Le début juin le plus chaud de l’Histoire

Le mois de juin a débuté par des températures planétaires élevées. Sa première moitié était la plus chaude depuis le début des mesures. Nous avons momentanément dépassé le seuil de 1.5°C, et le chaleur continuera probablement dans les semaines suivantes (citation dans indiatimes).

La limite de sécurité de 1.5°C établie par le GIEC est une moyenne décennale. Elle a déjà été franchie quelques fois de façon ponctuelle. Copernicus  cite notamment le mois de décembre 2015 ainsi qu’en février et mars 2016,  qui étaient une période de super-El Nino.

Au mois de mai, la surface des océans a atteint des températures record (OMM). Elle réchauffe directement l’air au-dessus de l’eau, ce qui explique les températures élevées que la Terre subit actuellement.

Les températures extrêmes ont provoqué d’immenses feux de forêt au Canada. En Colombie britannique, il faisait trente degrés, dix de plus que la moyenne de cette période de l’année.  Les brasiers avaient dévasté 4.4 millions d’hectares avant le 9 juin, une superficie quinze fois plus élevée que la moyenne annuelle de la dernière décennie. Les images sont impressionnantes, un immense rideau de flammes s’élève à perte de vue (Reuters).   Les incendies faisaient rage dans l’Est et et dans l’Ouest du Canada, alors que l’été n’avait même pas encore commencé.  Ils ont probablement été provoqués par la sécheresse, la chaleur et les éclairs des orages.

Nous savons que les feux de forêt sont un danger croissant. Les arbres stabilisent le climat planétaire et les jungles tropicales souffrent déjà des sécheresses. Dans cette situation, il faut absolument protéger les arbres au Canada, réduire au maximum le déboisement d’origine humaine. Récemment encore, le Canada déboisait massivement par pulvérisation d’insecticides par hélicoptère (blog) Il faut absolument arrêter cela. Il y aura encore des incendies,  et nous devons sauvegarder assez de forêts pour notre survie.

Températures planétaires mesurées par Copernicus. La ligne en traits tillés indique la limite de 1.5°C que nous avons franchi en juin 2023.

Le Mexique, Belize et le sud des Etats-Unis subissent une forte vague de chaleur. Au Mexique, la température a dépassé 45°C (Reuters),  six décès dus à la chaleur ont été enregistrés, et des centaines d’oiseaux morts ont été trouvés sur les plages. Les températures élevées des océans ont probablement fait fuir les poissons et les ont empêché de nourrir (Reuters).

Au Texas, les températures maximales annoncées sont de 44,4°C (112 F) , mais c’est une chaleur humide, plus pénible (Fox News). Plus de 35 millions de personnes sont prises dans la vague de chaleur (Reuters). La consommation d’énergie de l’air conditionné menace le réseau électrique.   La température élevée de l’océan a aussi provoqué de violentes tempêtes, qui ont privé un demi-million de personnes de courant.   Aussi bien la consommation effrénée d’énergie que les coupures d’air conditionné lors de vagues de chaleur dangereuses posent des graves problèmes. La production d’énergie pourrait augmenter le réchauffement et les vagues de chaleur. Le gouvernement a ouvert des ‘cooling centers’, des abris climatisés où la population peut s’abriter de la chaleur. 

La Sibérie subit largement les effets du réchauffement planétaire. La carte Nasa de mai 2023 montre une chaleur exceptionnelle au Canada et en Sibérie (lien). La température de cette région boréale a dépassé 39.6°C, un chiffre exceptionnel dans cette région (CNN) .   En Chine,  elles ont atteint 45°C début juin. Selon le climatologue Herrera, c’est une vague de chaleur exceptionnelle qui récrira l’histoire du climat mondial (Twitter). Ces changements importants pourraient aussi pousser le GIEC à revoir encore ses prévisions à la hausse, ce qui nous permettraient de mieux anticiper les canicules futures.  

Il fait aussi exceptionnellement chaud  au Sahara.  Cela nous paraît normal, la différence n’est pas aussi spectaculaire qu’en Sibérie, mais les températures s’approchent des limites de la survie humaine, et elles monteront encore.

Désert Image par LoggaWiggler de Pixabay

Les années chaudes réduisent la production économique et El Nino est un risque important

L’ONU a annoncé la semaine passée que l’apparition du courant Pacifique El Nino est de plus en plus probable. Il élève la température mondiale, et son effet portera surtout sur 2024. Mais les huit dernières années ont déjà été les plus chaudes de l’Histoire (lien),  alors cet hiver et les mois suivants  dépasseront probablement les températures connues de l’Humanité au niveau planétaire. L’OMM s’attend à une sérieuse augmentation. Les catastrophes météorologiques ont provoqué plus de deux millions de morts en cinquante ans (ONU) et une importante aggravation est possible.

El Nino et la canicule en général ont des effets négatifs sur l’activité économique. Ils réduisent généralement la croissance mondiale. Les événements passés ont provoqué des pertes économiques de 4,1 et de 5,7 trillions de dollars (trillion:1012  CallahanGizmodo).

Les années chaudes réduisent l’activité économique dans tous les pays, tempérés aussi bien que tropicaux, à tel point que la température explique les différences mondiales de développement (Dell).

La productivité économique atteint un sommet à une température de 13°C et décroit rapidement au-dessus de ce seuil. Les activités économiques, agricoles et industrielles diminuent avec la chaleur, dans le monde entier, depuis 1960. Cette constatation a été tirée de la comparaison de la production du même pays, ou de différents Etats des Etats-Unis,  lors des années chaudes et froides.

Le rendement des céréales baisse rapidement entre 20 et 30°C, et la productivité humaine décroit aussi (Burke). L’effet n’est pas linéaire mais très important. La production décroît rapidement avec la température, et baisse plus encore quand la canicule augmente.

