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Les années chaudes réduisent la production économique et El Nino est un risque important

L’ONU a annoncé la semaine passée que l’apparition du courant Pacifique El Nino est de plus en plus probable. Il élève la température mondiale, et son effet portera surtout sur 2024. Mais les huit dernières années ont déjà été les plus chaudes de l’Histoire (lien),  alors cet hiver et les mois suivants  dépasseront probablement les températures connues de l’Humanité au niveau planétaire. L’OMM s’attend à une sérieuse augmentation. Les catastrophes météorologiques ont provoqué plus de deux millions de morts en cinquante ans (ONU) et une importante aggravation est possible.

El Nino et la canicule en général ont des effets négatifs sur l’activité économique. Ils réduisent généralement la croissance mondiale. Les événements passés ont provoqué des pertes économiques de 4,1 et de 5,7 trillions de dollars (trillion:1012  CallahanGizmodo).

Les années chaudes réduisent l’activité économique dans tous les pays, tempérés aussi bien que tropicaux, à tel point que la température explique les différences mondiales de développement (Dell).

La productivité économique atteint un sommet à une température de 13°C et décroit rapidement au-dessus de ce seuil. Les activités économiques, agricoles et industrielles diminuent avec la chaleur, dans le monde entier, depuis 1960. Cette constatation a été tirée de la comparaison de la production du même pays, ou de différents Etats des Etats-Unis,  lors des années chaudes et froides.

Le rendement des céréales baisse rapidement entre 20 et 30°C, et la productivité humaine décroit aussi (Burke). L’effet n’est pas linéaire mais très important. La production décroît rapidement avec la température, et baisse plus encore quand la canicule augmente.

L’effet sur l’agriculture est évident. Les cultures sont très sensibles aux conditions météorologiques, elles ont des températures de croissance optimales, elles poussent peu quand il fait froid,  plus vite dans des conditions tempérées,  puis cessent de croître s’il fait trop chaud.   Si les conditions sont trop défavorables, certaines plantes cultivées meurent sur pied et leur rendement tombe à zéro. Les activités industrielles sont aussi freinées par la chaleur.

La baisse rapide de productivité liée à l’augmentation de température suggère que l’adaptation au changement climatique sera plus difficile que prévu.  Selon cette estimation, les trois quarts des pays s’appauvriront si le réchauffement n’est pas jugulé. 

Celui-ci peut amplifier les inégalités mondiales, car les pays chauds et pauvres subiront probablement la plus forte réduction de la croissance. Même une légère augmentation de température pourrait provoquer des pertes économiques beaucoup plus importantes que les estimations antérieures.

Si les sociétés continuent de fonctionner comme elles l’ont fait dans un passé récent, le changement climatique remodèlera l’économie mondiale en réduisant considérablement la production économique (Burke). Ces estimations n’incluent pas les événements catastrophiques liés aux conditions exceptionnelles.

La Banque Mondiale déclarait récemment que les prévisions de croissance des pays pauvres sont mauvaises pour ces cinq prochaines années. Leur économie sera de plus  rythmée par les catastrophes et leurs conséquences.

Un El Nino moyen ou fort sur une Planète qui est déjà au-dessus 1°C provoquerait  des événements météorologiques jamais vus de l’Humain, notamment des précipitations très importantes, noyant l’Amérique du Sud sous des inondations et des glissements de terrain.  Les récoltes pourraient être perdues ou immobilisées par ces intempéries.

Le Nino de 1997 a provoqué des inondations au Pérou, Mexique (90 cm de pluie) et Kenya (JustHaveAThink). Cette fois, l’humidité atmosphérique et la température sont plus élevées et les pluies pourraient être plus abondantes.

L’Indonésie a subi une sécheresse extrême en 1997. L’Amazonie, et l’Inde sont généralement exposées à la sécheresse lors d’El Nino, et les températures pourraient être extrêmes.  Quel niveau de chaleur attend l’Inde en 2024? Cette question est d’une importance capitale.

Le gaz carbonique accumulé dans l’atmosphère y reste des dizaines d’années. Nous savons déjà que les vingt prochaines années les catastrophes climatiques s’aggraveront, les canicules seront plus intenses, et les pluies plus abondantes (blog GIEC). Nos inondations suisses atteindront vingt, puis cinquante centimètres d’eau dans la rue, et couvriront plusieurs quartiers, et un jour emporteront des passants. Il y aura plus de glissements de terrain et plus de routes de montagne coupées.  Le niveau de danger augmentera. Nous devons arrêter cette escalade, arrêter les vagues de chaleur avant qu’elles ne deviennent mortelles en Suisse, et éliminer les émissions de carbone pour espérer une amélioration du climat. SVP, votez “OUI” à la Loi Climat et demandez  (d’une façon très amusante) à vos amis de le faire.

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Augmentation de feux de forêts en Europe

La population de toute la Terre est frappée aujourd’hui par des catastrophes plus grandes, plus complexes et plus chères, notamment par manque de mesures adéquates.  Beaucoup de ces événements sont dus au climat, et s’aggraveront probablement (UNDRR). 

