429.81 ppm, sommet de Bonn, et solutions de la semaine

Le somment climatique de Bonn a commencé la semaine passée.  Selon le commentaire paru dans Nature Climate Change, il y a un consensus sur le fait qu’il y a trop de gaz carbonique (CO2)  dans notre atmosphère. Les diplomates réunis à Bonn pour les pourparlers sur le climat admettent que la concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère est trop élevée.  Les opinions divergent sur la façon de régler ce problème.

Même si le réchauffement est limité à 1,5°C, des millions de personnes souffriront de dramatiques vagues de chaleur, sécheresses et inondations.  Au-delà de cette limite l’existence de toute l’Humanité est en jeu (détails dans ancien blog). 

Le leader de la COP28 prévue en automne, un magnat du pétrole, déclarait récemment que la préservation du climat nécessite de retirer du CO2 de l’atmosphère, sans cela  ‘climate maths don’t add up’, le total correct ne sera pas atteint (lien AFP). Son calcul inclut peut-être une consommation abondante d’énergies fossiles, mais  d’autres estimations  mènent à cette conclusion.  J’ai personnellement été membre de l’organisation 350.org, dont le nom indique la concentration de gaz carbonique maximale compatible avec un climat stable. Or celle-ci a récemment atteint 424 ppm,  ou 429.81 le 8 juin 2023 au Jungfraujoch en Suisse. Elle est donc actuellement beaucoup trop élevée. J’ai décrit les risques dans plusieurs de mes blogs.( blog). 

Il existe trois façons de traiter ce problème, en intervenant à différents points où le CO2 est présent:  arrêter de brûler des combustibles fossiles, de loin le principal moteur du réchauffement; ou, si cette consommation persiste, empêcher le carbone de polluer l’air; ou finalement éliminer le CO2 de l’atmosphère.

“Toutes les technologies, tous les leviers disponibles doivent être utilisés”, a déclaré à l’AFP Simon Stiell, le chef de l’ONU Climat, à l’ouverture des pourparlers à Bonn.

“Mais la science est très, très claire : le moyen le plus rapide et le plus efficace de nous amener là où nous devons aller est la réduction progressive et l’élimination progressive de tous les combustibles fossiles.” (lien).

Le problème peut donc être géré à trois niveaux:

  1. La réduction d’émissions de CO2 par: le passage aux énergies renouvelables ou d’autres solutions telles que la fermeture des usines polluantes et inutiles
  2. La capture de gaz carbonique dans les usines ou dans les véhicules
  3. La capture de carbone déjà présent dans l’air.

La première solution est de loin la plus facile et la plus efficace.

Je vais maintenant donner quelques éléments concernant le point 3, la capture du carbone déjà émis. Au vu de ce qui précède, il est évident qu’il faut se concentrer sur les réductions d’émissions, le passage aux énergies renouvelables et une optimisation de l’industrie pour réduire les productions inutiles et polluantes. La capture du carbone déjà émis est plus coûteuse et bien moins logique, mais elle sera aussi utile, et  les idées dans ce domaine fourmillent.

Charbon de bois: image par PublicDomainPictures de Pixabay

Un espoir semble venir du coté du chocolat. Les plantes captent le CO2 de l’air, et en font de la cellulose (tiges, feuilles etc). Dans la nature, celle-ci est ensuite consommée par des animaux et des bactéries et le gaz carbonique retourne dans l’atmosphère. Mais il est possible de le bloquer à l’état solide. A Hambourg, les coques de chocolat sont transformées en biochar, sorte de charbon de bois, qui conserve le carbone pendant des centaines d’années. Le produit final peut-être utilisé comme engrais ou comme ingrédient d’un “béton” écologique.  La question de la destination finale de ces résidus se posait, et son utilisation dans la construction serait une excellente idée. Les développeurs de la technologie disent qu’ils inversent le cycle de carbone (AFP). Au delà du chocolat, je pense qu’elle pourrait être utilisée à plus grande échelle sur les tiges des céréales après récolte.

Une autre solution vient des roches. Les glaciers du Groenland fondent et dévoilent une poudre de roches silicates broyée par leur course, appelée farine glaciaire. Les scientifiques ont répandu cette poudre sur des champs au Danemark. Il semble que la roche réagit avec gaz carbonique de l’air (Enhanced weathering) et en capte une partie. Elle constitue simultanément un engrais efficace qui agit mieux que les fertilisants organiques. Les chercheurs ont calculé qu’en répandant cette poudre dans tous les champs de leur pays ils pourraient compenser entièrement leurs émissions de carbone. Les glaciers du Groenland fournissent d’immenses quantités de cette poudre, l’approvisionnement semble donc facile (Université de Copenhague,  Dietzen). J’aimerais quand même voir plus d’études sur l’effet de la poudre sur le sol et sur les cultures alimentaires, aussi à plus long terme.  Les plantes pourraient avoir besoin d’un autre engrais après quelques années. Généralement elles sont fertilisées avec du nitrate ou de la matière organique, du compost ou du fumier. Il faut vérifier aussi l’innocuité de cette poudre pour la santé humaine.

 

 

 

Un nouveau trésor a été découvert dans nos forêts

La mousse des forêts, de la famille des Bryophytes, est une plante archaïque, une des premières à s’être développée sur la Terre. Elle des petites feuilles, mais pas de vraies racines ni de vaisseaux qui répartiraient l’eau dans la plante. Elle colonise souvent des roches nues et ouvre la voie aux végétaux.  Une nouvelle étude montre qu’elle est extrêmement utile.

Les chercheurs ont établi une carte des mousses présentes dans le monde, et comparé le fonctionnement des écosystèmes avec ou sans mousse. Les plantes profitent de la présence de ces minuscules voisins, car dans les sols couverts de mousse les nutriments sont plus présents, la décomposition de la matière organique se fait mieux. Le sol qui en est recouvert contient plus de nitrate, de phosphore et de magnésium, ce qui favorise la croissance des végétaux. Elles font circuler l’eau et contrôlent l’humidité du sol et le microclimat. Elles fixent aussi les poussières emportées par le vent.