L’effet sur l’agriculture est évident. Les cultures sont très sensibles aux conditions météorologiques, elles ont des températures de croissance optimales, elles poussent peu quand il fait froid,  plus vite dans des conditions tempérées,  puis cessent de croître s’il fait trop chaud.   Si les conditions sont trop défavorables, certaines plantes cultivées meurent sur pied et leur rendement tombe à zéro. Les activités industrielles sont aussi freinées par la chaleur.

La baisse rapide de productivité liée à l’augmentation de température suggère que l’adaptation au changement climatique sera plus difficile que prévu.  Selon cette estimation, les trois quarts des pays s’appauvriront si le réchauffement n’est pas jugulé. 

Celui-ci peut amplifier les inégalités mondiales, car les pays chauds et pauvres subiront probablement la plus forte réduction de la croissance. Même une légère augmentation de température pourrait provoquer des pertes économiques beaucoup plus importantes que les estimations antérieures.

Si les sociétés continuent de fonctionner comme elles l’ont fait dans un passé récent, le changement climatique remodèlera l’économie mondiale en réduisant considérablement la production économique (Burke). Ces estimations n’incluent pas les événements catastrophiques liés aux conditions exceptionnelles.

La Banque Mondiale déclarait récemment que les prévisions de croissance des pays pauvres sont mauvaises pour ces cinq prochaines années. Leur économie sera de plus  rythmée par les catastrophes et leurs conséquences.

Un El Nino moyen ou fort sur une Planète qui est déjà au-dessus 1°C provoquerait  des événements météorologiques jamais vus de l’Humain, notamment des précipitations très importantes, noyant l’Amérique du Sud sous des inondations et des glissements de terrain.  Les récoltes pourraient être perdues ou immobilisées par ces intempéries.

Le Nino de 1997 a provoqué des inondations au Pérou, Mexique (90 cm de pluie) et Kenya (JustHaveAThink). Cette fois, l’humidité atmosphérique et la température sont plus élevées et les pluies pourraient être plus abondantes.

L’Indonésie a subi une sécheresse extrême en 1997. L’Amazonie, et l’Inde sont généralement exposées à la sécheresse lors d’El Nino, et les températures pourraient être extrêmes.  Quel niveau de chaleur attend l’Inde en 2024? Cette question est d’une importance capitale.

Le gaz carbonique accumulé dans l’atmosphère y reste des dizaines d’années. Nous savons déjà que les vingt prochaines années les catastrophes climatiques s’aggraveront, les canicules seront plus intenses, et les pluies plus abondantes (blog GIEC). Nos inondations suisses atteindront vingt, puis cinquante centimètres d’eau dans la rue, et couvriront plusieurs quartiers, et un jour emporteront des passants. Il y aura plus de glissements de terrain et plus de routes de montagne coupées.  Le niveau de danger augmentera. Nous devons arrêter cette escalade, arrêter les vagues de chaleur avant qu’elles ne deviennent mortelles en Suisse, et éliminer les émissions de carbone pour espérer une amélioration du climat. SVP, votez “OUI” à la Loi Climat et demandez  (d’une façon très amusante) à vos amis de le faire.

Image de couverture par LoggaWiggler de Pixabay

La multiplication des catastrophes rend la Californie inassurable

La plus grande assurance américaine refuse désormais d’établir de nouveaux contrats (CNN, Guardian).  State Farm, géant de l’assurance en Californie, a dépensé toutes les réserves constituées au cours des vingt dernières années pour indemniser ses clients victimes de récentes catastrophes et refuse de prendre plus de risques.

L’état le plus riche et le plus peuplé des Etats-Unis a subi plusieurs années de sécheresse et de nombreux feux, qui ont détruit des dizaines de milliers de maisons. Cet hiver, la Californie a aussi vu des inondations sans précédent, et l’aggravation est prévisible (blog).  J’ai été étonnée que les médias américains n’énonçaient pas clairement le fait que les pluies intenses sont liées au réchauffement, et à la température élevée des océans, mais les assurances semblent savoir qu’une augmentation du nombre et de la gravité des catastrophes est prévue.

Le risque d’incendie est maintenant tel que l’assurance refuse tout nouveau contrat.  L’état régule apparemment les primes et les maintient à un niveau trop bas selon leurs calculs.

Deux autres assurances américaines, dont la multinationale American International Group, ont signifié à des milliers de propriétaires Californiens que leurs assurances ne seraient pas renouvelées, selon le Wall Street Journal.

Le changement climatique augmente le risque de feux de forêts. L’année passée, en 2022, la Californie en a subi 7’490, plus que l’année précédente. Un de ces feux a détruit une centaine de villas.  Le plus grand, qui a ravagé la ville de Paradise en 2018,  a anéanti plus de dix mille bâtiments (NBCNews).

La région a vu des incendies record au cours des six dernières années, qui figurent parmi les plus chaudes de l’histoire.  Ils font partie des plus grands et les plus meurtriers de l’Histoire des Etats-Unis.

Une étude récente établit qu’environ 40% de ces brasiers sont dus au changement climatique (Washington Post).

L’assurance incendie est généralement nécessaire pour obtenir un prêt bancaire ou une hypothèque.  Leur absence fera probablement baisser les prix des maisons en Californie.

C’est une conséquence du réchauffement climatique qui sera ressentie rapidement par de nombreux particuliers. Le risque de catastrophes augmente presque partout dans le monde.

 

 

Augmentation de feux de forêts en Europe

La population de toute la Terre est frappée aujourd’hui par des catastrophes plus grandes, plus complexes et plus chères, notamment par manque de mesures adéquates.  Beaucoup de ces événements sont dus au climat, et s’aggraveront probablement (UNDRR). 

En particulier, les sécheresses et les feux augmentent beaucoup. L’Amérique du Sud subit une sécheresse qui dure depuis 2019, la plus longue depuis des décennies. L’Uruguay, le nord de l’Argentine et le sud du Brésil sont particulièrement touchés.  La production de soja de l’Argentine est réduite de moitié, les glaciers des Andes ont perdu de 30 à 50% de leur volume (Flash News from the Disaster Risk Management Knowledge Centre, online).