En particulier, les sécheresses et les feux augmentent beaucoup. L’Amérique du Sud subit une sécheresse qui dure depuis 2019, la plus longue depuis des décennies. L’Uruguay, le nord de l’Argentine et le sud du Brésil sont particulièrement touchés.  La production de soja de l’Argentine est réduite de moitié, les glaciers des Andes ont perdu de 30 à 50% de leur volume (Flash News from the Disaster Risk Management Knowledge Centre, online).

Une nouvelle étude met en garde contre les sécheresses éclair (flash drought) , qui se développent très vite, en quelques semaines et menaceront progressivement toutes les régions agricoles au 21ième siècle (lien).

La chaleur s’accompagne d’immenses feux, qui ont frappé tous les continents,  l’Australie en 2020 où 126’000 km2 de forêts uniques au monde sont parties en fumée, emportant des peuples d’animaux entiers (BBC, blog1, 2  l’Amazonie, ou la Sibérie. Les feux sont clairement liés à la sécheresse, et certaines régions boréales, où l’humidité avait toujours régné, se sont révélées très susceptibles.  A Lytton au Canada, l’incendie s’est déclaré dans la ville lors de la monstrueuse vague de chaleur de 2021, l’été passé l’Angleterre a atteint une température de 40°C et a aussi vu de très nombreux embrasements les jours les plus chauds. 

Ce printemps, ce fléau s’est abattu sur le Canada (Temps) et l’Espagne (Euronews)  lors de canicules exceptionnelles. 

L’Europe n’échappe pas à ce danger.  L’Agence européenne Copernicus en fait l’inventaire.  Leur rapport sur l’année 2021 concluait qu’il s’agissait de la deuxième année la plus touchée, et que ces catastrophes s’étaient surtout produites dans les années 2016-2021,  les plus chaudes de l’Histoire.  En 2021, les flammes se sont surtout attaquées à l’Italie, ainsi qu’à la Grèce, à la Turquie et au Portugal. La surface embrasée avait doublé par rapport à l’année précédente (lien). 

L’année passée a vu plus de feux que la précédente. En 2022, 45 pays d’Europe ont subi ce cataclysme (Copernicus EFFIS Advance report on forest fires). Le nombre de brasiers et la surface totale ont augmenté.  L’Espagne a  été particulièrement éprouvée, ainsi que la Roumanie, le Portugal, la Bosnie et la France. Malheureusement les flammes se sont aussi attaquées aux zones protégées, particulièrement importantes. 

En Suisse, la surface brûlée a fortement augmenté en 2022. 

Cette année ce danger subsiste, l’Espagne et la France ont déjà vu de nombreux embrasements, et la surface consumée en France surpasse déjà sa moyenne annuelle.  

Les incendies sont un des grands dangers des canicules. Nous verrons des feux de forêts et des départs de feux dans les villes. Une augmentation de ces catastrophes est prévue par les experts. Il faut compter avec ce danger, et prévoir beaucoup plus de surfaces forestières pour compenser celles qui seront perdues. Je propose aussi d’étudier plusieurs solutions techniques, par exemple la présence d’eau,  pour juguler les  immenses incendies à venir.

Démission du système judiciaire

Education

Je n’ai pas écrit de blogs toutes les semaines en 2022. J’ai alors fait la grève de la faim. 

J’ai une fille qui est née quand j’avais presque 36 ans, je faisais alors de la recherche à l’EPFL. J’ai beaucoup voulu un enfant, et j’étais très heureuse de l’avoir. Son père et moi, nous avons voulu tout faire pour qu’elle aille bien, satisfaire tous ses besoins. Les trois premières années sont apparemment les plus importantes dans la vie d’un enfant. J’étais avec ma fille pour lui offrir le maximum de sécurité affective. Je m’en séparais peu, je ne l’ai jamais frappé, jamais insulté, je ne levais pas la voix.

En passant, je reviens sur l’étude sur les crèches qui rapporte qu’elles entraînent une augmentation d’hyperactivité et de mauvais comportements (20minutes). Je constatais clairement l’effet stressant de la crèche quand ma fille y allait. J’ai contacté l’auteur de l’étude, Denis Ribeaud (rapport, publication) qui m’a précisé que les effets négatifs sont moins marqués chez une maman de jour, et auprès d’une personne connue de l’enfant, et que la présence des grands-parents est aussi sécurisante que celle des parents.

Je faisais le maximum pour que ma fille soit heureuse, en bonne santé, bonne, éduquée, en m’inspirant beaucoup de conseils de psychologues. Rétrospectivement je trouve que j’ai eu tort de les écouter, qu’une éducation plus saine, protégeant de mauvaises influences telles que les réseaux sociaux serait plus sûre.

