Le début juin le plus chaud de l’Histoire

Le mois de juin a débuté par des températures planétaires élevées. Sa première moitié était la plus chaude depuis le début des mesures. Nous avons momentanément dépassé le seuil de 1.5°C, et le chaleur continuera probablement dans les semaines suivantes (citation dans indiatimes).

La limite de sécurité de 1.5°C établie par le GIEC est une moyenne décennale. Elle a déjà été franchie quelques fois de façon ponctuelle. Copernicus  cite notamment le mois de décembre 2015 ainsi qu’en février et mars 2016,  qui étaient une période de super-El Nino.

Au mois de mai, la surface des océans a atteint des températures record (OMM). Elle réchauffe directement l’air au-dessus de l’eau, ce qui explique les températures élevées que la Terre subit actuellement.

Les températures extrêmes ont provoqué d’immenses feux de forêt au Canada. En Colombie britannique, il faisait trente degrés, dix de plus que la moyenne de cette période de l’année.  Les brasiers avaient dévasté 4.4 millions d’hectares avant le 9 juin, une superficie quinze fois plus élevée que la moyenne annuelle de la dernière décennie. Les images sont impressionnantes, un immense rideau de flammes s’élève à perte de vue (Reuters).   Les incendies faisaient rage dans l’Est et et dans l’Ouest du Canada, alors que l’été n’avait même pas encore commencé.  Ils ont probablement été provoqués par la sécheresse, la chaleur et les éclairs des orages.

Nous savons que les feux de forêt sont un danger croissant. Les arbres stabilisent le climat planétaire et les jungles tropicales souffrent déjà des sécheresses. Dans cette situation, il faut absolument protéger les arbres au Canada, réduire au maximum le déboisement d’origine humaine. Récemment encore, le Canada déboisait massivement par pulvérisation d’insecticides par hélicoptère (blog) Il faut absolument arrêter cela. Il y aura encore des incendies,  et nous devons sauvegarder assez de forêts pour notre survie.

Températures planétaires mesurées par Copernicus. La ligne en traits tillés indique la limite de 1.5°C que nous avons franchi en juin 2023.

Le Mexique, Belize et le sud des Etats-Unis subissent une forte vague de chaleur. Au Mexique, la température a dépassé 45°C (Reuters),  six décès dus à la chaleur ont été enregistrés, et des centaines d’oiseaux morts ont été trouvés sur les plages. Les températures élevées des océans ont probablement fait fuir les poissons et les ont empêché de nourrir (Reuters).

Au Texas, les températures maximales annoncées sont de 44,4°C (112 F) , mais c’est une chaleur humide, plus pénible (Fox News). Plus de 35 millions de personnes sont prises dans la vague de chaleur (Reuters). La consommation d’énergie de l’air conditionné menace le réseau électrique.   La température élevée de l’océan a aussi provoqué de violentes tempêtes, qui ont privé un demi-million de personnes de courant.   Aussi bien la consommation effrénée d’énergie que les coupures d’air conditionné lors de vagues de chaleur dangereuses posent des graves problèmes. La production d’énergie pourrait augmenter le réchauffement et les vagues de chaleur. Le gouvernement a ouvert des ‘cooling centers’, des abris climatisés où la population peut s’abriter de la chaleur. 

La Sibérie subit largement les effets du réchauffement planétaire. La carte Nasa de mai 2023 montre une chaleur exceptionnelle au Canada et en Sibérie (lien). La température de cette région boréale a dépassé 39.6°C, un chiffre exceptionnel dans cette région (CNN) .   En Chine,  elles ont atteint 45°C début juin. Selon le climatologue Herrera, c’est une vague de chaleur exceptionnelle qui récrira l’histoire du climat mondial (Twitter). Ces changements importants pourraient aussi pousser le GIEC à revoir encore ses prévisions à la hausse, ce qui nous permettraient de mieux anticiper les canicules futures.  

Il fait aussi exceptionnellement chaud  au Sahara.  Cela nous paraît normal, la différence n’est pas aussi spectaculaire qu’en Sibérie, mais les températures s’approchent des limites de la survie humaine, et elles monteront encore.

La multiplication des catastrophes rend la Californie inassurable

La plus grande assurance américaine refuse désormais d’établir de nouveaux contrats (CNN, Guardian).  State Farm, géant de l’assurance en Californie, a dépensé toutes les réserves constituées au cours des vingt dernières années pour indemniser ses clients victimes de récentes catastrophes et refuse de prendre plus de risques.

L’état le plus riche et le plus peuplé des Etats-Unis a subi plusieurs années de sécheresse et de nombreux feux, qui ont détruit des dizaines de milliers de maisons. Cet hiver, la Californie a aussi vu des inondations sans précédent, et l’aggravation est prévisible (blog).  J’ai été étonnée que les médias américains n’énonçaient pas clairement le fait que les pluies intenses sont liées au réchauffement, et à la température élevée des océans, mais les assurances semblent savoir qu’une augmentation du nombre et de la gravité des catastrophes est prévue.

Le risque d’incendie est maintenant tel que l’assurance refuse tout nouveau contrat.  L’état régule apparemment les primes et les maintient à un niveau trop bas selon leurs calculs.

Deux autres assurances américaines, dont la multinationale American International Group, ont signifié à des milliers de propriétaires Californiens que leurs assurances ne seraient pas renouvelées, selon le Wall Street Journal.

