Les nouvelles entreprises doivent provoquer peu d’émissions de CO2 et respecter les limites planétaires

Banque Mondiale

Les discussions de printemps de la Banque Mondiale commencent sur le constat que la croissance a ralenti. Selon leurs déclarations, la croissance mondiale devrait être autour de 3% pour les prochaines années. Elle se produirait essentiellement dans les pays développés, et elle sera plus difficile pour les pays pauvres. Ils sont notamment étouffés par la dette, et la Banque Mondiale organise une table.ronde qui réunira les créanciers pour discuter de solutions.

Selon M. Malpass, les perspectives développement des pays pauvres ne sont pas très bonnes. Il a déclaré qu’il y a assez de capitaux dans ces pays mais ils sont dans les mains d’un petit groupe d’acteurs et qu’il faudrait changer les choses dans ces pays. Je suis très curieuse de ce qu’il voulait dire par là, le savez-vous?

Kristallina Giorgieva se demande comment placer le monde sur une trajectoire de croissance plus élevée, pour garantir l’emploi et limiter les migrations. Selon elle, la croissance repose sur plus de productivité mais les conditions nécessaires ne sont pas réunies, et la solution à long terme est d’accroître l’approvisionnement, pour fournir des financements aux entreprises. Ils estiment que le commerce extérieur favorise la division des tâches, et que le développement se ferait grâce aux bénéfices rapportés par les exportations.

Ces perspectives me semblent erronées à deux niveaux: d’une part l’économie ne se comporte déjà pas comme ils l’espèrent,  par exemple les faillites des banques ont suivi celles des petites entreprises,  aujourd’hui nous apprenons que les ventes d’ordinateurs Mac ont baissé de 40% cette année. D’autre part la création d’entreprises à profusion me paraît difficile à concilier avec la réduction rapide d’émissions de carbone.

La problématique du climat

Leurs prévisions font abstraction du climat qui provoque une grave sécheresse en Afrique, affectant 36,4 millions de personnes et tuant le bétail (wiki),  des vagues de chaleur précoces en Asie, les inondations sans précédent en Nouvelle-Zélande (CNN) et en Californie (blog), l’effrayant cyclone Freddy (lien), plusieurs grands glissements de terrain  consécutifs aux pluies intenses dans plusieurs pays, au  Brésil, au Pérou (Reuters), en Equateur (Reuters), dans l’Himalaya indien et au Congo (Reuters).

Ces catastrophes s’aggraveront au cours des vingt prochaines années et les pays tropicaux seront particulièrement exposés aux intempéries violentes et à leurs conséquences, leur économie sera menacée.

Or le développement devrait se concentrer dans les pays les plus pauvres, pour aider leurs populations à assurer leurs besoins vitaux et à former des sociétés plus stables. Il me semble que instances internationales se sont fixés ces objectifs. Les pays riches devraient parvenir à un fonctionnement harmonieux sans croissance, en améliorant plutôt les conditions de vie de la population, les conditions de travail, et les loisirs,  et en diminuant le temps de travail, les trajets, et la pollution.

Le réchauffement climatique et la pollution pourraient être jugulés très simplement par la diminution de la production d’objets sur la Planète. Par contre, une croissance accompagnée d’une augmentation de la productivité est aux antipodes du développement durable, elle apporterait de la pollution et un réchauffement climatique porteur de vagues de chaleur mortelles, de sécheresses et tempêtes destructrices. Une augmentation de la productivité provoque aussi des pertes d’emploi (Arte).

J’ai l’impression que la Banque Mondiale ne propose pas de solutions durables à l’économie mondiale, mais une poursuite de la fuite en avant actuelle, alors même que le GIEC et l’ONU appellent tous et toutes à s’investir entièrement pour sauver notre  climat.  Tous les secteurs de l’économie devraient s’aligner sur le principe du zéro émission d’ici 2050 (Guterres).  Produirons-nous à l’excès jusqu’à la destruction des usines par les tempêtes que nous aurons provoqué? Les créations d’entreprises en devraient pas être favorisées mais au contraire, les initiatives polluantes devraient être fortement découragées,  sévèrement contrôlées dès le début et privées de crédits. La consommation effrénée de notre société devrait être limitée. Une réduction de la création d’entreprises pourrait provoquer une crise économique mais il doit y avoir un moyen de l’éviter.

Des connaissances ont tout essayé pour faire marcher leur petite entreprise, investi leurs économies, de longues heures de travail, à tenter de vendre ce que personne ne voulait acheter et ont récemment fermé. J’ai récemment entendu quelques histoires semblables. Je ne sais combien d’entreprises vivotent ou survivent actuellement sans réellement fonctionner, ce rêve capitaliste a du plomb dans l’aile.

Surtout, nous ne pouvons pas nous permettre de fabriquer des jupes à LED, de les transporter, de construire des magasins et de les renvoyer à la casse. Et cet article existe déjà, pour réussir à les supplanter, je pourrais encore inventer une variante qui diffuse de la musique quand la personne tournoie. La musique pourrait changer selon le rythme du  mouvement, ça plairait certainement.  Cependant cet article semi-jetable, cassé après trois utilisations,  polluerait trop et menace nos conditions de vie sur Terre.

Les ventes des ordinateurs Apple ont baissé cette année. Notre société fonctionnera très bien avec la moitié des ordinateurs neufs des années passées, nous y parviendrons par une utilisation plus longue du même objet ou par la réparation.  L’ancien ordinateur est déjà très bon, et nous n’en souffrirons pas du tout.  Nous avons tout intérêt à économiser les métaux rares nécessaires pour leur fabrication pour des usages essentiels dans le futur. Nous devons seulement s’assurer que les employés d’Apple ne souffrent pas trop de la diminution de production, et en aucun cas nous ne devons augmenter la productivité. Les employés  devraient donc bénéficier d’une réduction du temps de travail, de deux heures à consacrer à leur hobby sur le lieu de travail ou des cours de yoga et d’autres activités de bien-être.

Nous devons graduellement réduire la production et la consommation matérielle de nos sociétés.  Une réduction de la consommation dans nos sociétés comporte un risque sérieux de crise économique, qui doit être bien géré dès maintenant.  Nous devons parvenir à une société harmonieuse sans croissance économique, ou même en décroissance.

