New-York: A huit ans un requérant d’asile nigérian est champion d’échec et parvient à loger sa famille

C’est une très belle histoire, racontée par Nicholas Kristof chroniqueur du New York Times. Un premier article le 16 mars raconte le parcours de la famille de Tanitoluwa Adewumi (“Tani”), champion d’échec de 8 ans et son ascension fulgurante dans les championnats. Un deuxième article six jours plus tard raconte leur installation dans un appartement après une belle récolte de fonds sur GoFundMe. Plusieurs bourses d’étude dans des écoles prestigieuses viennent d’être proposées au jeune garçon.

 

«Je veux être le plus jeune grand maître»

 

La famille de Tani a fui le nord du Nigéria en 2017, craignant les attaques de Boko Haram contre les chrétiens. Tanitoluwa Adewumi (“Tani”), ses parents et son frère aîné sont arrivés à New York il y a un peu plus d’un an où ils ont déposé une demande d’asile. Sans logement, c’est un pasteur de Manhattan qui les a orientés vers un refuge pour sans-abri. C’est dans sa nouvelle école que Tani a appris à jouer aux échecs. L’enfant a mordu au jeu et a demandé s’il pouvait rejoindre le Club d’échec. Puis Tani a rapidement participé à son premier tournoi avec le classement le plus bas de tous les participants (105) et son ascension a été fulgurante.

 

Le 10 mars dernier Tani a gagné le trophée de champion d’échecs dans sa catégorie lors du Championnat de New-York, après avoir gagné 73 matches d’affilée et seulement un an et demi après avoir commencé à pratiquer le jeu. C’est son septième championnat et il a sept trophée. Son maître d’échec a confié à Nicholas Kristof avoir découvert chez l’enfant d’excellente capacités mais aussi une plus grande soif et beaucoup plus de ténacité. Il s’exerce 10 fois plus que les autres membres du Club. Sa cote est maintenant à 1587 et augmente rapidement. En comparaison, Magnus Carlsen, le meilleur joueur du monde, s’élève à 2845. Les entraîneurs ont observé chez l’enfant un style de jeu agressif et des tactiques améliorant ses positions plusieurs coups plus tard.

 

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A Zarzis en Tunisie, Chamseddine Marzoug offre une tombe aux migrants noyés en Méditerranée

Connaissez-vous Chamseddine Marzoug? Je l’ai rencontré au Festival international et forum sur les droits humains (FIFDH) qui s’est tenu à Genève du 8 au 17 mars. Cet ancien pêcheur et chauffeur de taxi est membre du Croissant-Rouge et l’émouvant protagoniste du film “Strange Fish” de Giulia Bertoluzzi.

Ce film a été présenté dans le cadre du Forum international intitulé “Migrations: quand la solidarité est criminalisée“.

                               

De quoi parle le film? Surtout de l’angoisse des pêcheurs de Zarzis, une ville située au sud de la Tunisie à quelques kilomètres de la frontière libyenne. Lorsqu’ils partent à la pêche, ils tombent régulièrement sur des corps flottants de femmes, d’enfants et d’hommes morts. Il arrive bien sûr qu’ils en sauvent et depuis quelques années ils remplissent leurs bateaux de pêche avec des litres d’eau et des couvertures en plus, au cas ou.

La trajectoire des pêcheurs de Zarzis croise celle des bateaux qui transportent les migrants à destination de l’Europe. Les drames ne sont pas nouveaux, m’explique Chamseddine Marzoug:

 

Nous découvrons des corps en pleine mer ou sur nos rivages depuis 2003. Avant la révolution tunisienne, les cadavres étaient enterrés dans des fosses communes. Depuis 2011, les autorités ont décidé de changer de procédure et j’ai insisté pour trouver un terrain et créer un cimetière. C’est le “Cimetière des Inconnus. Il est exclusivement dédié à ces personnes qui ont tant souffert et dont nous ne savons rien. Elles méritent une sépulture digne.”

 

Sur le site du PriMed (Prix International du Documentaire et du Reportage Méditerranéen) on peut lire ce qui suit:

 

Strange Fish” évoque la chanson “Strange Fruit” de Billie Holiday où, dans l’indifférence générale, la violence contre les Noirs est normalisée au point que « des corps noirs pendent des arbres » comme des fruits bizarres. Au sud de la Méditerranée, le sentiment est le même.”

Aujourd’hui, le “Cimetière des Inconnus” compte 400 tombes. A chaque fois qu’une personne noyée est trouvée, en pleine mer ou sur le rivage, il faut annoncer le décès à la police, c’est une longue procédure. Il est rare que l’on trouve des traces d’identité. Chamseddine Marzoug déshabille les corps et s’occupe entièrement des formalités avec les autorités, puis il prend le temps de les enterrer un à un.

 

Depuis le début de l’année, 160 personnes se sont noyées en Méditerranée centrale, c’est-à-dire sur la route Libye-Italie. Ce mardi 19 mars, un naufrage a encore causé la mort d’un bébé et la disparition d’au moins huit personnes a indiqué un responsable libyen à l’AFP. Vingt-sept personnes étaient à bord de l’embarcation en bois qui a fait naufrage au large de la ville de Sabratha.

