La Nouvelle-Zélande est déjà confrontée au changement climatique

Les inondations

En janvier 2023 la Nouvelle-Zélande a subi des fortes pluies.  L’océan alentour était touché par une vague de chaleur marine qui a élevé sa température bien au-dessus des normales.  Un mois de pluies sans précédent a provoqué quelques inondations. Puis le 27 janvier,  la plus grande ville de Nouvelle-Zélande,  Auckland était frappée par les flots à un niveau exceptionnel dans l’histoire du pays (Guardian, Wikipédia).

En février , le Cyclone Gabrielle a porté les destructions à un niveau supérieur. Il a dévasté le Nord de la Nouvelle-Zélande et touché Vanuatu et l’Australie.

A Vanuatu, les pluies torrentielles ont déclenché des glissements de terrain, contaminé l’eau potable et détruit les champs.

En Nouvelle-Zélande, des milliers de maisons ont été inondées ou sapées, les toits des bâtiments arrachés par le vent et de nombreux glissements de terrain ont paralysé l’île Nord. Des milliers de personnes ont été évacuées, d’autres ont fui sur les toits de leurs maisons et des glissements de terrain ont détruit les routes. Les flots charriaient d’immenses troncs arrachés qui rasaient la forêt et tout le reste sur leur passage.  Un état d’urgence national a été déclaré. Le gouvernement a déclaré qu’il s’agissait d’un événement sans précédent en Nouvelle-Zélande (guardian).

Les causes climatiques

Le cyclone s’est formé au-dessus de la mer de Coral dont la température dépassait 30°C, après trois années de la Nina qui favorisent ce type de phénomènes dans cette région. Il a déversé l’équivalent de mois de pluie en un seul jour. Il s’agissait d’un événement sans précédent, de la plus grande catastrophe du siècle dans ce pays (nzherald).

Selon l’article actuel de World Weather Attribution, les études d’attribution au changement climatique ont relevé que les précipitations étaient extrêmement abondantes, et qu’elles ont touché des régions montagneuses vulnérables aux inondations. Les modèles climatiques prévoient une exacerbation des pluies intenses d’environ 30% à l’heure actuelle, ainsi qu’un accroissement futur, ce qui rend les inondations plus probables.  Cependant, les modèles n’anticipaient pas le déluge qui s’est déversé sur la région, les mesures des stations météorologiques montrent des changements plus importants que ceux prévus par les modèles (WWA). Cela pourrait alors être un phénomène exceptionnel, isolé, ou alors les conséquences du changement climatique sont plus importantes que prévu. Cette dernière explication s’est révélée vraie dans de nombreux endroits dans le monde, le GIEC et l’ONU disent que les effets sont plus graves que prévu. Si c’est le cas, ils pourraient bien s’amplifier aussi plus vite.

Selon le climatologue Kevin Trenberth, les pluies inhabituellement intenses sont dues au réchauffement de l’océan, dont la température était de 3°C au-dessus de la normale.  Des telles vagues de chaleur marines ont aussi causé les inondations du Pakistan en été 2022, ainsi que celles de Californie en janvier.  Ses travaux confirment que les températures des océans changent à cause du réchauffement global (publi). Il a aussi observé que les régions humides le deviennent plus, la pluie s’y accroît. Il souligne aussi que des précipitations de 10% plus importantes suffisent pour déborder les aménagements existants et pour causer des dégâts (Trenberth).

Dégâts et solutions

Ce cyclone a causé les destructions le plus coûteuses de l’hémisphère Sud, estimées à plus de huit milliards de dollars américains.  Bien sûr, de nombreuses maisons individuelles ont été sapées par les flots. La majorité, 70% , appartenait à des indigènes maoris. Ceux-ci ont relevé que les événements météorologiques deviennent de plus en plus cataclysmiques et qu’ils devront quitter leurs terres pour éviter de disparaître dans les tempêtes. Ils ont invoqué l’aide de l’ONU. Les Maoris estiment que leurs droits ne sont pas respectés. Ils besoin de plus de financement et de plus de liberté pour choisir de nouvelles terres et y fonder des agglomérations durables.

L’adaptation au changement climatique dans ce pays devrait inclure des cas de retraite organisée, où les communautés et les biens sujets aux aléas sont déplacés.  Elle est en retard, certains subissent déjà des catastrophes climatiques. Le leader du parti Vert Nouveau-Zélandais appelait récemment à accélérer l’adaptation, à dépasser les clivages des partis politiques pour réagir face à ces dangers qui les dépassent (lien). Le gouvernement a alloué environ trois-quarts de milliard de dollars américains dans la réparation des routes, des ponts et des écoles pour permettre au pays de reprendre les activités normales.

Récemment, la route côtière Napier -Wairoa était remise en service, trois mois après sa destruction par le Cyclone Gabrielle (lien). Mais la semaine passée, la métropole d’Auckland était de nouveau inondée, et un état d’urgence a été déclaré.

Je dirais que les Maoris ont raison. Ils ont bien compris ce que l’avenir nous réserve.  Les catastrophes se répéteront, s’amplifieront et ils ont raison de quitter les zones menacées pour des lieux plus sûrs. Les côtes des océans sont menacées partout et les vallées de montagne suisses pourraient rencontrer les mêmes problèmes.

Les canicules des dernières années ont aussi eu des graves conséquences sur les écosystèmes de Nouvelle-Zélande. Elles ont apporté des vagues de chaleur marine et fait fondre la moitié des glaces des Alpes du Sud depuis 1950. Historiquement, l’eau atteignait de telles températures une fois en quelques centaines d’années, mais maintenant ces extrêmes se sont succédés plusieurs fois en quelques années.  Les petits penguins korora ont souffert de ces changements. Ils ne peuvent pas s’alimenter dans ces conditions nouvelles et succombent à la faim, ce qui a entraîné une forte mortalité lors des années El Nina et des vagues de chaleur marine précédentes. Des millions d’éponges sur les côtes ont blanchi, ce qui signifie une très grave maladie, ou la mort de ces animaux (Victoria U).     Les températures très élevées de l’océan en 2023 pourraient bien causer plus de pertes dans ces écosystèmes.

Rapport du GIEC 2023 – Risques de catastrophes

Aujourd’hui je vous livre une sélection de phrases exactes du résumé pour décideurs du rapport du GIEC avec le numéro de paragraphe. Si cela vous est utile, vous pouvez donc les citer ainsi. 

Ce document montre que le réchauffement causé par l’Homme contribue déjà à de nombreux événements extrêmes partout dans le monde. 

Pour chaque 1000 Gt de CO2 émis par l’activité humaine, la température de surface globale augmente de 0,45°C (B.5.2).