Rob Hopkins demande un ‘plan Marshall climatique’ qui créerait une grande quantité d’emplois dans l’isolation des bâtiments et autres activités protectrices de notre climat. Un revenu minimum universel serait une autre solution qui éviterait la crise. Un tel revenu dans les pays pauvres éviterait d’innombrables drames et constituerait un réel outil de stabilité et de développement. D’autres suggéraient une économie du bien-être où l’achat d’un objet supplémentaire serait remplacé par un massage ou un concert.   Je serais personnellement ravie que l’Etat m’offre des bons pour des spectacles ou des activités de bien-être et de loisirs. 

Nous devons rapidement limiter la création d’entreprises à celles qui respectent notre climat et permettent à la vie sur Terre de se poursuivre dans des bonnes conditions. La Banque Mondiale doit inclure immédiatement cette exigence dans les propositions qu’elle formule.

Addendum: Le GIEC suggère des mesures matérielles, comportementales et sociales pour réduire la demande des consommateurs (résumé pour décideurs, point C3).

Les catastrophes du Futur

Le GIEC nous alerte cette semaine sur l’urgence de juguler le réchauffement climatique.  Nous savons déjà que les catastrophes s’amplifieront dans les années à venir. Les réductions d’émissions porteront leurs fruits autour de 2050. Si elles restent incontrôlées, les catastrophes s’aggraveront encore.

Les auteurs du GIEC expliquent que les années le plus chaudes vécues jusqu’à maintenant, avec 39,1°C à Genève et la sécheresse de l’été 2022 seront les plus fraiches dans une génération (Otto).  La plupart seront plus chaudes, dangereusement chaudes, avec des canicules à bien plus de quarante degrés.

Une  étude récente s’est penchée sur les inondations du Futur. Elle a examiné les risques pour cinq cent lieux dans le monde, avec les particularités de leurs protection contre la montée du niveau de la mer.

Il s’avère que d’ici trente ans,  la probabilité d’inondation sera dix fois plus grande dans de nombreuses régions du monde.  Elle dépend en partie des aménagements existants, et les risques escaladent le plus rapidement en Amérique centrale, en Europe du Sud, en Afrique du Sud, et en Asie et en Australie.

Cependant, toutes les côtes sont menacées. Les aménagements côtiers actuels seront débordés dix fois plus plus souvent dans trente ans dans 26%-32% des zones étudiées, et certains endroits seront exposés aux flots chaque année.

L’étude prend l’exemple d’une ville hollandaise, Den Helder, qui est protégée  jusqu’au niveau d’inondations millénales.  Elle est entourée de barrières  qui ne seraient dépassées que tous les mille ans, et donc en théorie, elle serait inondée une fois par millier d’années.   

A mesure que les températures monteront, elle courra ce risque tous les dix ans. Elle pourrait être fréquemment submergée en 2116 ou même en 2067 (communiqué Université d’Utrecht).

Cette estimation permet bien sûr de mettre en place des protections et de prévoir des évacuations éventuelles.  Les barrages hollandais peuvent être surélevés, mais dans d’autres pays, des villes plus exposées ne pourront pas  se préparer.

Le coût de l’inondation des côtes de la Planète est estimé par Yale Climate Connection à environ dix trillions (mille millards) de dollars pour une montée du niveau de la mer inférieure à un mètre (blog, Yale).

Les dommages que subiront les côtes africaines sont évaluées par leur modeste valeur actuelle du marché, mais  les villes et les zones agricoles situées au bord de la mer sont très importantes pour leurs habitants et pour la production alimentaire mondiale.  La montée du niveau de la mer menace la moitié des terres cultivées, alors il faudrait tenir compte de la valeur que prendront les terres que nous pouvons sauver lorsqu’elles deviendront essentielles pour nourrir l’Humanité.  Une estimation suggère que les coûts des catastrophes seraient d’1.5 à 4 fois supérieurs aux mesures de prévention (lien IIASA). Le changement climatique affecterait presque tous les éléments de la vie sur Terre, toutes les possessions et les activités humaines et les estimations sont souvent partielles.

Si nous ne réduisons pas rapidement les émissions de carbone, comme le GIEC le demande,  la Suisse subira des canicules mortelles et les côtes du monde seront progressivement inondées à coups d’immenses tempêtes.

 

 

 

 

Yale Climate Connection sur les événements extrêmes et les catastrophes mondiales futures

Un nouvel article de Yale Climate Connection se penche sur les événements extrêmes présents et futurs (lien).

Ils notent l’augmentation d’événements extrêmes et les raisons de leur aggravation rapide récente. Ils relèvent que la combinaison de plus d’énergie thermique et d’une circulation atmosphérique perturbée a rendu les événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses. Les tempêtes bénéficient de plus d’énergie et de plus d’humidité qui entraîne des pluies plus fortes.

Ils notent que les épisodes de chaleur accablante qui devraient se produire une fois tous les 1 000 ans (une probabilité de 0,1 % au cours d’une année donnée) se produisent maintenant une fois tous les 20 ans.

L’Arctique s’est réchauffée de quelques degrés et cela modifie le courant-jet. Il forme des méandres qui provoquent une amplification quasi-résonante des phénomènes extrêmes.

La déforestation et les émissions de particules par l’Homme pourraient aussi jouer un rôle dans l’intensification de vagues de chaleur.

Ils relèvent aussi que les tornades se forment plus au nord, à des périodes de l’année plus précoces, et que les épisodes sont plus abondantes. J’avais rapporté une étude de l’évolution du nombre de tornades qui montrait une très forte augmentation.

Yale Climate Connection note que nous devons anticiper et nous préparer à une augmentation significative des conditions météorologiques extrêmes dans les années à venir.

D’autre part, ils citent un rapport de l’ONU qui a révélé une augmentation des du risque d’événements extrêmes rares par le changement climatique.  Il s’agit de catastrophes mondiales mortelles pour plus de 10 millions de personnes ou destructrices au point de causer de 10 trillions de dollars de dégâts (10 000 milliards), qui constituent une menace d’effondrement total de la société.