Le changement climatique augmente le risque de feux de forêts. L’année passée, en 2022, la Californie en a subi 7’490, plus que l’année précédente. Un de ces feux a détruit une centaine de villas.  Le plus grand, qui a ravagé la ville de Paradise en 2018,  a anéanti plus de dix mille bâtiments (NBCNews).

La région a vu des incendies record au cours des six dernières années, qui figurent parmi les plus chaudes de l’histoire.  Ils font partie des plus grands et les plus meurtriers de l’Histoire des Etats-Unis.

Une étude récente établit qu’environ 40% de ces brasiers sont dus au changement climatique (Washington Post).

L’assurance incendie est généralement nécessaire pour obtenir un prêt bancaire ou une hypothèque.  Leur absence fera probablement baisser les prix des maisons en Californie.

C’est une conséquence du réchauffement climatique qui sera ressentie rapidement par de nombreux particuliers. Le risque de catastrophes augmente presque partout dans le monde.

 

 

Les inondations de Californie ont provoqué d’énormes dégâts et s’aggraveront à l’avenir

Des rivières atmosphériques

En janvier de cette année de nombreuses tempêtes ont balayé la Californie. L’eau provenait de rivières atmosphériques, immenses bandes d’humidité formées au-dessus des océans et transportées sur des milliers de kilomètres.  Elles sont constituées par l’évaporation de l’eau des océans, qui sont de plus en plus chauds chaque année. Les températures du Pacifique Nord, notamment, ont atteint un nouveau record cette année. Les océans ont absorbé une quantité d’énergie cent fois supérieure à la production d’électricité mondiale.  Michael Mann a déclaré que l’accumulation de la chaleur par les océans, le ‘heat content‘, atteint et dépasse chaque année des extrêmes nouveaux. L’intensité du cycle hydrologique, l’évaporation de l’eau et les précipitations, augmente continuellement. Cette intensification provoque les événements météo extrêmes. “L’interaction entre l’océan en réchauffement et l’atmosphère produit les pluies prodigieuses qui se sont produites dans autant d’endroits récemment” (Kevin Trenberth, NCAR, publication article).

Une de ces formations orageuses était un ‘bomb cyclone‘, un cyclone à formation extrêmement rapide, qui s’est intensifié en 36 heures et a provoqué l’inondation des bords de mer à Santa Cruz et Capitola.

Les inondations

Les inondations ont commencé le 31 décembre après des précipitations record dans tout l’État de Californie, habité par 39 millions de personnes. San Francisco a vécu son deuxième jour le plus humide jamais enregistré et Oakland, le jour le plus pluvieux.  Des plaines ont été inondées, des quartiers entiers se sont transformés en lacs. Plusieurs villes ont reçu environ 30 cm de précipitations (vidéo).

Les pluies ont provoqué de nombreuses inondations, et glissements de terrain.  Plusieurs inondations sont venues de la mer, un môle a été emporté, de grandes vagues ont entamé des falaises côtières et se sont engouffrées dans les maisons en bord de mer (vidéo, vidéo2).   Une vingtaine de personnes ont perdu la vie, noyées dans leur voiture, tuées par des chutes d’arbres sur des voitures ou sur leur maison en bois, ou emportées par les eaux en crue.

 

Six cent glissements de terrain ont touché la région, la terre détrempée des collines a été délogée par les pluies (KTVU FOX2).  De nombreuses routes et voies de chemin de fer ont été interrompues. Des trous profonds se sont formés dans les routes. Une dizaine de mètres de neige s’est accumulée dans les montagnes.  Les intempéries ont créé des risques importants de glissement de terrain plus grands. Accuweather a estimé les coûts début janvier, alors que les pluies duraient encore, à 31 à 34 milliards de dollars (lien).

Un avenir sombre

Une étude récente établit que les pluies intenses augmenteront dans cette région à mesure que le climat se réchauffera.  Les précipitations pourraient s’accroître de 34%, l’intensité maximale des pluies s’élèvera, et elles toucheront une superficie plus importante (publication).  Le risque d’inondation s’aggravera notablement, Cette étude ne tient pas compte de l’inondation des côtes.

La montée du niveau de la mer est un facteur supplémentaire. Cette année déjà, les vagues ont emporté des structures sur les plages, ont inondé les rues du bord de mer, ont endommagé des routes et des maisons. Lorsque le niveau de la mer sera de vingt ou de cinquante centimètres plus haut, les dommages seront beaucoup plus étendus, les falaises côtières s’effriteront les unes après les autres, et l’écoulement des pluies sera modifié.  Les inondations pourraient alors être beaucoup plus importantes.

Peu après, des vagues semblables frappaient furieusement les côtes italiennes et de Nouvelle-Zélande lors de forts orages, qui ont provoqué des inondations dans ces deux pays.  Ils sont probablement aussi liés à la température record des océans (article). La Nouvelle-Zélande a  essuyé de nombreuses tempêtes tropicales cette année. La ville d’Auckland a subi des pluies torrentielles et des graves inondations (vidéo). Elles annoncent les déluges futurs. La Terre entière traverse aujourd’hui une zone de turbulences qui ne s’arrêteront pas, mais iront croissant.

 

Image de couverture par Dimitris Vetsikas de Pixabay.