Le changement climatique a réduit la sécurité alimentaire (A.4).  Environ la moitié de la population mondiale connaît actuellement des graves pénuries d’eau. Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones très vulnérables au changement climatique : Afrique, Asie, Amérique centrale et du Sud, PMA, petites îles et Arctique (A.2.2).

Avec chaque augmentation supplémentaire du réchauffement climatique, les changements dans les extrêmes continuent de s’amplifier (B.1.3). Cela signifie que si la température moyenne sur la Planète augmente de 0,5°C, en Suisse elle montera d’un (1) degré (fig SPM.2 a et plus détaillé ailleurs, rts, OFEV), et les vagues de chaleur augmenteront plus (dr). Les pluies et sécheresses extrêmes s’intensifieront, les puits de carbone terrestres et océaniques fonctionneront de moins en moins bien (GIEC).

À court terme, chaque région du monde devrait faire face à une nouvelle augmentation des aléas climatiques (B. 2.1.) Les impacts à long terme projetés sont jusqu’à plusieurs fois plus élevés que ceux actuellement observés (B.2 degré de confiance élevé).  Les inondations seront donc plusieurs fois plus grandes, les sécheresses toucheront beaucoup plus de cultures (dr).

Les risques à court terme comprennent une augmentation de la mortalité et de la morbidité humaines liées à la chaleur (degré de confiance élevé), des maladies et des problèmes de santé mentale.

L’augmentation prévue de la fréquence et de l’intensité des fortes précipitations (confiance élevée) augmentera les inondations locales générées par la pluie (confiance moyenne).

Par rapport au rapport du GIEC précédent AR5, les niveaux de risque globaux agrégés sont évalués comme étant élevés à très élevés à des niveaux inférieurs de réchauffement climatique en raison de preuves récentes des impacts observés (B.2.2).

Les risques d’événements météorologiques extrêmes seront déjà élevés à 1.5°C degré (Fig SPM.4).

En général, lorsqu’un chiffre de température est utilisé dans le rapport, il s’agit d’une moyenne décennale. La fonte en profondeur des glaces et du permafrost s’étale sur plusieurs années et une seule année chaude n’aura pas les mêmes effets.  Cependant, il me semble que l’atmosphère pourrait répondre très vite à une élévation de température, et des vagues de chaleur et des tempêtes extrêmes pourraient déferler lors d’une seule année torride.

L’élévation du niveau moyen mondial de la mer au-dessus de la plage probable – proche de 2 m d’ici 2100 ne peut être exclue. Il y a une confiance moyenne que la circulation thermohaline  Atlantique ne s’effondrera pas brusquement avant 2100 (B.3.3). Je crois qu’on pourrait rétorquer sur ce dernier point qu’elle ne s’effondrera par braquement parce qu’elle s’arrête progressivement.

Le risque de fonte du permafrost est déjà élevé à 1,5°C (Fig. SPM4).

Une atténuation profonde, rapide et soutenue et une mise en œuvre accélérée des mesures d’adaptation au cours de cette décennie réduiraient les pertes et les dommages prévus pour les humains et les écosystèmes (C 2.2).  Les options d’adaptation qui sont réalisables et efficaces aujourd’hui deviendront limitées et moins efficaces avec l’augmentation du réchauffement climatique (B.4). Les limites à l’adaptation et les pertes et dommages, fortement concentrés parmi les populations vulnérables, deviendront de plus en plus difficiles à éviter (confiance élevée) (Extraits exacts du résumé pour décideurs du rapport du GIEC: lien). 

Actuellement, une marche bleue réunissant plusieurs personnalités romandes, surtout des femmes, parcourt la Suisse romande de Genève à Berne pour demander à notre gouvernement le respect de l’accord de Paris qui permettraient cette attenuation rapide du changement climatique. Elle est accueillie à de nombreux endroits avec bienveillance et conscience de cette problématique (#lamarchebleue sur Instagram ou Facebook). La marche a parcouru la Côte de Genève à Lausanne,  a atteint Neuchâtel samedi et part aujourd’hui en direction de Berne en passant par Fribourg. Le 22 avril, elle remettra officiellement une pétition pour l’action climatique au gouvernement.

J’ai remarqué depuis plusieurs années que les catastrophes météorologiques dépassent les  prévisions précédentes. Celles-ci ont maintenant été partiellement mises à jour avec les connaissances acquises de ces événements récents.

Cette semaine encore, un nouveau record météorologique était battu par l’ouragan Ilsa, qui a percuté les côtes australiennes avec des vents record de 289 km/h.

Les observations suggèrent l’arrivée du El Nino, courant chaud dans le Pacifique, qui provoque des années chaudes et souvent des événements météo extrêmes. Plusieurs modèles estiment qu’un super El Nino est possible (Guardian). Une étude suggère que le changement climatique pourrait provoquer une amplification de ces phénomènes. Au cours des années 2015-2016, la température planétaire s’était alors élevée de 0.5°C.  Cette période avait provoqué la sécheresse en Amérique du Sud, et un retard de la mousson en Inde, et des épidémie de fièvre dengue et de choléra.  Il se trouve qu’un épisode de super El Nino pourrait nous faire dépasser 1.5°C degré l’année prochaine déjà, et nous amener des intempéries inconnues de l’humain. Cela montre le niveau du danger climatique auquel le monde est confronté aujourd’hui. Nous devons le réduire autant que possible.

 

 

 

 

Les nouvelles entreprises doivent provoquer peu d’émissions de CO2 et respecter les limites planétaires

Banque Mondiale

Les discussions de printemps de la Banque Mondiale commencent sur le constat que la croissance a ralenti. Selon leurs déclarations, la croissance mondiale devrait être autour de 3% pour les prochaines années. Elle se produirait essentiellement dans les pays développés, et elle sera plus difficile pour les pays pauvres. Ils sont notamment étouffés par la dette, et la Banque Mondiale organise une table.ronde qui réunira les créanciers pour discuter de solutions.

Selon M. Malpass, les perspectives développement des pays pauvres ne sont pas très bonnes. Il a déclaré qu’il y a assez de capitaux dans ces pays mais ils sont dans les mains d’un petit groupe d’acteurs et qu’il faudrait changer les choses dans ces pays. Je suis très curieuse de ce qu’il voulait dire par là, le savez-vous?

Kristallina Giorgieva se demande comment placer le monde sur une trajectoire de croissance plus élevée, pour garantir l’emploi et limiter les migrations. Selon elle, la croissance repose sur plus de productivité mais les conditions nécessaires ne sont pas réunies, et la solution à long terme est d’accroître l’approvisionnement, pour fournir des financements aux entreprises. Ils estiment que le commerce extérieur favorise la division des tâches, et que le développement se ferait grâce aux bénéfices rapportés par les exportations.