Elles participent aussi au cycle de carbone. Les scientifiques estiment que les bryophytes présents surtout dans les forêts sont responsables du stockage de 6,45 Gt de carbone, six fois plus que les émissions annuelles de l’agriculture. C’est particulièrement notable dans les forêts boréales où abondent les mousses Sphagnum. Dans les déserts, règnent les Pottiacae (lien). Si nous perdions ces plantules, ce carbone serait émis du sol dans l’atmosphère et aggraverait le réchauffement climatique. Par contre, leur protection fixerait plus de carbone dans leur sol, comme cela devait être le cas sur la Terre du passé couverte de forêts, jonchées de vieilles souches moussues.

Une autre étude récente montre que la présence des bryophytes diminue les émissions de méthane des tourbières asséchées.  Celles-ci étaient considérées comme un grand risque pour le climat, mais il s’avère que les fossés couverts de mousse émettent très peu de méthane.   La présence de ces plantules favorise l’activité de bactéries méthanotrophes, qui vivent dans les mousses et consomment le méthane. Ces petits végétaux pourraient aussi secréter des composés chimiques qui limitent le développement des bactéries méthanogènes responsables de la production de ce gaz (lien). Leur présence réduit ce risque.

Les mousses survivent à un siècle de sécheresse et reprennent quand les conditions le permettent. Après une éruption volcanique, elles sont les pionnières du retour de la végétation. Les chercheurs travaillent sur la réintroduction des mousses pour régénérer des sols dégradés des villes,  mais je me demande si elles supportent la pollution chimique.

Elles semblent aussi limiter les microorganismes dangereux.  Le sol sous les bryophytes contient moins de pathogènes, ce qui est d’une grande utilité pour l’humanité. La diversité des mousses va de concert avec de nombreux effets chimiques et bactéricides sur le sol des forêts.

C’est un des innombrables maillons de la biosphère et nous prenons seulement conscience de son importance. La mousse retient le carbone dans le sol et provoque la croissance de bactéries bénéfiques.  Elle constitue une richesse écologique qu’il faut développer. Nous pouvons favoriser sa présence en augmentant la part de réserves naturelles ou en évitant la pollution.  La nature est composée de très nombreuses interactions, que nous n’appréhendons pas totalement et que nous devons sauvegarder. Cette semaine j’ai vu un autre exemple, les virus des bactéries du sol qui en influencent la prolifération et qui semblent influencés par le climat (lien). Ces bactéries elles-mêmes sont encore peu connues et c’est un nouveau niveau de complexité que nous découvrons maintenant.  Respectons et protégeons la nature telle qu’elle est car nous ne la maîtrisons pas.

 

 

Rapport du GIEC 2023 – Risques de catastrophes

Aujourd’hui je vous livre une sélection de phrases exactes du résumé pour décideurs du rapport du GIEC avec le numéro de paragraphe. Si cela vous est utile, vous pouvez donc les citer ainsi. 

Ce document montre que le réchauffement causé par l’Homme contribue déjà à de nombreux événements extrêmes partout dans le monde. 

Pour chaque 1000 Gt de CO2 émis par l’activité humaine, la température de surface globale augmente de 0,45°C (B.5.2).

Le changement climatique a réduit la sécurité alimentaire (A.4).  Environ la moitié de la population mondiale connaît actuellement des graves pénuries d’eau. Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones très vulnérables au changement climatique : Afrique, Asie, Amérique centrale et du Sud, PMA, petites îles et Arctique (A.2.2).

Avec chaque augmentation supplémentaire du réchauffement climatique, les changements dans les extrêmes continuent de s’amplifier (B.1.3). Cela signifie que si la température moyenne sur la Planète augmente de 0,5°C, en Suisse elle montera d’un (1) degré (fig SPM.2 a et plus détaillé ailleurs, rts, OFEV), et les vagues de chaleur augmenteront plus (dr). Les pluies et sécheresses extrêmes s’intensifieront, les puits de carbone terrestres et océaniques fonctionneront de moins en moins bien (GIEC).

À court terme, chaque région du monde devrait faire face à une nouvelle augmentation des aléas climatiques (B. 2.1.) Les impacts à long terme projetés sont jusqu’à plusieurs fois plus élevés que ceux actuellement observés (B.2 degré de confiance élevé).  Les inondations seront donc plusieurs fois plus grandes, les sécheresses toucheront beaucoup plus de cultures (dr).

Les risques à court terme comprennent une augmentation de la mortalité et de la morbidité humaines liées à la chaleur (degré de confiance élevé), des maladies et des problèmes de santé mentale.

L’augmentation prévue de la fréquence et de l’intensité des fortes précipitations (confiance élevée) augmentera les inondations locales générées par la pluie (confiance moyenne).

Par rapport au rapport du GIEC précédent AR5, les niveaux de risque globaux agrégés sont évalués comme étant élevés à très élevés à des niveaux inférieurs de réchauffement climatique en raison de preuves récentes des impacts observés (B.2.2).

Les risques d’événements météorologiques extrêmes seront déjà élevés à 1.5°C degré (Fig SPM.4).

En général, lorsqu’un chiffre de température est utilisé dans le rapport, il s’agit d’une moyenne décennale. La fonte en profondeur des glaces et du permafrost s’étale sur plusieurs années et une seule année chaude n’aura pas les mêmes effets.  Cependant, il me semble que l’atmosphère pourrait répondre très vite à une élévation de température, et des vagues de chaleur et des tempêtes extrêmes pourraient déferler lors d’une seule année torride.

L’élévation du niveau moyen mondial de la mer au-dessus de la plage probable – proche de 2 m d’ici 2100 ne peut être exclue. Il y a une confiance moyenne que la circulation thermohaline  Atlantique ne s’effondrera pas brusquement avant 2100 (B.3.3). Je crois qu’on pourrait rétorquer sur ce dernier point qu’elle ne s’effondrera par braquement parce qu’elle s’arrête progressivement.

