La Suisse doit élaborer une stratégie pour gérer durablement les matières plastiques

Les déchets plastiques portent atteinte à l’environnement et à notre santé

 

Le plastique est partout dans notre vie quotidienne : sacs, emballages, objets. Malheureusement, il est aussi partout dans la nature, que ce soit chez nous, sous forme de littering, mais aussi ailleurs, polluant les océans et portant des atteintes considérables à la faune marine. Le plastique, même lorsqu’il finit à la poubelle, est dommageable : il produit des émissions de CO2 quand on le brûle en usine d’incinération. Enfin, des microplastiques se retrouvent dans l’air, dans l’eau et dans nos aliments, sans que nous sachions quel est leur impact sur notre santé. Seule une partie minime des déchets plastiques est recyclée. En Europe, sur les 25 millions de tonnes de déchets plastiques produits chaque année, 30 % seulement sont collectés pour être recyclés. En Suisse, la situation est comparable. Nous consommons 125 kg de matières plastiques par personne et par année, dont 45 kg d’emballages. Or 70 % de ces matériaux ne sont pas recyclés. S’il est vrai que chez nous, ces déchets ne terminent plus en décharge, comme cela arrive encore dans de nombreux pays, et que la chaleur produite par leur incinération est souvent récupérée, une marge de manœuvre considérable existe vers une réduction à la source et un meilleur taux de recyclage.

 

L’Europe agit en lançant une stratégie sur les matières plastiques

 

En janvier 2018, la Commission européenne a lancé une stratégie sur les matières plastiques. Son but est de rendre le recyclage rentable pour les entreprises, de réduire les déchets plastiques à la source et de stimuler les investissements et l’innovation dans ce domaine. Tous les emballages plastiques devraient être réduits, réutilisables ou recyclables d’une manière économiquement viable d’ici à 2030. La stratégie doit permettre aux citoyens de réutiliser, séparer et recycler plus facilement les plastiques et leur donner les moyens de faire des choix de consommation à plus faible impact sur l’environnement. Il s’agit par exemple de généraliser la collecte sélective des déchets plastiques ou de soutenir les solutions de remplacement des articles en plastique à usage unique. La commission européenne prévoit de créer ainsi 200’000 emplois d’ici à 2030, dans la revalorisation des plastiques. Il s’agit en partie d’une relocalisation d’emplois, puisque la Chine a interdit récemment l’importation de déchets sur son territoire, alors qu’elle traitait jusqu’ici 60 % du plastique usagé des Européens.

 

La Suisse doit elle aussi s’engager, maintenant !

 

La situation dans notre pays est tout aussi insatisfaisante qu’en Europe. J’ai donc déposé un postulat au Parlement, demandant au Conseil fédéral de montrer de quelle manière il compte assurer à l’avenir une gestion écologique, efficiente et économiquement viable des matières plastiques. La Suisse a besoin de mettre en place sa propre stratégie pour réduire l’impact néfaste de ces matériaux. Ceci passe par une réduction de leur mise en circulation à la source, notamment au niveau des emballages. Le Conseil fédéral avait d’ailleurs déjà prévu des mesures allant dans ce sens, dans le cadre du contre-projet à l’initiative pour une économie verte, malheureusement enterré par le Parlement. De nouvelles filières de recyclage des plastiques ne pourront par ailleurs pas être mises en place sans la promotion de l’écodesign ou, plus précisément, du « design for recycling ». En effet, la majorité des emballages et produits en plastique n’est aujourd’hui pas conçue pour être réutilisée ou recyclée de manière sélective. En 2013, ma collègue verte Aline Trede interpelait déjà le Conseil fédéral sur le sujet. Dans sa réponse, ce dernier affirmait qu’il allait “discuter les mesures et leur mise en oeuvre avec les parties prenantes, en tenant également compte des résultats des divers projets pilotes de collecte séparée et de valorisation des matières plastiques menés en Suisse”. Cela fait maintenant cinq ans : assez discuté ! Alors que l’Europe s’engage, le Conseil fédéral doit enfin aller de l’avant.