J’avais le temps de bien m’occuper de ma fille sans stress. Je n’ai jamais oublié de lui donner un repas, je ne la laissais pas seule, je veillais à toute la liste de devoirs de bonne ménagère, j’écoutais ses problèmes avec bienveillance, je lui organisais des activités où je l’amenais, je supervisais ses devoirs. Peu avant les faits, j’ai souri une fois en constatant à quel point j’étais vraiment une mère modèle.

Je n’ai jamais battu ma fille, je suis contre les violences physiques, verbales et psychologiques. J’aimerais que tous les enfants se sentent en sécurité chez eux, qu’ils puissent s’exprimer librement et soient écoutés avec affection et tolérance. La mienne l’était. J’estime vraiment que j’étais parmi les meilleures mères de Suisse, peut-être dans le 1% des parents les moins violents. J’ai eu la possibilité et les connaissances nécessaires pour cela. Ma fille a acquis la plupart des règles de comportement grâce à des explications douces au bon moment et grâce à mon exemple. Le principe consiste à expliquer à l’enfant qu’il faut traverser au vert assez tôt pour que ce soit intéressant, de toujours respecter ce comportement, de le surveiller et rappeler délicatement quelques fois en plusieurs années. C’était une réussite. Je m’étais par exemple imposée de parler toujours correctement et vers cinq ans elle parlait ainsi, un français clair, juste et poli, qu’elle avait entendu toute sa vie. En la pratiquant depuis le début, j’avais obtenu des bons résultats avec l’éducation bienveillante, et je pouvais donc continuer de cette façon, beaucoup était déjà acquis. J’ai suivi toutes les lois et les règlements, j’ai voulu bien agir dans les lois existantes, l’alimentation par exemple était végétarienne, en accord et sous la surveillance de la pédiatre.

DGEJ

En janvier 2021 j’ai été convoquée au DGEJ,  la protection de l’Enfance vaudoise à Montreux. J’ai expliqué ce qui c’était passé, je n’avais absolument à me reprocher, mais l’assistante sociale n’écoutait pas vraiment. Je ne sais pas si elle a pris note de mes déclarations factuelles. A un moment, je lui ai dit : « votre enquête montrera sûrement… » et elle m’a répondu : « non, mon enquête est finie, mon opinion est faite » J’étais stupéfaite. Mon enfant a été placé loin de moi en février 2022, les contacts avec moi ont vite été totalement interdits, ce que le DGEJ fait très souvent, puis supervisés et j’avais l’interdiction de lui parler d’un retour à la maison. A ce que je sais, ma fille avait entendu que je devais me faire soigner, ce qui était une fausse information et une calomnie.

J’ai entendu que l’avis de l’enfant prime actuellement dans le choix des juges, ce qui donne lieu à des situations comiques de changement de domicile et d’école si un parent refuse une demande de l’enfant, et rend difficile l’imposition de règles. Dans ce cas ma fille a vraiment été mal informée. Elle a très bien pu s’entendre dire que le retour chez sa mère était impossible. Par ailleurs, l’assistante sociale avec répété qu’elle pourrait sortir quand elle voudrait. Or à partir de la date où elle a pu témoigner à l’audience qu’elle voulait quitter le foyer pour aller chez son père, la sortie du foyer a pris trois mois,  malgré leur accord de toutes les parties en présence et tous mes efforts pour l’accélérer.  Trois mois de prison de plus pour un enfant innocent. Elle a finalement pu partir chez son père aux Etats-Unis grâce à son passeport américain. 

Selon la loi le placement est l’ultime mesure à appliquer si un mineur est en grave danger et que tous les essais d’amélioration de ces conditions de vie ont échoué. Il s’est passé totalement autre chose dans mon cas. L’enfant a été immédiatement emmené ailleurs. J’ai demandé à plusieurs reprises ce qui m’était reproché et comment le corriger, après deux mois, le 5 avril j’ai reçu une première lettre du responsable de l’agence de Montreux rédigée étonnamment au plus-que-parfait: 

Nous vous avions également précisé que nous ne parlions pas de négligence ou de mauvais traitements de votre part (…) 

…nous n’avions pas encore pu, à ce stade, évaluer le cadre et les règles de vie proposées au quotidien à Maia.. 

Il n’y avait pas de délit, je ne savais pas ce qu’on me reproche, je ne pouvais donc pas y répondre. C’était kafkaïen. En voyant une phrase critique j’ai écrit un message où je donnais des indications que je n’étais pas trop sévère, alors quelques mois plus tard j’ai été appelée permissive. 

Après six ou sept mois j’ai reposé cette question dans un autre recommandé, sans réponse. J’ai alors demandé quelle est la façon correcte de traiter un enfant en Suisse.

J’estime que cela devrait être lisible sur le site internet de la protection de l’enfance. Je savais que la maigreur était un motif de retrait. Si des vacances dans un pays lointain le sont aussi, eh bien qu’ils l’affichent sur le site internet, ce sera ainsi clair. C’est évidemment impossible parce qu’ils ne peuvent affirmer publiquement que certains pays sont moins bons que d’autres, tout cela est basé sur des préjugés surannés qui s’écrouleraient s’ils étaient exposés au grand jour. 