Le risque de fonte du permafrost est déjà élevé à 1,5°C (Fig. SPM4).

Une atténuation profonde, rapide et soutenue et une mise en œuvre accélérée des mesures d’adaptation au cours de cette décennie réduiraient les pertes et les dommages prévus pour les humains et les écosystèmes (C 2.2).  Les options d’adaptation qui sont réalisables et efficaces aujourd’hui deviendront limitées et moins efficaces avec l’augmentation du réchauffement climatique (B.4). Les limites à l’adaptation et les pertes et dommages, fortement concentrés parmi les populations vulnérables, deviendront de plus en plus difficiles à éviter (confiance élevée) (Extraits exacts du résumé pour décideurs du rapport du GIEC: lien). 

Actuellement, une marche bleue réunissant plusieurs personnalités romandes, surtout des femmes, parcourt la Suisse romande de Genève à Berne pour demander à notre gouvernement le respect de l’accord de Paris qui permettraient cette attenuation rapide du changement climatique. Elle est accueillie à de nombreux endroits avec bienveillance et conscience de cette problématique (#lamarchebleue sur Instagram ou Facebook). La marche a parcouru la Côte de Genève à Lausanne,  a atteint Neuchâtel samedi et part aujourd’hui en direction de Berne en passant par Fribourg. Le 22 avril, elle remettra officiellement une pétition pour l’action climatique au gouvernement.

J’ai remarqué depuis plusieurs années que les catastrophes météorologiques dépassent les  prévisions précédentes. Celles-ci ont maintenant été partiellement mises à jour avec les connaissances acquises de ces événements récents.

Cette semaine encore, un nouveau record météorologique était battu par l’ouragan Ilsa, qui a percuté les côtes australiennes avec des vents record de 289 km/h.

Les observations suggèrent l’arrivée du El Nino, courant chaud dans le Pacifique, qui provoque des années chaudes et souvent des événements météo extrêmes. Plusieurs modèles estiment qu’un super El Nino est possible (Guardian). Une étude suggère que le changement climatique pourrait provoquer une amplification de ces phénomènes. Au cours des années 2015-2016, la température planétaire s’était alors élevée de 0.5°C.  Cette période avait provoqué la sécheresse en Amérique du Sud, et un retard de la mousson en Inde, et des épidémie de fièvre dengue et de choléra.  Il se trouve qu’un épisode de super El Nino pourrait nous faire dépasser 1.5°C degré l’année prochaine déjà, et nous amener des intempéries inconnues de l’humain. Cela montre le niveau du danger climatique auquel le monde est confronté aujourd’hui. Nous devons le réduire autant que possible.

 

 

 

 

Bonnes ou mauvaises solutions pour le climat

Radicaux hydroxyl dans l’atmosphère

En février 2023 j’ai vu une technique de géo-ingénierie ou  de “nettoyage de l’atmosphère” dans le groupe Facebook de climatologues Arctic news. J’aimerais lancer un débat, avoir l’opinion de chimistes de l’atmosphère à ce sujet. L’idée est de disperser des radicaux d’oxygène dans l’air. Ils forment des groupe hydroxy qui réagiraient avec le CO2 et le transformeraient en acide carbonique, qui tomberait sur terre avec la pluie. Ils se proposent d’éliminer 15 gigatonnes de CO2, en faisant passer l’air dans des turbines générant les radicaux oxygène.

Cette modification de l’atmosphère affecte la formation des nuages, selon les inventeurs, ils se condensent plus facilement, plus près du sol, reflètent mieux le soleil et réduisent le réchauffement. Ces effets sont très nombreux et donnent un exemple de la complexité du système.

Cette technique dégrade aussi le méthane. Actuellement, il est naturellement éliminé par les molécules hydroxy existantes dans l’atmosphère, mais celles-ci pourraient être saturées par les émissions de méthane croissantes. Les inventeurs expliquent d’ailleurs l’augmentation du méthane atmosphérique par la saturation des hydroxy naturels.

Je crois que nous avons absolument besoin d’une solution qui dégraderait le méthane en cas d’émissions massives du permafrost. Celles-ci pourraient fortement réchauffer l’atmosphère, accélérer la fonte du permafrost, et cette boucle de rétroaction comporte le risque d’un réchauffement intense qui menacerait l’Humanité. Il faut donc développer d’une solution de ‘dernière chance’ pour nous protéger de tels événements.

J’apprécie l’absence de métaux, de polluants dans l’atmosphère, qui éviterait des déchets toxiques pour l’Humain et les écosystèmes.  Même les ions d’argent actuellement utilisées pour la formation des pluies artificielles semblent légèrement nocifs pour les écosystèmes, pour les gastéropodes d’eau douce, je crois.

Je vois d’ailleurs que la technique est vendue par reductiontech  sur shopify.com., il semble que je pourrais l’acheter aujourd’hui pour mon coin de ciel bleu personnel, ce qui m’inquiète un peu.  Une étude sur l’utilisation à grande échelle devrait absolument être entreprise. Qu’en pensez-vous?

Pas de billes de verre sur la banquise

Une autre invention consistait à stabiliser la glace sur la mer arctique en la couvrant de petites billes de verre. Celles-ci devaient réfléchir la lumière du soleil et protéger la glace de la fonte. J’y étais viscéralement opposée, car  la glace se fracture, est lessivée par la pluie, et j’imaginais les poissons arctiques ingérant des billes de verre. Leurs effets pourraient être bien pires que l’ingestion de plastique, mener à une disparition des petits poissons, et à une catastrophe en chaîne dans cet écosystème, où les grands poissons et les phoques ne trouveraient plus d’aliments.