Leur article de juillet 2022 (lien) discute ces risques globaux catastrophiques (GRC). Le changement climatique augmente les risques de plusieurs de ces événements. Ils parlent de cinq  types de risque:

1: La sécheresse:

L’événement  catastrophique mondial le plus grave associé au changement climatique pourrait bien être une famine massive causée par des sécheresses extrêmes ou des inondations frappant simultanément plusieurs grands « greniers à blé » producteurs de céréales. Un tel événement pourrait entraîner d’importantes flambées des prix des denrées alimentaires, un choc du système alimentaire, et entraîner la famine massive, la guerre et une grave récession économique mondiale. Cet événement est déjà possible, et l’assurance Lloyds estime qu’il a 14% de chances de se produire dans les trente ans. Je dirais que ce risque est même plus élevé.

2: La guerre:

Historiquement, les famines et l’insécurité alimentaire ont souvent mené à des guerres.  Aujourd’hui, la guerre pourrait être nucléaire et un conflit ‘local’ Inde – Pakistan  pourrait entraîner un hiver nucléaire et 2 milliards de morts.

3: Montée du niveau de la mer

La montée du niveau de la mer aurait des conséquences très importantes sur le monde entier. Selon Yale Climate connection, dans un scénario de réchauffement modéré,  des biens d’une valeur de 7-12 trillions de dollars (7’000-12’000 milliards de dollars), notamment des villes et des zones agricoles,  seraient menacés sur les côtes.  Leur calcul s’appuie sur une estimation des inondations côtières de Kirezci, basée sur le 5ième rapport du GIEC de 2013.  Celui -ci estimait que dans un cas de réchauffement modéré, le niveau de la mer monterait de 28 à 82 centimètres. Les observations des dix dernières années montrent plusieurs signes inquiétants de fonte du Groenland et des glaces Antarctiques. Le sixième rapport du GIEC, établi d’après des données d’il y a environ cinq ans,  contient une estimation de montée du niveau plus élevée. Les observations récentes sont encore plus inquiétantes. L’effondrement de l’Antarctique-Ouest que je discutais dans mon livre en 2016 est un risque réel et pourrait mener à une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres. Le climatologue Michael Mann ainsi que d’autres déclaraient récemment que ce risque avait été sous-estimé (lien, lien), il pourrait se réaliser au cours de la prochaine dizaine d’années. Une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres suivrait probablement au cours du 21ième siècle, et ses conséquences seraient beaucoup, plusieurs fois plus importantes que les prévisions actuelles.

4: Pandémie

Ils mentionnent le risque que les animaux sauvages privés d’habitat se rapprochent des populations humaines et transmettent de virus. Le changement climatique comporte aussi un risque de nouveaux pathogènes ou de réveil d’anciennes maladies. Ils relèvent enfin que les mouvements humains sont un facteur d’épidémie.  La circulation de microbes dans l’Humanité est vraiment extrêmement rapide par rapport au passé: un jour à Pékin, le lendemain à Heathrow Londres, et le surlendemain dans toutes les capitales du monde.

5: Arrêt de la circulation océanique:

L’augmentation des précipitations et de l’eau de fonte des glaciers pourrait ralentir ou même arrêter la circulation méridienne de renversement de l’Atlantique (AMOC).  Ce système de courants océaniques transporte l’eau chaude et salée des tropiques vers l’Atlantique Nord et envoie de l’eau froide vers le sud le long du fond de l’océan. L’augmentation des précipitations et de l’eau de fonte des glaciers due au réchauffement climatique pourrait déverser dans l’Atlantique Nord d’assez d’eau douce pour ralentir ou même arrêter la circulation océanique de l’Atlantique (AMOC). La conséquence citée, depuis longtemps, est un refroidissement de l’Europe. Il me semble que cet événement est en cours, la circulation océanique donne des signes de ralentissement  mais le changement pourrait être graduel,  sur des décennies, et pourrait surtout apporter des canicules extrêmes en Afrique. Ce phénomène ne se produirait pas seul. En Europe, la météo est modifiée par plusieurs facteurs, tels que le réchauffement global, les changements du courant-jet, le réchauffement de l’Arctique, qui nous amènent des fortes précipitations, et elle pourrait évoluer dune façon différente.

 

COP27: Compensation des pertes et dommages du réchauffement

Les débats de la COP 27 incluent la compensation des pertes et préjudices (loss and damage) dues au changement climatique. Ces pertes peuvent être matérielles, culturelles, humaines, ou psychologiques. Les pays pauvres, tropicaux, souffriront les premiers du réchauffement. Actuellement, 97% des personnes touchées par les événements extrêmes vivent dans des pays en voie de développement.

Les famines du Sahel survenues entre 1968 et 1985 étaient déjà dues au réchauffement climatique. La Somalie a vécu une grave sécheresse en 2017 et cette année, traverse la pire crise de la faim dans l’Histoire de la région. Les sécheresses en Afrique subsaharienne ont triplé entre 1970–79 et 2010–19.  En 2018, des cyclones dévastateurs ont touché 2,2 millions de personnes au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe.  En Afrique occidentale et centrale, de graves inondations ont entraîné la mortalité et la migration forcée, la perte d’abris, de terres cultivées et de bétail.  Des maladies se répandent et l’insécurité alimentaire augmente (Lancet, lien). Les mers attaquent les régions côtières.

Les pays les moins développés sont les plus touchés par ces “pertes et dommages” alors qu’ils sont les moins préparés pour y faire face et les moins responsables du réchauffement global. Au contraire de la Suisse, les maisons individuelles ne sont pas assurées et les Etats ne disposent pas de moyens pour réparer les routes et les infrastructures détruites par les glissements de terrains et les inondations.

Les pays les plus exposés, notamment les petits Etats insulaires, demandent l’instauration d’un mécanisme de compensation. Celui-ci devrait, selon eux, être distinct des fonds qui existent déjà pour l’adaptation ou la diminution des émissions. “Le système onusien aujourd’hui a de l’argent pour mettre des panneaux solaires, pour moderniser votre maison (…), mais il n’en a pas pour les gens qui perdent leur maison”. Harjeet Singh, CAN (Climate Action Network).