Une nouvelle étude met en garde contre les sécheresses éclair (flash drought) , qui se développent très vite, en quelques semaines et menaceront progressivement toutes les régions agricoles au 21ième siècle (lien).

La chaleur s’accompagne d’immenses feux, qui ont frappé tous les continents,  l’Australie en 2020 où 126’000 km2 de forêts uniques au monde sont parties en fumée, emportant des peuples d’animaux entiers (BBC, blog1, 2  l’Amazonie, ou la Sibérie. Les feux sont clairement liés à la sécheresse, et certaines régions boréales, où l’humidité avait toujours régné, se sont révélées très susceptibles.  A Lytton au Canada, l’incendie s’est déclaré dans la ville lors de la monstrueuse vague de chaleur de 2021, l’été passé l’Angleterre a atteint une température de 40°C et a aussi vu de très nombreux embrasements les jours les plus chauds. 

Ce printemps, ce fléau s’est abattu sur le Canada (Temps) et l’Espagne (Euronews)  lors de canicules exceptionnelles. 

L’Europe n’échappe pas à ce danger.  L’Agence européenne Copernicus en fait l’inventaire.  Leur rapport sur l’année 2021 concluait qu’il s’agissait de la deuxième année la plus touchée, et que ces catastrophes s’étaient surtout produites dans les années 2016-2021,  les plus chaudes de l’Histoire.  En 2021, les flammes se sont surtout attaquées à l’Italie, ainsi qu’à la Grèce, à la Turquie et au Portugal. La surface embrasée avait doublé par rapport à l’année précédente (lien). 

L’année passée a vu plus de feux que la précédente. En 2022, 45 pays d’Europe ont subi ce cataclysme (Copernicus EFFIS Advance report on forest fires). Le nombre de brasiers et la surface totale ont augmenté.  L’Espagne a  été particulièrement éprouvée, ainsi que la Roumanie, le Portugal, la Bosnie et la France. Malheureusement les flammes se sont aussi attaquées aux zones protégées, particulièrement importantes. 

En Suisse, la surface brûlée a fortement augmenté en 2022. 

Cette année ce danger subsiste, l’Espagne et la France ont déjà vu de nombreux embrasements, et la surface consumée en France surpasse déjà sa moyenne annuelle.  

Les incendies sont un des grands dangers des canicules. Nous verrons des feux de forêts et des départs de feux dans les villes. Une augmentation de ces catastrophes est prévue par les experts. Il faut compter avec ce danger, et prévoir beaucoup plus de surfaces forestières pour compenser celles qui seront perdues. Je propose aussi d’étudier plusieurs solutions techniques, par exemple la présence d’eau,  pour juguler les  immenses incendies à venir.

Records de chaleur successifs en Asie

Ce printemps est maussade en Europe centrale. Nous subissons encore les effets d’un réchauffement stratosphérique qui nous a envoyé de l’air froid, et continuera jusqu’à début mai. C’est un événement météorologique local et temporaire qui ne modifie pas le réchauffement global.

En Asie par contre, la chaleur règne.  Au Japon, les températures ont atteint des records en mars, les cerisiers ont fleuri plus tôt, et  le mois passé était le plus chaud de  l’Histoire du pays.  L’année passée déjà, ce pays avait accumulé 200 records de température et 71’000 personnes ont été hospitalisées pour des malaises dus à la canicule, des personnes âgées mais aussi des enfants (lien).  Cette année s’annonce encore plus torride. Le Japon organise des abris à air conditionné pour sa population.

La canicule s’étend de l’Inde à la Chine. Six villes en Inde ont dépassé 44 degrés, des décès ont été enregistrés. Cinquante personnes ont été hospitalisées après une cérémonie en plein air et treize sont décédées. Les enfants souffrent de maux de tête et des nombreuses écoles ont été fermées. La population indienne ne dispose pas de climatisation ni de budgets pour des soins médicaux, ils souffrent donc de la canicule en silence et sans recours. Dans ce pays, la plupart des travaux pénibles sont faits manuellement, les femmes portent des briques sur les chantiers et ces travailleurs sont parmi les premières victimes.

Les températures en Chine ont atteint des nouveaux records. En Thaïlande, elles ont dépassé 45°C. Dans ces régions, l’humidité est importante ce qui rend la chaleur plus dangereuse. L’index combiné (heat index) indiquait 53,8°C hier.  Ce temps torride a favorisé des feux de forêt dans le nord de ce pays (lien).

Ces derniers printemps ont été de plus en plus chauds (p.ex blog 2019), mais la canicule de cette été est inégalée.  Les thaïlandais souffrent de ces journées pénibles, et la sécurité de la population n’est probablement  pas aussi bien organisée qu’au Japon. Samedi, les autorités ont alerté une grande partie du pays sur le risque de chaleur extrême et ont conseillé à la population de rester à l’intérieur.

La consommation d’électricité, essentiellement pour la climatisation, s’est aussi accrue, 39’000 megawatts alors que l’année passée elle n’avait atteint que 32’000 megawatts.  Des coupures d’électricité ont frappé les populations lors de cet événement extrême.

Selon les scientifiques et les études cités, cette vague de chaleur est sans précédent et due au réchauffement climatique (Reuters, msn).

Je trouve ces vagues de chaleur et ces records successifs, quasiment chaque année,  très inquiétants, d’autant plus que l’arrivée d’El Nino apporte habituellement des sécheresses et des canicules, qui pourraient bien atteindre des extrêmes encore plus élevées l’année prochaine.

Rapport du GIEC 2023 – Risques de catastrophes

Aujourd’hui je vous livre une sélection de phrases exactes du résumé pour décideurs du rapport du GIEC avec le numéro de paragraphe. Si cela vous est utile, vous pouvez donc les citer ainsi. 