Au début nous ne comprenions pas pourquoi les zodiacs causaient autant de morts,” raconte Chamseddine Marzoug, “alors on a découpé un de ces bateaux et on a compris. Les zodiacs sont gonflés aux pots d’échappement. C’est plus rapide. Mais avec la chaleur les zodiacs se dégonflent et les gens se noient.”

Pour Chamseddine Marzoug, le drame s’arrêtera lorsque la Libye sera pacifiée et réorganisée. Jusque là, à Zarzis d’autres corps anonymes continueront d’agrandir le cimetière. Il se rappelle d’une femme qui avait attaché son enfant sur le ventre, d’un enfant dont la main avait été liée à un gros bout de bois. Bientôt le cimetière s’appellera “Le Jardin d’Afrique” et sera décoré de fleurs du continent.

Ce cimetière est un lieu unique au monde qui symbolise le courage de milliers d’individus persécutés dans leur pays d’origine, de milliers de jeunes qui soif de justice et d’avenir et de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants abusés dans les centres libyens.

 

Et puis avant de terminer je vous recommande d’écouter le reportage de RFI du 19 mars 2019 sur le travail de Cristina Cattaneo, médecin légiste à Milan. Elle a écrit un livre sur son travail: “Naufragés sans visage”. En France, il sortira en septembre 2019 chez Albin Michel. Franceline Beretti de RFI est allée à la rencontre de son équipe au service des morts. Dans “Les morts en disent plus que les vivants : identifier les victimes des naufrages en Méditerranée” on se rend compte que même dans la mort les gens ne sont pas égaux.

 

Au FIFDH on parlera des palestiniens

Le sort des palestiniens sera abordé ce vendredi 15 mars au Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève (FIFDH) dans le cadre du forum intitulé “Qui parle encore des palestiniens?”

La projection du film “The Occupation of the American Mind” (La colonisation des consciences américaines) de Jeremy Earp et Loretta Alper sera suivie d’une discussion avec Noura Erakat (avocate), S. Michael Lynk (Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits humains dans les Territoires Palestiniens occupés depuis 1967) et Sami Mshasha (UNRWA).

Ce film et la discussion seront l’occasion de mieux comprendre la politique israélienne envers les palestiniens, son influence aux Etats-Unis et aussi les conséquences de la propagande israélienne sur l’isolement des palestiniens aujourd’hui. Car la situation des réfugiés palestiniens au Moyen-Orient est plus précaire que jamais avec la prolongation de la guerre civile syrienne et le retrait du soutien financier américain à l’UNRWA.

 

Sujet du film

Depuis des années, l’occupation militaire des territoires palestiniens par Israël et les attaques répétées sur la bande de Gaza ont déclenché une vive réaction contre la politique israélienne presque partout dans le monde, à l’exception des États-Unis. Le documentaire analyse cette exception en se concentrant sur les efforts de relations publiques pro-israéliennes aux États-Unis. Il explore comment le gouvernement israélien, le gouvernement américain et le lobby pro-israélien ont uni leurs forces pour influencer la couverture médiatique américaine du conflit en faveur d’Israël. Les réalisateurs Jeremy Earp et Loretta Alper reviennent sur des faits historiques importants et donne la parole à plusieurs experts du conflit israélo-palestinien, universitaires, chercheurs et politiciens.

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Une famille kurde est menacée de renvoi et mobilise beaucoup de citoyens

Début février, un Comité de soutien annonçait le lancement d’une pétition demandant au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) de réviser sa décision de refus d’octroi de l’asile à un couple et ses trois jeunes enfants irakiens d’appartenance kurde. Il précise que les parents sont très appréciés de la communauté villageoise de Pery-La-Heutte (Jura bernois) et les enfants de bons élèves.

Il y a peu, la famille a été convoquée au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) pour convenir d’un retour volontaire au pays. Dans quelques jours leur Permis N sera confisqué. Ils se retrouveront à l’aide d’urgence.

 

Retour en arrière

Mr. Ahmed est un activiste politique kurde du Nord-Est de l’Irak. Il est membre du jeune parti d’opposition Goran (laïque et sans branche armée). Il a fui son pays suite à des attaques sur sa famille et lui et aussi des menaces de mort. Après un long voyage par la Turquie puis la Grèce, la famille est arrivée en Suisse où elle a déposé une demande d’asile en février 2016. En novembre 2018 sa demande a été rejetée. Le couple a fait recours contre la décision et le Tribunal administratif fédéral (TAF) a statué négativement au début du mois de février 2019, provoquant un choc énorme au sein de la famille et de la communauté villageoise de Péry-La-Heutte (Jura bernois).

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En ouverture du FIFDH un film sur le combat de Nadia Murad en faveur du peuple yézidi

On her Shoulders” d’Alexandria Bombach fera l’ouverture du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) le 8 mars. Ce film revient sur le parcours de Nadia Murad, ancienne esclave sexuelle du groupe Etat islamique, désormais réfugiée en Allemagne.

 

Nadia Murad est née en 1993 à Kocho, un village près de Sinjar en Irak. Elle appartient à la minorité religieuse yézidie dont elle est le porte-voix aujourd’hui. Elle  est co-lauréate avec Denis Mukwege du Prix Nobel de la Paix 2018 (1) pour son effort visant à mettre fin à l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre.

 

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