Ces perspectives me semblent erronées à deux niveaux: d’une part l’économie ne se comporte déjà pas comme ils l’espèrent,  par exemple les faillites des banques ont suivi celles des petites entreprises,  aujourd’hui nous apprenons que les ventes d’ordinateurs Mac ont baissé de 40% cette année. D’autre part la création d’entreprises à profusion me paraît difficile à concilier avec la réduction rapide d’émissions de carbone.

La problématique du climat

Leurs prévisions font abstraction du climat qui provoque une grave sécheresse en Afrique, affectant 36,4 millions de personnes et tuant le bétail (wiki),  des vagues de chaleur précoces en Asie, les inondations sans précédent en Nouvelle-Zélande (CNN) et en Californie (blog), l’effrayant cyclone Freddy (lien), plusieurs grands glissements de terrain  consécutifs aux pluies intenses dans plusieurs pays, au  Brésil, au Pérou (Reuters), en Equateur (Reuters), dans l’Himalaya indien et au Congo (Reuters).

Ces catastrophes s’aggraveront au cours des vingt prochaines années et les pays tropicaux seront particulièrement exposés aux intempéries violentes et à leurs conséquences, leur économie sera menacée.

Or le développement devrait se concentrer dans les pays les plus pauvres, pour aider leurs populations à assurer leurs besoins vitaux et à former des sociétés plus stables. Il me semble que instances internationales se sont fixés ces objectifs. Les pays riches devraient parvenir à un fonctionnement harmonieux sans croissance, en améliorant plutôt les conditions de vie de la population, les conditions de travail, et les loisirs,  et en diminuant le temps de travail, les trajets, et la pollution.

Le réchauffement climatique et la pollution pourraient être jugulés très simplement par la diminution de la production d’objets sur la Planète. Par contre, une croissance accompagnée d’une augmentation de la productivité est aux antipodes du développement durable, elle apporterait de la pollution et un réchauffement climatique porteur de vagues de chaleur mortelles, de sécheresses et tempêtes destructrices. Une augmentation de la productivité provoque aussi des pertes d’emploi (Arte).

J’ai l’impression que la Banque Mondiale ne propose pas de solutions durables à l’économie mondiale, mais une poursuite de la fuite en avant actuelle, alors même que le GIEC et l’ONU appellent tous et toutes à s’investir entièrement pour sauver notre  climat.  Tous les secteurs de l’économie devraient s’aligner sur le principe du zéro émission d’ici 2050 (Guterres).  Produirons-nous à l’excès jusqu’à la destruction des usines par les tempêtes que nous aurons provoqué? Les créations d’entreprises en devraient pas être favorisées mais au contraire, les initiatives polluantes devraient être fortement découragées,  sévèrement contrôlées dès le début et privées de crédits. La consommation effrénée de notre société devrait être limitée. Une réduction de la création d’entreprises pourrait provoquer une crise économique mais il doit y avoir un moyen de l’éviter.

Des connaissances ont tout essayé pour faire marcher leur petite entreprise, investi leurs économies, de longues heures de travail, à tenter de vendre ce que personne ne voulait acheter et ont récemment fermé. J’ai récemment entendu quelques histoires semblables. Je ne sais combien d’entreprises vivotent ou survivent actuellement sans réellement fonctionner, ce rêve capitaliste a du plomb dans l’aile.

Surtout, nous ne pouvons pas nous permettre de fabriquer des jupes à LED, de les transporter, de construire des magasins et de les renvoyer à la casse. Et cet article existe déjà, pour réussir à les supplanter, je pourrais encore inventer une variante qui diffuse de la musique quand la personne tournoie. La musique pourrait changer selon le rythme du  mouvement, ça plairait certainement.  Cependant cet article semi-jetable, cassé après trois utilisations,  polluerait trop et menace nos conditions de vie sur Terre.

Les ventes des ordinateurs Apple ont baissé cette année. Notre société fonctionnera très bien avec la moitié des ordinateurs neufs des années passées, nous y parviendrons par une utilisation plus longue du même objet ou par la réparation.  L’ancien ordinateur est déjà très bon, et nous n’en souffrirons pas du tout.  Nous avons tout intérêt à économiser les métaux rares nécessaires pour leur fabrication pour des usages essentiels dans le futur. Nous devons seulement s’assurer que les employés d’Apple ne souffrent pas trop de la diminution de production, et en aucun cas nous ne devons augmenter la productivité. Les employés  devraient donc bénéficier d’une réduction du temps de travail, de deux heures à consacrer à leur hobby sur le lieu de travail ou des cours de yoga et d’autres activités de bien-être.

Nous devons graduellement réduire la production et la consommation matérielle de nos sociétés.  Une réduction de la consommation dans nos sociétés comporte un risque sérieux de crise économique, qui doit être bien géré dès maintenant.  Nous devons parvenir à une société harmonieuse sans croissance économique, ou même en décroissance.

Rob Hopkins demande un ‘plan Marshall climatique’ qui créerait une grande quantité d’emplois dans l’isolation des bâtiments et autres activités protectrices de notre climat. Un revenu minimum universel serait une autre solution qui éviterait la crise. Un tel revenu dans les pays pauvres éviterait d’innombrables drames et constituerait un réel outil de stabilité et de développement. D’autres suggéraient une économie du bien-être où l’achat d’un objet supplémentaire serait remplacé par un massage ou un concert.   Je serais personnellement ravie que l’Etat m’offre des bons pour des spectacles ou des activités de bien-être et de loisirs. 

Nous devons rapidement limiter la création d’entreprises à celles qui respectent notre climat et permettent à la vie sur Terre de se poursuivre dans des bonnes conditions. La Banque Mondiale doit inclure immédiatement cette exigence dans les propositions qu’elle formule.

Addendum: Le GIEC suggère des mesures matérielles, comportementales et sociales pour réduire la demande des consommateurs (résumé pour décideurs, point C3).

Deux trains renversés dans la région de Bienne lors de la tempête Mathis

Vendredi, un fort vent soufflait toute la journée, les arbres s’agitaient dans la tempête. A certains moments, le grésil recouvrait le sol de billes blanches en une minute, puis cessait aussi vite. A la récréation, les enfants jouaient devant l’école, sous les grands arbres gémissants. Ils devraient probablement rester à l’intérieur dans un telle situation.  Dans l’après-midi, des vents de 120 km/h ont été mesurés à Neuchâtel (MétéoSuisse).  J’y étais à ce moment-là. La vitre de l’abri-bus tremblait. Une lourde pluie tombait de biais. Les passants marchaient encore facilement dans la rue, nous ne nous rendions absolument pas compte qu’il y avait un danger. Seule une dame âgée totalement décoiffée s’est plainte qu’elle a failli tomber.