A ma demande de la façon correcte de traiter un enfant en Suisse, de règles correctes pour son âge, j’ai obtenu la déclaration qu’il était impossible de le dire.

Mail de Patrick Peyter, responsable du DGEJ Montreux, du 25 octobre 2022:

Madame,
Si une « liste de règles d’éducation normales » existaient et avaient été ratifiées par une autorité supérieure comme étant LA todo-list pour élever des ados, pensez bien que nous la distribuerions aux parents et l’utiliserions sans souci. Cela n’existe pas. Il n’existe pas non plus de protocole scientifique ou de mode d’emploi pour « élever », éduquer ou gérer un adolescent. Je peux vous renvoyer à la Convention des droits de l’Enfant, mais probablement que vous pourriez me démontrer que vous remplissez et respectez tous les droit stipulés dans cette convention et que votre fille n’a jamais manqué de rien.

La protection de l’enfance devrait justement disposer d’une table d’abus, ou d’un site internet, à laquelle ils confronteraient les comportements constatés. S’ils ne sont pas interdits, ils devraient être permis. Ce serait normal. S’il est impossible de dire ce qui est juste, s’il n’y a pas de liste claire d’abus qui nécessite un retrait, alors chaque enfant peut immédiatement être arraché à ses parents.

Dans son cas, il était évident qu’elle était mieux traitée à la maison qu’en foyer. Les repas étaient meilleurs et plus sains, la surveillance un peu plus présente mais plus gentille, les loisirs plus nombreux, les relations humaines meilleures, les objets matériels corrects, et à la maison son abonnement de bus était payé ce que le foyer a oublié de faire. Elle était prise en charge par des jeunes éducateurs qui semblaient plutôt cool, et à ce que je sais a eu la chance de ne pas être battue par les autres pensionnaires.

Par contre elle ne pouvait pas mettre fin au placement quand elle l’a demandé, ses contacts avec moi étaient surveillées par les éducateurs, et je n’étais pas informée de son état de santé, dont personne en fait ne se préoccupait. Les rapports mentionnent qu’elle obéissait aux commandes et c’est tout ce qu’ils voyaient. Ils ne savaient même pas quel grand sourire elle avait normalement.

Après le placement préventif de six mois, il était clair que les motifs étaient erronés, et qu’il lui faisait beaucoup plus de mal que de bien. L’assistante sociale a alors requis son placement indéterminé au motif que je la culpabilisais en lui suggérant un retour à la maison. Elle utilisé ce terme français d’une façon grossièrement fausse, d’une part vivre en famille est la situation normale,  d’autre part je ne disais nullement que ma fille agissait mal en étant dans un foyer, mais qu’elle serait mieux à la maison. Il n’y avait toujours aucun délit. Une autre page décrivait péjorativement le fait que je trouvais ma fille intelligente. L’intelligence existe vraiment. 

Nos droits et la justice

Le jour où l’assistante sociale a envoyé ce rapport scandaleux, sans l’avoir vu, j’ai commencé une grève de la faim.  Le 7 ou 8 mai, j’ai commencé à écrire ce blog, même si je le planifiais pour plus tard, je vais donc le publier.  Cet été-là (2022) une famille s’est jetée d’un balcon de Montreux à l’annonce de l’arrivée de la DGEJ. C’est bien sûr excessif mais ce qu’il nous ont fait vivre était très dur, malveillant et aucune solution humaine ne nous a été proposée.

La demande de placement indéterminé sans aucune raison, et en voyant les effets négatifs sur celle-ci, était un déni énorme de nos droits, et une sérieuse atteinte à ma fille. D’une part il est grave de priver un enfant de ses parents, ils en souffrent comme s’ils devaient orphelins. D’autre part le placement en foyer était pénible, déprimant et réduisait beaucoup ses chances d’un avenir normal. Je crois que ce type de prise en charge pousse plutôt les enfants vers l’invalidité, car il est difficile de distinguer les effets de la prison ou du foyer et ceux d’une dépression. J’ai connaissance d’études passées qui montrent que le placement hors de la famille augmente le risque de maladies psychiques, diminue les chances d’un emploi, de relations sociales et familiales. Les conditions de vie dans les foyers mais aussi dans les familles se sont améliorés, il faudrait  les  comparer à nouveau. 

Une étude scientifique à faire absolument concerne la responsabilités des parents. Le raisonnement actuel est totalement circulaire : tout est la faute des parents, on ne recherche que cela, et souvent une petit manquement des parents est identifié et incriminé. Il faudrait trouver le chiffre officiel, dans quel pourcentage les divers problèmes des jeunes sont vraiment dus aux parents, révéler les autres causes et démontrer l’inadéquation des rapports de la DGEJ qui accuse la famille dans quasiment tous les cas. J’ai lu un blog du Temps d’une jeune fille qui a été retirée à sa famille parce que ses os été fragiles. Le rejet du problème sur les parents lui a probablement occasionné des fractures en plus. 

