En septembre 2018, « avenir suisse », le thinktank d’ « economie suisse » publiait, sous la plume de Patrick Dümmler et Noémie Roten, un document polémique, intitulé « Une politique agricole d’avenir : stratégie en 10 points en faveur des consommateurs, des contribuables et des entreprises agricoles». Cette publication est en fait une déclaration de guerre au peu qui subsiste d’agriculture et d’agriculteurs/ices dans ce pays. Un arrêt de mort, décliné en 10 mesures de politique néo-libérales.
Inutile de chercher bien loin l’objectif de cette publication: la politique initiée par l’ancien conseiller fédéral Schneider-Amann pour tenter de sauver « son » industrie des machines moribonde. Et pour cela, il faut faire des concessions ! Et de sacrifier ce joyau de notre économie et de notre culture au profit d’accords internationaux : l’agriculture contre des contrats de libre échange ! La belle affaire… Et pour juguler une éventuelle rébellion, il suffira de mettre un ancien agriculteur à la tête du département dès l’année suivante.
Les organisations professionnelles de défense de la branche ont bien compris les enjeux. Elles s’en sont naturellement émues, quoique très mollement en fin de compte. Elles ont bien tenté d’attirer l’attention du public sur les conséquences des décisions fédérales, de déclencher les sirènes d’alarme. Sans grand écho. Comment expliquer que le lobby des agriculteurs, l’un des plus puissant et des plus efficace du pays, demeure ainsi presque sans voix, incapable de répondre sur le fonds aux arguments du document d’avenir suisse, témoin paralysé et impuissant de sa propre agonie ? La réponse est assez simple : l’agriculture suisse a perdu ses « repères », ses « valeurs » de base, ce lien essentiel qui ancre le paysan à sa terre.
Comment en est-on arrivé là ? La réponse est assez simple également : c’est le résultat de 50 ans d’une politique agricole débilitante qui a détruit la culture et la fierté de femmes et d’hommes dignes, responsables, entrepreneurs indépendants, et qui ont fait ce pays durant des siècles. Avec la perte de ses valeurs, la profession d’agriculteur/trice est devenu un job comme les autres, dénué de « sens » profond. Ce que l’on appelle aujourd’hui pudiquement des « agriculteurs » ont oublié qu’ils étaient avant tout de fiers « paysans ». On leur a volé leur dignité.
L’objectif de ce billet est de répondre, sur le fond, aux arguments d’avenir suisse. Et de proposer, en dix points également, des pistes de refondation d’une agriculture digne qui mette les véritables intérêts des principaux acteurs au centre du débat, à savoir les femmes et les hommes de ce pays, qu’ils soient producteurs ou consommateurs.
Les constats d’avenir suisse : même si on diffère sur les mesures à prendre, il faut reconnaître au rapport d’avenir suisse de très nombreuses qualités, en particulier la lucidité et la pertinence des constats, mais également la mise en évidence d’éléments souvent ignorés. Les principaux sont les suivants :
- La politique agricole ne profite pas aux agriculteurs. Malgré une politique de subventionnement soutenue à force de milliards annuels, leur nombre décline inexorablement depuis plusieurs décennies et leurs revenus s’amenuisent. Qu’advient-il donc de cet argent ?
- Les subventions fédérales sont en grande partie séquestrées par un système de « parasites économiques » qui exploitent et étranglent les producteurs. Les grandes chaînes de distribution (la Coop et la Migros sont explicitement pointées du doigt dans le rapport d’avenir suisse) s’accaparent directement une part des subventions fédérales, celles destinées à la promotion et à l’écoulement des produits. Le montant est chiffré à plusieurs centaines de millions dans le rapport. Plus grave, les organisations de « valorisation » et de transformation des produits s’accaparent indirectement d’une plus grande encore part encore de la même manne en contrôlant complètement les marchés. Ici, le groupe FENACO, propriétaire des centres de commerce LANDI est le principal acteur, mais les centrales de traitement et de transformation des produits laitiers comme EMMI et Cremo contrôlent d’autres secteurs clé selon les mêmes principes. Fort habilement, ces acteurs non seulement contrôlent la vente des semences, des engrais, des machines et des pesticides (pudiquement nommés « produits phytosanitaires »), mais il achètent également la production et ce sont eux qui fixent les prix. Selon le rapport d’avenir suisse, ces « parasites économiques » s’accaparent grosso modo la moitié des 4 milliards de subventions de la politique agricole.