Un train a alors déraillé à Locras, près de Bienne, canton de Berne. Un wagon s’est renversé. L’accident a causé trois blessés, les trois occupants de cette voiture.  Vingt minutes plus tard, un autre train à voie étroite subissait le même sort à quarante kilomètres de là, à Büren-zum-Hof. Trois wagons ont déraillé.  A ce moment précis, la station de mesure météorologique voisine enregistrait une rafale de 136 km/h, ce qui s’approchait d’un ouragan (rts). La tempête Mathis, centrée sur le sud de l’Angleterre a généré des vents violents sur une partie de l’Europe dont la Suisse. Il a beaucoup plu et des milliers d’éclairs ont été observés.

Les deux accidents simultanés montrent clairement qu’ils sont dus aux conditions particulières qui régnaient à ce moment-là.   D’autres déraillements se sont déjà produits par vent fort près de Wasserauen en 2007, en 1996 dans l’Oberland bernois,  et en 2018 dans le Simmental bernois, sur la ligne entre Montreux et l’Oberland bernois.

Vendredi passé la ligne ferroviaire de Wasserauen était suspendue en raison des vents violents.  Comme c’est souvent le cas, les mesures de prévention sont prises là où un accident s’est déjà produit, alors que des modèles scientifiques pourraient suggérer les risques à de nombreux autres endroits.

Les deux accidents de vendredi se sont produits sur des lignes à voie étroite. L’écart normal entre les rails est de un mètre quarante. Sur les tronçons où les deux trains ont déraillé vendredi, il mesure un mètre seulement. Le service suisse d’enquête de sécurité estime que cette différence peut influencer la stabilité du train. L’angle d’attaque du vent semble aussi important, et la forme des wagons pourrait peut-être être plus aérodynamique.

Les tempêtes s’aggravent et le nombre d’arbres cassés par le vent augmente. Nous savons que le changement climatique s’amplifiera au cours de la prochaine décennie, et des intempéries sans précédent, inconnues à l’heure actuelle,  nous attendent. Nous avons besoin de règles de prévention, qui arrêtent les trains en cas de danger. Cela risque bien sûr de se produire fréquemment, entre les tempêtes et les glissements de terrain nous avons déjà vu plusieurs perturbations du traffic dans les dernières semaines.  Les transports deviendront plus hasardeux.

Nous aurons bientôt besoin de confiner la population à la maison le temps d’une journée ou de diffuser des appels radios et sms pour ouvrir instantanément nos portes aux passants en danger. Ces mesures de sécurité doivent être développées au plus vite.  Le mieux sera alors de rester à la maison. Nous devons rapidement développer un modèle du fonctionnement de la société avec une semaine par mois de confinement pour raisons météorologiques, ainsi que des moyens d’évacuation de la population en cas d’inondation ou de vague de chaleur (véhicules, abris).

Deux déraillements quasi-simultanés incriminent très clairement la tempête. D’autres accidents semblables se sont récemment produits dans le monde.  Ils devraient être réexaminés pour détecter ceux qui étaient dus à des vents forts et une modification des conditions climatiques.

 

Risques climatiques: Understanding Risk UR22

J’ai participé à la conférence  Understanding Risk’. La conférence suivait un concept nouveau, décentralisée sur trois continents, en Npuvelle-Zélande, Europe et Amérique du Sud. Ce concept semble très utile . D’une part il évite les vols longs-courriers, d’autre part il a permis de tenir la conférence jour et nuit dans les différents fuseaux horaires, ce qui bien sûr prive les participants du droit au repos. De plus, le site principal de la conférence,  Florianopolis au Brésil, a subi des graves inondations. Je suis sûre que ce concept sera très utile à l’avenir, car la conférence aurait pu continuer aux deux autres sites. Les visiteurs présents ont certainement acquis une précieuse expérience des inondations, j’espère qu’ils ont pu bien voir les problèmes.

Certains ont souligné que pour prévoir les risques, il faut faire une liste des biens existants, puis des dangers qui les menacent. Malheureusement, les risques liés au réchauffement climatique ont été sous-estimés par rapport aux événements réels de dernières années. Si  le calcul se base sur valeur des bâtiments et des infrastructures, les risques que courent les pays pauvres semblent petits. De nombreux bâtiments, parfois tous,  sont menacés, mais ont peu de valeur.

Une représentante de la Dominique dit que l’idéal serait de construire des maisons sûres, aux bons endroits, où les habitants pourraient être en sécurité en cas d’ouragan, et d’éviter les évacuations. Construire des bâtiments résistants constitue un gain très réel. Cela s’avère malheureusement difficile, il semble y avoir peu de zones sûres à la Dominique, toute l’île est menacée de catastrophes.  

L’intelligence artificielle semble améliorer les predictions de risque.  Divers solutions naturelles ou techniques ont été évoquées, la protection contre les vagues des ouragans, sous forme de mangroves, de murs en escalier, de récifs coralliens qui réduisent les vagues et leurs effets. Je crains que la montée de la mer ne dépasse ses défenses dans la deuxième moitié  du siècle. Je n’ai rien entendu sur les risques et la protection des ports maritimes. 

D’autres intervenants ont parlé de parcs urbains qui contiendraient les inondations, et rafraîchiraient les villes. 

Des nombreuses fermes urbaines où les légumes sont cultivés dans des bâtiments, parfois en plusieurs étages, sont en développement. L’idée est que l’immeuble, ou l’école, la résidence de personnes âgées cultivent leurs propres légumes.  Ce sera très utile si les rues sont inondées. 

Une étude récente montre aussi que le risque d’attaque, d’AVC, augmente à chaque degré se réchauffement climatique.

Une prise de conscience des risques de catastrophes telles que les vagues de chaleur et les glissements de terrain semble s’opérer. Elle est visible par une augmentation d’investissements dans les aménagements préventifs. 

Des nombreux systèmes d’alertes par téléphone portable sont en développement.  Des recherches sur l’étendue et les limites des feux de forêt ont été évoquées, notamment l’Australie a eu de graves problèmes, les feux ont seulement pu être arrêtés aux portes de Sydney.  Les études de risques ont besoin de grandes quantités de données, n’hésitez pas à mettre des données à disposition.

L’aspect psychologique a aussi été évoqué. Apparemment, les gens réagissent surtout aux risques qu’ils comprennent bien, et aux risques immédiats, proches. C’est pour la compréhension que je mets tellement les points sur les ‘i’. D’autre part, le public refuse parfois d’agir par respect des traditions.  La connaissance des barrières pourrait permettre une prévention plus efficace.

