Quelle économie après la transition? Demandons des pièces détachées universelles

Quelle organisation de la société sera possible en réchauffement climatique?

De nombreuses initiatives de transition fleurissent autour de nous, c’est magnifique. Elles incluent la production locale, notamment des aliments, des systèmes de partage de biens, et de recyclage, ainsi que la production locale d’énergie renouvelable. Mais que nous apportera  vraiment l’avenir?

Les catastrophes climatiques de ces dernières années ont déjà apporté des inondations très étendues, en 2019 les cyclones Idaï et Kenneth ont dévasté le Mozambique et le Zimbabwe 2019,  et en Iran les 90% du territoire ont été recouverts par les eaux, annihilant la production alimentaire du pays. La Chine subit aussi des déluges ces dernières années.

Actuellement, les inondations causent les dégâts les plus graves. Les eaux interrompent les voies de communication. Les pluies intenses provoquent aussi de nombreux glissements de terrain, qui ont par exemple ont isolé un tiers de la Colombie du reste du pays. Une tempête de vents forts a jeté des milliers d’arbres ainsi que les poteaux électriques sur les routes de l’Iowa. Les habitants ont été isolés des semaines sans alimentation ni électricité.

Ces perturbations des transports et de l’approvisionnement électrique iront en s’accroissant. La montée du niveau de la mer touchera les côtes et les ports. Le niveau de la mer pourrait monter vite à la fin du siècle. Imaginons 5 mètres d’élévation, avec des vagues plus grandes, peut-être le triple des vagues actuelles, et des superstorms, d’immenses ouragans.  Le transport maritime, qui d’ailleurs rencontre problème sur problème ces dernières années, sera-t-il possible à l’échelle actuelle? 

Futur A. Société médiévale, sans électricité ni machines

Quelle économie pourra exister dans un tel monde en réchauffement?

Certaines initiatives de transition sont entièrement locales et artisanales. Il s’agit par exemple de coopératives locales de légumes bio, parfois transportés à vélo, de fabrication artisanale de savons locaux, etc. 

Un jour j’ai été terrifiée en regardant les jeunes enthousiastes qui construisent des maisons en terre, posent un panneau sur le toit solaire et plantent d’excellents légumes autour.  Ces projets me semblent visionnaires. Oui, l’électricité doit être produite localement. Mais pourquoi? Vivrons -nous en autarcie? Mais alors, excusez-moi,  qu’adviendra-t-il alors du reste du monde?

Les transports seront les premiers touchés, et de plus en plus perturbés.

Allons-nous vraiment vivre un effondrement total de la société industrielle avec un retour à des technologies médiévales? Allons-nous nous trouver isolés au niveau économique? Cela pourrait se produire si des gigantesques ouragans, ou des nuées de tornades détruisent les usines et les systèmes de transports chinois, et que des glissements de terrain et des inondations coupent les routes européennes au point de rendre les transports trop difficiles.  Les entrepôts industriels sont aussi à la merci des vents et des inondations.

Ces perturbations de notre économie mondiale commencent déjà,  continueront certainement, et iront probablement croissant. Nous devons en être conscients.

J’aimerais qu’une société un peu organisée subsiste, où la sécurité humaine serait assurée. Personnellement, dans trente ans, j’aurai sûrement besoin de sécurité,  d’une canne pour marcher, d’appareils médicaux sophistiqués,  et peut-être de l’aide des plus jeunes. 

Outre le retour à une société médiévale autosuffisante,  nous enfants pourraient vivre vêtus de lambeaux de nos habits d’antan, et leur société utiliserait les déchets de la nôtre. C’est avenir est fort possible, il est peut-être très proche.

Futur B. Société de récupération de nos déchets

Dans son livre 2052, Joergen Randers du Club de Rome prévoit 20 ans de catastrophes, suivis de 20 ans de réorganisation écologique de nos sociétés. Il suppose qu’une certaine organisation des Etats et une certaine industrie subsistera à l’avenir. En tout cas, il vaut mieux commencer la réorganisation au plus tôt, avant que les bâtiments et les infrastructures ne soient détruits.