Ce document montre que le réchauffement causé par l’Homme contribue déjà à de nombreux événements extrêmes partout dans le monde. 

Pour chaque 1000 Gt de CO2 émis par l’activité humaine, la température de surface globale augmente de 0,45°C (B.5.2).

Le changement climatique a réduit la sécurité alimentaire (A.4).  Environ la moitié de la population mondiale connaît actuellement des graves pénuries d’eau. Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones très vulnérables au changement climatique : Afrique, Asie, Amérique centrale et du Sud, PMA, petites îles et Arctique (A.2.2).

Avec chaque augmentation supplémentaire du réchauffement climatique, les changements dans les extrêmes continuent de s’amplifier (B.1.3). Cela signifie que si la température moyenne sur la Planète augmente de 0,5°C, en Suisse elle montera d’un (1) degré (fig SPM.2 a et plus détaillé ailleurs, rts, OFEV), et les vagues de chaleur augmenteront plus (dr). Les pluies et sécheresses extrêmes s’intensifieront, les puits de carbone terrestres et océaniques fonctionneront de moins en moins bien (GIEC).

À court terme, chaque région du monde devrait faire face à une nouvelle augmentation des aléas climatiques (B. 2.1.) Les impacts à long terme projetés sont jusqu’à plusieurs fois plus élevés que ceux actuellement observés (B.2 degré de confiance élevé).  Les inondations seront donc plusieurs fois plus grandes, les sécheresses toucheront beaucoup plus de cultures (dr).

Les risques à court terme comprennent une augmentation de la mortalité et de la morbidité humaines liées à la chaleur (degré de confiance élevé), des maladies et des problèmes de santé mentale.

L’augmentation prévue de la fréquence et de l’intensité des fortes précipitations (confiance élevée) augmentera les inondations locales générées par la pluie (confiance moyenne).

Par rapport au rapport du GIEC précédent AR5, les niveaux de risque globaux agrégés sont évalués comme étant élevés à très élevés à des niveaux inférieurs de réchauffement climatique en raison de preuves récentes des impacts observés (B.2.2).

Les risques d’événements météorologiques extrêmes seront déjà élevés à 1.5°C degré (Fig SPM.4).

En général, lorsqu’un chiffre de température est utilisé dans le rapport, il s’agit d’une moyenne décennale. La fonte en profondeur des glaces et du permafrost s’étale sur plusieurs années et une seule année chaude n’aura pas les mêmes effets.  Cependant, il me semble que l’atmosphère pourrait répondre très vite à une élévation de température, et des vagues de chaleur et des tempêtes extrêmes pourraient déferler lors d’une seule année torride.

L’élévation du niveau moyen mondial de la mer au-dessus de la plage probable – proche de 2 m d’ici 2100 ne peut être exclue. Il y a une confiance moyenne que la circulation thermohaline  Atlantique ne s’effondrera pas brusquement avant 2100 (B.3.3). Je crois qu’on pourrait rétorquer sur ce dernier point qu’elle ne s’effondrera par braquement parce qu’elle s’arrête progressivement.

Le risque de fonte du permafrost est déjà élevé à 1,5°C (Fig. SPM4).

Une atténuation profonde, rapide et soutenue et une mise en œuvre accélérée des mesures d’adaptation au cours de cette décennie réduiraient les pertes et les dommages prévus pour les humains et les écosystèmes (C 2.2).  Les options d’adaptation qui sont réalisables et efficaces aujourd’hui deviendront limitées et moins efficaces avec l’augmentation du réchauffement climatique (B.4). Les limites à l’adaptation et les pertes et dommages, fortement concentrés parmi les populations vulnérables, deviendront de plus en plus difficiles à éviter (confiance élevée) (Extraits exacts du résumé pour décideurs du rapport du GIEC: lien). 

Actuellement, une marche bleue réunissant plusieurs personnalités romandes, surtout des femmes, parcourt la Suisse romande de Genève à Berne pour demander à notre gouvernement le respect de l’accord de Paris qui permettraient cette attenuation rapide du changement climatique. Elle est accueillie à de nombreux endroits avec bienveillance et conscience de cette problématique (#lamarchebleue sur Instagram ou Facebook). La marche a parcouru la Côte de Genève à Lausanne,  a atteint Neuchâtel samedi et part aujourd’hui en direction de Berne en passant par Fribourg. Le 22 avril, elle remettra officiellement une pétition pour l’action climatique au gouvernement.

J’ai remarqué depuis plusieurs années que les catastrophes météorologiques dépassent les  prévisions précédentes. Celles-ci ont maintenant été partiellement mises à jour avec les connaissances acquises de ces événements récents.

Cette semaine encore, un nouveau record météorologique était battu par l’ouragan Ilsa, qui a percuté les côtes australiennes avec des vents record de 289 km/h.

Les observations suggèrent l’arrivée du El Nino, courant chaud dans le Pacifique, qui provoque des années chaudes et souvent des événements météo extrêmes. Plusieurs modèles estiment qu’un super El Nino est possible (Guardian). Une étude suggère que le changement climatique pourrait provoquer une amplification de ces phénomènes. Au cours des années 2015-2016, la température planétaire s’était alors élevée de 0.5°C.  Cette période avait provoqué la sécheresse en Amérique du Sud, et un retard de la mousson en Inde, et des épidémie de fièvre dengue et de choléra.  Il se trouve qu’un épisode de super El Nino pourrait nous faire dépasser 1.5°C degré l’année prochaine déjà, et nous amener des intempéries inconnues de l’humain. Cela montre le niveau du danger climatique auquel le monde est confronté aujourd’hui. Nous devons le réduire autant que possible.