J’ajoute encore quelques éléments scientifiques que j’ai relevé dans les conférences de la COP: – La capture de carbone chimique est faisable, opérationnelle, et attend seulement les investissements.

Une autre conférence  de la COP27 “Evénements lents et irréversibles” montrait surtout que la mer monterait beaucoup plus  à 3°C de réchauffement qu’à 1.5°C. A la fin de la conférence une femme, s’est présentée comme membre de l’IPCC, donc professeure d’université de climatologie.   Elle est intervenue en demandant : Comment pouvez-vous taire que ces calculs sont très incertains et que les risques pourraient être bien plus graves?  Ce problème a des conséquences sur une grande partie de calculs de risque, qui pourraient bien être encore très sous-estimés. Le climatologue Johan Rockström disait récemment qu’il ne sait pas vraiment quel serait le climat à +3°C.  La Terre pourrait énormément changer.

COP27: Compensation des pertes et dommages du réchauffement

Les débats de la COP 27 incluent la compensation des pertes et préjudices (loss and damage) dues au changement climatique. Ces pertes peuvent être matérielles, culturelles, humaines, ou psychologiques. Les pays pauvres, tropicaux, souffriront les premiers du réchauffement. Actuellement, 97% des personnes touchées par les événements extrêmes vivent dans des pays en voie de développement.

Les famines du Sahel survenues entre 1968 et 1985 étaient déjà dues au réchauffement climatique. La Somalie a vécu une grave sécheresse en 2017 et cette année, traverse la pire crise de la faim dans l’Histoire de la région. Les sécheresses en Afrique subsaharienne ont triplé entre 1970–79 et 2010–19.  En 2018, des cyclones dévastateurs ont touché 2,2 millions de personnes au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe.  En Afrique occidentale et centrale, de graves inondations ont entraîné la mortalité et la migration forcée, la perte d’abris, de terres cultivées et de bétail.  Des maladies se répandent et l’insécurité alimentaire augmente (Lancet, lien). Les mers attaquent les régions côtières.

Les pays les moins développés sont les plus touchés par ces “pertes et dommages” alors qu’ils sont les moins préparés pour y faire face et les moins responsables du réchauffement global. Au contraire de la Suisse, les maisons individuelles ne sont pas assurées et les Etats ne disposent pas de moyens pour réparer les routes et les infrastructures détruites par les glissements de terrains et les inondations.

Les pays les plus exposés, notamment les petits Etats insulaires, demandent l’instauration d’un mécanisme de compensation. Celui-ci devrait, selon eux, être distinct des fonds qui existent déjà pour l’adaptation ou la diminution des émissions. “Le système onusien aujourd’hui a de l’argent pour mettre des panneaux solaires, pour moderniser votre maison (…), mais il n’en a pas pour les gens qui perdent leur maison”. Harjeet Singh, CAN (Climate Action Network).

“Les pays du Nord disent que ce sont des sommes colossales, qu’ils ne pourront pas le ‘vendre’ à leurs concitoyens”. Pourtant des solutions existent. En septembre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait par exemple appelé à taxer “les profits exceptionnels des entreprises productrices d’énergies fossiles”  pour ” les pays souffrant de pertes et dommages causés par la crise climatique”.  Il serait aussi possible  de taxer les émissions des secteurs aérien et maritime, de mettre en place un prélèvement sur les transactions financières ou encore d’instaurer un moratoire sur la dette des pays touchés par une catastrophe climatique (d’après FranceInfo).

Je suis bien sûr favorable à ces compensations. Il est tout à fait juste d’offrir des moyens de subsistance à ceux qui en seront privés par un climat déchaîné. Les victimes perdront leurs maisons ou leur gagne-pain.  Les sécheresses rendront l’agriculture difficile ou impossible. Nous devons les aider à avoir une vie décente et à éviter la mort de faim, l’handicap causé par la malnutrition, les aggressions lors d’une vie de sans-abri, la vente des filles, le vol, le travail inhumain, et autres mesures désespérées provoquées par l’extrême pauvreté.

Je m’interroge un peu aussi sur la faisabilité des compensations. Si le climat évoluait vers un réchauffement abrupt, ce que le seuil d’1,5°C a pour but d’éviter, les conséquences seraient extrêmement graves. De nombreux pays seraient dévastés, avec une mortalité très élevée, et nous vivrions essentiellement, chichement, en autarcie en Europe. Nos pays subiraient des graves catastrophes à répétition auxquelles nous aurions de la peine à faire face.  Il serait alors impossible de compenser les pertes des pays pauvres, et il resterait peut-être peu d’habitants à qui offrir les compensations. Mais ce jour-là, nos gouvernements trouveraient  certainement un moyen pour passer outre.

D’autre part, même si nous prévenons une évolution grave, certains pays, les îles menacées par la montée du niveau de la mer, les deltas, ou d’autres, victimes de la désertification, devront être abandonnés et leurs habitants relogés ailleurs.  En général, je dirais qu’il ne faut pas reconstruire continuellement des routes sans cesse détruites, des villes inondées à répétition. Autant que possible, il faut préférer les solutions les plus sûres tout de suite, reconstruire ailleurs, ou sécuriser très bien lors de rénovation, comme c’est souvent le cas en Suisse.  La réduction du réchauffement est la meilleure solution, la plus sûre. Il faut garder à l’esprit qu’indépendamment du mécanisme de compensation, nous devons tout faire, immédiatement, pour éviter une évolution catastrophique du climat. Il en va de notre propre sécurité.

Cela dit, le Futur est incertain. Il est clair que les compensations des pertes et préjudices du réchauffement seraient en tout cas très utiles maintenant, lors de l’actuelle famine de Somalie ou de coûteuses inondations en Amérique du Sud. Elles permettraient aux populations des pays touchés de vivre dignement dans leurs pays, dans des sociétés relativement sûres et stables, et nous pouvons leur offrir cela aujourd’hui, pour les prochaines années.

Deux pétitions qui demandent une compensation des pertes et dommages:

350.org Tell Biden: https://act.350.org/sign/Biden-loss-damage-petition-COP27

One to World leaders: https://act.one.org/sign/adenike-climate-petition-int

Six inondations exceptionnelles aux Etats -Unis depuis juin

Six inondations inouïes

“Les chroniques anciennes rapportent qu’il y a des centaines d’années, un déluge s’est déversé sur la ville, les rues ont été inondées, les maisons submergées jusqu’aux toits, les habitants et le bétail ont péri.  Il s’agit peut-être d’une légende, car des tels faits dépassent l’imagination”. Un tel événement est une crue millénale, survenant environ tous les mille ans.