- La politique de subventionnement démotive les agriculteurs qui ne voient plus de « sens » à leur travail. Comment garder sa dignité, lorsque de producteurs de vivres essentiels, de nourriture de la population, une mission d’une grande noblesse, vous êtes soudainement incité(e) à produire moins, voire à ne plus rien produire, à cultiver, encourager le développement de plantes que des décennies de politique agricole vous avaient par le passé conditionné à combattre et à détruire comme de « mauvaises herbes » ?
- La politique agricole est illisible et incohérente. La politique agricole, définie dans des plans pluri-annuels, ne présente aucune ligne lisible à moyen ou long terme. Tous les cinq ans de nouvelles priorités et directions sont définies, souvent contradictoires avec les précédentes, alors que les agriculteurs doivent pour les mettre en œuvre s’engager dans des investissements, souvent très lourds, planifiés sur une génération. Comment survivre lorsque vos investissements planifiés sur 20 ans sont ruinés par un changement d’orientation 5 ou 10 ans plus tard ?
- La politique agricole induirait des coûts cachés très supérieurs aux montants des subventions. Selon le rapport d’avenir suisse, le bilan de la politique agricole est très nettement déficitaire. Du côté des revenus, le bilan est estimé à 4 milliards, L’estimation se décline comme suit : sur la base de la statistique officielle des « Comptes économiques de l’agriculture » de l’OFS de 2016, la valeur de la production est estimée à 10.3 milliards de francs suisses, dont il faut retrancher 6.3 milliards de consommation intermédiaire et 2 milliards de consommation de capital fixe, soit une valeur ajoutée nette aux prix de base de 2 milliards, auxquels il convient de rajouter 1,4 milliards pour prestations d’intérêt général et 0.6 milliards de rentrées sous forme de frais de douane. Du côté des dépenses, selon le rapport d’avenir suisse, le soutien à l’agriculture a induit des coûts de l’ordre de 4,9 milliards pour les contribuables, de 4,6 milliards pour les consommateurs, de 3,1 milliards pour l’économie et de 7,3 milliards de dégâts à l’environnement, soit un coût global d’environ 20 milliards à opposer au bilan de 4 milliards de revenus, soit un coût global d’environ 16 milliards pour l’économie du pays. Ces chiffres reposent sur des estimations qualifiées de « non quantifiables », puisqu’il est par définition impossible de chiffrer la valeur de transactions virtuelles. Ce qui frappe toutefois, c’est l’ampleur des coûts de l’agriculture pour l’environnement, de très loin la plus grande part des coûts estimés par avenir suisse, soit 8,7 milliards, si l’on additionne aux 7,3 milliards non compensés les 1,4 milliards générés par les prestations d’intérêt général qui visent eux-mêmes essentiellement des buts environnementaux.
- La politique agricole est administrativement trop compliquée. Et c’est peu dire : 4’000 pages de lois, réglementations et directives diverses, font de la mise en œuvre de la politique agricole une jungle administrative incompréhensible et contre-productive. Le rapport remet même question l’utilité d’un Office de l’agriculture. Sans surprise, une partie du fardeau est attribuée aux mesures visant la protection et la défense de l’environnement.
Dix mesures néo-libérales pour réformer l’agriculture
Le rapport liste ensuite un florilège de 10 mesures pour améliorer la situation. Vous ne serez pas surpris qu’aucune de ces mesures ne vise le bien-être ou la survie des agriculteurs, ni le soutien à une agriculture durable et encore moins la compensation des 7,3 milliards de dégâts causés par notre agriculture à notre environnement. Non bien entendu, les mesures visent à réduire trois postes: les coûts pour les contribuables, les coûts des consommateurs par un allègement des mesures à l’importation et l’économie d’exportation par des mesures similaires. Si l’on exclut les deux premiers groupes dont les intérêts ne sont pas au centre des préoccupations d’avenir suisse, il ne reste que les mesures visant à favoriser les importations et les exportations, soit un potentiel de 2,5 milliards, si l’on retranche du potentiel de 3.1 milliards les pertes en rentrées douanières. Deux milliards et demi, ce n’est pas rien bien entendu, mais terriblement disproportionné face aux enjeux environnementaux et agricoles qu’une politique responsable devrait remettre au centre de la réflexion.