 

 

 

 

Les nouvelles entreprises doivent provoquer peu d’émissions de CO2 et respecter les limites planétaires

Banque Mondiale

Les discussions de printemps de la Banque Mondiale commencent sur le constat que la croissance a ralenti. Selon leurs déclarations, la croissance mondiale devrait être autour de 3% pour les prochaines années. Elle se produirait essentiellement dans les pays développés, et elle sera plus difficile pour les pays pauvres. Ils sont notamment étouffés par la dette, et la Banque Mondiale organise une table.ronde qui réunira les créanciers pour discuter de solutions.

Selon M. Malpass, les perspectives développement des pays pauvres ne sont pas très bonnes. Il a déclaré qu’il y a assez de capitaux dans ces pays mais ils sont dans les mains d’un petit groupe d’acteurs et qu’il faudrait changer les choses dans ces pays. Je suis très curieuse de ce qu’il voulait dire par là, le savez-vous?

Kristallina Giorgieva se demande comment placer le monde sur une trajectoire de croissance plus élevée, pour garantir l’emploi et limiter les migrations. Selon elle, la croissance repose sur plus de productivité mais les conditions nécessaires ne sont pas réunies, et la solution à long terme est d’accroître l’approvisionnement, pour fournir des financements aux entreprises. Ils estiment que le commerce extérieur favorise la division des tâches, et que le développement se ferait grâce aux bénéfices rapportés par les exportations.

Ces perspectives me semblent erronées à deux niveaux: d’une part l’économie ne se comporte déjà pas comme ils l’espèrent,  par exemple les faillites des banques ont suivi celles des petites entreprises,  aujourd’hui nous apprenons que les ventes d’ordinateurs Mac ont baissé de 40% cette année. D’autre part la création d’entreprises à profusion me paraît difficile à concilier avec la réduction rapide d’émissions de carbone.

La problématique du climat

Leurs prévisions font abstraction du climat qui provoque une grave sécheresse en Afrique, affectant 36,4 millions de personnes et tuant le bétail (wiki),  des vagues de chaleur précoces en Asie, les inondations sans précédent en Nouvelle-Zélande (CNN) et en Californie (blog), l’effrayant cyclone Freddy (lien), plusieurs grands glissements de terrain  consécutifs aux pluies intenses dans plusieurs pays, au  Brésil, au Pérou (Reuters), en Equateur (Reuters), dans l’Himalaya indien et au Congo (Reuters).

Ces catastrophes s’aggraveront au cours des vingt prochaines années et les pays tropicaux seront particulièrement exposés aux intempéries violentes et à leurs conséquences, leur économie sera menacée.

Or le développement devrait se concentrer dans les pays les plus pauvres, pour aider leurs populations à assurer leurs besoins vitaux et à former des sociétés plus stables. Il me semble que instances internationales se sont fixés ces objectifs. Les pays riches devraient parvenir à un fonctionnement harmonieux sans croissance, en améliorant plutôt les conditions de vie de la population, les conditions de travail, et les loisirs,  et en diminuant le temps de travail, les trajets, et la pollution.

Le réchauffement climatique et la pollution pourraient être jugulés très simplement par la diminution de la production d’objets sur la Planète. Par contre, une croissance accompagnée d’une augmentation de la productivité est aux antipodes du développement durable, elle apporterait de la pollution et un réchauffement climatique porteur de vagues de chaleur mortelles, de sécheresses et tempêtes destructrices. Une augmentation de la productivité provoque aussi des pertes d’emploi (Arte).

J’ai l’impression que la Banque Mondiale ne propose pas de solutions durables à l’économie mondiale, mais une poursuite de la fuite en avant actuelle, alors même que le GIEC et l’ONU appellent tous et toutes à s’investir entièrement pour sauver notre  climat.  Tous les secteurs de l’économie devraient s’aligner sur le principe du zéro émission d’ici 2050 (Guterres).  Produirons-nous à l’excès jusqu’à la destruction des usines par les tempêtes que nous aurons provoqué? Les créations d’entreprises en devraient pas être favorisées mais au contraire, les initiatives polluantes devraient être fortement découragées,  sévèrement contrôlées dès le début et privées de crédits. La consommation effrénée de notre société devrait être limitée. Une réduction de la création d’entreprises pourrait provoquer une crise économique mais il doit y avoir un moyen de l’éviter.

Des connaissances ont tout essayé pour faire marcher leur petite entreprise, investi leurs économies, de longues heures de travail, à tenter de vendre ce que personne ne voulait acheter et ont récemment fermé. J’ai récemment entendu quelques histoires semblables. Je ne sais combien d’entreprises vivotent ou survivent actuellement sans réellement fonctionner, ce rêve capitaliste a du plomb dans l’aile.

Surtout, nous ne pouvons pas nous permettre de fabriquer des jupes à LED, de les transporter, de construire des magasins et de les renvoyer à la casse. Et cet article existe déjà, pour réussir à les supplanter, je pourrais encore inventer une variante qui diffuse de la musique quand la personne tournoie. La musique pourrait changer selon le rythme du  mouvement, ça plairait certainement.  Cependant cet article semi-jetable, cassé après trois utilisations,  polluerait trop et menace nos conditions de vie sur Terre.

Les ventes des ordinateurs Apple ont baissé cette année. Notre société fonctionnera très bien avec la moitié des ordinateurs neufs des années passées, nous y parviendrons par une utilisation plus longue du même objet ou par la réparation.  L’ancien ordinateur est déjà très bon, et nous n’en souffrirons pas du tout.  Nous avons tout intérêt à économiser les métaux rares nécessaires pour leur fabrication pour des usages essentiels dans le futur. Nous devons seulement s’assurer que les employés d’Apple ne souffrent pas trop de la diminution de production, et en aucun cas nous ne devons augmenter la productivité. Les employés  devraient donc bénéficier d’une réduction du temps de travail, de deux heures à consacrer à leur hobby sur le lieu de travail ou des cours de yoga et d’autres activités de bien-être.