Nous devons tout faire pour préparer un avenir agréable pour nos enfants. Pour que la transition hors de l’économie mondiale et de la société industrielle se passe le mieux possible, je propose que les critères de durabilité des machines actuelles soient fortement renforcés. Elles devraient être bien conçues, durables, et leurs pièces détachées devraient être quasiment universelles, en tout cas convenir à plusieurs objets différents. Ainsi, nous pourrions dans vingt ans reconstruire en Europe un ordinateur à partir de deux anciens, etc. Comme quasiment tout est aujourd’hui fabriqué en Chine et que c’est une économie planifiée, elle pourrait sûrement planifier la conversion de ses usines pour des objets plus durables.

L’Union européenne a décidé d’exiger un chargeur de téléphone portable universel. C’est une bonne idée, mais nous pouvons certainement aller beaucoup plus loin dans cette direction, éviter tout gaspillage et planifier des objets solides, convertibles et moins nombreux. Nous devons aller vers une société consommant moins de plastique, moins d’objets, qui seront plus durables.

Addendum le 2 mai: La création d’une base de données de fournisseurs et des pièces détachées utilisées par les usines permettrait déjà d’éviter des gaspillages, serait un point de départ pour mieux planifier la production. Cela permettrait aussi d’anticiper les situations où une usine cesse de fonctionner ou de livrer, auxquelles nous serons de plus en plus confrontés lors du réchauffement climatique. Il serait plus sûr de prévoir plusieurs fournisseurs possibles, et lors de cette planification, on peut aussi prévoir des pièces plus durables et plus largement utilisables.

Futur C: Sobriété, alimentation végétale, technologie durable

De nombreux domaines de l’économie devraient d’ailleurs être restructurés afin de permettre à la vie sur Terre de continuer. Les transports, la construction, la production de la viande et du plastique doivent diminuer. Le système ne pourrait pas continuer longtemps sans provoquer sa propre destruction catastrophique. Nous devons le dépoussiérer et le rendre viable et raisonnable.

Des branches entières de l’économie sont absurdes et devraient disparaître. De nombreuses personnes travaillent dans la publicité pour nous donner envie d’acheter des objets inutiles que d’autres produisent, transportent, pour lesquels sont construits des nombreux bâtiments.

Je propose que l’Etat n’aide que les entreprises à basses émissions de carbone, en privilégiant celles qui sont les plus utiles pour les citoyens. Les compagnies trouveront un moyen de s’adapter à ces exigences si elles y sont confrontées.

La fabrication d’objets peu durables, qui cassent tout de suite et ne permettent pas une dizaine d’utilisations devrait être interdite.

L’Etat devrait créer des emplois dans les secteurs cruciaux pour notre survie, l’alimentation, la médecine, l’énergie, la capture de carbone. dans le sol et dans la végétation.

Le temps de travail pourrait être sérieusement réduit, à une époque je proposais un temps de travail de base à environ vingt heures par semaine, avec éventuellement la possibilité d’en avoir deux.

Un revenu de base inconditionnel pourrait libérer certains de contrats précaires, de déménagements fréquents, de garde d’enfant compliquée, et repeupler des villages et des petites villes qui se vident faute de travail.

Nous devons maintenant mettre en place une nouvelle économie qui permettra notre survie sur la Planète.

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

7 réponses à “Quelle économie après la transition? Demandons des pièces détachées universelles

  1. Votre sujet d’aujourd’hui m’interpelle grandement mais sachez que je ne suis pas un pessimiste de nature. Toutefois, je crois réalistement que nous allons tous vivre, riches et pauvres, un effondrement total de la société industrielle si les tornades et les ouragans se multiplient à un niveau inimaginable aujourd’hui. Nous vivrons dans un monde en chaos constant où régnera la précarité alimentaire. Cela se traduisant notamment par des pénuries alimentaires, la famine et l’insécurité sociale. Les humains seront à la merci des événements climatiques à longueur d’année. Tantôt se sera un épisode de sécheresse prolongé détruisant les récoltes ou une canicule meurtrière. A un autre moment, se sera des pluies torrentielles causant des inondations bibliques noyant des villes entières. A un autre moment, se sera des tornades en série ou des ouragans dévastateurs détruisant toutes les infrastructures urbaines, notamment les ponts et les routes. La misère humaine sera à son comble. Impossible à imaginer aujourd’hui en 2022 ! Bien entendu, le résultat de tous ces malheurs sera que l’immobilier des villes et des campagne sera en ruine sans électricité et sans climatisation. Ce n’est pas très réjouissant comme avenir.