Une nouvelle étude s’est penchée sur cette technique et aboutit à la conclusion que les billes de verre auraient même, un effet contraire, de réchauffement. Elles devraient de plus être répandues par l’Homme sur toute la surface de l’océan arctique.  Il s’avère qu’elles seraient inutiles dans des flaques d’eau de fonte, que le vent pousserait les billes de verre dans un coin du bloc de glace,  et que la neige reflète mieux la lumière du soleil. Cette technique est donc déconseillée (lien).

Holisoils: capture de carbone dans le sol des forêts

Le carbone devrait être stocké dans les sols. Dans les zones boisées, celui-ci constitue un réservoir plus important que les arbres eux-mêmes.

Une gestion adaptée des forêts peut transformer leur sol en puits de carbone important, ou au contraire en faire une source de carbone.  Il faut absolument utiliser au maximum cette possibilité de diminuer l’effet de serre. Le projet HoliSoils donne des pistes pour y parvenir. Les forêts de conifères ou mixtes accumulent généralement plus de carbone, car les aiguilles se décomposent plus lentement.

La coupe à blanc et le drainage des tourbières doivent être évités dans la mesure du possible. Sur les prairies, ils recommandent en général une éclaircie modérée pour maintenir la croissance du peuplement de semis, la domination des conifères et l’augmentation de la période de rotation renforcent la puits de carbone, et la régénération rapide après coupe rase freine la baisse des stocks de carbone du sol. Ils suggèrent la fertilisation par l’azote de certaines forêts, et des aménagements pour conserver de l’eau dans les tourbières (lien).  Je me demande si la fertilisation pourrait être accomplie par des semis de plantes légumineuses.

D’autre part, les forêts anciennes, de plus de cinquante ou cent ans ont des sols particulièrement riches en carbone qui doivent être préservés.

C’est une excellente solution, sans risque pour l’écosystème, et il convient d’y prêter attention.

 

 

 

 

 

 

 

Les grands climatologues alertent sur les boucles de rétroaction

Les rapports du GIEC se penchent essentiellement sur les effets directs du réchauffement climatique. Celui-ci a aussi des conséquences sur la biosphère, fait fondre les glaces, provoque des sécheresses et des feux de forêts.  La fonte de glaces libère des surfaces sombres qui absorbent plus de rayons du soleil, le carbone des arbres brûlés s’ajoute à celui provenant de nos émissions, et ces changements accélèrent le réchauffement.

Plusieurs éminents climatologues, dont Lenton, Röckstrom, et Schellnhuber ont écrit un article dans lequel ils attirent l’attention sur ces boules de retroaction. Ils ont identifié 41 effets du climat, dont l’immense majorité pourrait avoir un effet accélérateur sur le réchauffement. Ces risques devraient bénéficier de plus d’attention. Ils demandent par exemple un rapport du GIEC consacré à ces problèmes.

Plus de vingt conséquences du changement climatique sur la végétation ont été répertoriés.  Il pourrait provoquer la mort des forêts, des incendies, d’autres stress des plantes, la disparition d’insectes pollinisateurs, l’émission de carbone du sol, des changements dans l’écosystème microbien, le verdissement de la région arctique, et plusieurs autres effets qui en conséquence modifieraient notre atmosphère.

Les chercheurs mentionnent notamment que le dépérissement des forêts, la perte de carbone du sol, la fonte du pergélisol, l’assèchement et la combustion lente des tourbières et l’évolution de la pompe biologique océanique sont difficilement prévisibles et leurs conséquences pourraient être importantes.

L’Amazonie et la jungle du Congo souffrent des nouvelles sécheresses, les forêts tempérées en portent les traces aussi et de nombreux arbres sont malades, d’immenses feux de forêt ont touché la Sibérie, l’Australie, maintenant le Chili.

Les sols perdent du carbone notamment en conséquences de sécheresses, s’érodent, et la poussière s’accumule dans l’atmosphère.  Le pergélisol fond et émet des gaz à effet de serre. Les tourbières sont des grands réservoirs de carbone et je crois que seule une gestion humaine pourrait les sauver.

Le plancton capte le carbone et nourrit les habitants des océans. Il semble moins abondant dans les eaux tropicales mais se développe dans les eaux arctiques (mesures satellite). Il était récemment admis qu’il absorbait près du tiers du carbone atmosphérique, et un tiers était assimilé par les forêts, mais le plancton pourrait mieux supporter le réchauffement, et jouer un rôle essentiel dans le Futur.

Les  chercheurs alertent sur le fait que des nouvelles petites augmentations du réchauffement à court terme constituent un risque important, compte tenu des souffrances que nous subissons déjà à cause des catastrophes climatiques telles que les incendies de forêt « sans précédent », les tempêtes intenses, les inondations côtières, le dégel du pergélisol et les événements extrêmes.

Ils demandent donc une étude accrue des boucles de rétroaction, notamment biologiques, et un développement de la  collecte et de l’analyse de données de ces changements.  Ils suggèrent un nouveau rapport du GIEC sur ces sujets.  Ils aimeraient aussi disposer d’un modèle integrant le changements climatique, les boucles de rétroaction, l’effet de mesures de mitigation et des activités humaines.

Selon eux, si les pires risques posés par les boucles de rétroaction et les points de basculement ont été sous-estimés, l’avenir d’une planète Terre hospitalière pourrait être en jeu.

J’alerte depuis plusieurs années sur ces sujets. Il est évident que la végétation, le sol et les écosystèmes souffrent des changements météorologiques, et qu’un changement climatique survenant en quelques décennies est trop rapide pour des forêts. Ces dernières années, nous voyons autour de nous des prairies jaunies, des arbres secs, des fleuves asséchés.  Ces boucles de rétroaction dont les effets sont discutés notamment par Extinction Rebellion doivent être considérées très sérieusement. Le GIEC n’a de loin pas tout prévu.  Les calculs de probabilité sur ce sujet semblent extrêmement difficiles, mais les événements observés   pourront  bientôt enrichir les modèles. L’humanité dispose aussi de nombreuses solutions mais pourra seulement les appliquer si elle voit la vérité en face.  En particulier une régénération de la végétation, des écosystèmes, des baleines, etc pourrait améliorer l’avenir de la Planète.