Forts de ce constat, les auteurs du rapport proposent 10 mesures pour la politique agricole dont on ne sera nullement surpris qu’elles contribueront à encourager la libéralisation des marchés et l’étranglement définitif d’un secteur d’une l’économie sous perfusion de subventions mal ciblées qui ne servent qu’à accélérer l’issue fatale au taux de 2.7 % par année.
En réponse à ces propositions dont on a compris que je ne les partage pas, j’invite le lecteur, les consommateurs et le monde politique à envisager une autre perspective, que je vais énumérer ci-dessous, également sous forme d’une liste de 10 propositions.
Dix mesures alternatives pour une agriculture durable en Suisse :
- Définir la sécurité alimentaire comme objectif central de la politique intérieure. Cela signifie remettre l’agriculture au centre du dispositif de défense nationale de manière à ce que la production de notre agriculture locale soit en mesure d’approvisionner la population du pays en cas de crise majeure. On peut se passer de beaucoup de choses, de presque tout en fait, tant que l’on dispose d’un toit et de quoi remplir son assiette tous les jours. Cela peut paraître risible, démodé, rappeler l’époque des plans Wahlen. L’utopie et l’objectif d’une paix mondiale à long terme à la suite des horreurs de la deuxième guerre, le formidable élan d’une Europe et d’un monde pacifié semble hors d’atteinte. L’équilibre atomique dit « de la terreur » entre les USA et l’URSS était tellement effrayant qu’il était garant de stabilité. Depuis l’effondrement de l’URSS et le traitement calamiteux de cette opportunité d’une véritable coopération mondiale (triomphe outrageant du libéralisme, humiliation des vaincus, humiliation du monde arabe et musulman) nous replongent dans une situation qui rappelle fort le début du 20ème siècle, avec une Russie humiliée qui se renforce, qui est redevenu un état totalitaire, qui cherche à reconquérir les territoires perdus, à diviser une Europe aux abois, une Chine triomphante, non-moins totalitaire et colonialiste. La montée du populisme et de l’extrémisme de droite en Europe, des terrorismes partout dans le monde nous replonge dans une situation d’un instabilité que le monde n’avait plus connue depuis un demi-siècle et dont l’issue la plus probable est celle d’un ou de conflits majeurs dans les décennies à venir. Selon cette analyse, maintenir une capacité à assurer l’indépendance alimentaire de notre pays est et reste une priorité de politique intérieure.
- Rendre sa dignité à la profession d’agriculteur/trice: permettre à cette part de la population qui vit de la terre de récupérer sa dignité d’antan, la foi en sa mission et la confiance de la population. Tous les témoignages le confirment, les agriculteurs ne voient plus de sens à leur travail. On leur enjoint de devenir des entrepreneurs, alors qu’ils ont le sentiment d’être abandonnés, trahis, humiliés, eux forment les racines et le terreau de toute civilisation.
- Repenser les rapports philosophiques entre l’homme et la nature et de son éthique vis-à-vis de l’environnement. L’agriculture moderne repose sur deux piliers :
- ajout d’intrants (engrais) pour compenser l’appauvrissement des sols résultant de pratiques inappropriées (surexploitation, tassement, érosion). Ce point est facile à réformer.
- lutte contre les « nuisibles». Ce second aspect est beaucoup plus complexe. Il résulte d’une vision manichéenne et utilitariste du monde vivant, les organismes étant classifiés de manière simpliste en « utiles » et « nuisibles », avec l’abus avec le temps d’attribuer à la seconde catégorie tout ce qui n’est pas identifié comme « utile ». De projet positif visant à produire des produits appréciés et valorisés, l’agriculture s’est transformée en une guerre contre une nuée d’ennemis menaçants et souvent fantasmés. La nature n’aimant pas le vide, une fois l’un maîtrisé, voire éliminé, la place reste vacante à l’invasion par un autre « ennemi », le pire des ennemis se trouvant dans la recherche à tout prix d’un nouvel ennemi à combattre. Cette aliénation est si profondément ancrée dans les cerveaux de l’Homo domesticus, qu’à défaut d’ennemis légitimes on s’en trouve de nouveaux dans les rares espèces qui sont capables de survivre ou de recoloniser les endroits laissés vacants et que l’on nomme « espèces invasives ». Que d’efforts et d’argent gaspillé à lutter en vain contre ces héros de la vie survivante et qui constituent le meilleur espoir de l’évolution de ce qui reste du vivant. C’est donc à un véritable changement de paradigme, à une révolution des esprits, qu’est confrontée l’agriculture du futur : envisager le monde comme un univers peuplé de plantes et d’animaux ayant toutes et tous un droit légitime à exister et, en conséquence, développer des pratiques permettant de favoriser les organismes souhaités dans nos cultures sans nécessairement exterminer toutes les autres.