J’ai donc fait vingt jour de grève de la faim, en été en partie devant le DGEJ de Renens.  J’ai ai eu très peu d’appuis, aucun journaliste n’a fait d’article à ce sujet.  Deux responsables du service m’ont parlé, mais ils n’ont jamais reconsidéré l’affaire malgré les erreurs manifestes.

Le rapport de l’assistante sociale contenait une dizaine d’affirmations fausses toutes en ma défaveur. Elle citait par exemple des soi-disantes déclarations de ma fille faites à un moment où celle-ci n’était pas présente, une dizaine de points de cet acabit.

Elle a falsifié les témoignages de plusieurs experts, des déclarations négatives à mon sujet ont été ajoutées et imputées à ma fille et aux experts. Il s’agit d’événements où j’étais présente, d’autres n’ont pas eu lieu. Je pouvais le prouver, certains rendez-vous ont donné lieu à des transcriptions écrites, les dates pouvaient être vérifiées.  A cela s’ajoutaient de nombreuses considérations critiques et totalement arbitraires sur ma personnalité, certainement basées sur l’entretien où je n’ai quasiment pas pu dire un mot. 

J’ai donc demandé à deux ou trois échelons du DGEJ de vérifier ce rapport, sans succès.

Là, je vois un dysfonctionnement manifeste de ce service qui ne s’embarrasse pas de la loi, du bien de l’enfant, ni de l’honnêteté. J’en ai été très surprise, j’ai même eu du mal à le croire. Au cours de trente ou quarante années précédentes j’ai toujours de bonnes expériences avec l’administration vaudoise, de nombreux autres fonctionnaires alliaient la rigueur de leur travail à l’humanité.  J’y étais habituée. Je croyais que les assistantes sociales sont toutes gentilles.  Là, j’ai vu le contraire, un travail bâclé et la méchanceté à visage découvert. Un autre nouveau délit inventé par cette personne était que je semblais ’empêchée dans ma capacité d’empathie’ alors qu’elle recommandait le placement en foyer. Un minimum de compassion humaine lui aurait fait éviter cette épreuve à mon enfant. Cet humour cruel me rappelle des dictateurs fascistes tels que Bolsonaro ou Poutine. 

Jusqu’à l’âge de cinquante ans, je n’ai aucun problème avec la justice, même pas une amende. Je croyais que si je respectais les lois je n’aurais pas de problème. A cet âge mature, j’ai découvert avec effarement le fonctionnement de la justice vaudoise et suisse.

La juge qui a placé ma fille a agi de façon illogique. Son jugement mentionne qu’il est sans importance si le parent a commis des négligences ou pas, alors cela seul devrait justifier une telle décision. Une fois elle m’a dit d’une voix sèche « Madame Retelska, je vous rappelle que vous avez déjà (demandé par voie légale) le retour de votre fille à la maison. C’est la moindre de choses, dois-je laisser le système broyer mon enfant de 13 ans et compromettre toute sa vie future ? Je n’ai pas compris, j’ai été submergée par une impression d’absurdité. 

Le procès-verbal de l’audience était sensé et correct, mais le jugement incluait un long témoignage fantaisiste fait hors de l’audience dont ni moi ni mes avocats n’étions informés au moment de l’audience, auquel j’aurais pu répondre facilement.

J’ai été pénalisée pour avoir exercé mes droits légaux, influencée pour abandonner ma fille, et calomniée. L’assistante sociale savait qu’elle pouvait faire ce qu’elle veut, comme elle veut, dans l’impunité totale, c’était visible dans son attitude arrogante et négligente, que je n’ai jamais subi auparavant. J’étais jusqu’à là habituée au respect.

J’ai porté plainte contre pour induction de la justice en erreur. Je m’attendais à ce que la jeune personne bénéficie de la mansuétude de la justice, mais j’espérais faire annuler le jugement.

La suite est encore plus étonnante. La police a convoqué l’accusée pour établir la plainte et celle-ci s’est déclarée innocente. C’est un procédé très étrange.  Je crois qu’ils auraient dû me convoquer. La police n’a donc pas fait l’enquête qui aurait pu m’innocenter. J’ai fait appel au Tribunal Cantonal qui lui m’a soi-disant envoyé par lettre recommandée une facture. Celle -ci leur serait retournée sans avoir été réceptionnée, alors ils en ont profité pour classer l’affaire. J’étais chez moi tous les jours cet été-là, et aucun avis de recommandé ne m’a été amené. Je me souviens d’avoir fait particulièrement attention à ne pas me tromper d’adresse, à inscrire mon adresse correcte dans l’appel. Je ne saurai jamais s’il s’agit d’une erreur ou d’un étouffement délibéré de l’affaire. Pendant ce temps, mon enfant qui n’avait commis aucun délit souffrait dans le foyer.

J’ai ensuite fait recours au Tribunal Fédéral, qui en un illogisme dont il est apparemment familier, a jugé que j’étais fautive de n’avoir pas payé la facture que je n’avais pas reçue.  C’était justement impossible, je crois que je n’y suis donc pas tenue.   Je n’ai vraiment aucune expérience de ce qui est appelé justice, mais il faudrait peut-être créer une commission qui examine les décisions du TF et relève celles qui sont contraires à la loi. 

