Le non-respect de l’accord de la COP21 serait plus grave qu’un génocide

Un réchauffement de plus de 4°C pourrait, selon certains experts, causer plus de six milliards de morts sur la Planète. Il provoquera la mort de nations, et aucun pays, aucune ville ne sera à l’abri. Le climat provoque déjà des effets graves, cette année des inondations des terres agricoles du Midwest ont réduit la production de maïs américaine, et les records de chaleur ont provoqué une sécheresse dans le delta du Mékong, grand producteur de riz, qui l’exporte dans le monde entier.

Le retrait récent de Etats-Unis de la COP21 ouvre la voie à la destruction des conditions de vie des pays du Sud. Il entraînerait des génocides de plusieurs peuples particulièrement exposés au changement. Les dirigeants américains mettent aussi leur peuple en danger.

C’est même plus grave, il pourrait mener à la disparition de toute l’Humanité, de tous les peuples de la Planète, ou en tout cas d’une grande partie de leur population.

Pensent-ils à maîtriser le climat d’une manière autre que les recommandations actuelles des experts, qui pourrait être aussi dangereuse?

Lors de la COP21, les spécialistes ont insisté sur la nécessité de maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C, plutôt à 1,5°C. Ils supposent qu’au-dessus de ces températures, le climat terrestre deviendrait complètement instable, et des sauts de températures rapides et forts seraient possibles. Permettre un réchauffement de plus de 2°C, c’est foncer tête baissée vers les milliards de morts et  vers la fin de la vie sur Terre.

Cette évolution du climat, provoquée par les émissions de méthane du permafrost, commence en fait déjà.

Je suis convaincue qu’on peut trouver des moyens de la maîtriser, mais il faut en faire une priorité absolue. J’espère que  les dirigeants américains, qui sont maintenant souvent confrontés à plusieurs catastrophes naturelles simultanées ou proches, changeront vite d’avis, car le climat ne s’arrêtera pas. Hier ils devaient affronter les feux de forêt en Californie et la neige au Texas. Les feux de Californie provoquent de nombreuses coupures de courant. Les catastrophes causeront souvent une réduction spontanée de l’activité économique.

Il faut peut-être aussi inventer une façon d’inciter les Etats-Unis à respecter l’accord de la COP21, ou de réduire leurs émissions de carbone d’autant.  Il en va de la survie de nos populations.

NB: Les émissions massive de méthane du permafrost pourraient provoquer d’immenses explosions, qui pourraient ressembler à la photo.

Edité le 30 octobre 2019

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

12 réponses à “Le non-respect de l’accord de la COP21 serait plus grave qu’un génocide

  1. Bonjour,
    Je ne suis pas déprimé mais réaliste. Je serais très surpris que l’humanité puisse réussir à respecter les engagements pris lors de la COP21 à Paris d’ici à quelques années. Cela provoquerait alors une décroissance fulgurante de l’économie mondiale accompagnée d’une dépression économique mondiale pire que celle qui a eu lieu dans les années 30 avec en plus d’immenses troubles sociaux violents en prime, voire des guerres civiles dans certains pays. S’adapter aux chaos climatiques progressifs qui s’installe sera la seule possibilité de survivre mais seulement pour les plus chanceux, ou pour les plus riches ou pour les plus jeunes d’entre nous. On verra bien !

  2. “…selon certains experts…”, écrivez-vous au début de votre texte. Si l’on clique sur le lien que vous fournissez, il mène à… votre article du 19 octobre dernier. Les experts en question se résumeraient-ils à vous-même? Si tel est le cas, le débat devient de plus en plus intéressant…

    1. Mon blog précédent contient justement plusieurs noms de scientifiques de renommée mondiale et références, je ne voulais pas me répéter trop.

      1. Quitte à me faire l’avocat du Diable, je constate pourtant que dans votre blog précédent, vous citez seulement deux articles de presse – l’un extrait du “Guardian” et l’autre du journal canadien “The Tyee”, qui donne, parmi ceux qu’il mentionne, les noms des cinq scientifiques que vous avez cités dans votre article.