- Ne pas nuire : mettre en place une politique neutre vis-à-vis de l’environnement En dépit des mesures déjà prises pour favoriser l’environnement et l’entretien du paysage estimées à un montant de 1,4 milliard de CHF, l’agriculture telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui cause selon le rapport d’avenir suisse des dégâts estimées à 7,3 milliards de CHF chaque année. A l’instar du principe d’Hippocrate « avant tout ne pas nuire », l’objectif de neutralité pour l’environnement devrait être un principe cardinal d’une agriculture durable et renouvelable. C’est un strict minimum et l’atteindre serait un magnifique accomplissement. Car il y a une bonne nouvelle, la nature n’ayant pas besoin de nous, il suffira de cesser de lui nuire pour qu’elle se reconstitue et se porte à merveille.
- Réformer en profondeur l’Office de l’agriculture et le transférer dans un autre département, par exemple au département de l’Intérieur, de la Défense ou l’intégrer au service de l’environnement. En effet, dans la perspective proposée ici, l’agriculture ne peut plus être traitée comme une simple industrie soumise aux lois d’un marché mondialisé. On doit redéfinir ses missions dans le sens de défense, d’indépendance alimentaire, en définitive de soutien à la population.
- Redéfinir les objectifs de la recherche, de la formation des ingénieurs agronomes Les ingénieurs agronomes sont actuellement toujours formés à des objectifs de productivité reposant sur l’ajout d’intrants (engrais) et la lutte contre les nuisibles. Ils ne disposent pas des connaissances d’écologie et des écosystèmes fondamentales indispensables et nécessaires à des approches alternatives. Comme ce sont eux qui conduisent la recherche, cette dernière reste orientée vers les mêmes objectifs de productivité.
- Redécouvrir et revaloriser les connaissances de traditionnelles du monde paysan Sous l’égide de l’OFAG, l’agriculture dispose d’une structure de formation des praticiens d’une redoutable efficacité connue sous le nom de « vulg » ou « vulgarisation agricole ». Ce système est organisé hiérarchiquement du haut vers la base et encadre l’agriculture à tous les niveaux. Conçu initialement pour améliorer les connaissances des foules de paysans incultes , elles ont conduit à l’élimination de tous les savoirs ancestraux, de cette grande sagesse des anciens au profit d’une vision technologique de l’agriculture déconnectée du monde naturel, au point de développer des cultures hors sol.
- Renverser la tendance à la disparition inexorable des exploitations agricoles Ce n’est un secret pour chacun, le nombre d’exploitations agricoles diminue régulièrement depuis des décennies. Ce déclin est illustré sur le graphe ci-cessus. Selon les chiffres officiels publiés par l’Office fédéral de la statistique, le nombre d’exploitations à diminué continûment de 2.7% par année en moyenne. Si rien n’est fait pour ralentir ou inverser cette tendance, la courbe prédit la disparition de la dernière exploitation avant 2050 ! (graphe).
- Elimination de l’utilisation de pesticides de synthèse C’est une évidence partagée par nombre d’entre nous et dont nous saurons l’an prochain si nous parvenons à rassembler une majorité de citoyens autour de cette idée.
- Offrir aux consommatrices/eurs des produits alimentaires sains et d’une qualité nutritionnelle optimale et mettre en place une politique de valorisation des produits locaux et des circuits court.
Excellent et vous pouvez y rajouter les économies de santé publique, grâce à une alimentation saine et de proximité.
Le NON au mitage du territoire prouve le respect des partis (inclus verts libéraux) pour les “terres agricoles”, le plus cynique étant qu’une bulle immobilière va sans doute éclater!