Aux Etats-Unis, cette année, ces  désastres se succèdent. Le 13 juin, une rivière atmosphérique a déversé des pluies abondantes sur le parc de Yellowstone (vidéo Yellowstone) alors que les glaciers fondaient rapidement, ce qui a provoqué une inondation historique. Statistiquement, elle se produirait une fois toutes les 500 ans. De nombreux éboulements ont eu lieu. Les routes et une maison entière sont parties à la dérive.

 Un grand système orageux a causé des inondations à Saint-Louis (Missouri) le 26 juillet (vidéo St Louis) et au Kentucky. Des pluies intenses sont tombées sur la région métropolitaine de Saint-Louis, inondant des routes, des maisons et des entreprises. Les pompiers et les intervenants d’urgence ont sauvé des centaines de personnes. L’événement a établi un record absolu de précipitations dans la région. Peu après, des déluges soudains dans l’est du Kentucky et le sud-ouest de la Virginie ont provoqué des glissements de terrain, emportant complètement des maisons et tuant des dizaines de personnes.  Cette vidéo fait état de 37 décès et des centaines de disparus (vidéo Kentucky) L’air saturé d’eau venant du Golfe du Mexique surchauffé a survolé le Texas et s’est déversé sur ces Etats. Le 1er août,  les rues de Lincoln, Illinois ont été submergées.

Une inondation exceptionnelle, millénale, a aussi touché la vallée de la Mort  en Californie le 5 août.  Elle est due à mousson exceptionnelle (vidéo Death Valley). Le parc national a reçu près d’un an de pluie le 5 août.

Le 22 août, des précipitations abondantes et soudaines, les plus intenses que la région ait jamais connue, se sont abattues sur Dallas, Texas. Elles ont inondé les bâtiments, submergé les voitures sur les autoroutes et ont également fait gonfler la rivière Trinity bien au-delà de sa ligne de flottaison normale. Tout cela a entraîné des milliards de dollars de dommages, selon une estimation d’AccuWeather.

Ces inondations causent des coûts énormes, des dommages aux routes, aux bâtiments, et s’aggraveront dans les années à venir. Le PDG d’AccuWeather, le Dr Joel N. Myers, qui a étudié de près pendant des décennies les impacts économiques des conditions météorologiques extrêmes, a estimé que le total des dommages et des pertes économiques résultant des crues éclair catastrophiques se situerait entre 4,5 et 6 milliards de dollars.

Un terre en état de catastrophe naturelle

Au cours des dernières semaines, cinq régions des États-Unis ont toutes connu ce qui aurait dû être très rare, voire impossible, une inondation qui se produisait tous les mille ans.

La conjonction d’autant d’événements rares est d’autant plus improbable. Essayez de gagner 5 fois au Loto! Mais la dénomination d’événement millénal est très trompeuse, ils étaient exceptionnels dans l’Histoire humaine jusqu’à récemment. Maintenant, il s’agit d’événements nouveaux, caractérisant l’Anthropocène. Les climatologues les avaient partiellement prévus, à cause de l’augmentation de l’humidité de l’air, mais la présence de gros orages localisés les prend un peu par surprise.

La quantité réelle de précipitations dans la plupart des régions du pays n’a pas beaucoup  augmenté au cours des derniers siècles.  Par contre, les précipitations proviennent d’un petit nombre de tempêtes plus intenses.

Les orages sont très localisés, mais ils inonderont de nombreuses villes dans les années à venir. Nous devons nous préparer à des pluies plus abondantes,  inconnues à l’heure actuelle.

De plus, le reste du monde n’est pas épargné. En Australie, des inondations millénales se sont aussi succédées durant les étés austraux au cours de ces dernières années. Elles ont été provoquées par des rivières atmosphériques et ont déversé d’énormes quantités d’eau.

Cette image de Peter Carter montre la répartition de sécheresses (en rouge) et d’inondations (en bleu). Ensemble, ces désastres ont dévasté une grande partie de la Planète. les événements extrêmes deviennent bien plus fréquents.

Les catastrophes sont causées par des orages très localisés, mais de nombreuses villes seront certainement touchées dans les années à venir. Nous devons nous préparer à des pluies encore plus abondantes,  inconnues à l’heure actuelle.  Les risques d’inondation et des procédures d’évacuation doivent être établis pour toutes les maisons, et pour toutes les routes.

J’au récemment vu un reportage émouvant sur des couples qui restaurent leurs maisons plusieurs mois après de graves inondations. Je ne l’ai pas aimé, je ressentais un vrai malaise à voir ces sinistrés rénover courageusement les mêmes maisons.  J’ai peur que les zones inondables ne subissent des catastrophes à répétition, de plus en plus graves. Malheureusement,  le danger est tel qu’il y reste probablement peu d’endroits sûrs sur la Planète. Les difficultés causées par les inondations et leurs coûts pourraient progressivement paralyser l’économie mondiale.

Il faudrait probablement construire dans toutes les villes du monde un maximum de systèmes d’écoulements, des vrais lits de rivières, qui préviendraient les grandes inondations.

https://www.accuweather.com/en/severe-weather/dallas-flooding-is-5th-1-in-1000-year-flood-event-in-us-since-late-july/1236445

Image de Couverture par Gerd Altmann (geralt) de Pixabay 

Quelle économie après la transition? Demandons des pièces détachées universelles

Quelle organisation de la société sera possible en réchauffement climatique?

De nombreuses initiatives de transition fleurissent autour de nous, c’est magnifique. Elles incluent la production locale, notamment des aliments, des systèmes de partage de biens, et de recyclage, ainsi que la production locale d’énergie renouvelable. Mais que nous apportera  vraiment l’avenir?

Les catastrophes climatiques de ces dernières années ont déjà apporté des inondations très étendues, en 2019 les cyclones Idaï et Kenneth ont dévasté le Mozambique et le Zimbabwe 2019,  et en Iran les 90% du territoire ont été recouverts par les eaux, annihilant la production alimentaire du pays. La Chine subit aussi des déluges ces dernières années.

Actuellement, les inondations causent les dégâts les plus graves. Les eaux interrompent les voies de communication. Les pluies intenses provoquent aussi de nombreux glissements de terrain, qui ont par exemple ont isolé un tiers de la Colombie du reste du pays. Une tempête de vents forts a jeté des milliers d’arbres ainsi que les poteaux électriques sur les routes de l’Iowa. Les habitants ont été isolés des semaines sans alimentation ni électricité.

Ces perturbations des transports et de l’approvisionnement électrique iront en s’accroissant. La montée du niveau de la mer touchera les côtes et les ports. Le niveau de la mer pourrait monter vite à la fin du siècle. Imaginons 5 mètres d’élévation, avec des vagues plus grandes, peut-être le triple des vagues actuelles, et des superstorms, d’immenses ouragans.  Le transport maritime, qui d’ailleurs rencontre problème sur problème ces dernières années, sera-t-il possible à l’échelle actuelle? 