Remerciements au Dr Trenberth pour les articles et les publications communiquées

 

Les principaux risques environnementaux se trouvent au Brésil et en Russie

J’ai jeté un coup d’oeil sur le rapport Mapplecroft de cet été, portant sur les risques environnementaux  et sur celui de cet automne,  centré sur l’agriculture. Ils estiment les risques environnementaux pour les investissements financiers dans différents pays. Je suppose que leurs données viennent du rapport du GIEC,  et comme les catastrophes climatiques dépassent plutôt les prévisions (feux d’Australie, coûts,  fonte de la glace Arctique et du permafrost, vagues de chaleur), les conséquences pourraient être plus importantes qu’ils ne les décrivent.   L’index d’évaluation inclut l’exposition au changement climatique, la déforestation, le stress hydrique, les lois de protection de l’environnement, ainsi que d’autres, tels que la gouvernance et les droits de l’Homme.

Cette analyse montre que le monde n’est pas assez préparé aux effets en cascade du changement climatique.  La plupart des pays tentent de se prémunir contre les aléas physiques mais les conséquences économiques de celles-ci ne sont pas étudiées, faute de crédits.  Les pays dont l’économie est dominée par l’agriculture sont considérés comme particulièrement exposés.  Il s’agit en particulier du Brésil, avec la culture du café, de la canne à  sucre, du boeuf et du soja (pour l’alimentation du bétail). Le Brésil est touché par le changement climatique, les sécheresses et les inondations, et sa production agricole future est compromise. 

Une des conclusions principales est que la guerre en Ukraine a des graves conséquences sur le marché de l’énergie et des matières premières. En conséquence,  l’Asie se réfugie dans les énergies fossiles. Les minéraux et métaux achetés jusqu’à maintenant en Russie,  notamment le cuivre ou la potasse, devront être trouvés ailleurs.

Je crois que tout cela pourrait facilement être résolu par une meilleure organisation de l’économie. Nous pourrions éviter de jeter des objets en métal ou contenant de minéraux rares. Les engrais chimiques contenant de la potasse pourraient être remplacés par des solutions naturelles.  La production d’engrais azotés pose déjà de nombreux problèmes. Elle est aujourd’hui très importante. La culture des plantes n’en absorbe que la moitié et l’excédent crée une importante pollution. Il contamine les eaux potables et les écosystèmes aquatiques, dont il entraîne l’acidification et l’eutrophication, c’est à dire la formation de zones mortes dépourvues d’oxygène, mortelles pour les poissons.  L’excès de nitrates dans l’alimentation, notamment dans les salades et les épinards peut causer des modifications de l’hémoglobine nocives pour la santé, notamment des nourrissons. Le taux de nitrates dans l’alimentation, en particulier celle des bébés, est régulé mais me souviens d’une émission de la télévision suisse, qui montrait qu’il y en a souvent trop dans les salades, et je consomme souvent des salades bio pour éviter ce problème (article_nitrates1 , article nitrates2). Les particules fines de nitrates dans l’air sont liées à une mortalité accrue, notamment de maladies cardio-vasculaires et respiratoires (étude). La production d’engrais azotés consomme énormément d’énergie, ce qui devient cher aujourd’hui, et a récemment provoqué une immense explosion d’un entrepôt à Beyrouth, qui a causé une centaine de décès.  Ces engrais peuvent par exemple être remplacés par des semis de plantes légumineuses entre les cultures. Celles-ci captent l’azote de l’air comme la fabrication d’engrais chimiques, sans pollution. 

Le passage aux énergies renouvelables pourrait avoir de nombreuses conséquences. Notamment, les panneaux solaires sont fabriqués à 70% en Chine, qui est aussi la source de 60% de minéraux rares, et que cela renforce le pouvoir politique de ce pays.  Ces changements politiques devraient surtout décourager les investissements dans les énergies fossiles.

Le rapport Mapplecroft sur l’agriculture montre que le changement climatique est un grave risque dans ce domaine.   En 2045, le changement climatique sera un risque extrême pour le Brésil, l’Inde, mais aussi pour le sud-est des Etats-Unis et de la Chine. Sept pays européens, dont l’Italie, verront une forte augmentation des risques pour l’agriculture, et tout cela pourrait aussi être sous-estimé. 

Je salue la prise de conscience des conséquences du changement climatique, et l’observation sur les risques en cascade. Ils sous-estiment certainement les effets climatiques, notamment ceux des inondations.  Je remarque dans ce rapport que les principaux risques financiers à court terme sont le Brésil et la Russie.  Il me saute au yeux que cette insécurité est due à des leaders malintentionnés. Je trouve personnellement qu’ils représentent aussi les principaux risques pour la Planète à plus long terme. Bolsonaro, par la déforestation de l’Amazonie (radiofrance), pourrait dérégler sérieusement le climat mondial et créer des problèmes alimentaires pour la Planète entière. De nouvelles élections se sont déroulées au Brésil hier, et le dernier compte rendu préliminaire que je vois sur Facebook donne Lula gagnant, alors cette menace planétaire pourrait disparaître bientôt (CNN vers minuit). Non, maintenant le Monde rapporte un avantage pour Bolsonaro au premier tour !!!

La Russie représente une menace environnementale plus grave encore. Elle agitée spectre de la bombe nucléaire, qui créerait d’immenses dommages. 