J’ai utilisé tous les recours légaux existant en Suisse. J’avais contacté cinq avocats dans cette affaire, qui m’ont tous dit que je n’avais aucune chance. L’avocate savait que la police n’enquêterait pas sur ma plainte, qu’aucune de mes démarches, des appels ne donnerait rien. Il y a une grosse dérive où les juges font toujours ce que la protection de l’enfance conseille alors que la qualité du travail de celle-ci est extrêmement basse, leur rapport s’apparente plus à des calomnies qu’à du travail. L’impunité est en partie responsable de l’incurie qu’ils s’autorisent.

Le système policier et judiciaire du canton de Vaud ne fonctionne plus et ne sauvegarde pas les droits des citoyens. Il y a là un enchaînement de quatre ou cinq instances officielles dont aucune n’a  corrigé les erreurs de la précédente. 

Ma fille a été placée peu de temps après notre retour de la COP26. Je ne sais pas s’il s’agit juste d’une erreur humaine ou d’un geste délibéré de l’appareil de l’Etat. Le président russe Poutine est actuellement poursuivi pour enlèvement d’enfants ukrainiens, certains officiels suisses pourraient en être accusés aussi. Normalement les parents ont le droit d’éduquer un enfant dans leurs valeurs, leur culture d’origine, leur religion, leur idées politiques et cela assure plutôt une meilleure intégration sociale et un plus grand respect des lois que la vie sans famille. Pour le développement de l’adolescent, il est justement important qu’il puisse faire confiance à ses parents. 

Cette histoire me donne l’impression qu’un fonctionnaire peut monter de toutes pièces une accusation contre tout un chacun, que nous pouvons tous être faussement accusés et emprisonnés demain sans qu’aucune instance ne consente à rétablir la vérité. Cela signifie que nous sommes en dictature.

J’ajoute encore un courrier étonnant reçu de l’école de Montreux en 2020.

J’avais signalé qu’un TA portant sur 1000 formes verbales françaises, apprentissage par coeur de 20 verbes irréguliers à 12 temps (x 6 formes), tous les passés du subjonctif nécessitait environ 50 heures de préparation.  

Le directeur exagère les interactions passées et se livre à la dissimulation et à l’intimidation sous couvert de belles paroles. Je lui répondu qu’il se devait d’être au courant des fautes de son personnel et d’y remédier, ce qui l’a un peu fait réfléchir, mais cette lettre aussi montre un évolution récente de l’administration vaudoise vers la dictature. Et à l’école aussi, dès qu’il n’y a plus aucune contrôle, les erreurs foisonnent.

Deux trains renversés dans la région de Bienne lors de la tempête Mathis

Vendredi, un fort vent soufflait toute la journée, les arbres s’agitaient dans la tempête. A certains moments, le grésil recouvrait le sol de billes blanches en une minute, puis cessait aussi vite. A la récréation, les enfants jouaient devant l’école, sous les grands arbres gémissants. Ils devraient probablement rester à l’intérieur dans un telle situation.  Dans l’après-midi, des vents de 120 km/h ont été mesurés à Neuchâtel (MétéoSuisse).  J’y étais à ce moment-là. La vitre de l’abri-bus tremblait. Une lourde pluie tombait de biais. Les passants marchaient encore facilement dans la rue, nous ne nous rendions absolument pas compte qu’il y avait un danger. Seule une dame âgée totalement décoiffée s’est plainte qu’elle a failli tomber.

Un train a alors déraillé à Locras, près de Bienne, canton de Berne. Un wagon s’est renversé. L’accident a causé trois blessés, les trois occupants de cette voiture.  Vingt minutes plus tard, un autre train à voie étroite subissait le même sort à quarante kilomètres de là, à Büren-zum-Hof. Trois wagons ont déraillé.  A ce moment précis, la station de mesure météorologique voisine enregistrait une rafale de 136 km/h, ce qui s’approchait d’un ouragan (rts). La tempête Mathis, centrée sur le sud de l’Angleterre a généré des vents violents sur une partie de l’Europe dont la Suisse. Il a beaucoup plu et des milliers d’éclairs ont été observés.

Les deux accidents simultanés montrent clairement qu’ils sont dus aux conditions particulières qui régnaient à ce moment-là.   D’autres déraillements se sont déjà produits par vent fort près de Wasserauen en 2007, en 1996 dans l’Oberland bernois,  et en 2018 dans le Simmental bernois, sur la ligne entre Montreux et l’Oberland bernois.

Vendredi passé la ligne ferroviaire de Wasserauen était suspendue en raison des vents violents.  Comme c’est souvent le cas, les mesures de prévention sont prises là où un accident s’est déjà produit, alors que des modèles scientifiques pourraient suggérer les risques à de nombreux autres endroits.