Mes félicitations pour cette excellente revue critique de la situation de notre agriculture. Votre idée de déplacer l’Office de l’agriculture vers un autre département, moins influencé par cette économie néolibérale privilégiée par notre ancien CF, ne peut être que salutaire et bénéfique à notre environnement et sa biodiversité dans ce contexte climatique nouveau. La biologie et l’écologie des sols a été délaissée dans l’enseignement de base des écoles d’agronomie (professionnels de la branche !) et cette connaissance doit donc être réintroduite, car ce n’est pas aux industries agro-alimentaires de dicter leurs lois.
Disqualifiez-vous complètement l’agriculture hors sol ? Si oui pour qu’elles raisons ? En partant du principe que cela ne signifie pas forcément faire pouser des plantes dans un building. Il me semble que rien qu’au niveau des économies d’eau, ce procédé en vaut la peine (on parle généralement de 90%). La verticalité peut aussi permettre d’économiser de la place, voir se développer en milieu urbain. Bien entendu cela ne concerne qu’une partie de la production. Je vois mal un champs de blé pousser sur le mur d’un immeuble… qui sait ; )
Merci de votre question et de vos remarques auxquelles je peux souscrire sans problème. Mon ton était peut-être excessif, ma remarque peu nuancée. Mon propos offre une réponse anticipée aux “techno-fix” ou partisans du “il y a toujours une solution technologique à tout problème” et qui ultimement vont objecter que l’on peut aussi bien se passer des sols… alors que la solution économiquement la plus avisée est de ne pas créer de problème du tout. Et cela concerne aujourd’hui de très loin la plus grande partie de la production. Il est clair que lorsque tout sera bétonné la question se posera très différemment…
Au contraire, l’agriculture hors-sol ne prend son sens que sur des toits ou autres friches industrielles et dans des mégalopoles comme New York. C’est en effet toujours mieux que d’importer des tomates ou des salades du Pérou et pour autant que les garanties d’intrants soient claires.
Certaines techniques combinées avec des poissons permettent même la consommation des deux.
Mais sans parler de holistique, le “vrai nutriment” ne vaudra jamais un nutriment naturel, dans une terre saine et gavée de lombrices, n’en déplaise à tous les apprentis-sorciers, qu’ils fussent Dr. es Sciences de la terre, financées par Sieurs Monsanto, Syngenta et autres 🙂
Bravo à M. Saucy! Ayant participé comme béotien et consommateur à la session thématique “Transition agroalimentaire”, je voulais préciser certains points, mais M. Saucy, en tant que spécialiste, a établi magistralement une réforme sensée, urgente et nécessaire de tous ceux qui tirant profit de l’agriculture, tuent les agriculteurs. Combien de suicides par an, pour que Coop, Migros et autres discounters changent enfin d’approche ? Les deux coopératives, qui soi-disant appartiennent aux Suisses, se comportent comme des prédateurs cupides à l’instar de certaines multinationales de la chimie!
Oui, beaucoup à dire en effet sur le fonctionnement des structures de l’agro-alimentaire. Il n’y a guère de différence de traitement entre les petits producteurs des pays du sud et ceux de notre pays à qui nous devrions aussi – si ce n’est en premier lieu – appliquer les principes de “commerce équitable”. L’écart entre les prix de vente au consommateur et d’achat au producteur ne cesse de s’accroître, au détriment aussi bien du consommateur que du producteur. L’évolution du prix d’achat du lait aux producteurs est à cet égard emblématique. Rien ne justifie la baisse du prix d’achat à la production, si ce n’est une pression économique aliénante. Avec pour conséquence, entre autres, la dévalorisation d’un produit qui n’a fondamentalement pas changé. Impossible d’innover dans ce domaine! Tenter de maintenir la qualité au niveau “traditionnel” est déjà un défi majeur! Malheureusement, les substances utilisées dans les l’agriculture moderne finissent souvent comme contaminants dans les produits finaux, dévalorisant ainsi de fait la qualité même de ces produits… L’intervention dans la session thématique “Transition agroalimentaire” de l’ancienne directrice du “Codex alimentarius” à l’ONU sur le thème “innocuité des produits” est à souligner dans ce contexte! Elle participe du principe “ne pas nuire” évoqué au chiffre 4 de de ma liste de mesures. Ce principe devrait être étendu aux produits agro-alimentaires.