Sécheresse persistante dans le bassin du Rio de la Plata

Le bassin Parana – La Plata, le deuxième plus grand bassin fluvial d’Amérique du Sud, traverse la pire sécheresse depuis 1944. Des déficits de précipitations record au cours des deux dernières années hydrologiques ont asséché le sud-est du Brésil, le nord de l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Une faible mousson sud-américaine a encore aggravé la situation.

La sécheresse dans le bassin du Parana – La Plata a causé des dommages à l’agriculture avec une baisse des rendements, en particulier pour le soja et le maïs, ce qui a un impact sur les marchés mondiaux. Le bas niveau du fleuve a freiné les transports des récoltes restantes. La sécheresse a persisté en 2022.

La partie inférieure du bassin de La Plata souffre des pires conditions d’humidité du sol et de végétation, en particulier dans ses zones les plus méridionales.

Le bassin de La Plata est l’un des principaux producteurs d’énergie hydroélectrique au monde. C’est la principale source d’énergie renouvelable en Amérique du Sud. Les barrages et les centrales hydroélectriques du bassin de La Plata satisfont environ 55% de la demande de la région. La sécheresse prolongée a un impact considérable sur la production d’énergie et provoque une diminution de la production hydroélectrique qui touche l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie.

Le rapport européen « Sécheresse extrême et à long terme dans le bassin de La Plata : évolution des événements et évaluation de l’impact jusqu’en septembre 2022 » décrit l’épisode de sécheresse extrême 2019-2021 dans le bassin du Rio de la Plata en Amérique du Sud  l’année dernière, causé par des températures exceptionnellement élevées (visible aussi dans la vidéo en lien et décrit dans mon blog ci-dessous l’année passée).

Une grave sécheresse persiste dans le bassin de Parana – La Plata en Amérique du Sud. Cette année, les poissons meurent et échouent en masse sur les bords de rivières, le bétail succombe dans les pâturages, et le soja périclite dans les champs. L’Argentine était récemment le premier producteur mondial de soja.

Selon l’agence de Presse Sud-américaine Mercopress, la récolte sera inférieure à celle de l’année passée, qui était déjà compromise par la sécheresse. Seul un tiers du soja des années précédentes avait été planté cette année. La récolte de cultures d’hiver, d’orge et de blé sera particulièrement mauvaise, et les perspectives pour l’été semblent inquiétantes aussi.  Le réchauffement climatique augmente le risque de mauvaises années.

L’Argentine pourrait remettre en question l’élevage qui souffre de ces conditions météorologiques. La production de céréales suffirait facilement à nourrir l’Humanité si elle n’était pas utilisée pour nourrir un cheptel en expansion rapide. La reforestation ou des plantations agricoles d’arbres, respectant la biodiversité, auraient des effets bénéfiques sur le climat local et global.

Quels arbres pourraient être cultivés en Argentine? Des noix du brésil? Du moringa?

Le rapport préparé conjointement par le Centre commun de recherche de la Commission européenne, l’OMM, le CEMADEN, la Fondation CIMA et le SISSA  : The 2019-2021 extreme drought episode in La Plata Basin

The European Commission’s: Drought in South America – 10 years overview

Mon blog sur la sécheresse de l’année passée:

Canicule, insectes ou soja en Argentine

 

Risques climatiques: Understanding Risk UR22

J’ai participé à la conférence  Understanding Risk’. La conférence suivait un concept nouveau, décentralisée sur trois continents, en Npuvelle-Zélande, Europe et Amérique du Sud. Ce concept semble très utile . D’une part il évite les vols longs-courriers, d’autre part il a permis de tenir la conférence jour et nuit dans les différents fuseaux horaires, ce qui bien sûr prive les participants du droit au repos. De plus, le site principal de la conférence,  Florianopolis au Brésil, a subi des graves inondations. Je suis sûre que ce concept sera très utile à l’avenir, car la conférence aurait pu continuer aux deux autres sites. Les visiteurs présents ont certainement acquis une précieuse expérience des inondations, j’espère qu’ils ont pu bien voir les problèmes.

Certains ont souligné que pour prévoir les risques, il faut faire une liste des biens existants, puis des dangers qui les menacent. Malheureusement, les risques liés au réchauffement climatique ont été sous-estimés par rapport aux événements réels de dernières années. Si  le calcul se base sur valeur des bâtiments et des infrastructures, les risques que courent les pays pauvres semblent petits. De nombreux bâtiments, parfois tous,  sont menacés, mais ont peu de valeur.

Une représentante de la Dominique dit que l’idéal serait de construire des maisons sûres, aux bons endroits, où les habitants pourraient être en sécurité en cas d’ouragan, et d’éviter les évacuations. Construire des bâtiments résistants constitue un gain très réel. Cela s’avère malheureusement difficile, il semble y avoir peu de zones sûres à la Dominique, toute l’île est menacée de catastrophes.  

L’intelligence artificielle semble améliorer les predictions de risque.  Divers solutions naturelles ou techniques ont été évoquées, la protection contre les vagues des ouragans, sous forme de mangroves, de murs en escalier, de récifs coralliens qui réduisent les vagues et leurs effets. Je crains que la montée de la mer ne dépasse ses défenses dans la deuxième moitié  du siècle. Je n’ai rien entendu sur les risques et la protection des ports maritimes. 

D’autres intervenants ont parlé de parcs urbains qui contiendraient les inondations, et rafraîchiraient les villes. 

Des nombreuses fermes urbaines où les légumes sont cultivés dans des bâtiments, parfois en plusieurs étages, sont en développement. L’idée est que l’immeuble, ou l’école, la résidence de personnes âgées cultivent leurs propres légumes.  Ce sera très utile si les rues sont inondées. 

Une étude récente montre aussi que le risque d’attaque, d’AVC, augmente à chaque degré se réchauffement climatique.