Les principaux problèmes semblent dus à une mauvaise gouvernance.  Cela donne une petite idée du potentiel de solutions qui pourraient être réalisées avec de la bonne volonté et des  décisions éclairées.

 

Six inondations exceptionnelles aux Etats -Unis depuis juin

Six inondations inouïes

“Les chroniques anciennes rapportent qu’il y a des centaines d’années, un déluge s’est déversé sur la ville, les rues ont été inondées, les maisons submergées jusqu’aux toits, les habitants et le bétail ont péri.  Il s’agit peut-être d’une légende, car des tels faits dépassent l’imagination”. Un tel événement est une crue millénale, survenant environ tous les mille ans.

Aux Etats-Unis, cette année, ces  désastres se succèdent. Le 13 juin, une rivière atmosphérique a déversé des pluies abondantes sur le parc de Yellowstone (vidéo Yellowstone) alors que les glaciers fondaient rapidement, ce qui a provoqué une inondation historique. Statistiquement, elle se produirait une fois toutes les 500 ans. De nombreux éboulements ont eu lieu. Les routes et une maison entière sont parties à la dérive.

 Un grand système orageux a causé des inondations à Saint-Louis (Missouri) le 26 juillet (vidéo St Louis) et au Kentucky. Des pluies intenses sont tombées sur la région métropolitaine de Saint-Louis, inondant des routes, des maisons et des entreprises. Les pompiers et les intervenants d’urgence ont sauvé des centaines de personnes. L’événement a établi un record absolu de précipitations dans la région. Peu après, des déluges soudains dans l’est du Kentucky et le sud-ouest de la Virginie ont provoqué des glissements de terrain, emportant complètement des maisons et tuant des dizaines de personnes.  Cette vidéo fait état de 37 décès et des centaines de disparus (vidéo Kentucky) L’air saturé d’eau venant du Golfe du Mexique surchauffé a survolé le Texas et s’est déversé sur ces Etats. Le 1er août,  les rues de Lincoln, Illinois ont été submergées.

Une inondation exceptionnelle, millénale, a aussi touché la vallée de la Mort  en Californie le 5 août.  Elle est due à mousson exceptionnelle (vidéo Death Valley). Le parc national a reçu près d’un an de pluie le 5 août.

Le 22 août, des précipitations abondantes et soudaines, les plus intenses que la région ait jamais connue, se sont abattues sur Dallas, Texas. Elles ont inondé les bâtiments, submergé les voitures sur les autoroutes et ont également fait gonfler la rivière Trinity bien au-delà de sa ligne de flottaison normale. Tout cela a entraîné des milliards de dollars de dommages, selon une estimation d’AccuWeather.

Ces inondations causent des coûts énormes, des dommages aux routes, aux bâtiments, et s’aggraveront dans les années à venir. Le PDG d’AccuWeather, le Dr Joel N. Myers, qui a étudié de près pendant des décennies les impacts économiques des conditions météorologiques extrêmes, a estimé que le total des dommages et des pertes économiques résultant des crues éclair catastrophiques se situerait entre 4,5 et 6 milliards de dollars.

Un terre en état de catastrophe naturelle

Au cours des dernières semaines, cinq régions des États-Unis ont toutes connu ce qui aurait dû être très rare, voire impossible, une inondation qui se produisait tous les mille ans.

La conjonction d’autant d’événements rares est d’autant plus improbable. Essayez de gagner 5 fois au Loto! Mais la dénomination d’événement millénal est très trompeuse, ils étaient exceptionnels dans l’Histoire humaine jusqu’à récemment. Maintenant, il s’agit d’événements nouveaux, caractérisant l’Anthropocène. Les climatologues les avaient partiellement prévus, à cause de l’augmentation de l’humidité de l’air, mais la présence de gros orages localisés les prend un peu par surprise.

La quantité réelle de précipitations dans la plupart des régions du pays n’a pas beaucoup  augmenté au cours des derniers siècles.  Par contre, les précipitations proviennent d’un petit nombre de tempêtes plus intenses.

Les orages sont très localisés, mais ils inonderont de nombreuses villes dans les années à venir. Nous devons nous préparer à des pluies plus abondantes,  inconnues à l’heure actuelle.

De plus, le reste du monde n’est pas épargné. En Australie, des inondations millénales se sont aussi succédées durant les étés austraux au cours de ces dernières années. Elles ont été provoquées par des rivières atmosphériques et ont déversé d’énormes quantités d’eau.

Cette image de Peter Carter montre la répartition de sécheresses (en rouge) et d’inondations (en bleu). Ensemble, ces désastres ont dévasté une grande partie de la Planète. les événements extrêmes deviennent bien plus fréquents.

Les catastrophes sont causées par des orages très localisés, mais de nombreuses villes seront certainement touchées dans les années à venir. Nous devons nous préparer à des pluies encore plus abondantes,  inconnues à l’heure actuelle.  Les risques d’inondation et des procédures d’évacuation doivent être établis pour toutes les maisons, et pour toutes les routes.

J’au récemment vu un reportage émouvant sur des couples qui restaurent leurs maisons plusieurs mois après de graves inondations. Je ne l’ai pas aimé, je ressentais un vrai malaise à voir ces sinistrés rénover courageusement les mêmes maisons.  J’ai peur que les zones inondables ne subissent des catastrophes à répétition, de plus en plus graves. Malheureusement,  le danger est tel qu’il y reste probablement peu d’endroits sûrs sur la Planète. Les difficultés causées par les inondations et leurs coûts pourraient progressivement paralyser l’économie mondiale.