“Les pays du Nord disent que ce sont des sommes colossales, qu’ils ne pourront pas le ‘vendre’ à leurs concitoyens”. Pourtant des solutions existent. En septembre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait par exemple appelé à taxer “les profits exceptionnels des entreprises productrices d’énergies fossiles”  pour ” les pays souffrant de pertes et dommages causés par la crise climatique”.  Il serait aussi possible  de taxer les émissions des secteurs aérien et maritime, de mettre en place un prélèvement sur les transactions financières ou encore d’instaurer un moratoire sur la dette des pays touchés par une catastrophe climatique (d’après FranceInfo).

Je suis bien sûr favorable à ces compensations. Il est tout à fait juste d’offrir des moyens de subsistance à ceux qui en seront privés par un climat déchaîné. Les victimes perdront leurs maisons ou leur gagne-pain.  Les sécheresses rendront l’agriculture difficile ou impossible. Nous devons les aider à avoir une vie décente et à éviter la mort de faim, l’handicap causé par la malnutrition, les aggressions lors d’une vie de sans-abri, la vente des filles, le vol, le travail inhumain, et autres mesures désespérées provoquées par l’extrême pauvreté.

Je m’interroge un peu aussi sur la faisabilité des compensations. Si le climat évoluait vers un réchauffement abrupt, ce que le seuil d’1,5°C a pour but d’éviter, les conséquences seraient extrêmement graves. De nombreux pays seraient dévastés, avec une mortalité très élevée, et nous vivrions essentiellement, chichement, en autarcie en Europe. Nos pays subiraient des graves catastrophes à répétition auxquelles nous aurions de la peine à faire face.  Il serait alors impossible de compenser les pertes des pays pauvres, et il resterait peut-être peu d’habitants à qui offrir les compensations. Mais ce jour-là, nos gouvernements trouveraient  certainement un moyen pour passer outre.

D’autre part, même si nous prévenons une évolution grave, certains pays, les îles menacées par la montée du niveau de la mer, les deltas, ou d’autres, victimes de la désertification, devront être abandonnés et leurs habitants relogés ailleurs.  En général, je dirais qu’il ne faut pas reconstruire continuellement des routes sans cesse détruites, des villes inondées à répétition. Autant que possible, il faut préférer les solutions les plus sûres tout de suite, reconstruire ailleurs, ou sécuriser très bien lors de rénovation, comme c’est souvent le cas en Suisse.  La réduction du réchauffement est la meilleure solution, la plus sûre. Il faut garder à l’esprit qu’indépendamment du mécanisme de compensation, nous devons tout faire, immédiatement, pour éviter une évolution catastrophique du climat. Il en va de notre propre sécurité.

Cela dit, le Futur est incertain. Il est clair que les compensations des pertes et préjudices du réchauffement seraient en tout cas très utiles maintenant, lors de l’actuelle famine de Somalie ou de coûteuses inondations en Amérique du Sud. Elles permettraient aux populations des pays touchés de vivre dignement dans leurs pays, dans des sociétés relativement sûres et stables, et nous pouvons leur offrir cela aujourd’hui, pour les prochaines années.

Deux pétitions qui demandent une compensation des pertes et dommages:

350.org Tell Biden: https://act.350.org/sign/Biden-loss-damage-petition-COP27

One to World leaders: https://act.one.org/sign/adenike-climate-petition-int

Les revues médicales demandent l’aide pour l’Afrique face au climat

 Une grave famine se déclare en Afrique de l’Est. Après quatre saisons des pluies ratées consécutives, les récoltes en Afrique de l’Est sont devenues si stériles qu’une personne risque de mourir de faim toutes les 36 secondes. Les conditions se détériorent si rapidement en Somalie, en Éthiopie et au Kenya que les experts des droits de l’homme affirment qu’il s’agit de la pire crise de la faim de l’histoire de la région – avec peu de soulagement en vue. La situation est extrême (Article yahoo news).

L’accélération des effets du réchauffement climatique rend malade et tue des centaines de milliers de personnes chaque année sur le continent africain, ont averti mercredi des centaines de revues médicales.

L’appel, rédigé par 16 rédacteurs en chef de revues biomédicales de premier plan de toute l’Afrique, déclare que les dommages déjà causés à travers le continent “devraient être une préoccupation suprême pour toutes les nations”.

“Il est très injuste que les nations les plus touchées aient le moins contribué aux émissions mondiales cumulées, qui sont à l’origine de la crise climatique et de ses effets de plus en plus graves”, déclare l’éditorial.

Il a été publié dans quelque 250 revues scientifiques, dont 50 titres africains et des revues médicales internationales comme The BMJ, The Lancet, le New England Journal of Medicine et le National Medical Journal of India.

Les auteurs ont critiqué l’échec de la communauté internationale à tenir sa promesse de fournir 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 aux pays en développement pour stimuler une transition énergétique verte et aider les nations à se préparer aux futurs impacts climatiques.

Le réchauffement climatique pèse lourdement sur les économies africaines et la santé de leurs populations, affirment les auteurs, appelant à un financement spécifique pour faire face aux coûts des dommages déjà ressentis.

Les sécheresses en Afrique subsaharienne ont triplé entre 1970–79 et 2010–19.  En 2018, des cyclones dévastateurs ont touché 2,2 millions de personnes au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe.  En Afrique occidentale et centrale, de graves inondations ont entraîné la mortalité et la migration forcée, la perte d’abris, de terres cultivées et de bétail. (actuellement inondations au Nigéria et au Tchad).

Les changements dans l’écologie des vecteurs provoqués par les inondations et les dommages à l’hygiène environnementale ont entraîné une augmentation des maladies dans toute l’Afrique subsaharienne, avec une augmentation du paludisme, de la dengue, de la fièvre de Lassa, de la vallée du Rift la fièvre, la maladie de Lyme, la maladie à virus Ebola, le virus du Nil occidental et d’autres infections.

 

L’élévation du niveau de la mer réduit la qualité de l’eau, entraînant des maladies d’origine hydrique, notamment les maladies diarrhéiques, l’une des principales causes de mortalité en Afrique.

Les catastrophes climatiques perturbent l’approvisionnement en eau et en nourriture, augmentant l’insécurité alimentaire et la malnutrition, qui cause 1,7 million de décès par an en Afrique. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la malnutrition a augmenté de près de 50 % depuis 2012, en raison du rôle central de l’agriculture dans les économies africaines. Les chocs environnementaux et leurs effets d’entraînement causent également de graves dommages à la santé mentale. Au total, on estime que la crise climatique a détruit un cinquième du produit intérieur brut des pays les plus vulnérables aux chocs climatiques.