        Si ces informations sont certes intéressantes, peut-on vous les attribuer pour autant? Je conçois bien qu’un “blog” n’est pas un mémoire ou une dissertation doctorale, mais une chercheuse ou un chercheur peuvent-ils se contenter de citer des articles de presse dans leurs travaux, même – et sans doute d’autant plus – s’il sont destinés au grand public?

        Il ne s’agit ni d’une critique, ni d’un jugement de ma part, mais d’un constat.

        1. Je savais déjà que certains des scientifiques cités dans l’article font ces prévisions. Le journal les a interviewé récemment.

  3. bonjour “Paradisperdu”
    toujours cette sacro sainte économie; justement il y a à la mettre de coté puisque c’est d’elle que vient le drame actuel; lorsque nos différents pays changeront de personnel politique assujetti aux 1% les plus riches du monde, alors cela changera; conviction, certes, à partager;

  4. La principale origine du dérèglement climatique est la surpopulation. Ce dérèglement climatique pourrait, d’après vous, provoquer la disparition de six milliards d’humains. C’est justement cela qui sauvera la planète. Nous, les humains, sommes devenus la principale menace pour la survie des autres espèces. Notre disparition n’attristera que nous. Et cent ou deux cents ans plus tard, le climat redeviendra vivables pour les autres. Sic transit.

    1. “Et cent ou deux cents ans plus tard, le climat redeviendra vivables pour les autres.” Est-ce certain ?

    2. Au vu du temps de demi-vie du CO2 dans l’atmosphère de 500-1000 an, je doute que 100 à 200 ans soient suffisant au retour à la normale. Il est à noter que la fonte des glaces polaires se joue sur cette échelle de temps aussi.

      D’autre part rien ne permet de penser que une fois une élévation moyenne de 4-6°C atteinte le climat revienne de lui même à l’état pré-industriel. Il est très possible que comme pour les âges glaciaires et les préiodes chaudes pré-historiques, une fois la transition faite, le climat atteigne un nouvel état stable pour une longue durée.

      1. Totalement d’accord. Il a fallu des millions d’années pour que le taux de CO2 descende jusqu’à atteindre le niveau permettant le déclenchement des glaciations. Croire que quelques siècles seront suffisants pour revenir à la normale me paraît, très franchement, d’un optimisme béat. Il a fallu des centaines de millions d’années à la nature pour stocker dans le sous-sol les combustibles fossiles que nous avons brûlé en un siècle et demi. Si les processus devant capturer le CO2 sont les mêmes (photosynthèse), il faudra logiquement des millions d’années pour que se carbone retourne d’où il vient. Cela dit en passant, nous évoquons souvent dans ce blog les fameux 2 degrés de réchauffement global à ne pas dépasser. Je tiens juste à signaler qu’au Pliocène, dernier moment où le taux de CO2 était équivalent à l’actuel, la température globale moyenne dépassait largement ces deux degrés. Je crains fort que quand bien même nous cessions, du jour au lendemain, de rejeter du CO2 dans l’atmosphère, cet objectif soit d’hors et déjà inatteignable…

  5. Ce dérèglement climatique est gravissime. Pourtant je ne vois pas mes congénères modifier leur mode de vie, ils en sont loin, les gens qui s’engagent ne sont pas assez nombreux, et les messages véhiculés pas les médias ne parviennent pas à nous responsabiliser suffisamment, ni à rendre prioritaire cet enjeu majeur.
    Notre avenir est gravement menacé.
    Je fais parti de ceux qui crois qu’une forte décroissance économique est nécessaire, accompagnée d’une profonde mutation de nos modes de vie et de nos économies.
    Quand saurons nous réagir autant que nécessaire?

    1. Oui, notre avenir est gravement menacé mais très sincèrement, je ne crois pas du tout que l’humanité va pouvoir réagir à temps pour éviter lers pires effet du changement climatique. Nous subirons tous de plein fouet la météo en folie du futur.

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