Il faudrait probablement construire dans toutes les villes du monde un maximum de systèmes d’écoulements, des vrais lits de rivières, qui préviendraient les grandes inondations.

https://www.accuweather.com/en/severe-weather/dallas-flooding-is-5th-1-in-1000-year-flood-event-in-us-since-late-july/1236445

Image de Couverture par Gerd Altmann (geralt) de Pixabay 

Sécheresse, champ, jardin, femme

La Suisse desséchée

Sécheresse et agriculture

Ce matin, il faisait déjà chaud à huit heures. Une nouvelle vague de chaleur s’abat sur la Suisse ce début d’août, Genève pourrait atteindre 38°C.

La sécheresse dure depuis début juillet. La NASA a publié les images satellite de la Suisse en juillet 2022. Les prairies sont asséchées et jaunes (images ici vers le bas). La Suisse vit une aridité sans précédent. Les mois de mai et de juillet ont été exceptionnellement chauds, ensoleillés, et les pluies étaient rares. Le mois de juillet, après quelques orages, au début, a maintenu cette tendance…  Les températures ont dépassé 35°C et atteint 39.1°C à Genève-Cointrin le 19 juillet. Les températures en montagne sont aussi exceptionnellement élevées, et les glaciers suisses s’écoulent en torrents furieux gris. Il fallait s’élever à 5184 m d’altitude pour atteindre 0°C. La persistance de conditions anticycloniques a rendu cette vague de chaleur exceptionnellement longue (Météosuisse juillet).

La chaleur et l’absence de précipitations causent de graves dommages à l’agriculture Suisse. Les prés, le maïs et les navets, ainsi que les cultures de plein champ, y compris les pommes de terre, sont touchés. La production de fourrage est insuffisante.

Toute la France est en alerte sécheresse. Le maïs en souffre particulièrement, ainsi que le fourrage. L’Espagne et la région de la mer noire sont aussi touchées et la production de maïs fourrager est réduite en Europe.

Les éleveurs du Jura vaudois prévoient une désalpe précoce (article Le Temps). La production de Gruyère  pourrait diminuer à cause de la météo causant une moindre productivité des vaches.  D’autres agriculteurs montent l’eau aux alpages par hélicoptère. L’élevage est donc confronté au manque d’eau dans les pâturages estivaux, au manque de fourrage dû à la sécheresse, et bientôt à la mort du bétail dans les vagues de chaleur.

Sécheresse dans les forêts et sécheresse éclair

L’anhydrie expose les épicéas aux scolytes, et ils sont déjà infectés dans de nombreuses régions. Les hêtres laissent tomber des feuilles pour mieux résister (article). Le Valais dispose depuis longtemps de systèmes d’irrigation et ils pourraient être développés dans les autres cantons. Je proposais dans un autre blog de construire aussi des réservoirs et des canaux d’irrigation pour les forêts suisses.

Un nouveau phénomène observé ces dernières années a été appelé sécheresse éclair, “flash drought”. De l’air très chaud et très sec, combiné à des vents forts,  provoque une sécheresse sévère en un mois ou moins. Ce phénomène  observé récemment aux Etats-Unis ainsi qu’en France, est moins prévisible, ou nécessite des outils de prévision spécifiques et augmente encore le risque d’effondrement de la production agricole.

Les agriculteurs tentent de s’adapter en prévoyant des solutions d’irrigation ainsi qu’en passant à des cultures des pays chauds, mais les changements climatiques iront de plus en plus vite.

L’été passé, les températures ont atteint 49°C en Colombie britannique. Cet événement semble rare pour le moment, mais la probabilité de telles températures augmente chaque année.

Du risque d’un réchauffement abrupt

Je suis parfois accusée de paniquer le public et de chercher les pires horreurs climatiques. Il s’avère que c’est très utile. Une nouvelle étude présentée par la BBC montre que les apports du GIEC ne présentent pas assez les pires conséquences possibles du réchauffement climatiques, qui y sont quasiment ignorées.  Or ces conséquences catastrophiques, même ayant une probabilité de 2% ou 10%, seraient très importantes. Prenons pour example l’effondrement de l’Antarctique-Ouest , qui provoquerait  l’inondation de toutes les villes situées en bord de mer où réside plus d’un milliard de personnes. L’étude explique que la prise en compte de ces risques dans les calculs montrerait que le coût du réchauffement est plus important. Elle permettrait aussi de mieux prévoir et gérer ces crises si elles se concrétisent, et de mieux comprendre pourquoi il faut limiter les températures à 1.5° ou 2°C.

En Suisse, les conditions que supportent ou ne supportent pas les barrages ont été soigneusement calculées et sont connues, ce qui permet de prévoir leur consolidation, leur abandon ou au moins l’évacuation des personnes menacées. Nous devons faire de même pour le réchauffement climatique.

D’autre part, de nombreuses conséquences du réchauffement telles que la mortalité due à la chaleur aux Etats-Unis, les dommages et le coût des inondations, les feux de forêt, la fonte du permafrost ont été sous-estimées et des prévisions plus élevées auraient dû être établies. Chacun des derniers rapports du GIEC a révisé le danger à la hausse, car des événements climatiques  graves s’étaient produits dans les années précédentes et se produisent continuellement. Les modèles les plus alarmistes pourraient se révéler vraiment utiles.