Certains progrès ont été réalisés, notamment sur les systèmes d’alerte précoce et les infrastructures de défense contre l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes.

Mais l’appel estime que les pays les plus riches, historiquement responsables des émissions de combustibles fossiles à l’origine du réchauffement, ont la responsabilité d’agir, à la fois moralement et dans leur propre intérêt.

“Il est temps que la communauté mondiale reconnaisse que la crise climatique, tout en affectant le continent de manière disproportionnée, est une crise mondiale”, a déclaré Lukoye Atwoli, professeur et doyen du Medical College East Africa.

“L’action doit commencer maintenant, et commencer là où elle fait le plus mal, en Afrique. Si nous n’agissons pas, la crise deviendra très bientôt le problème de tous.”

Les auteurs proviennent de revues telles que African Health Sciences, l’African Journal of Primary Health Care and Family Medicine et l’East African Medical Journal.

Lien sur l’éditorial: https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(22)01986-9/fulltext

Blog Famine Afrique 2020: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2020/01/29/nous-sommes-responsables-de-la-plus-grande-famine-de-lhistoire-qui-frappe-actuellement-lafrique-australe-et-des-drames-a-venir/

L’avenir du blé – un monde sans pain?

Le blé est la base de notre alimentation.   Il est malheureusement sensible aux conditions météorologiques. La sécheresse, le stress thermique et l’excès d’eau diminuent son rendement.  Ces extrêmes peuvent entraîner d’importantes pertes de rendement et donc avoir de graves impacts socio-économiques, en particulier lorsqu’ils se produisent dans davantage de régions productrices dans un intervalle de temps relativement court.

Le blé est notamment très sensible à la chaleur au printemps. Une vague de chaleur qui survient tôt a des effets très néfastes sur la production des grains de blé, et le réchauffement climatique provoque justement des tels dérèglements météorologiques.

Il amène aussi des ‘compound  events’ (événements composés?), par exemple des chaleurs et une sécheresse extrême simultanées.  Ces événements sont d’ailleurs liés, la canicule cause des sécheresses et un sol sec amplifie la chaleur, que l’évaporation tempère habituellement.

Ils semblent survenir aussi la même année dans plusieurs pays, par exemple en Australie et en Europe. Certaines années réduisent les rendements au niveau mondial (publication), notamment les années la Nina.  Mais l’effet du climat va croissant. Cette année a  apporté à  l’Europe  la pire sécheresse depuis 500 ans, et a réduit sa production agricole.

La culture de blé a subi des aléas météorologiques en Argentine, ou le transport aussi été affecté par l’assèchement du Rio de la Plata et dans l’Ouest américain, qui s’aridifie durablement (lien).  Les vagues de chaleur précoces ont réduit les rendements de blé en Inde (lien).

L’agriculture s’adapte déjà en décalant la culture de blé plus au Nord, ou plus en altitude.

Les effets du climat se feront sentir de plus en plus, sur toute la Planète. Vers le milieu du 21ième siècle, la culture du blé en Afrique pourrait être compromise.  L’Europe, la Russe et les Etats-Unis seront probablement fortement touchés. Les études récentes suggèrent que le climat affectera à l’avenir la production de blé en Grande Bretagne et en Australie.  Le rendement mondial pourrait être réduit de plus de la  moitié (Reuters). Nous devons nous préparer à des chocs sans précédent. Le blé pourrait succomber au réchauffement climatique.

 

 

 

Le réchauffement provoque des graves inondations au Nigeria

L’Afrique de l’Ouest et du Centre a été frappée par d’importantes inondations.  De nombreuses cultures ont été anéanties. L”insécurité alimentaire menace cette région fragilisée par la crise économique due à la guerre d’Ukraine.

Certaines parties du Nigeria sont sujettes aux inondations pendant la saison des pluies, mais cette année est la pire depuis 2012, lorsque plus de 2,1 millions ont été déplacées.

Le fleuve Niger – le principal fleuve d’Afrique de l’Ouest – traverse le nord du Niger et passe la frontière nord du Bénin jusqu’au Nigéria avant d’atteindre le golfe de Guinée sur l’Atlantique à travers le delta du Niger.

Les fortes pluies tombées au Niger depuis juin et les inondations qui s’en sont suivies ont fait 159 morts et touché plus de 225 000 personnes, faisant de cette saison des pluies l’une des plus meurtrières de l’histoire.

“Selon nos études, nous pouvons lier ces pluies au changement climatique en général”, a déclaré Katiellou Gaptia Lawan, directeur général de la météorologie nationale du Niger. “Les pluies deviennent de plus en plus intenses et les précipitations extrêmes augmentent.”

Les pluies au Niger cette année ont également totalement détruit ou endommagé plus de 25 900 maisons et touché les terres agricoles et le bétail,. La saison des pluies de juin à septembre y fait régulièrement des morts, y compris dans les zones désertiques du nord, mais le bilan est particulièrement lourd cette année.

En 2021, 70 personnes sont décédées et 200 000 ont été touchées.

Au Tchad, l’ONU a déclaré que plus de 622 500 personnes avaient souffert “à différents niveaux” des inondations dans plus de la moitié du pays, y compris la capitale N’Djamena, les zones les plus touchées bordant le nord du Cameroun.

Selon les Nations unies, en 2021, 5,5 millions de Tchadiens, soit plus d’un tiers de la population du pays enclavé, avaient déjà besoin d’une aide humanitaire d’urgence, avant même les inondations.

Au Nigeria, les fortes pluies ont provoqué les pires inondations en une décennie, tuant plus de 300 personnes depuis le début de la saison des pluies et en déplaçant au moins 100 000, selon les responsables des urgences.

Des récoltes entières ont été perdues. Un agriculteur constate: “Les pluies n’ont jamais été aussi destructrices. Nous prions pour ne jamais vivre un tel cauchemar.” Je crains au contraire que ces catastrophes ne s’aggravent.

