L’Afrique tourmentée par El Ninio….

Alors que le Texas doit faire face ces jours à des inondations torrentielles, le continent africain est lui aussi gravement touché par le réchauffement du Pacifique tropical. Selon l’Agence d’information IRIN, El Ninio sera en 2016 l’un des événements climatiques les plus extrêmes que la Terre n’ait jamais connu. Et l’OCHA, l’organisme des Nations Unies pour l’aide d’urgence, prévient que des “millions de personnes seront affectées”. La sécheresse a déjà commencé à affecter l’Afrique australe et la Corne de l’Afrique, mais il y aura aussi de fortes précipitations en Afrique de l’Est. Quatre-vingt pourcent des populations dépendent de l’agriculture. Leur capacité à faire face a déjà été mise à rude épreuve l’année passée. En 2016, cela sera encore plus difficile surtout pour les agriculteurs et les bergers de l’Afrique australe et de la Corne de l’Afrique.

Afrique australe

Plus de 30 millions de personnes souffrent déjà “d’insécurité alimentaire” car les récoltes du début de l’année 2015 ont été maigres. Les pays les plus touchés seront l’Angola, le nord de la Namibie, le Botswana, l’Afrique du Sud, la Zambie, le Lesotho, le Swaziland, le Zimbabwe, le Mozambique. Les stocks d’urgence en Afrique du Sud sont déjà épuisés et les prix des céréales vont augmenter. D’autre part, les gouvernements déjà touchés par la baisse des prix des matières premières devront trouver de l’argent pour acheter du maïs sur le marché international. L’Afrique du Sud, moteur économique du continent, devra en importer 750 000 tonnes pour ses besoins.  Presque un quart de ses enfants de moins de cinq ans souffre de malnutrition.

La Corne de l’Afrique 

De faibles précipitations ont été enregistrées dans certaines régions de l’Erythrée, de Djibouti, du Soudan, de Somalie. Mais c’est surtout sur l’Ethiopie, 95 millions d’habitants,  que les médias concentrent leur attention en raison de la grande famine de 1984 que le grand photographe Salgado avait mis brutalement en évidence. Selon Save The Children, l’Ethiopie (nord et est) connaît  la pire sécheresse depuis 50 ans. La famine risque de provoquer en 2016 des formes aiguës de malnutrition, des interruption de croissance et de retards mentaux et physiques dans le développement de 400 000 enfants éthiopiens. Le gouvernement a déjà mis à disposition 200 millions de dollars pour faire face à l’urgence. Les Nations Unies estiment que 15 millions de personnes seront confrontées à des pénuries alimentaires en 2016. Mais le sud et l’est, dans les régions de basse altitude, seront confrontées elles à des inondations. Non seulement elles provoquent des déplacements de populations, mais elles entraînent aussi la destruction des infrastructures, des routes et des ponts, bouleversant toute la vie économique. A cela s’ajoutent les souffrances et la mort des animaux. Jusqu’à lors, des maladies éradiquées, typhoïde et choléra, réapparaissent. On peut constater le même schéma en Somalie. Partout les gouvernements s’inquiètent et  prennent des mesures hélas insuffisantes devant les tragédies qui s’annoncent. L’Europe peut s’attendre à des masses de réfugiés venus de ces contrées si l’aide n’est pas suffisante…

Christine von Garnier

Christine von Garnier, sociologue et journaliste, a vécu 20 ans en Namibie où elle était correspondante du Journal de Genève et de la NZZ. Elle a aussi travaillé comme sociologue dans le cadre des Eglises. Aujourd’hui, secrétaire exécutive de l’antenne suisse du Réseau Afrique Europe Foi et Justice.