Une prise de conscience des risques de catastrophes telles que les vagues de chaleur et les glissements de terrain semble s’opérer. Elle est visible par une augmentation d’investissements dans les aménagements préventifs. 

Des nombreux systèmes d’alertes par téléphone portable sont en développement.  Des recherches sur l’étendue et les limites des feux de forêt ont été évoquées, notamment l’Australie a eu de graves problèmes, les feux ont seulement pu être arrêtés aux portes de Sydney.  Les études de risques ont besoin de grandes quantités de données, n’hésitez pas à mettre des données à disposition.

L’aspect psychologique a aussi été évoqué. Apparemment, les gens réagissent surtout aux risques qu’ils comprennent bien, et aux risques immédiats, proches. C’est pour la compréhension que je mets tellement les points sur les ‘i’. D’autre part, le public refuse parfois d’agir par respect des traditions.  La connaissance des barrières pourrait permettre une prévention plus efficace.

J’ajoute encore quelques éléments scientifiques que j’ai relevé dans les conférences de la COP: – La capture de carbone chimique est faisable, opérationnelle, et attend seulement les investissements.

Une autre conférence  de la COP27 “Evénements lents et irréversibles” montrait surtout que la mer monterait beaucoup plus  à 3°C de réchauffement qu’à 1.5°C. A la fin de la conférence une femme, s’est présentée comme membre de l’IPCC, donc professeure d’université de climatologie.   Elle est intervenue en demandant : Comment pouvez-vous taire que ces calculs sont très incertains et que les risques pourraient être bien plus graves?  Ce problème a des conséquences sur une grande partie de calculs de risque, qui pourraient bien être encore très sous-estimés. Le climatologue Johan Rockström disait récemment qu’il ne sait pas vraiment quel serait le climat à +3°C.  La Terre pourrait énormément changer.

Vagues de chaleur plus fortes que prévu

La COP27 s’est conclue sur la création d’un fond de pertes et dommages pour les pays victimes du réchauffement climatique. Les parties gardent l’objectif de limiter le réchauffement de 1.5°C. Les émissions de carbone devaient être progressivement ralenties, atteindre un maximum en 2025 puis diminuer. Malheureusement,  la date butoir de 2025 et le rythme de réduction prévu ont disparu cette année.  Or si nous ne limitons pas les émissions au rythme voulu, si nous en rajoutons plus que prévu chaque année, l’accumulation de gaz carbonique dans l’atmosphère sera plus importante et les températures dépasseront probablement les 1.5°C.

Greta Thunberg dit que “sans engagements forts pour réduire les émissions immédiatement et rapidement, le monde n’a aucune chance de respecter la limite de 1,5°C”. [Nous courrons donc] “des grands risques de déraciner les systèmes vitaux de la Planète dont nous dépendons tous et de mettre en danger d’innombrables vies humaines”. Le secrétaire -général de l’ONU arrive à des conclusions similaires.

Je soutiens la création de ce fond, mais en réalité le résultat de la conférence n’est pas correct, nous n’allons pas dans la bonne direction. Les pays pauvres verront leurs maisons ou leurs récoltes détruites mais ils recevront une compensation financière. Il aurait bien sûr mieux valu de vivre en sécurité dans une maison intacte, sans insécurité, sans traumatismes, sans perdre des proches, sans migrations. Ils pourront cependant être indemnisés pour les dommages qui se produiront ces prochaines années, ce sera utile à court terme.  Et après nous, le déluge? Les risques pour la Planète entière augmentent chaque année.

En réalité,  la limite théorique de 1.5°C pourrait déjà être trop élevée, les changements qui mènent à une destabilisation du climat terrestre pourraient déjà commencer. Les forêts tropicales sont un facteur important, Des changements inquiétants ont été observés à ce niveau, mais le facteur humain est sous-estimé, et la bonne volonté peut encore sûrement les sauver.

Les conséquences du changement climatique sont déjà tangibles. Cet été, l’Europe a subi une canicule et une sécheresse sans précédent depuis 500 ans au moins.

Un nouveau rapport établit que les vagues de chaleur de cet été ont causé plus de 20’000 morts en Europe.  Ce chiffre a été obtenu en calculant l’excès de décès cet été par rapport aux années précédentes. Je vois d’ailleurs deux calculs, 20’000 décès dont 10’000 en France (Japan Times) et 15’000 sans compter la France (WHO).  De ces deux articles je conclus que 25’000 décès sont imputables à la vague de chaleur de cet été.

Nous savons que les canicules seront plus fortes et plus fréquentes à mesure que les températures planétaires monteront. Les climatologues ont cependant été surpris par la vague de chaleur à plus de 49°C qui est survenue en 2021 en Colombie Britannique, au Canada. Elle était vraiment exceptionnelle, et à priori, semblait impossible même en tenant compte du réchauffement global prévu par le GIEC.

Je m’étais posée la question si le réchauffement se déroulait bien comme prévu par le GIEC, ou d’une façon différente, plus rapide et plus dangereuse.

Une nouvelle étude s’est penchée sur ce problème. Il semble que les réchauffement global de 1,1°C inclut des effets locaux qui n’ont pas été assez prévus avant 2021.  Le courant-jet fait maintenant des profondes ondulations, emportant l’air tropical loin vers le Nord. Les masses d’air stagnent ce qui prolonge les vagues de chaleur jusqu’à environ un mois.  Un autre facteur amplificateur est la sécheresse. Il s’avère que la canicule a atteint des tels niveaux car le sol était très sec. L’évaporation aurait modéré les températures.   Ces deux caractéristiques pourraient bien se manifester souvent par la suite, les longues vagues de chaleur causeront des sécheresses qui les amplifieront, et le courant -jet pourrait amener des températures particulièrement étonnantes dans les régions tempérées. Cette canicule à 49.6°C semble pour le moment exceptionnelle, mais pourrait se produire tous les dix ans dans les zones tempérées si le réchauffement atteint 2°C (lien).