Le porte-parole de l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) du Nigeria, Manzo Ezekiel, a déclaré que les inondations étaient sans précédent en raison des précipitations continues, 29 des 36 États du pays étant touchés “Des milliers de terres agricoles ont également été détruites. Les chiffres vont encore augmenter car nous subissons toujours des pluies torrentielles et des inondations”.

500 millions de Nigérians ont été touchés par les inondations. L’insécurité alimentaire qui sévissait déjà s’aggrave.

https://www.reuters.com/world/africa/nigerias-food-basket-state-floods-wash-away-homes-crops-hope-2022-10-05/

Image de couverture par michaelalabi774 de Pixabay

Tempêtes d’hiver et dangers de la chaleur

Tempêtes d’hiver dans l’hémisphère Nord

Il y a deux semaines j’ai décrit des tempêtes étonnantes en Pologne et en Turquie (blog).

La semaine passée, des intempéries exceptionnelles ont touché New York. En Europe, la tempête appelée Malik ou par endroits Nadia, a traversé la Pologne, l’Allemagne, le Danemark, et l’Ecosse.  Elle a endommagé des bâtiments, les côtes ont été inondées, et quelques personnes sont décédés, frappés par des objets ou des arbres emportés par le vent (lien).

En Ecosse, les vents ont été particulièrement forts, dépassant 200 km/h dans le Nord. Les tempêtes Malik et Corrie, qui surviennent peu après Arwen en automne, ont rasé des forêts entières.  Les  ouragans, auparavant exceptionnels, se succèdent maintenant.

‘Unrecognisable’: Entire forest flattened by Storms Malik and Corrie

Etats-Unis un cyclone bombe, a ravagé la côte Est il y a une semaine. Les chutes de neige très abondantes, proches des records enregistrés, ont bloqué les aéroports et les routes.  Le vent a atteint 80 mph, env 130 km/h (lien). La tempête a privé d’électricité plus de cent mille personnes et brisé des centaines, si ce n’est des milliers d’arbres. Les intempéries exceptionnelles surviennent de plus en plus souvent.

 

 

Cyclone Batsiraï fonce de Madagascar vers le Mozambique

Dans l’hémisphère Sud, Madagascar est frappé par le deuxième cyclone en une semaine. Selon l’Organisation Météorologique Mondiale, il pourrait être très dangereux. Les vents forts avec des rafales jusqu’à 235 km ont provoqué des destructions, des arbres arrachés, des bâtiments touchés. La ville de  Mananjary ,a été la plus touchée. 27000 personnes avaient été évacuées, et une population importante se retrouve sans eau potable,  dans une situation précaire. Le 6 février, il peut toujours à Madagascar (images).

Vagues de chaleur insupportables

La semaine passée, je décrivais la vague de chaleur en Argentine qui avait des conséquences importantes sur la production du soja mondiale (blog). Je répète encore une fois que toute la Planète sera bientôt confrontée à d’intenses vagues de chaleur. Une étude chapeautée par Sonia Seneviratne de l’ETHZ montrait que dès 2030, dans huit ans, la plupart des pays du monde connaîtront des vagues de chaleur record tous les deux ans (lien).  Les canicules exceptionnelles telles que celle de 2003 à Paris, et celles de l’été 2021, se produiront bientôt tous les deux ans, et des extrêmes plus hauts seront atteints.

Ces vagues de chaleur auront des conséquences importantes sur l’agriculture mais pourraient  aussi toucher directement les populations.

Selon les climatologues,  ces pics de température, à dix ou vingt degrés au dessus des normales saisonnières, sont aujourd’hui possibles partout dans le monde. Ces prochaines années, des anomalies aussi fortes pourraient aussi toucher les régions chaudes, des villes telles que Delhi, qui seraient alors décimées par la chaleur.  Un autre climatologue à la COP26 déclarait aussi que l’urgence, principale, aujourd’hui, est de prévenir les vagues de chaleur en Afrique.  C’est un risque énorme,  un couperet suspendu au dessus des populations les plus pauvres de la Planète, pour lequel il faudrait prévoir des solutions immédiatement, par exemple des abris (lien).

 

COP26: Les émissions de carbone doivent diminuer immédiatement

L’adaptation tiendra dix ans

La COP26 s’achève. Elle semble avoir atteint plusieurs objectifs qu’elle sétait fixée, de nombreux investissements, une déclaration sur les forêts, une sur l’aviation, et aussi sur l’élimination des énergies fossiles. Un magnifique événement de collecte de fonds qui ne remet pas notre économie en question. Je suis surprise de l’importance donnée à l’adaptation dans cette conférence. Nous devons limiter le réchauffement à 1.5°C et pour cela il est nécessaire de réduire les émissions de carbone de 7-8% chaque année, dès maintenant. Le taux de CO2 dans l’atmosphère ne devrait pas monter plus haut, au risque de dégâts irrémédiables à la biosphère. J’espère que les projets d’adaptation intelligente, dans l’agriculture biologique ou l’agroforesterie, stabiliseront aussi le climat. Le risque est que nous nous adaptions pour cinq ou dix ans, mais que le climat empire et devienne incontrôlable. Les investissements ne doivent pas être dirigés dans la recherche sur les avions à piles qui seraient développés pendant que la flotte actuelle pollue allègrement. Plus exactement, je suis d’accord pour la recherche, à condition que l’aviation diminue les émissions dès cette année. C’est aussi possible, en limitant simplement les vols de connection, les vols à courte distance et les avions vides. J’ai été surprise d’entendre un intervenant du WWF s’exprimer en faveur de l’adaptation. L’Amazonie ne s’adaptera pas. La croissance des arbres a diminué à cause des sécheresses de ces dernières années, et elle succomberait probablement aux températures trop élevées. Or, la Planète en a besoin. Il vaut bien mieux arrêter le réchauffement et la déforestation.

