Récemment, l’Organisation internationale des migrations (OIM) a dénoncé la passivité des dirigeants politiques à l’égard des migrants. Ces critiques surviennent alors que le froid congèle les requérants d’asile en Grèce et en Serbie, alors que les naufrages continuent de faire des victimes, alors que les frontières renforcées donnent des ailes aux réseaux criminels de passeurs, alors que l’Europe vieillit et qu’elle a besoin d’une main d’oeuvre étrangère légale.
Désespérée par les souffrances des personnes migrantes et par les mauvaises conditions d’accueils en Europe, l’OIM demande aux dirigeants européens de prendre des mesures concrètes pour réviser la Réglementation Dublin afin d’y inclure une répartition européenne équitable des demandeurs d’asile et une meilleure protection des mineurs non accompagnés et pour qu’ils accélèrent immédiatement les relocalisations des requérants d’asile d’Italie et de Grèce vers d’autres pays européens. Le froid glacial exige des mesures urgentes en Europe. Des pressions politiques sur la Serbie seraient aussi bienvenues alors que 2’000 requérants d’asile y croupissent dans des hangars insalubres par moins 10 degrés celsius.
Sur trois ans (2014, 2015, 2016) 18’501 personnes sont décédées au cours de leur périple, la grande majorité durant la traversée de la Méditerranée. Chaque jour ce sont donc 17 hommes, femmes et enfants qui ont perdu la vie durant leur voyage. Bien sûr il y a des jours sans victimes et il y a des jours noirs comme samedi dernier 12 janvier qui a vu encore 100 personnes mourir dans les eaux glacées au large de la Libye.
En mars 2016, l’accord très contesté signé avec la Turquie a permis de diminuer l’arrivée de migrants et de réfugiés en Grèce de manière conséquente. Au même moment la route des Balkans s’est fermée mettant l’Italie et la Grèce au front de l’accueil des nouveaux arrivants. En tout, 181’000 personnes sont arrivées en Italie en 2016 et la Grèce a accueilli 174’000 personnes.
Depuis septembre 2015, des milliers de requérants d’asile attendent d’être relocalisés conformément au plan lancé par la Commission européenne qui prévoit le transfert de 160’000 requérants d’asile d’ici septembre 2017. Or ce programme souffre de lenteurs bureaucratiques scandaleuses puisque seulement 10’189 personnes ont été relocalisées vers d’autres pays. La Suisse traîne aussi les pieds avec seulement 78 transferts effectifs sur les 1’500 promis. Avec ce retard d’exécution et les nouvelles arrivées constantes sur les côtes italiennes et grecques, les structures et les conditions d’hébergement dans les centres pour requérants d’asile en Italie et en Grèce sont très critiques voire infâmes comme le révèle un récent rapport très alarmant de l’ECRE (“European Council on Refugees and Exiles”).
Il est donc temps selon Eugenio Ambrosi, Directeur du Bureau régional de l’OIM pour l’UE, la Norvège et la Suisse, que l’Union européenne prenne les mesures qui s’imposent pour accélérer la mise en œuvre du programme de relocalisation et réduire le temps de traitement des dossiers surtout en ce qui concerne les mineurs non accompagnés. Il n’est pas inutile de rappeler que ce programme ne s’applique qu’aux ressortissants de pays pour lesquels le taux moyen de reconnaissance de l’asile est, dans toute l’UE, égal ou supérieur à 75 % soit les requérants de Syrie, d’Erythrée, du Burundi, Mozambique, de Bahreïn, du Bhoutan, du Qatar et du Yémen.