Futur A. Société médiévale, sans électricité ni machines

Quelle économie pourra exister dans un tel monde en réchauffement?

Certaines initiatives de transition sont entièrement locales et artisanales. Il s’agit par exemple de coopératives locales de légumes bio, parfois transportés à vélo, de fabrication artisanale de savons locaux, etc. 

Un jour j’ai été terrifiée en regardant les jeunes enthousiastes qui construisent des maisons en terre, posent un panneau sur le toit solaire et plantent d’excellents légumes autour.  Ces projets me semblent visionnaires. Oui, l’électricité doit être produite localement. Mais pourquoi? Vivrons -nous en autarcie? Mais alors, excusez-moi,  qu’adviendra-t-il alors du reste du monde?

Les transports seront les premiers touchés, et de plus en plus perturbés.

Allons-nous vraiment vivre un effondrement total de la société industrielle avec un retour à des technologies médiévales? Allons-nous nous trouver isolés au niveau économique? Cela pourrait se produire si des gigantesques ouragans, ou des nuées de tornades détruisent les usines et les systèmes de transports chinois, et que des glissements de terrain et des inondations coupent les routes européennes au point de rendre les transports trop difficiles.  Les entrepôts industriels sont aussi à la merci des vents et des inondations.

Ces perturbations de notre économie mondiale commencent déjà,  continueront certainement, et iront probablement croissant. Nous devons en être conscients.

J’aimerais qu’une société un peu organisée subsiste, où la sécurité humaine serait assurée. Personnellement, dans trente ans, j’aurai sûrement besoin de sécurité,  d’une canne pour marcher, d’appareils médicaux sophistiqués,  et peut-être de l’aide des plus jeunes. 

Outre le retour à une société médiévale autosuffisante,  nous enfants pourraient vivre vêtus de lambeaux de nos habits d’antan, et leur société utiliserait les déchets de la nôtre. C’est avenir est fort possible, il est peut-être très proche.

Futur B. Société de récupération de nos déchets

Dans son livre 2052, Joergen Randers du Club de Rome prévoit 20 ans de catastrophes, suivis de 20 ans de réorganisation écologique de nos sociétés. Il suppose qu’une certaine organisation des Etats et une certaine industrie subsistera à l’avenir. En tout cas, il vaut mieux commencer la réorganisation au plus tôt, avant que les bâtiments et les infrastructures ne soient détruits.

Nous devons tout faire pour préparer un avenir agréable pour nos enfants. Pour que la transition hors de l’économie mondiale et de la société industrielle se passe le mieux possible, je propose que les critères de durabilité des machines actuelles soient fortement renforcés. Elles devraient être bien conçues, durables, et leurs pièces détachées devraient être quasiment universelles, en tout cas convenir à plusieurs objets différents. Ainsi, nous pourrions dans vingt ans reconstruire en Europe un ordinateur à partir de deux anciens, etc. Comme quasiment tout est aujourd’hui fabriqué en Chine et que c’est une économie planifiée, elle pourrait sûrement planifier la conversion de ses usines pour des objets plus durables.

L’Union européenne a décidé d’exiger un chargeur de téléphone portable universel. C’est une bonne idée, mais nous pouvons certainement aller beaucoup plus loin dans cette direction, éviter tout gaspillage et planifier des objets solides, convertibles et moins nombreux. Nous devons aller vers une société consommant moins de plastique, moins d’objets, qui seront plus durables.

Addendum le 2 mai: La création d’une base de données de fournisseurs et des pièces détachées utilisées par les usines permettrait déjà d’éviter des gaspillages, serait un point de départ pour mieux planifier la production. Cela permettrait aussi d’anticiper les situations où une usine cesse de fonctionner ou de livrer, auxquelles nous serons de plus en plus confrontés lors du réchauffement climatique. Il serait plus sûr de prévoir plusieurs fournisseurs possibles, et lors de cette planification, on peut aussi prévoir des pièces plus durables et plus largement utilisables.

Futur C: Sobriété, alimentation végétale, technologie durable

De nombreux domaines de l’économie devraient d’ailleurs être restructurés afin de permettre à la vie sur Terre de continuer. Les transports, la construction, la production de la viande et du plastique doivent diminuer. Le système ne pourrait pas continuer longtemps sans provoquer sa propre destruction catastrophique. Nous devons le dépoussiérer et le rendre viable et raisonnable.

Des branches entières de l’économie sont absurdes et devraient disparaître. De nombreuses personnes travaillent dans la publicité pour nous donner envie d’acheter des objets inutiles que d’autres produisent, transportent, pour lesquels sont construits des nombreux bâtiments.

Je propose que l’Etat n’aide que les entreprises à basses émissions de carbone, en privilégiant celles qui sont les plus utiles pour les citoyens. Les compagnies trouveront un moyen de s’adapter à ces exigences si elles y sont confrontées.

La fabrication d’objets peu durables, qui cassent tout de suite et ne permettent pas une dizaine d’utilisations devrait être interdite.

L’Etat devrait créer des emplois dans les secteurs cruciaux pour notre survie, l’alimentation, la médecine, l’énergie, la capture de carbone. dans le sol et dans la végétation.

Le temps de travail pourrait être sérieusement réduit, à une époque je proposais un temps de travail de base à environ vingt heures par semaine, avec éventuellement la possibilité d’en avoir deux.

Un revenu de base inconditionnel pourrait libérer certains de contrats précaires, de déménagements fréquents, de garde d’enfant compliquée, et repeupler des villages et des petites villes qui se vident faute de travail.

Nous devons maintenant mettre en place une nouvelle économie qui permettra notre survie sur la Planète.

A quel point les inondations s’aggraveront-elles?

Les pluies intenses et les inondations ont énormément augmenté, partout dans le monde.  Cette semaine, la Colombie-Britannique, au Canada a essuyé des précipitations exceptionnelles. Elles ont déclenché des nombreux glissements de terrain qui ont coupé la ville de Vancouver du reste du Canada. Le ministre local de la sécurité publique a déclaré que ces intempéries étaient indubitablement liées au réchauffement climatique, qui a déjà exposé cette région à une vague de chaleur de 49.6°C cet été.

L’humidité atmosphérique s’accroît de 7% par degré de réchauffement, selon la relation de Clausius-Clapeyron (C-C).  Cependant, le rapport du GIEC relève que les pluies intenses augmentaient plus vite, de 7 à 14% par degré (en tenant compte des valeurs mesurées jusqu’en 2018; IPCC_AR6_WGI_Chapter_11).