 

 

 

Les revues médicales demandent l’aide pour l’Afrique face au climat

 Une grave famine se déclare en Afrique de l’Est. Après quatre saisons des pluies ratées consécutives, les récoltes en Afrique de l’Est sont devenues si stériles qu’une personne risque de mourir de faim toutes les 36 secondes. Les conditions se détériorent si rapidement en Somalie, en Éthiopie et au Kenya que les experts des droits de l’homme affirment qu’il s’agit de la pire crise de la faim de l’histoire de la région – avec peu de soulagement en vue. La situation est extrême (Article yahoo news).

L’accélération des effets du réchauffement climatique rend malade et tue des centaines de milliers de personnes chaque année sur le continent africain, ont averti mercredi des centaines de revues médicales.

L’appel, rédigé par 16 rédacteurs en chef de revues biomédicales de premier plan de toute l’Afrique, déclare que les dommages déjà causés à travers le continent “devraient être une préoccupation suprême pour toutes les nations”.

“Il est très injuste que les nations les plus touchées aient le moins contribué aux émissions mondiales cumulées, qui sont à l’origine de la crise climatique et de ses effets de plus en plus graves”, déclare l’éditorial.

Il a été publié dans quelque 250 revues scientifiques, dont 50 titres africains et des revues médicales internationales comme The BMJ, The Lancet, le New England Journal of Medicine et le National Medical Journal of India.

Les auteurs ont critiqué l’échec de la communauté internationale à tenir sa promesse de fournir 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 aux pays en développement pour stimuler une transition énergétique verte et aider les nations à se préparer aux futurs impacts climatiques.

Le réchauffement climatique pèse lourdement sur les économies africaines et la santé de leurs populations, affirment les auteurs, appelant à un financement spécifique pour faire face aux coûts des dommages déjà ressentis.

Les sécheresses en Afrique subsaharienne ont triplé entre 1970–79 et 2010–19.  En 2018, des cyclones dévastateurs ont touché 2,2 millions de personnes au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe.  En Afrique occidentale et centrale, de graves inondations ont entraîné la mortalité et la migration forcée, la perte d’abris, de terres cultivées et de bétail. (actuellement inondations au Nigéria et au Tchad).

Les changements dans l’écologie des vecteurs provoqués par les inondations et les dommages à l’hygiène environnementale ont entraîné une augmentation des maladies dans toute l’Afrique subsaharienne, avec une augmentation du paludisme, de la dengue, de la fièvre de Lassa, de la vallée du Rift la fièvre, la maladie de Lyme, la maladie à virus Ebola, le virus du Nil occidental et d’autres infections.

 

L’élévation du niveau de la mer réduit la qualité de l’eau, entraînant des maladies d’origine hydrique, notamment les maladies diarrhéiques, l’une des principales causes de mortalité en Afrique.

Les catastrophes climatiques perturbent l’approvisionnement en eau et en nourriture, augmentant l’insécurité alimentaire et la malnutrition, qui cause 1,7 million de décès par an en Afrique. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la malnutrition a augmenté de près de 50 % depuis 2012, en raison du rôle central de l’agriculture dans les économies africaines. Les chocs environnementaux et leurs effets d’entraînement causent également de graves dommages à la santé mentale. Au total, on estime que la crise climatique a détruit un cinquième du produit intérieur brut des pays les plus vulnérables aux chocs climatiques.

Certains progrès ont été réalisés, notamment sur les systèmes d’alerte précoce et les infrastructures de défense contre l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes.

Mais l’appel estime que les pays les plus riches, historiquement responsables des émissions de combustibles fossiles à l’origine du réchauffement, ont la responsabilité d’agir, à la fois moralement et dans leur propre intérêt.

“Il est temps que la communauté mondiale reconnaisse que la crise climatique, tout en affectant le continent de manière disproportionnée, est une crise mondiale”, a déclaré Lukoye Atwoli, professeur et doyen du Medical College East Africa.

“L’action doit commencer maintenant, et commencer là où elle fait le plus mal, en Afrique. Si nous n’agissons pas, la crise deviendra très bientôt le problème de tous.”

Les auteurs proviennent de revues telles que African Health Sciences, l’African Journal of Primary Health Care and Family Medicine et l’East African Medical Journal.

Lien sur l’éditorial: https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(22)01986-9/fulltext

Blog Famine Afrique 2020: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2020/01/29/nous-sommes-responsables-de-la-plus-grande-famine-de-lhistoire-qui-frappe-actuellement-lafrique-australe-et-des-drames-a-venir/

L’Alaska se couvre de lacs bouillonnants de méthane. Qu’allons -nous faire?

Lacs bouillonnants de méthane

Ces dernières années chaudes, les vagues de chaleurs s’aventurent jusqu’au pôle Nord. Elles ont apporté des températures excessives de plus de 20 degrés en Sibérie (blog). Les sécheresses inouïes dans ces régions et les foudres de plus en plus fortes provoquent des feux de forêts. Tout cela déclenche la fonte du permafrost, sol boréal gelé depuis des milliers d’années qui contient des debris de plantes anciennes, et d’animaux congelés.

Le permafrost (ou pergélisol) est en partie, à certains endroits à moitié composé d’eau gelée. Lorsqu’il dégèle, le sol glisse, s’effondre, et forme des lacs. Il y a des millions de lacs de ce type en Arctique, certains sont récents.

Deux choses se produisent lorsque la couche de pergélisol dégèle sous les lacs : l’activité microbienne augmente et des voies s’y forment . Au lac Big Trail et dans d’autres lacs thermokarstiques de l’Arctique, les microbes digèrent les plantes mortes et d’autres matières organiques du sol et produisent du dioxyde de carbone et du méthane.

Un scientifique explique « À Big Trail Lake, c’est comme ouvrir la porte de votre congélateur pour la première fois et donner toute la nourriture de votre congélateur aux microbes pour qu’ils se décomposent. En le décomposant, ils crachent du méthane ».