Nous devons graduellement réduire la production et la consommation matérielle de nos sociétés.  Une réduction de la consommation dans nos sociétés comporte un risque sérieux de crise économique, qui doit être bien géré dès maintenant.  Nous devons parvenir à une société harmonieuse sans croissance économique, ou même en décroissance.

Rob Hopkins demande un ‘plan Marshall climatique’ qui créerait une grande quantité d’emplois dans l’isolation des bâtiments et autres activités protectrices de notre climat. Un revenu minimum universel serait une autre solution qui éviterait la crise. Un tel revenu dans les pays pauvres éviterait d’innombrables drames et constituerait un réel outil de stabilité et de développement. D’autres suggéraient une économie du bien-être où l’achat d’un objet supplémentaire serait remplacé par un massage ou un concert.   Je serais personnellement ravie que l’Etat m’offre des bons pour des spectacles ou des activités de bien-être et de loisirs. 

Nous devons rapidement limiter la création d’entreprises à celles qui respectent notre climat et permettent à la vie sur Terre de se poursuivre dans des bonnes conditions. La Banque Mondiale doit inclure immédiatement cette exigence dans les propositions qu’elle formule.

Addendum: Le GIEC suggère des mesures matérielles, comportementales et sociales pour réduire la demande des consommateurs (résumé pour décideurs, point C3).

La présentation du nouveau rapport du GIEC

Le GIEC finalise un nouveau rapport. Ils ont apparemment décidé de débattre sans se séparer jusqu’à atteindre un accord. Ce procédé rappelle le conclave, qui élit le pape, à croire qu’ils attendaient une intervention divine.

Dans la conférence de presse, il fut répété plusieurs fois qu’une action rapide peut encore limiter les températures à 1,5°C en moyenne décennale.

Les réductions d’émissions auront un effet certain sur le climat dès 2030-2040.  Hier,  je citais Yale Climate connection. Ils rappelaient que des événements autrefois attendus tous les mille ans se produiront maintenant tous les 20 ans.  Il s’agit de vagues de chaleur extrêmes,  des cinq inondations millénales qui ont touché les Etats-Unis cet été, de l’inondation de 90% de la surface de l’Iran, des immenses feux de forêt d’Australie péniblement arrêtés aux portes de Sydney, ou du plus grave ouragan de l’histoire.  Nous savons déjà que ces événements s’aggraveront, nous verrons donc par exemple ces canicules ou ces déluges chaque décennie. Une action rapide les limitera cependant, dans le cas d’émissions incontrôlées  les vagues de chaleur seraient plus fortes, plus fréquentes et plus longues, par exemple trois mois à 50°C tous les deux-trois ans, avec des extrêmes plus élevées,  mortelles pour l’humain, mèneraient à la désertification progressive de l’Europe. les tempêtes et les inondations pourraient détruire nos villes, les eaux s’étendraient sur des grandes surfaces, monteraient à plusieurs mètres, des torrents tumultueux s’attaqueraient aux bâtiments. Ces catastrophes seraient extrêmement graves.  L’action climatique rapide est très importante pour notre sécurité ici, en Europe, en 2050.  Je précise que mes chiffres sont des exemples imprécis et que le GIEC fait un travail important pour fournir des valeurs correctes.

Nous devons donc agir immédiatement pour le climat. La solution évidente est de cesser de produire et de transporter massivement des objets jetables ou à très courte durée de vie, qui seront souvent détruits sans être vendus. Ce système basé sur la croissance perpétuelle s’épuise déjà. Les crises s’accumuleront à l’avenir.
Les Etats peuvent gérer la transition de façon positive. J’estime qu’ils doivent déjà créer des emplois et investir massivement dans l’agro-foresterie, la préparation des bâtiments existants aux catastrophes climatiques, et la mise en place d’aliments végétaux très bon marché.  La population serait en sécurité économique, nous sortirions du système nocif d’encouragement aux entreprises dangereuses pour l’avenir de l’Humanité, de conditionnement de la population à adorer le travail dans celles-ci, de l’achat provoqué par les publicités  mensongères.  Simultanément, nous nous préparerions à l’avenir climatique en limitant les dangers futurs. 

Le résumé du rapport du GIEC est accessible sur leur site internet (lien). Je résume ici les conclusions principales (lien):

A1: Le réchauffement est causé par l’Homme,  a déjà atteint 1,1°C, et est dû à des émissions de carbone humaines inégales de diverses sources.

A2: Le changement climatique influence de nombreux événements extrêmes, avec des nombreuses conséquences et des pertes et dommages partout dans le monde.

A3: L’Adaptation progresse dans le monde. Elle est encore insuffisante, et les flux financiers manquent surtout dans les pays en voie de développement.

B1 – B2: Les émissions de carbone mèneront le réchauffement au-dessus de 1.5°C. Chaque augmentation de température intensifiera plusieurs risques et impacts négatifs (degré de confiance très élevé). Les réductions d’émissions ralentiraient le réchauffement dans environ vingt ans.

B3: Un réchauffement plus élevé augmente de risque de conséquences abruptes et/ou irréversibles.

B4: L’adaptation est encore possible mais deviendra plus difficile par la suite.

B5: Les réductions d’émissions au cours de cette décennie détermineront si les températures pourront être limitées à  1.5°C ou 2°C.

B6: Des réductions d’émissions rapides, profondes et immédiates sont nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5°C mais aussi à 2°C.

B7: Si nous dépassons le 1,5°C, les températures pourraient être limitées par le CDR (capture de carbone).

C1: Nous devons absolument agir vite.

C2: Une action rapide réduirait les pertes et dommages pour les humains et les écosystèmes (very high confidence)  et apporterait de nombreux bénéfices pour la qualité de l’air et la santé.

C3: Des transitions rapides dans tous les secteurs sont nécessaires et possibles, les solutions existent.

C4: L’action climatique est essentielle pour le développement durable.

C5: L’équité, la justice sociale, la justice climatique etc peuvent permettre l’adaptation, la mitigation et le développement durable. La consommation polluante peut être réduite avec des apports de bien-être.

