanche ne l’aie pas suivi. L’Afrikaner Terblanche a été assassiné plus tard par des employés de sa ferme, comme d’autres plus tard.
Frederik de Klek est resté vice-président de Mandela pendant deux ans, et plus tard, il s’est retiré de la politique. Son couple en a souffert. Il a divorcé de sa femme Marike qui ne l’a pas suivi dans son évolution humaine, elle était restée raciste. Elle a malheureusement été assassinée dans son appartement au Cap. Appuyé par l’évêque Desmond Tutu et sa commission Paix et Réconciliation, non seulement avocat, il avait poursuivi ses études de relations internationales en prison grâce à University of South Africa – le professeur responsable venait lui faire passer ses examens en prison – mais il a aussi eu la visite régulière d’un délégué du CICR, Nicolas, fils de Denis de Rougemont. Malgré sa grande notoriété, Mandela a vécu d’une manière modeste contrairement à bien de chefs d’État africains. Dans ce pays encore profondément marqué par le calvinisme, d’autres personnalités se sont abstenues d’avoir la folie des grandeurs. Ce qui n’a pas été le cas d’un de ses successeurs, Jacob Zuma qui, avec la complicité d’une grande famille hindoue, les Gupta, a pillé les ressources de l’Afrique du Sud dont le président actuel Cyril Ramaphosa a de la peine à s’en remettre. De ce fait, l’ANC, le parti au pouvoir depuis 1994, est en déroute. Cette déstabilisation en fait la proie des vautours qui planent dans son ciel, comme dans d’autres pays africains déjà victimes de pillages… Deux jours avant sa mort, Frederik De Klerk a demandé officiellement pardon (en s’excusant plusieurs fois) pour avoir favorisé la politique indigne d’apartheid. Avant il aurait été sans doute assassiné.
Il faut soutenir l’Afrique du Sud. C’est sur elle que comptent d’autres pays africains voisins, notamment contre les djihadistes, ces destructeurs de pays. Selon les décisions de la Cop 26, elle devra se passer de sa principale source d’énergie, le charbon. Les Etats-Unis vont l’aider. De plus, elle n’est pas dépourvue de moyens nucléaires qui lui avaient été octroyés par la France dans les années 70 à cause de la menace communiste de l’Angola et du Mozambique.

Christine von Garnier

Christine von Garnier, sociologue et journaliste, a vécu 20 ans en Namibie où elle était correspondante du Journal de Genève et de la NZZ. Elle a aussi travaillé comme sociologue dans le cadre des Eglises. Aujourd’hui, secrétaire exécutive de l’antenne suisse du Réseau Afrique Europe Foi et Justice.

3 réponses à “L’ancien président sud-africain blanc Frederik De Klerk est mort

  1. Bien sûr madame von Garnier connait ces problèmes mieux que moi. Mais sans prétendre avoir un avis autorisé sur la question, vu de l’extérieur et en me basant sur ce que j’entends de la part d’amis vivant en Afrique du Sud, je dirais ceci:

    C’est heureux que la transition ait eu lieu (plus ou moins) pacifiquement grâce à la bonne entente entre de Klerk et Mandela, et non de manière sanglante comme on aurait pu le craindre.

    Il n’en reste pas moins que:

    Cette transition n’a pas eu que des effets bénéfiques. L’Afrique du Sud est actuellement un pays très appauvri et corrompu, où il n’a pas eu de fraternisation entre les races. Elles sont toujours aussi séparées qu’avant, malgré le fait que l’apartheid n’existe plus.

    Le racisme est toujours aussi fort qu’avant, seulement les petits blancs qui autrefois bénéficiaient d’une protection sociale sont maintenant réduits à la misère noire, comme des sous-hommes, humiliés et opprimés en permanence par des petits chefs noirs qui se vengent sur eux.

    Est-ce un progrès ?

    Je trouve personnellement qu’on devrait avoir un peu plus d’empathie pour ces victimes du racisme. Car ce sont des victimes du racisme, simplement d’un racisme inversé par rapport à celui d’avant. Malheureusement ils sont blancs, donc ils n’ont qu’à crever la bouche ouverte, selon les bien pensants.

    C’est bien triste. Ces gens sont dans une situation affreuse et ils ne peuvent pas tous s’en sortir en épousant un prince charmant, comme Charlène de Monaco.

    Quant aux pauvres noirs des townships qui étaient exploités autrefois, ils sont toujours exploités, peut-être même plus qu’avant. Et de toute façon, leur condition s’est péjorée, comme celle de tout le monde.

    D’après ce que j’entends d’amis blancs d’origine néerlandaise qui avaient sympathisé avec leurs camarades d’étude pro Mandela à l’époque, et par conséquent avaient pu faire des belles carrières après la transition en bonne entente avec le gouvernement, les beaux jours sont terminés pour eux. Maintenant ils commencent à subir des brimades et leur avenir se présente plutôt mal.

    Dans les campagnes on entend souvent parler de fermiers blancs tués, on ne sait trop par qui, sans doute par des gens qui veulent leur voler leurs terres.

    Quel est l’avenir de l’Afrique du Sud dans ces conditions ?

    Je ne sais pas et je ne peux rien dire là dessus car je ne connais pas assez ce grand pays fascinant.

    Simplement, je ne suis pas sûr qu’on doive idéaliser l’héritage politique de de Klerk et Mandela.

  2. J’espère que la communauté africaine d’Afrique du Sud apprendra du passé, et cessera de persécuter la rare minorité blanche encore présente.

    Les fermiers sont tellement nombreux à fuir; les crimes à leur encontre sont indissibles, d’autant plus depuis la pandémie …

    Ce qu’il se passe aujourd’hui en Afrique du Sud est horrible.

  3. Bonjour Madame,
    Quand Nelson Mandela est décédé, la presse, les médias ont rendu hommage à son action et à son esprit pacifique, les chefs d’états Occidentaux sont venus se recueillir devant son cercueil pour louer son admirable dévouement pour établir la réconciliation.
    Aujourd’hui, celui qui a pris l’initiative de cette réconciliation du peuple sud africain n ‘a eu que quelques lignes dans la presse et le médias et aucun chef d’état ne sera présent pour saluer son initiative politique.
    L’ Occident est malade de ces principes humains nécessaires ,mais détournés par des théories sociologiques et juridiques qui sacralisent l’individu sur ses droits, et ignorent l’altérité et la culture des peuples.
    Le décalogue Occidental actuel ignore la transcendance pour la remplacer par la sacralisation de la dignité humaine. Mais on ne naît pas digne on le devient par la culture qui arrache l’homme à sa nature pour atteindre l’humanité.
    Frederik De Klerk a montré cette capacité spirituelle à vaincre les préjugés d’héritage qui nous habitent pour donner à chacun le sentiment de la dignité humaine. Il mérite notre reconnaissance.
    Bien cordialement

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