Le chercheur Prein a étudié la formation des orages dans le climat présent et futur. Il s’est penché sur les grands orages (MCS) dans le centre des Etats-Unis. Ils sont déjà plus longs,  plus fréquents et plus graves .

Dans le Futur, toutes les régions du monde connaîtront probablement une augmentation de la fréquence de ces grandes tempêtes (lien).  Ces intempéries sont parfois accompagnées de grosse grêle et de tornades.

Les orages seront plus grands, si l’énergie potentielle convective augmente et leur permet de s’étendre.  Ce sera probablement le cas, car la couche limite sera plus chaude, et contiendra plus d’humidité (Prein et al).  L’auteur mentionne que ces résultats recoupent ceux d’études antérieures.

L’intensité des pluies augmentera particulièrement. Les événements horaires de précipitations extrêmes, tels que la pluie intense qui a inondé Lausanne en moins de 30 minutes en 2018,  devraient augmenter considérablement dans presque toutes les régions terrestres d’Amérique du Nord. Des augmentations des fréquences extrêmes allant jusqu’à 400 % sont prévues par cet auteur.

Les pluies très intenses et très rapides doivent être traitées par un aménagement adéquat des villes. Il faut savoir aussi si ces forts orages peuvent être accompagnés de tornades, de grêles, ou de vents très forts.

D’autres études suggèrent que le réchauffement climatique, et que la diminution d’aérosols aussi favoriseront la formation des rivières atmosphériques, porteuses de pluies abondantes (Beak and Lora, Nature Climate Change).

Des pluies très importantes se produisent ces dernières années à plusieurs endroits qui globe. Carbon Brief rapporte qu’en Australie, les pluies intenses ont augmenté trois fois plus vite que l’humidité atmosphérique en 2013 déjà (lien).

D’autre part, des précipitations très intenses semblent s’être produites dans le passé terrestre.  Un article que j’ai trouvé par Futura Sciences semble montrer que lors de la période de réchauffement PETM, la quantité de lithium dans les mers a baissé, ce que les auteurs expliquent par un grand afflux d’argiles dans les océans, une forte érosion et un fort flux de sédiments.  D’immenses pluies ont peut-être provoqué ces écoulements. Elles auraient ensuite permis la réaction du CO2 atmosphérique de réagir avec les roches mises à nu , et la stabilisation du climat (Science Advances; Futura Sciences). D’autres auteurs décrivent d’immenses rivières du passé (Mike Benton), ou d’immenses orages dans des périodes géologiques plus lointaines et plus chaudes (lien).

Excusez-moi de fournir ainsi des éléments épars. Le fait est que les pluies deviennent des déluges, et cette tendance pourrait continuer, les dégâts seraient alors décuplés. Je dois faire une analyse en détail, et proposer une estimation des événements futurs,  futures, mais cela nécessite plus de temps.

Ancien blog Etats-Unis: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2021/05/02/biden-lance-un-plan-pour-lemploi-et-securiser-les-infrastructures-contre-le-rechauffement-le-fera-t-il-bien/

 

COP26: Les émissions de carbone doivent diminuer immédiatement

L’adaptation tiendra dix ans

La COP26 s’achève. Elle semble avoir atteint plusieurs objectifs qu’elle sétait fixée, de nombreux investissements, une déclaration sur les forêts, une sur l’aviation, et aussi sur l’élimination des énergies fossiles. Un magnifique événement de collecte de fonds qui ne remet pas notre économie en question. Je suis surprise de l’importance donnée à l’adaptation dans cette conférence. Nous devons limiter le réchauffement à 1.5°C et pour cela il est nécessaire de réduire les émissions de carbone de 7-8% chaque année, dès maintenant. Le taux de CO2 dans l’atmosphère ne devrait pas monter plus haut, au risque de dégâts irrémédiables à la biosphère. J’espère que les projets d’adaptation intelligente, dans l’agriculture biologique ou l’agroforesterie, stabiliseront aussi le climat. Le risque est que nous nous adaptions pour cinq ou dix ans, mais que le climat empire et devienne incontrôlable. Les investissements ne doivent pas être dirigés dans la recherche sur les avions à piles qui seraient développés pendant que la flotte actuelle pollue allègrement. Plus exactement, je suis d’accord pour la recherche, à condition que l’aviation diminue les émissions dès cette année. C’est aussi possible, en limitant simplement les vols de connection, les vols à courte distance et les avions vides. J’ai été surprise d’entendre un intervenant du WWF s’exprimer en faveur de l’adaptation. L’Amazonie ne s’adaptera pas. La croissance des arbres a diminué à cause des sécheresses de ces dernières années, et elle succomberait probablement aux températures trop élevées. Or, la Planète en a besoin. Il vaut bien mieux arrêter le réchauffement et la déforestation.

Construire moins et plus résistant

Il ne faut pas lancer d’énormes projets d’écoquartiers, et il faut arrêter les chantiers les moins écologiques. Les émissions de la construction, estimées dans la conférence à 37%-40% du total, doivent diminuer cette année. J’ai une excellente idée pour cela. Il faut vite établir et suivre des nouveaux standards de sécurité pour la construction, en sachant que les catastrophes s’aggraveront ces dix prochaines années. Si nous n’agissons pas sagement au cours de cette décennie, elles prendront encore de l’ampleur par la suite. Nous devons prendre en compte les risques apportés par la météo extrême dont nous avons eu un échantillon cet été en Europe avec des tornades et des grêlons géants, des inondations et des glissements de terrain. Ces événements sont bien plus dévastateurs en Chine et dans les régions tropicales. Les constructions mises en danger par le climat doivent être suspendues pour dix ans. Pendant ce temps, des études de risques beaucoup plus poussées permettraient de mieux prévoir la suite. La banque européenne d’investissement semble l’avoir compris, elle lance de nombreux investissements durables, et favorisera des infrastructures capables de résister aux intempéries.

Je remarque avec plaisir que de nombreux dirigeants soutiennent les solutions basées sur la Nature, qui permettront de régénérer les écosystèmes, les sols, éviteront la pollution et permettront l’alimentation saine des populations. Cette idée, essentielle, est maintenant largement comprise et soutenue.

Addendum: Je suis d’accord avec le commentaire qu’il faudrait limiter la surpopulation, le propose d’essayer la solution d’offrir la contraception gratuite à toutes les femmes du monde, ce qui respecte les droits de l’Homme. Il faudrait aussi combattre les mariages d’enfants,  les mariages forcés et les viols.

Je ne suis pas d’accord sur l’influence des cycles solaires, le réchauffement est dû à nos émissions de carbone fossile et, je l’admets, aussi à la déforestation. Mais la végétation peut y remédier, et améliorer le cycle hydrique, c’est une excellente solution.