Les deux accidents de vendredi se sont produits sur des lignes à voie étroite. L’écart normal entre les rails est de un mètre quarante. Sur les tronçons où les deux trains ont déraillé vendredi, il mesure un mètre seulement. Le service suisse d’enquête de sécurité estime que cette différence peut influencer la stabilité du train. L’angle d’attaque du vent semble aussi important, et la forme des wagons pourrait peut-être être plus aérodynamique.

Les tempêtes s’aggravent et le nombre d’arbres cassés par le vent augmente. Nous savons que le changement climatique s’amplifiera au cours de la prochaine décennie, et des intempéries sans précédent, inconnues à l’heure actuelle,  nous attendent. Nous avons besoin de règles de prévention, qui arrêtent les trains en cas de danger. Cela risque bien sûr de se produire fréquemment, entre les tempêtes et les glissements de terrain nous avons déjà vu plusieurs perturbations du traffic dans les dernières semaines.  Les transports deviendront plus hasardeux.

Nous aurons bientôt besoin de confiner la population à la maison le temps d’une journée ou de diffuser des appels radios et sms pour ouvrir instantanément nos portes aux passants en danger. Ces mesures de sécurité doivent être développées au plus vite.  Le mieux sera alors de rester à la maison. Nous devons rapidement développer un modèle du fonctionnement de la société avec une semaine par mois de confinement pour raisons météorologiques, ainsi que des moyens d’évacuation de la population en cas d’inondation ou de vague de chaleur (véhicules, abris).

Deux déraillements quasi-simultanés incriminent très clairement la tempête. D’autres accidents semblables se sont récemment produits dans le monde.  Ils devraient être réexaminés pour détecter ceux qui étaient dus à des vents forts et une modification des conditions climatiques.

 

Les catastrophes du Futur

Le GIEC nous alerte cette semaine sur l’urgence de juguler le réchauffement climatique.  Nous savons déjà que les catastrophes s’amplifieront dans les années à venir. Les réductions d’émissions porteront leurs fruits autour de 2050. Si elles restent incontrôlées, les catastrophes s’aggraveront encore.

Les auteurs du GIEC expliquent que les années le plus chaudes vécues jusqu’à maintenant, avec 39,1°C à Genève et la sécheresse de l’été 2022 seront les plus fraiches dans une génération (Otto).  La plupart seront plus chaudes, dangereusement chaudes, avec des canicules à bien plus de quarante degrés.

Une  étude récente s’est penchée sur les inondations du Futur. Elle a examiné les risques pour cinq cent lieux dans le monde, avec les particularités de leurs protection contre la montée du niveau de la mer.

Il s’avère que d’ici trente ans,  la probabilité d’inondation sera dix fois plus grande dans de nombreuses régions du monde.  Elle dépend en partie des aménagements existants, et les risques escaladent le plus rapidement en Amérique centrale, en Europe du Sud, en Afrique du Sud, et en Asie et en Australie.

Cependant, toutes les côtes sont menacées. Les aménagements côtiers actuels seront débordés dix fois plus plus souvent dans trente ans dans 26%-32% des zones étudiées, et certains endroits seront exposés aux flots chaque année.

L’étude prend l’exemple d’une ville hollandaise, Den Helder, qui est protégée  jusqu’au niveau d’inondations millénales.  Elle est entourée de barrières  qui ne seraient dépassées que tous les mille ans, et donc en théorie, elle serait inondée une fois par millier d’années.   

A mesure que les températures monteront, elle courra ce risque tous les dix ans. Elle pourrait être fréquemment submergée en 2116 ou même en 2067 (communiqué Université d’Utrecht).

Cette estimation permet bien sûr de mettre en place des protections et de prévoir des évacuations éventuelles.  Les barrages hollandais peuvent être surélevés, mais dans d’autres pays, des villes plus exposées ne pourront pas  se préparer.

Le coût de l’inondation des côtes de la Planète est estimé par Yale Climate Connection à environ dix trillions (mille millards) de dollars pour une montée du niveau de la mer inférieure à un mètre (blog, Yale).

Les dommages que subiront les côtes africaines sont évaluées par leur modeste valeur actuelle du marché, mais  les villes et les zones agricoles situées au bord de la mer sont très importantes pour leurs habitants et pour la production alimentaire mondiale.  La montée du niveau de la mer menace la moitié des terres cultivées, alors il faudrait tenir compte de la valeur que prendront les terres que nous pouvons sauver lorsqu’elles deviendront essentielles pour nourrir l’Humanité.  Une estimation suggère que les coûts des catastrophes seraient d’1.5 à 4 fois supérieurs aux mesures de prévention (lien IIASA). Le changement climatique affecterait presque tous les éléments de la vie sur Terre, toutes les possessions et les activités humaines et les estimations sont souvent partielles.

Si nous ne réduisons pas rapidement les émissions de carbone, comme le GIEC le demande,  la Suisse subira des canicules mortelles et les côtes du monde seront progressivement inondées à coups d’immenses tempêtes.

