Comme pour faire écho à mon “trop, c’est trop” du 25 septembre dernier, voici une nouvelle très encourageante annoncée par les hebdomadaires “Agri” du 5 janvier (“Vaud, Jura et Jura bernois s’unissent pour les abeilles”) et “Terre et nature” de ce 11 janvier 2018 (“Paysans et abeilles se donnent un coup de pouce réciproque”). La nouvelle avait déjà été donnée le 22 décembre dernier sur les ondes de la RTS et la veille par la Tribune de Genève.
De quoi s’agit-il?
Selon le site web de Prométerre (Association vaudoise de promotion des métiers de la terre), les cantons de Vaud, Berne et Jura lancent un projet “Agriculture et pollinisateurs” qui s’inscrit, selon l’art. 77a et 77b de la Loi fédérale sur l’Agriculture (LAgr), dans l'”Utilisation durable des ressources naturelles”. Il est proposé par le Service de l’agriculture et de la viticulture (SAVI) du canton de Vaud et par les cantons du Jura et de Berne, en collaboration avec Prométerre et la Fondation Rurale Interjurassienne (FRI), ainsi qu’avec le soutien de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG).
Mais encore?
Très concrètement, cette initiative énumère 9 mesures (cf catalogue des mesures) visant à encourager la production de cultures favorisant
- les “Ressources en nourriture pour les insectes pollinisateurs“
- à l’aide de “Pratiques agricoles respectueuses des insectes pollinisateurs” et
- la “Création d’habitats pour les insectes pollinisateurs“.
Dans cette liste, on notera avec satisfaction les mesures 4-6 favorables aux abeilles, soit:
- 4) renoncer à l’usage de néonicotinoïdes en traitement des semences
- 5) renoncer aux insecticides sur les cultures fleuries de l’exploitation
- 6) faucher sans éclateur sur les prairies
…mesures subventionnées…
Ces mesures sont assorties de subventions allant de CHF 200.- à CHF 750.- par ha suivant les cultures et les combinaisons choisies. Notons enfin que l’agriculteur touchera des subventions pouvant atteindre CHF 1500.- pour favoriser les conditions de vie des abeilles sauvages et CHF 1000.- pour aménager des emplacements susceptibles d’accueillir des abeilles domestiques.
… mais pour l’agriculteur seulement…
Si ces mesures sont à saluer très positivement et vont dans le sens de mon appel du mois de septembre 2017, on regrettera toutefois que sur les 16,5 millions du projet aucun soutien concret et matériel n’ait été prévu pour les apiculteurs, qui une fois encore sont invités à fournir leurs services gratuitement. On regrettera également, que les mesures ne s’appliquent que durant la période de végétation. En effet, à partir du 15 octobre, l’exploitation est possible sans conditions. On regrettera en particulier que l’usage du désherbage chimique ne soit proscrit que dans les vignobles. On aurait aimé, que le “glyphosate” si décrié soit également banni dans la mise en place des autres cultures.
…quelle évaluation des mesures proposées?
On relèvera un dernier point faible: la description du projet ne mentionne en rien comment l’efficacité des mesures (proposées pour une période de 5 ans :2018-20123) sera évaluée. Démontrer l’impact d’un traitement en conditions de plein champ est extrêmement difficile, voire aléatoire. Cela nécessite des précautions méthodologiques très pointues, des parcelles de contrôle et un schéma expérimental rigoureux. Le pire des écueils serait de ne pas être capable de démontrer un effet du traitement en raison de pesticides provenant des exploitations ou des cultures des alentours. Comme le suggère l’appel aux apiculteurs vaudois, qui mentionne trois niveaux d’implication possible, des observations sur les ruches d’abeilles domestiques sont manifestement prévues. Qu’en est-il des abeilles sauvages? Le scientifique que je suis serait heureux d’en savoir un peu plus…
… j’applaudis malgré tout…
Malgré ces quelques bémols, je salue la pertinence et l’avancée que ce projet constitue pour les abeilles, aussi bien sauvages que domestiques. Comme je m’y suis engagé dans mon “trop, c’est trop“, je suis prêt à offrir gratuitement les services de pollinisation de mes abeilles pour un tel projet et invite mes collègues apicultrices et apiculteurs des cantons concernés à en faire de même. J’invite également les cantons voisins à rejoindre ce programme d’étude et de promotion de la sauvegarde de nos abeilles.
Et si les canaris étaient enfin entendus…
Naturellement on ne pose pas cette question quand le canari est descendu comme sentinelle de l’air du fond de la mine !
Il faudrait aujourd’hui agir de même avec les abeilles, oublier l’apiculture, oublier l’agriculture et accepter de comprendre que leur désorientation globale, trajets aller et retour, met en évidence la véritable cause des dérèglements des cycles de l’eau: une atteinte à la luminosité.
Si c’est de l’humour décalé, je m’incline devant tant de maestria
Le sujet est douloureux mais l’analogie mérite de prendre quelques secondes pour s’y arrêter.
Des gens très compétents et croyant bien faire peuvent avec raisons offrir un environnement plus sain aux canaris, mieux les nourrir, mieux soigner leurs poux, tenter d’améliorer leur génétique, faire de la pédagogie, de la communication,… mais mettre un masque à gaz à un canari sentinelle de l’air du fond des mines est à la fois suicidaire et criminel pour les hommes.
L’accent est usuellement mis sur la désorientation des abeilles sur le trajet du retour à la ruche. En réalité cette désorientation massive sévit actuellement sur la totalité des trajets aller retour, ce qui n’est pas vous en conviendrez la même problématique.
Pouvez-vous expliquer très simplement comment s’oriente une abeille en vol ?
Pour parcourir un long chemin il faut commencer par faire un pas.
Ne serait il pas possible de prendre exemple sur la méthodologie utilisée par nos voisins Allemand pour le comptage global de la diminution des insectes dans des réserves naturelles Il faut dire que ce comptage a porté sur pratiquement 20 ans…
Nous n’en sommes pas encore là en France hélas!!!!