Photo de couverture : Christiane Rossi par Dorota Retelska

L’afforestation capte le plus de carbone dans le sol

Il y a mille ans, l’Europe était couverte d’une immense forêt. Peu à peu, elle a été défrichée pour faire place aux champs et aux pâturages. Le carbone s’accumulait alors dans le sol par les racines des arbres, les organismes vivants du sol, et les feuilles qui tombent. 

J’ai l’impression que notre agriculture a consommé au cours des siècles ce carbone accumulé par les arbres. Le sol est pourtant la meilleure solution pour de le stocker,  car il y augmente la fertilité et la rétention d’eau.

L’agriculture régénératrice enrichit les champs en carbone par des applications de compost ou des restes végétaux.  Elle inclut des techniques telles que la réduction du labour, les couverts végétaux, la rotation des culture,  le compost et le fumier.  Une étude effectuée sur les terres du Vermont, état américain au climat tempéré, suggère que dans des systèmes pérennes, le pâturage en rotation est la stratégie de régénération la plus efficace.  Au cours des premières décennies, le ‘rotational grazing’, l’élevage avec rotation, permet d’enrichir le sol en carbone de 5,3% en dix ans.

Cependant la stratégie la plus efficace est l’afforestation. Elle augmente le carbone du sol de 6.5% en dix ans.  Il faudrait y ajouter le carbone accumulé dans le bois des arbres, et leur effet régulateur sur le climat local.  

Si les champs actuels sont utilisés en agriculture régénératrice, le sol peut être enrichi de 5% en 50 ans.  Si par contre ils étaient transformés en pâturages bien gérés, ils acculeraient 11% de plus de carbone, et en tant que forêts, ils en contiendraient 17% déplus dans 50 ans.

Les forêts dont le bois est exploité accumulent moins de carbone dans le sol que celles-ci qui atteignent la maturité.

 

Accumulation de carbone dans le sol au cours des années  Afforestation to old growth: Afforestation à croissance naturelle;  Afforestation with harvest: Afforestation avec coupe de bois; All rotation grazing: pâturage en rotation; Same land use with BMPs: Maintien de la même culture (maïs) en agriculture régénératrice; All continuous pasture: pâturage permanent; Business as usual: Agriculture actuelle sans changement.

Le sol forestier s’enrichit continuellement pendant cent ans, même quand les arbres ralentissent leur croissance. Ce résultat est cohérent avec d’autres études,  qui avaient aussi rapporté une augmentation de carbone du sol dans les forêts anciennes.

Cette étude montre encore une fois que des changements dans la gestion de l’agriculture, en particulier un passage de la culture d’aliments pour bétail aux pâturages, et surtout l’afforestation, pourraient compenser une partie des émissions de carbone.

Les chiffres obtenus ici sont plus modestes que ceux présentés par le projet 4 pour mille, qui estimait que 20 à 35% d’émissions de carbone pourraient être stockées dans le sol.  L’agriculture sans labour n’est pas inclue car  les auteurs mentionnent des informations contradictoires à ce sujet.

Les auteurs supposent que le bétail est nourri avec des aliments produits localement dans la ferme, mais actuellement, l’élevage s’accompagne souvent de déforestation et cultures polluantes ailleurs dans le monde.  Leur vision est donc pour le moment exagérément optimiste, mais un tel élevage est possible.  Ils soulignent aussi que la conversion des champs de maïs fourrager en pâturages ne signifie pas une diminution des ressources alimentaires pour l’Homme, mais simplement une autre façon d’alimenter le bétail.  Par contre, je suis sûre que si les aliments végétaux cultivés dans les champs étaient directement consommés par les humains, une partie des terres agricoles pourrait être afforestée.   Nous vivons le début de l’Anthropocène, qui se caractérise par des inondations et des vagues de chaleur de plus en plus importantes.  L’élevage et le transport du bétail seront perturbés par ces changements climatiques et il faut mettre en place d’autres solutions pour les prochaines décennies.

Lien sur l’article: https://journals.plos.org/climate/article?id=10.1371/journal.pclm.0000021

Image de couverture:  yoshitaka2 de Pixabay

L’effritement de l’Antarctique alerte sur la montée des mers

Un grand  fragment de banquise s’est détaché mi -mars de l’Antarctique – Est. 

Jusqu’ici, elle avait été épargnée par la fonte. Le mois de mars a apporté des températures anormalement élevés,  de 40 degrés au-dessus des normes antarctiques. Ces températures sont causées par des flux atmosphériques imprévus.   Une rivière atmosphérique a piégé la chaleur au dessus de l’Antarctique.  La plateforme de glace Conger, qui se réduisait depuis les années 2000, s’est détachée à la mi-mars. 

Au moins trois vêlages importants de glaciers d’Antarctique-Est ont été observés au mois de mars, trois glaciers ont perdu des icebergs à cette période:

Les plateformes de glace bloquent la course des glaciers, et lorsqu’elles s’effondrent, l’ écoulement de ceux-ci s’accélère, parfois des centaines de fois. La disparition des banquises constitue probablement le début de la fonte des glaces Antarctiques. 