Plus rarement, le dégel du pergélisol peut former des « cheminées » sous les lacs qui permettent au méthane et à d’autres gaz – auparavant piégés profondément sous terre – de s’échapper. Dans tous les lacs thermokarstiques, les gaz bouillonnent à la surface du lac et s’élèvent dans l’atmosphère.

Lorsque le lac Big trail Lake gèle en hiver, les bulles peuvent empêcher la glace de se former et créer des poches d’eau libre qui continuent d’émettre du méthane tout au long de la saison. Dans d’autres régions, les bulles de méthane créent des dômes de glace gelés à la surface du lac.

 Les lacs les plus récents libèrent de grandes quantités de méthane. Il s’enflamme facilement au-dessus de l’eau. C’est un gaz à fort effet de serre qui pourrait accélérer fortement le réchauffement climatique. Les émissions de méthane en Alaska sont étudiées dans le projet ABoVE. Seule une petite fraction du permafrost ,environ 10% (article 2018), est dégelée en surface et peut encore dégeler plus en profondeur.

Méthane ou Géo-ingénierie?

Les émissions de méthane du permafrost terrestre et sous-marin pourraient augmenter et accroître l’effet de serre. La semaine passée, je présentais une étude qui a mis en évidence les émissions de méthane des fonds marins par le passé (blog). C’est un indice de plus qu’elles pourraient se reproduire dans la situation actuelle.  Bien que très incertaines, elles pourraient mener à des sauts de température de l’ordre d’un degré en quelques années, qui s’accompagneraient de catastrophes immenses et déclencheraient d’autres étapes d’une boucle de retroaction positive. C’est un énorme danger. Je mentionnais aussi une technique de géo-ingénierie, la dispersion de particules dans l’atmosphère polaire, qui pourrait regeler la glace Arctique et limiter le problème. Les auteurs de l’étude estiment que c’est possible à un prix relativement accessible. Je ne sais que penser de ces projets. Lundi passé, je me suis endormie avec l’idée que la géo-ingénierie est la seule solution pour éviter l’apocalypse, ou en tout cas un dérèglement du climat terrestre qui emporterait probablement la majorité de la population de la Planète. Je me suis réveillée avec l’idée qu’il ne faut pas s’y lancer. C’est probablement une mauvaise solution, bancale, qui apporterait de nombreux problèmes nouveaux.  L’arrêt des émissions et la reforestation semblent beaucoup plus sains pour notre milieu de vie mais la boucle fonte de la glace Arctique- fonte du permafrost semble maintenant engagée.

 

Si les émissions de méthane augmentent le réchauffement climatique, les conséquences seraient extrêmement dangereuses.  Il deviendrait difficile de tenir le compte des morts dans le chaos généralisé, des pays entiers seraient rayés de la carte.

La Suisse, qui semblait tout d’abord peu exposée, sera frappée par de fortes vagues de chaleur, des glissements de terrain, des foudres et des grêles inconnues jusqu’à peu.

Un réchauffement de 4°C causerait d’immenses tempêtes. Chaque ville subirait des destructions et compterait des morts et des blessés.  La survie à cette hécatombe serait hasardeuse, la civilisation s’effondrerait vite, et nos enfants ou nos petits-enfants se battraient pour l’existence entre crise économique et le déchaînement de la Nature, se cacheraient des vagues de chaleur dans les décombres, défendraient leur potager cultivé sur les décombres de l’école actuelle, fuiraient les inondations.

Certains estiment qu’il vaut mieux laisser la Nature se débarrasser du cancer humain et se reconstituer elle-même.  Là, je ne suis pas d’accord, il me paraît important est de sauver les vies humaines.

Géo-ingénierie

De nombreuses solutions de géoengénierie sont actuellement étudiées.  Plusieurs scientifiques recommandent de regeler la mer Arctique pour contenir le réchauffement direct et la fonte du permafrost sous-marin. Une étude récente estime que c’est tout à fait faisable. Ils proposent d’utiliser une flotte de 125 jets volant à haute altitude pour sprayer des particules aérosols de SO2 qui réduiraient l’ensoleillement des pôles en été (communiqué).

Le professeur Peter Wadhams demande depuis longtemps la géo-ingénierie et propose de répandre plutôt des gouttelettes d’eau de mer qui éclairciraient les nuages, de concert avec  la capture le gaz carbonique présent actuellement dans l’air (Interview Vidéo avec Steven Salter, qui développe cette technologie).

Le scientifique anglais David King proposait aussi à la COP26 de regeler l’Arctique par des techniques artificielles.

Une solution était de reformer directement une glace épaisse à la surface de la mer Arctique. Elle me paraît préférable à l’obscurcissement du soleil. La différence de luminosité aurait des conséquences sur les végétaux et les animaux et les produits utilisés pourraient être une nouvelle source de pollution. Je me suis livrée à une longue réflexion à ce sujet ici.  Je ne suis pas sûre si une technologie capable de fabriquer de la glace à l’échelle d’une mer existe déjà. Une mauvaise idée était de répandre des billes de verre ou de polystyrène à la surface de la glace, ce serait très nocif pour les poissons, les oiseaux et les autres animaux marins qui les avaleraient sûrement. J’ai aussi vu une proposition de miroirs flottants acclamée par le professeur Guy McPherson, et des bateaux congélateurs qui formeraient des blocs de glace. Idéalement ils devraient être alimentés par l’énergie solaire et/ou par la chaleur dégagée lors de la formation de la glace.

D’autres propositions suggèrent d’augmenter la capture du carbone par les algues. Shaun Fitzgerald du Cambridge Center for Climate Repair propose de cultiver des algues sur les plateformes flottantes en haute mer (lien). Cette solution pourrait être bénéfique pour les écosystèmes marins.

Si nous nous lançons dans la géo-ingénierie, nous devons absolument protéger les écosystèmes et leur capacité de capture de carbone naturelle, et éviter une pollution supplémentaire à l’Humanité.

Image du lac avec bulles de méthane par David Mark de Pixabay

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