En Afrique du Sud: décès de l’évêque anglican Desmond Tutu, le Parlement en feu

En Afrique du Sud, décès de l’évêque Tutu et un parlement en feu
A peine disparu le dernier grand représentant de la transition de l’après Mandela, un opposant consacre la fin de l’ère des compromis en mettant le feu au symbole de la démocratie «arc en ciel» : le Parlement. Un peu comme le font les djihadistes dans certains pays africains en brûlant notamment les églises ou aux Etats-Unis où les opposants au jeu démocratique sont allés occuper le Capitole… Une grande naïveté, car cela ne fait que renforcer ceux qui veulent vraiment la paix et l’égalité pour tous. Comme si la destruction de bâtiments suffisait à éradiquer la démocratie ! Desmond Tutu justement a voulu montrer qu’il n’était pas du côté des destructeurs, demandant un enterrement tout simple contraire à d’autres personnalités en Afrique et ailleurs. Adepte de Gandi, il a fustigé non seulement le gouvernement de l’apartheid et ses forces policières, mais aussi les corrompus de l’ANC, son parti, qu’ils ont fait dérailler de son but de diriger une Afrique du Sud multiraciale et égalitaire. En effet, l’ancien président, Jacob Zuma s’en est chargé par l’intermédiaire d’une très riche famille hindoue, les Gupta, qui ont verrouillé les postes les plus importants en politique et aussi dans l’économie à tel point que l’Assemblée nationale l’avait démissionné. Ce qui prouve que la démocratie jouait son rôle. Mais l’actuel président, Cyril Ramaphosa, un syndicaliste intègre et chevronné, a de la peine à gagner cette partie d’échecs se heurtant sans cesse à des oppositions. C’est dans ce sens qu’il faut soutenir l’Afrique du Sud et ne pas la laisser tomber dans des mains chinoises comme dans plusieurs pays du continent africain ou dans les mains de multinationales douteuses
Une autre personnalité qui a joué un rôle important, lui aussi disparu, l’ancien président blanc De Klerk, qui avait réussi à force de compromis que Mandela avait acceptés, à mener le pays vers une transition pacifique sans la guerre civile que tout le monde craignait. Quelle image plus symbolique de démocratie, que le juge blanc qui a assermenté Mandela en 1994 lors du passage à la majorité noire devant un public accouru du monde entier à Prétoria ! Si les choses se sont passées ainsi, c’est aussi grâce à des personnalités namibiennes noires et blanches, car la Namibie était «en avance» sur l’Afrique du Sud qui est devenue indépendante de l’Afrique du Sud en 1990 après des élections sous supervision de l’ONU et auxquelles un contingent militaire et médical suisse avait participé ! Plusieurs personnes d’Afrique du Sud venaient en pèlerinage voir ce qui se passait en Namibie dans les années 80, ainsi Desmond Tutu, Ramaphosa, des militaires, des juges, des avocats, Perez de Cuellar pour l’ONU, surtout des représentants de l’ Eglise calviniste qui détenait les clés du succès, tant elle était puissante à Prétoria. Son acceptation du changement a bien favorisé la transition. On oublie trop vite que l’Afrique du Sud est un pays encore très chrétien. L’évêque anglican Tutu, montrait l’exemple, mais aussi les Eglises catholique, anglicane, luthérienne, méthodiste, les Quakers, les communistes, malgré certaines réticences ici et là… Les djihadistes ont peu de chance d’y faire leur nid., même s’ils font des tentatives au nord du Mozambique voisin.
Cette passation de pouvoir pacifique n’a pas plu à tout le monde en Afrique du Sud. La preuve en est l’incendie au Parlement, précédé d’un autre incendie en avril dernier sur la Montagne de la Table qui a touché de précieuses archives de l’Université. Ce qui doit être résolu maintenant c’est le partage des terres. Si cela n’a pas encore été fait de manière juste, c’est parce qu’il a fallu former des fermiers noirs aux méthodes modernes de gestion. Il n’en demeure pas moins que plusieurs fermiers blancs ont été assassinés ces dernières années.

Il faut soutenir le président Ramaphosa comme le pays tout entier. Car des forces contraires cherchent à déstabiliser la démocratie et à l’éradiquer commme partout.
Christine von Garnier, 4.01.22 sociologue et journaliste

Christine von Garnier

Christine von Garnier, sociologue et journaliste, a vécu 20 ans en Namibie où elle était correspondante du Journal de Genève et de la NZZ. Elle a aussi travaillé comme sociologue dans le cadre des Eglises. Aujourd’hui, secrétaire exécutive de l’antenne suisse du Réseau Afrique Europe Foi et Justice.

2 réponses à “En Afrique du Sud: décès de l’évêque anglican Desmond Tutu, le Parlement en feu

  1. “Intègre et chevronné”

    C’est une blague ?

    En 2012, alors qu’il est au conseil d’administration de la mine de Marikana, il est favorable à l’intervention des forces de l’ordre alors qu’une grève éclate, faisant 34 morts parmi les mineurs. Il présente ses excuses en 2017 pour son rôle dans ce drame.

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