C6: L’action politique, par des lois, les règlements etc  permettra une action climatique efficace.

C7: La finance, la technologie et la coopération internationale sont essentielles pour l’action climatique.

 

Yale Climate Connection sur les événements extrêmes et les catastrophes mondiales futures

Un nouvel article de Yale Climate Connection se penche sur les événements extrêmes présents et futurs (lien).

Ils notent l’augmentation d’événements extrêmes et les raisons de leur aggravation rapide récente. Ils relèvent que la combinaison de plus d’énergie thermique et d’une circulation atmosphérique perturbée a rendu les événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses. Les tempêtes bénéficient de plus d’énergie et de plus d’humidité qui entraîne des pluies plus fortes.

Ils notent que les épisodes de chaleur accablante qui devraient se produire une fois tous les 1 000 ans (une probabilité de 0,1 % au cours d’une année donnée) se produisent maintenant une fois tous les 20 ans.

L’Arctique s’est réchauffée de quelques degrés et cela modifie le courant-jet. Il forme des méandres qui provoquent une amplification quasi-résonante des phénomènes extrêmes.

La déforestation et les émissions de particules par l’Homme pourraient aussi jouer un rôle dans l’intensification de vagues de chaleur.

Ils relèvent aussi que les tornades se forment plus au nord, à des périodes de l’année plus précoces, et que les épisodes sont plus abondantes. J’avais rapporté une étude de l’évolution du nombre de tornades qui montrait une très forte augmentation.

Yale Climate Connection note que nous devons anticiper et nous préparer à une augmentation significative des conditions météorologiques extrêmes dans les années à venir.

D’autre part, ils citent un rapport de l’ONU qui a révélé une augmentation des du risque d’événements extrêmes rares par le changement climatique.  Il s’agit de catastrophes mondiales mortelles pour plus de 10 millions de personnes ou destructrices au point de causer de 10 trillions de dollars de dégâts (10 000 milliards), qui constituent une menace d’effondrement total de la société.

Leur article de juillet 2022 (lien) discute ces risques globaux catastrophiques (GRC). Le changement climatique augmente les risques de plusieurs de ces événements. Ils parlent de cinq  types de risque:

1: La sécheresse:

L’événement  catastrophique mondial le plus grave associé au changement climatique pourrait bien être une famine massive causée par des sécheresses extrêmes ou des inondations frappant simultanément plusieurs grands « greniers à blé » producteurs de céréales. Un tel événement pourrait entraîner d’importantes flambées des prix des denrées alimentaires, un choc du système alimentaire, et entraîner la famine massive, la guerre et une grave récession économique mondiale. Cet événement est déjà possible, et l’assurance Lloyds estime qu’il a 14% de chances de se produire dans les trente ans. Je dirais que ce risque est même plus élevé.

2: La guerre:

Historiquement, les famines et l’insécurité alimentaire ont souvent mené à des guerres.  Aujourd’hui, la guerre pourrait être nucléaire et un conflit ‘local’ Inde – Pakistan  pourrait entraîner un hiver nucléaire et 2 milliards de morts.

3: Montée du niveau de la mer

La montée du niveau de la mer aurait des conséquences très importantes sur le monde entier. Selon Yale Climate connection, dans un scénario de réchauffement modéré,  des biens d’une valeur de 7-12 trillions de dollars (7’000-12’000 milliards de dollars), notamment des villes et des zones agricoles,  seraient menacés sur les côtes.  Leur calcul s’appuie sur une estimation des inondations côtières de Kirezci, basée sur le 5ième rapport du GIEC de 2013.  Celui -ci estimait que dans un cas de réchauffement modéré, le niveau de la mer monterait de 28 à 82 centimètres. Les observations des dix dernières années montrent plusieurs signes inquiétants de fonte du Groenland et des glaces Antarctiques. Le sixième rapport du GIEC, établi d’après des données d’il y a environ cinq ans,  contient une estimation de montée du niveau plus élevée. Les observations récentes sont encore plus inquiétantes. L’effondrement de l’Antarctique-Ouest que je discutais dans mon livre en 2016 est un risque réel et pourrait mener à une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres. Le climatologue Michael Mann ainsi que d’autres déclaraient récemment que ce risque avait été sous-estimé (lien, lien), il pourrait se réaliser au cours de la prochaine dizaine d’années. Une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres suivrait probablement au cours du 21ième siècle, et ses conséquences seraient beaucoup, plusieurs fois plus importantes que les prévisions actuelles.

4: Pandémie

Ils mentionnent le risque que les animaux sauvages privés d’habitat se rapprochent des populations humaines et transmettent de virus. Le changement climatique comporte aussi un risque de nouveaux pathogènes ou de réveil d’anciennes maladies. Ils relèvent enfin que les mouvements humains sont un facteur d’épidémie.  La circulation de microbes dans l’Humanité est vraiment extrêmement rapide par rapport au passé: un jour à Pékin, le lendemain à Heathrow Londres, et le surlendemain dans toutes les capitales du monde.

5: Arrêt de la circulation océanique:

L’augmentation des précipitations et de l’eau de fonte des glaciers pourrait ralentir ou même arrêter la circulation méridienne de renversement de l’Atlantique (AMOC).  Ce système de courants océaniques transporte l’eau chaude et salée des tropiques vers l’Atlantique Nord et envoie de l’eau froide vers le sud le long du fond de l’océan. L’augmentation des précipitations et de l’eau de fonte des glaciers due au réchauffement climatique pourrait déverser dans l’Atlantique Nord d’assez d’eau douce pour ralentir ou même arrêter la circulation océanique de l’Atlantique (AMOC). La conséquence citée, depuis longtemps, est un refroidissement de l’Europe. Il me semble que cet événement est en cours, la circulation océanique donne des signes de ralentissement  mais le changement pourrait être graduel,  sur des décennies, et pourrait surtout apporter des canicules extrêmes en Afrique. Ce phénomène ne se produirait pas seul. En Europe, la météo est modifiée par plusieurs facteurs, tels que le réchauffement global, les changements du courant-jet, le réchauffement de l’Arctique, qui nous amènent des fortes précipitations, et elle pourrait évoluer dune façon différente.