Construire moins et plus résistant

Il ne faut pas lancer d’énormes projets d’écoquartiers, et il faut arrêter les chantiers les moins écologiques. Les émissions de la construction, estimées dans la conférence à 37%-40% du total, doivent diminuer cette année. J’ai une excellente idée pour cela. Il faut vite établir et suivre des nouveaux standards de sécurité pour la construction, en sachant que les catastrophes s’aggraveront ces dix prochaines années. Si nous n’agissons pas sagement au cours de cette décennie, elles prendront encore de l’ampleur par la suite. Nous devons prendre en compte les risques apportés par la météo extrême dont nous avons eu un échantillon cet été en Europe avec des tornades et des grêlons géants, des inondations et des glissements de terrain. Ces événements sont bien plus dévastateurs en Chine et dans les régions tropicales. Les constructions mises en danger par le climat doivent être suspendues pour dix ans. Pendant ce temps, des études de risques beaucoup plus poussées permettraient de mieux prévoir la suite. La banque européenne d’investissement semble l’avoir compris, elle lance de nombreux investissements durables, et favorisera des infrastructures capables de résister aux intempéries.

Je remarque avec plaisir que de nombreux dirigeants soutiennent les solutions basées sur la Nature, qui permettront de régénérer les écosystèmes, les sols, éviteront la pollution et permettront l’alimentation saine des populations. Cette idée, essentielle, est maintenant largement comprise et soutenue.

Addendum: Je suis d’accord avec le commentaire qu’il faudrait limiter la surpopulation, le propose d’essayer la solution d’offrir la contraception gratuite à toutes les femmes du monde, ce qui respecte les droits de l’Homme. Il faudrait aussi combattre les mariages d’enfants,  les mariages forcés et les viols.

Je ne suis pas d’accord sur l’influence des cycles solaires, le réchauffement est dû à nos émissions de carbone fossile et, je l’admets, aussi à la déforestation. Mais la végétation peut y remédier, et améliorer le cycle hydrique, c’est une excellente solution.

L’extinction humaine est-elle proche? L’apocalypse selon Guy McPherson

Guy McPherson est un ancien professeur d’université d’écologie. Il a quitté le monde de la recherche universitaire, et la vie dans la société américaine pour exploiter, conformément à ses valeurs,  une ferme écologique, changement  qu’il a décrit dans un livre, ‘Walk away from the Empire‘ et dans son blog.  Le livre ‘Going dark’ expose ses inquiétudes pour la Planète. Aujourd’hui, il expérimente personnellement un mode de vie écologique. Il élève des chèvres et  cultive son jardin.

Ses recherches l’ont mené à prendre très au sérieux la vitesse à laquelle les espèces vivantes disparaissent aujourd’hui et le changement climatique. Dans une publication récente, qu’il présente dans cette vidéo, il déclare que l’espèce humaine risque l’extinction à court terme. Il cite plusieurs changements inquiétants qui surviennent actuellement sur la Terre, et qui constituent des graves risques pour l’Humanité. Je le trouve un peu réducteur à clamer constamment ‘la fin est proche’- Michael Mann, un climatologue, dont le travail récent suggère que les températures se stabiliseraient si nous diminuons les émissions,  a même dit récemment que Guy McPherson devait être payé par les industries fossiles pour saper l’action climatique, ce qui est certainement aussi exagéré. Guy McPherson fait allusion à des faits et des risques réels de son point de vue d’écologiste.

Selon lui, les conditions de vie nécessaires pour l’humain pourraient être détruites sur Terre, l’Humanité pourrait disparaître, comme l’immense majorité d’espèces s’est éteinte au cours de notre passé géologique. Il remarque que la plupart des vertébrés terrestres disparait à vue d’oeil, alors il pourrait en être de même pour l’Homme.  D’autres écologistes s’alarment aussi du rythme effréné de disparition d’espèces sur Terre, (Paul Ehrlich par exemple, lien), et estiment qu’elle signale un bouleversement majeur du système Terre et y voient un immense danger.

J’objecte que pour le moment, nous annexons tous les écosystèmes sauvages pour produire des aliments pour les humains. Mais il est vrai nous ne le faisons pas intelligemment ni de manière durable.

Méthane dans la mer Arctique et dans le permafrost

GuyMcPherson cite par exemple le méthane dans la mer Arctique ou dans le permafrost terrestre que le réchauffement pourrait libérer, et le gaz émis démultiplierait le réchauffement climatique, avec des très dangereux bouleversements météorologiques.  Cet événement hypothétique est généralement considéré comme possible pour le 22ième siècle, certains craignent une augmentation du réchauffement par le méthane vers 2050 déjà. D’autres, comme Peter Wadhams, pensent qu’elle pourrait se produire à tout moment. Le permafrost semble dégeler plus vite que prévu, les émissions de méthane ont augmenté (traduction d’un discours ONU) ces dernières années et c’est inquiétant.  Les quantités sont encore infimes, mais un processus redouté a commencé. Il pourrait mener à des événements d’une échelle réellement apocalyptique, mais ils devraient nous laisser encore au minimum quelques décennies.  Certains scientifiques pensent que la Nature, a par le passé, éliminé le méthane d’une manière ou d’une autre. Il faudrait cependant rechercher des solutions aux émissions de méthane (blog).

Le nouveau climat terrestre

Ensuite, il fait allusion au travail de Burke qui compare le réchauffement aux climats passés (lien), et calcule que  si nous restons à 2°C du réchauffement, le climat résultant des prochaines centaines d’années sera probablement celui du Pliocène, 2-3°C plus chaud qu’aujourd’hui, avec des hivers froids et des étés caniculaires sous nos latitudes.  Les conditions de culture agricole pourraient alors beaucoup changer.  Si par contre nous suivons la trajectoire de réchauffement rapide sans maîtrise des émissions humaines, jusqu’à 4°C de réchauffement, le climat de la Terre pourrait basculer vers celui de l’Eocène, 13°C plus chaud, au cours du 22ième siècle.  Une température de 4°C ferait probablement fondre les glaces et pourrait provoquer les émissions de méthane qui réchaufferaient la Terre de plusieurs degrés supplémentaires. Ces changements vers un nouvel équilibre climatique se produiraient à l’échelle d’un ou deux siècles.