Les modèles estiment que cette fonte pourrait s’étaler sur des milliers d’années, mais ces estimations n’ont pas prévu  les vagues de chaleur qui touchent ce continent aujourd’hui, ni la stratification des océans dont parle James Hansen.

Des observations par satellite ont permis de constater que la surface de glace d’Antarctique-Est fond en été, et se couvre de nombreux lacs.  Les plans d’eau changent de saison en saison, et d’année en année (Lien) . D’autres études montrent qu’ils se vident parfois par le fond, l’eau percole alors dans la plateforme, et réchauffe celle-ci. La glace est de plus en plus chaude. Plusieurs événements de ce type préparent la fracture finale. La présence de lacs constitue un des signes précurseurs de la fonte et du détachement des plateformes. 

L’effondrement de l’Antarctique -Ouest entraînerait l’accélération et la fonte progressive des glaciers qu’elle retient, et pourrait mener à une augmentation du niveau de la mer de 7 mètres. 

Si l’Antarctique-Est est aussi touchée, et que ses glaciers, tels que Totten, s’effondrent, le niveau de la mer pourrait monter de 20 mètres.  

Il est probablement trop tard pour éviter l’effondrement de l’Antarctique-Ouest  La rapidité de la fonte est très incertaine,  elle prendra des dizaines, des centaines, ou des milliers d’années.  

Une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres serait fatale pour la plupart des villes côtières. James Hansen estime qu’elle pourrait se produire assez rapidement, et même  au cours du 21ième siècle.   Avant cela, la fonte des glaces arrêterait la circulation océanique. Cela augmenterait le réchauffement des tropiques et amènerait des “superstorms”, des tempêtes géantes, notamment sur l’Est des Etats-Unis. Les températures des tropiques deviendraient vraiment dangereuses.  Selon lui, les modèles sous-estiment les changements  réels. Par contre,  une fonte importante des glaces apporterait une couche d’eau froide à la surface des océans et limiterait la montée des températures (James Hansen video). 

Lien sur mon livre électronique sur ce sujet:

Le climat apportera-t-il d’immenses tornades ?

Une immense tornade a dévasté les Etats-Unis. Elle a traversé quatre Etats et causé de nombreuses destructions et une centaine de victimes. Un article du Temps relatait les dégâts hier (article). L’événement était aussi rapporté par le journal  télévisé TSR et TF1.

NBC News considère que cet événement est sans précédent. Il s’agit de la trajectoire de tornade la plus longue, le monstre a balayé le sol américain sur 250 miles, c’est à dire près de 400 km.  Il en reste une immense plaie, la plupart de bâtiments sur le passage de la tornade ont été rasés (vidéo).  Les débris des bâtiments étaient emportées en l’air à une hauteur d’environ 12 km.  La période de l’année, décembre, est aussi inhabituelle pour les tornades.

De nombreuses victimes étaient présentes la nuit dans un entrepôt Amazon et une fabrique de bougies lorsque ceux-ci se sont effondrés. Apparemment, la tornade était bien prévue et annoncée par les médias (article détaillé et modéré de Yale Climate connections). Pourtant, si l’événement était assez bien annoncé, les victimes auraient alors dû se trouver à la maison ou dans des abris, et non pas à leur lieu de travail nocturne.

Les intempéries violentes étaient dues à une remontée d’air très chaud du Golfe du Mexique, par la vallée du Mississipi, qui a rencontré de l’air sec et froid du Nord (Météomédia). Jaroslaw Turala sur Facebook parle d’une incroyable advection d’air tropical.

Le réchauffement climatique augmente la température des océans, d’autres explosions de tornades ces dernières années se sont produites parce que le Golfe du Mexique était extrêmement chaud, et a généré des masses d’air torride et humide (blog2020, blog2019). D’autre part, le changement climatique rend le courant jet sinueux, et crée des vagues d’air très différent. A des nombreuses reprises, les Etats-Unis semblaient coupés en deux par une ligne quasiment verticale, d’un côté de l’air froid descendait très au Sud, et de l’autre l’air chaud montait vers le Nord. La semaine passée, la Colombie Britannique a vécu son premier jour de décembre à 22,5°C, dix degrés de plus que le record précédent.

Carte météo récente de l’Amérique du Nord

Il se pourrait que ces contrastes violents, Golfe du Mexique chaud et  plongées d’air Arctique continuent et produisent de plus graves intempéries.  En tout cas, la température du Golfe du Mexique montera encore à l’avenir. Les nuages d’orages super-cellulaires semblent aussi plus hauts, ils s’étendent jusqu’à environ 15 km de hauteur, ce qui change toute la dynamique de l’atmosphère.  L’augmentation de pluies intenses est très rapide, plus que prévu, et ces précipitations proviennent de grands nuages dûs à des fortes perturbations de l’atmosphère.  Elles pourraient apporter des informations sur les perturbations atmosphériques et leur évolution. Il faut les étudier en détail de toute urgence.  Patrick McNulty sur Facebook suggère que la fonte de la glace Arctique favorisera ces événements.  Un scientifique a observé que l’augmentation du nombre de tornades dans les plus grands événements est très inquiétante (lien).

Je crains que le réchauffement climatique n’apporte des destructions de ce genre. J’ai l’impression que c’est exactement le Futur que nous craignons, et que nous verrons arriver à moins de très énergiques mesures de mitigation de changement climatique.

