Selon les dernières statistiques du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et de ses partenaires, à la mi-novembre, 105’971 personnes ont entrepris la traversée du Golfe d’Aden pour trouver refuge au Yémen. Elles viennent principalement d’Éthiopie et de Somalie. Le nombre d’arrivées était déjà important en 2015 avec 92’446 personnes enregistrées par le HCR mais il est quatre fois supérieur à 2006.
Ce sont à la fois des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants économiques qui cherchent à atteindre le Yémen. Certains souhaitent rejoindre les Etats du Golfe, d’autres le Soudan afin de poursuivre vers l’Europe. Mais beaucoup de personnes souhaitent déposer une demande d’asile au Yémen qui est le seul pays de la péninsule arabique à avoir signé la Convention des Nations Unies de 1951 relative au statut des réfugiés et son protocole de 1967. Le Yémen a toujours été un pays de migration et de transit entre la Corne de l’Afrique et la péninsule arabique et au-delà. C’est le pays le plus pauvre des Etats du Golfe mais il a une tradition d’accueil exceptionnelle à l’égard des réfugiés.
Le Yémen où le conflit dure depuis vingt mois est sans doute la pire destination de refuge. Selon le HCR les 250’000 réfugiés qui s’y trouvent sont traumatisés par la dégradation de la sécurité. Les populations locales, tout comme les nouveaux arrivants, sont confrontées à la précarité, au danger et au risque de mort. Le conflit a provoqué un déplacement massif de plus de 3,1 millions de personnes, parmi lesquelles 2,1 millions sont encore déplacées. Plus de 80 pour cent de la population a besoin d’aide humanitaire. Beaucoup de personnes cherchent à rentrer vers leur pays d’origine. En mars 2016, l’Organisation internationale des migrations a procédé au rapatriement de 1’200 personnes d’origines éthiopiennes qui souhaitaient quitter le Yémen.
C’est à partir des villes d’Obock à Djibouti et de Bossaso au Puntland en Somalie que les réfugiés traversent la Mer Rouge ou le Golfe d’Aden pour se rendre au Yémen. Le HCR a malheureusement constaté que la plupart d’entre elles ont non seulement été trompées sur la gravité du conflit qui secoue le pays depuis 2015 et sur les possibilités d’obtenir de l’aide humanitaire sur place mais elles ont aussi été gravement abusées. En effet, William Spindler, porte-parole du HCR, déclarait récemment que l’agence onusienne avait reçu des informations concordantes sur des abus physiques et sexuels, des privations de nourriture et d’eau, des enlèvements, des actes de torture à l’encontre des personnes migrantes. Ce sont des actes commis par des passeurs organisés en bandes criminelles qui agissent en réseau et participent à l’industrie florissante du trafic illégal de personnes.
Afin de prévenir d’afflux, d’abus et de trafic vers un pays sinistré et meurtri par la violence de la guerre, le HCR lance ce mois-ci une campagne d’information régionale dans les pays d’origine et de transit pour mettre en garde contre les dangers et les risques que présentent le voyage risqué vers le Yémen.