Aérosols

Actuellement, la combustion du charbon libère des aérosols qui refroidissent l’atmosphère.  L’arrêt immédiat de toutes les industries diminuerait la quantité d’aérosols dans l’atmosphère et réchaufferait la Planète. Si tout s’arrêtait demain, il ferait un peu, peut-être 0,5°C plus chaud pendant quelques années. Une nouvelle étude au moins suggère que l’effet des aérosols est moins fort que prévu par les modèles climatiques (lien ), une autre estime même que les aérosols réchauffent la Planète (lien).   Et tant que le charbon est utilisé, l’effet de serre augmente. En 2020, la Chine a réduit l’activité de ses usines pendant le confinement. Il semble qu’il n’y a pas eu de réduction d’aérosols au niveau planétaire, car d’immenses feux de forêts en Australie et surtout en Amazonie en ont produit beaucoup.

Guy McPherson s’inquiète de l’effet de réchauffement que l’arrêt des usines et de leurs aérosols aurait sur la Planète, mais si les usines étaient mises hors service ou changeaient de source d’énergie progressivement, sur une dizaine d’année, ça devrait aller.  Cela semble la meilleure solution, proche de celle préconisée par le programme des Nations Unies pour l’Environnement (lien).

Approvisionnement alimentaire

Ensuite, il estime que notre approvisionnement alimentaire pourrait être rapidement désorganisé, soit à cause d’une perte de fertilité planétaire causée par la disparition des vers de terre, soit à cause de ruptures de la chaîne d’approvisionnement dans un système impliquant des nombreux transports intercontinentaux.

Les vers de terre dégradent des restes de plantes dans le sol et contribuent à les transformer en humus. Ils aèrent le sol et le rendent perméables à l’eau (brochure FIBL EN) . Le travail cité par Guy McPherson estime que 83% des vers de terre ont aujourd’hui disparu.  L’usage de pesticides chimiques et de lourdes machines agricoles rend leur survie dans les champs difficile, et leur absence aggrave le tassement des sols et la perte d’humus, et pourrait contribuer à l’épuisement des sols.  L’absence des vers de terre est aussi indicative des changements des terres. Celles-ci contiennent, dans la nature, un écosystème riche de milliers de bactéries, de petits animaux et de champignons nécessaires au fonctionnement du sol vivant.  En 2018, puis de 75% des sols étaient dégradés par l’exploitation humaine. Il y a de plus en plus d’humains à nourrir, et nous détruisons les champs dont nous avions besoin. Nous sapons vraiment la Terre sous nos pieds.  Ces problèmes surviennent progressivement, s’aggravent depuis des décennies. Des solutions, telles que la reforestation, l’agroforesterie, l’agriculture biologique, les couverts végétaux, l’agriculture sans labour,  sont aussi développées, par exemple par le FIBL. L’association Terre et Humanisme travaille beaucoup avec les vers de terre et le lombricompostage.

La pandémie nous a donné l’exemple de la fragilité de notre système économique. Les engrais, les céréales qui nourrissent souvent des animaux et la viande sont produits sur des continents différents, et dépendent du commerce et du transport mondial.  Ce système est à bout de course, des perturbations sont prévues et se produisent. L’engrais chimique a provoqué une énorme explosion au Liban cette année, et cette semaine des moutons étaient bloqués dans le canal de Suez. Il faut le simplifier, le remplacer par des circuits locaux  et le rendre plus résiliant.

Fonte de la glace Arctique

Guy McPherson mentionne que la glace sur la mer Arctique fond plus vite que prévu. La surface blanche de la glace agit comme un couvercle et une surface réfléchissante.  L’absence de glace causera un réchauffement supplémentaire immédiat, et plusieurs scientifiques alertent sur les perturbations météorologiques qu’elle pourrait provoquer, des tempêtes, des vagues de froid et de chaleur. Une étude géologique suggère que l’absence de glace et l’arrivée d’eau plus chaude au contact de la surface a provoqué un réchauffement rapide de plusieurs degrés par le passé, mais ce danger n’est généralement pas pris en compte dans les modèles climatiques. L’océan pourrait aussi se réchauffer en profondeur et favoriser les émissions de méthane.  La fonte complète de la glace arctique en été ce produira certainement au cours de ce siècle, peut-être dans quelques années, nous en avons déjà perdu la moitié. Avant,  la mer Arctique était continuellement couverte de glace épaisse d’environ un mètre et âgée de quelques années, maintenant elle est plus fine, fragmentée et semble bien compromise.

Les avions

Ensuite, il cite un travail de Gunther Pauli qui propose que les tourbillons formés par le passage des avions changent la circulation de l’atmosphère. Je n’ai jamais entendu ça avant. Je ne dispose pas de calculs prouvant que c’est faux, je ne peux pas vraiment invalider ses dires, mais ça me paraît douteux. Si c’était vrai,  on pourrait peut-être faire voler des avions dans l’autre sens pour changer la circulation atmosphérique.

El Nino

Ce phénomène se produit tous les 3 à 7 ans, des eaux chaudes affleurent à la surface du Pacifique et réchauffement l’atmosphère (lien). La dernière année El Nino, 2016, a battu les records de chaleur, et causé des graves sécheresses, particulièrement en Afrique, qui ont touché 60 millions de personnes (lien).  Les années El Nino extrêmes deviennent plus probables d’après le GIEC:. La Planète se réchauffe, et El Nino apportera probablement  une année de vagues de chaleur plus élevées.  Les habitants des pays chauds, par exemple d’Afrique de l’Est, pourraient en souffrir sérieusement, vivre des famines ou des vagues de chaleur mortelles.  La production alimentaire sur Terre serait réduite, et nous pourrions vivre en Suisse des vagues de chaleur de quelques degrés plus élevées que la précédente.

Si je reprends les dangers énumérés par Guy McPherson,   le prochain événement  sera probablement une année El Nino,  qui se produira  dans un an, dans deux ans ou au plus dans cinq ans. Ce sera une année plus chaude que toutes celles que l’Humanité a vécu, qui pourrait être accompagnée d’événements météo nouveaux ou plus intenses.

Pourrait-elle mettre en branle un processus de fonte de glace Arctique, de sécheresses, de réchauffement rapide, de  fonte du permafrost, et de réchauffement abrupt apocalyptique?  Ces changements dangereux pour la survie de l’Humanité ne sont généralement pas prévus pour le 21ème siècle, mais le climat pourrait nous surprendre.

L’Humanité compromet de plusieurs façons ses conditions de vie sur Terre et doit immédiatement modifier son mode de vie pour sa sécurité.

 

 

Blog: créons des réserves alimentaires planétaires