Addendum le 13 décembre:

 La directrice de la FEMA, agence américaine de gestion des catastrophes a déclaré que les orages de la force de celui-ci sont “la nouvelle normalité”. Selon elle, la sévérité, la durée et la magnitude des tempêtes de cette année sont sans précédent. Lien

Le grand climatologue Michael Mann explique les tornades meurtrières qui ont frappé les Etats-Unis par le fait que les températures étaient anormalement élevées et le Golfe du Mexique très chaud. Il implique aussi la Nina et le courant-jet. Il dit aussi que cette année de nombreuses catastrophes se sont produites, selon diverses estimations elles pourraient survenir tous les 1000 ou 20’000 ans, que les modèles climatiques sous-estiment les événements météo, qui sont amplifiés par le courant jet. Lien

Addendum 2: Un météorologue américain cite une publication d’après laquelle l’intensité des tornades augmente de 5.5% par année. Elle doublerait donc en moins de 20 ans. Les dégâts sont surtout dus aux tornades les plus fortes Lien

Addendum 3: TED Talk: le climat augmente peut-être le nombre de tornades: Lien CBSN

BBC reste prudente BBC

Washington Post et CNN remarquent que la météo américaine est déréglée, un effet du changement climatique probable  CNN

Les vents du 21ième siècle augmenteront-ils?

Je remarque que de nombreuses tempêtes de vent se sont produites ces dernières années.   En 2020,  le Derecho qui a balayé l’Etat de l’Iowa aux Etats-Unis a cassé des milliers d’arbres, et de poteaux électriques.  Une grande région a vécu sans électricité et sans accès routiers pendant plusieurs jours, par une chaleur de 40°C (Derecho).  Genève l’été passé (Genève),  ainsi que Zurich cet été (article Temps), ont vu de nombreux arbres cassés par les rafales lors d’un orage. La Chine a aussi subi des très forts vents et des tornades cet été (vidéos dans ce blog).   J’ai relevé de nombreux autres épisodes isolés, étonnamment intenses, notamment sur la côté portugaise, ou en Corée.

En relisant le chapitre 2 du rapport du GIEC; je lis qu’en moyenne, les vents sur les continents ont diminué, et ceux au-dessus des océans ont augmenté (lien chapitre 2). Le figure 2.19 montre le changement de la vitesse des vents ente 1988 et 2017.  Sur l’Amérique du Nord, une diminution apparaît, alors que le vent sur le Nord de la Méditerranée, sur l’Italie et les Alpes semble s’être accru.  Il peut d’agir d’un phénomène local qui touche la Suisse.

Si je reviens au texte, le rapport conclut que la vitesse des vents au dessus des continents a diminué entre 1979 et 2018.

La référence citée est Azorin-Molino, dans le Bulletin of American Meteorological Society 2019, pSi–S306 « State of the Climate in 2018 » (lien). J’ai lu le travail de celui-ci pour en savoir plus.

Or dans l’article, Azorin-Molina écrit:  “Les vents de surface ont poursuivi la reprise qui a commencé en 2013, après 30 à 50 ans de ralentissement”. (p. S43)

Il présente aussi un graphique de la force moyenne des vents par année qui montre que les vents diminuent jusqu’en 2012 et augmentent dès 2014, sur 4 continents sur 5 (graphique 2.37a).

L’augmentation est surtout visible pour les vents faibles de de plus 3m/seconde.

L’auteur a considéré aussi des vents moyens à forts, au dessus d’seuil de >10 m/seconde, qui correspondent à une bonne brise, où la cime des arbres est agitée. La fréquence de ces vents a diminué dans les décennies passées et n’a pas augmenté en 2013- 2018.

Dans le State of The Climate 2020 la même analyse montre que les vents ont augmenté entre 2013-2020, et les vents de plus de 10m/seconde ont augmenté en 2020, en particulier en Europe. (Fig 2.41 pS75, lien).   La reprise continue et pourrait même augmenter.

Pour l’analyse de risque climatique, j’aimerais voir une sélection un peu différente, la distribution des vitesses de vent,  et un graphique qui ne comptabiliserait que les événements les plus forts. Ceux-là surtout sont importants à prévoir, capables d’arracher des arbres, des toits, de faire tomber des camions sur la route. Il faut peut-être un appareillage spécifique pour mesures les extrêmes. Une année de changement climatique particulièrement rapide, une année El Nino par exemple, pourrait apporter des événements plus extrêmes.

Le GIEC a préféré citer la moyenne de vitesse sur cinquante ans, pour plus de rigueur statistique je suppose,  et conclut à une diminution. S’il avait mis l’accent sur l’augmentation ou la repris visible depuis 2013, cela pourrait donner lieu à des projections futures différentes. Un phénomène nouveau a peut-être commencé. On pourrait extrapoler que la force des vents s’accroîtra à l’avenir comme au cours des huit dernières années.  J’espère que la vitesse des vents sera soigneusement mesurée et que son évolution sera reliée à d’autres phénomènes planétaires, comme la fonte de la glace Arctique, ce qui nous permettrait de mieux l’anticiper.

La nuit était vivante, le souffle venait de partout.  Chaque branche, chaque volet s’agitait, et semblait parler une langue inconnue, inhumaine. L’ entité étrange à l’oeuvre ne prêtera aucune attention à nos espoirs. 

Image par Hana Harencarova de Pixabay