 

Vagues de chaleur à plus de 50°C chaque année aux Etats-Unis?

Une autre analyse statistique se penche sur l’incroyable vague de chaleur survenue en 2021 à Lytton, en Colombie Britannique.  Les températures y ont atteint 49.7°C (le Temps), record absolu du Canada,  plus de vingt degrés au-dessus des moyennes habituelles.

Les auteurs déclarent en préambule qu’il est généralement reconnu que le réchauffement climatique augmentera considérablement l’intensité, la durée et la fréquence des vagues de chaleur dans de nombreuses régions du monde. Cette information vient du GIEC.

Une telle chaleur aurait été impossible sans les changements climatiques causés par l’Homme (le Temps), elle devient par contre de plus en plus probable à mesure que les températures montent.

Ils se concentrent sur la région Ouest de l’Amérique du Nord et estiment les risques qu’une telle canicule s’y reproduise. Ils ont analysé les résultats de modèles climatiques pour cette région.

Si rien n’est fait pour freiner le réchauffement (si les émissions de CO2 suivent le scénario business-as-usual, sans réductions), un tel événement extrême deviendra un fait courant dans la plupart des régions de l’ouest de l’Amérique du Nord.

Si le réchauffement mondial atteint le seuil de 4°C en 2100, la température dépassera les 49,7°C,  pour ainsi dire 50°C, dans 75% du territoire  étudié, qui couvre environ la moitié des Etats-Unis.

Une grande partie de ce pays sera chaque année exposée à des chaleurs étouffantes, et la majorité de sa population serait en grave danger à cause de ces températures. La production agricole sera compromise.

La chaleur montera de toutes part,  une chape épaisse recouvrira le pays, plus de cent millions de personnes y seront exposées simultanément… Il deviendrait impossible de fuir, il ne resterait qu’à se terrer dans des caves, des garages, des abris en sous-sol.

La climatisation deviendrait une nécessité vitale,  mais elle sera menacée par des coupures de courant. La canicule comporte bien d’autres dangers. La vague de chaleur de 2021 provoqué des grands feux, la ville de Lytton a brûlé. En 2022 l’Angleterre a atteint 40°C, très inhabituel pour ce pays, et des nombreux feux s’y sont aussi déclarés.  Ces risques semblent associés. 

Températures maximales en cas de réchauffement global faible (haut), modéré  (milieu) ou fort (bas), à différentes dates. Le petit chiffre en haut à droite  du graphique indique la proportion du territoire qui dépasserait les 49.7°C chaque année. Dong et al, Earths Future, 2023

Les climatologues prévoient que la température dépasserait 50°C chaque année. La variabilité de la météo signifie que certaines années, elle montera de quelques degrés plus haut. La chaleur serait réellement mortelle. 

Ce risque n’est pas du tout limité à l’Amérique du Nord. Une autre étude établissait que l’Est de la France, notamment la Bourgogne et les régions environnantes, atteindrait alors des températures similaires.

Les chercheurs notent que la vague de chaleur de Colombie britannique avait certaines particularités. Récemment, il a été établi que la chaleur a atteint un tel niveau parce que la canicule s’est prolongée et que les sols secs ont amplifié le phénomène, habituellement modéré par l’évaporation de l’eau. D’autre part, les ondulations du courant-jet ont apporté de l’air tropical loin vers le Nord et provoqué la stagnation du dôme de chaleur.

L’étude que je rapporte ici a considéré qu’une telle conjonction d’événements ne se reproduirait pas. Il me semble au contraire que nous pouvons nous y attendre à l’avenir.

Je me suis demandée si je n’exagère pas. Encore une fois, je présente une étude qui annonce des événements très graves en l’absence de réduction d’émissions de carbone, et je la trouve trop modérée.

Voici mon raisonnement: Je crois qu’il est assez évident qu’une vague de chaleur prolongée amène la sécheresse.

D’autre part, les ondulations du courant-jet qui amènent l’air chaud au Nord et provoquent sa stagnation sont plus fréquentes et plus prononcées à cause du réchauffement arctique.  Vont-elles s’aggraver encore?

J’ai trouvé aujourd’hui une étude récente,  effectuée entre autres par Michael Mann et Stefan Rahmstorf. Ils montrent que ce type de phénomènes de stagnation de chaleur au Nord, qui ont causé des événements extrêmes dévastateurs en été, y compris la vague de chaleur européenne de 2003, deviendront plus probables,  plus fréquents à cause du réchauffement anthropique (Mann et al). 

L’analyse des prévisions des modèles climatiques suggère donc qu’à 4°C de réchauffement, les trois-quarts de la région étudiée atteindront les 50°C chaque année.   Ils n’ont pas inclus le risque de variations du courant-jet et de stagnation de chaleur au Nord, mais selon l’étude de Michael Mann, celui-ci augmentera aussi.

Sans lancer de chiffre de températures encore plus effroyable, il apparaît clairement que le danger serait énorme, très étendu et concernerait une grande population, plus de cent millions de personnes. Dans le cas d’un réchauffement plus modéré, une telle canicule pourrait encore se produire, mais pas chaque année.   Bien sûr, des solutions sont mises en oeuvre pour éviter une telle fournaise, et nous devons absolument réduire ce risque autant que possible.

Addendum le 27 mars 2023: Une étude dendrochronologique réalisée sur des arbres millénaires montrant que les températures de l’été 2021 étaient les plus élevées jamais observées dans la région. https://phys.org/news/2023-03-plus-years-tree-historic-extremity.html

Image de couverture par Reimund Bertrams de Pixabay