  2. Le Club de Rome est un organisme terrible. Il faudrait un jour cesser de s’y référer pour préparer de belles choses.
    Certes, il y aura des difficultés à venir, c’est inévitable – car la sortie du pétrole est très compliquée, mais il est possible de nous préparer, en encourageant des circuits courts et des relations locales, en stimulant l’autonomie alimentaire.
    L’être humain est capable de s’adapter très vite, sauf si on fait tout pour qu’il reste impuissant et captif, terrorisé – à regarder des tableaux apocalyptiques du matin au soir, sans aucune initiative, sans apprentissage concret. En faisant tout pour cela arrive!
    Comme optimiste, je constate aussi beaucoup de petits changements, encore assez imperceptibles, à l’échelle des personnes, de petits groupes.
    Les petits ruisseaux feront les grandes rivières.

  3. “…en Iran les 90% du territoire ont été recouverts par les eaux”.

    Je connais bien l’Iran. Cette affirmation est une pure fantsamagorie. Il n’y a jamais rien eu de tel, absolument pas. Par conséquent, on ne peut accorder aucun crédit aux autres affirmations contenues dans cet article.

  4. Concernant les inondations en Iran de 2019,
    En réponse au Monsieur qui vous a traité de menteuse, voyez ci dessous l’article du journal Les Échos d’avril 2019, il y a eu des dizaines d’articles à ce sujet dans la presse mondiale…:
    L’Iran est sous les eaux. Depuis le 19 mars, le pays est confronté à des pluies torrentielles, qui provoquent des inondations dévastatrices et meurtrières. Selon les autorités, 25 des 31 provinces ont été touchées et plus de 14.000 km de routes endommagées. Le montant des dégâts est compris entre 1,93 et 2,25 milliards d’euros.
    Le dernier bilan humain officiel, publié ce week-end, faisait état de 76 morts. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), qui a qualifié ces inondations de « plus grand désastre en Iran depuis plus de 15 ans », a annoncé ce lundi que 78 personnes étaient décédées en moins d’un mois.

  5. Il y a des inondations, oui. Mais 90% du territoire ? Non, évidemment. Il ne faut pas dire ni écrire n’importe quoi, si on veut être pris au sérieux.

  6. Le catastrophisme est le fond de commerce des verts.
    Dans les années 70, les verts clamaient: si on n’interdit pas sur le champs les voitures, les pluies acides auront détruit toutes les forêts d’ici l’an 2000…. En 2020, elles vont très bien et leur surface a même progressée en Europe.
    Régner par la peur c’est la stratégie des verts/rouges pour arriver au pouvoir et imposer leur régime totalitaire liberticide comme ce fut le cas dans les pays de l’ex URSS où l’état décidait de tout ce qui était permis ou non… Pour le bien du peuple bien sur.

  7. Les vagues de chaleur, inondations ou tempêtes de ces derniers mois ont tendance à se répéter plus fréquemment depuis quelques années. Elles rappellent la nécessité de planifier l’adaptation au changement climatique, mais d’autres mesures sont nécessaires pour enrayer cette tendance. La vague de chaleur en Asie du Sud se poursuit. S’il est « prématuré » de l’attribuer uniquement au réchauffement global de la planète, « elle est conforme à ce que nous attendons du changement climatique », a commenté l’Organisation météorologique mondiale (OMM), dans un communiqué publié le 29 avril… comme un écho à un autre communiqué, publié quelques jours plus tôt après les inondations meurtrières qui ont frappé la région de Durban, en Afrique du Sud.

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