 

 

 

 

La chaleur extrême et la sécheresse combinées toucheront 90 % de la population mondiale

Les vagues de chaleur sont de plus en plus fortes, les records sont sans cesse dépassés ces dernières années.  Des températures très élevées ont été atteintes en 2022, de Londres à Shanghai (OMM juillet, août, le Temps).  L’Europe a subi une canicule sans précédent depuis au moins 500 ans, environ 20’000 – 25’000 décès lui sont imputés. Les fleuves étaient à sec en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud. Le futur climatique apportera des canicules croissantes, qui comporteront un vrai risque pour la vie.

Simultanément, les  ressources d’eau sont puisées jusqu’à leurs limites, les aquifères sont vidés, et le risque de sécheresse augmente aussi pour cette raison.

Les canicules provoquent aussi des sécheresses, et combinées aux pénuries d’eau, elles   constituent un risque plus graves pour les populations et pour les écosystèmes. Les populations auto-suffisantes seront frappées de famine et la production alimentaire mondiale sera de plus en plus hasardeuse.

Une nouvelle étude d’Oxford inclut ces deux facteurs. Elle combine la dynamique atmosphérique et l’hydrologie, et explore la rôle des budgets de l’eau et de l’énergie dans l’apparition de chaleurs et de sécheresses extrêmes.

Lorsqu’elles sont évaluées ensemble, ces menaces  représentent un risque bien plus élevé pour la société et les écosystèmes.

Il apparaît que ces risques seront très importants. Plus de 90 % de la population mondiale devrait faire face à des risques accrus dus aux impacts combinés de la chaleur extrême et de la sécheresse. Ils pourraient aggraver les inégalités sociales.

Les impacts seraient les plus graves sur les populations les plus pauvres et les zones rurales.

Ils pourraient aussi compromettre la capacité du monde naturel à réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère.

 La disponibilité limitée de l’eau affectera la capacité des « puits de carbone » – régions naturelles riches en biodiversité – à absorber les émissions de carbone et à émettre de l’oxygène, et aggravera le réchauffement.

D’après les chercheurs, l’impact de ce risque composé sur le monde naturel et sur les économies internationales pourrait être dévastateur (communiqué).

La vague de chaleur  à 49.8°C au Canada en été 2021 (Lytton, blog 2022), et comme celle de Sibérie en 2020 ont été beaucoup plus violentes à cause de la sécheresse qui les a précédées.  Il en fut de même en été 2022 aux Etats-Unis (phys). Habituellement, l’évaporation de l’eau des terres et la transpiration des plantes tempèrent la chaleur.

La disponibilité de l’eau pourrait au contraire modérer les conséquences des vagues des canicules, les champs pourraient être irrigués et la production alimentaire préservée.

L’Alaska se couvre de lacs bouillonnants de méthane. Qu’allons -nous faire?

Lacs bouillonnants de méthane

Ces dernières années chaudes, les vagues de chaleurs s’aventurent jusqu’au pôle Nord. Elles ont apporté des températures excessives de plus de 20 degrés en Sibérie (blog). Les sécheresses inouïes dans ces régions et les foudres de plus en plus fortes provoquent des feux de forêts. Tout cela déclenche la fonte du permafrost, sol boréal gelé depuis des milliers d’années qui contient des debris de plantes anciennes, et d’animaux congelés.

Le permafrost (ou pergélisol) est en partie, à certains endroits à moitié composé d’eau gelée. Lorsqu’il dégèle, le sol glisse, s’effondre, et forme des lacs. Il y a des millions de lacs de ce type en Arctique, certains sont récents.

Deux choses se produisent lorsque la couche de pergélisol dégèle sous les lacs : l’activité microbienne augmente et des voies s’y forment . Au lac Big Trail et dans d’autres lacs thermokarstiques de l’Arctique, les microbes digèrent les plantes mortes et d’autres matières organiques du sol et produisent du dioxyde de carbone et du méthane.

Un scientifique explique « À Big Trail Lake, c’est comme ouvrir la porte de votre congélateur pour la première fois et donner toute la nourriture de votre congélateur aux microbes pour qu’ils se décomposent. En le décomposant, ils crachent du méthane ».

Plus rarement, le dégel du pergélisol peut former des « cheminées » sous les lacs qui permettent au méthane et à d’autres gaz – auparavant piégés profondément sous terre – de s’échapper. Dans tous les lacs thermokarstiques, les gaz bouillonnent à la surface du lac et s’élèvent dans l’atmosphère.

Lorsque le lac Big trail Lake gèle en hiver, les bulles peuvent empêcher la glace de se former et créer des poches d’eau libre qui continuent d’émettre du méthane tout au long de la saison. Dans d’autres régions, les bulles de méthane créent des dômes de glace gelés à la surface du lac.

 Les lacs les plus récents libèrent de grandes quantités de méthane. Il s’enflamme facilement au-dessus de l’eau. C’est un gaz à fort effet de serre qui pourrait accélérer fortement le réchauffement climatique. Les émissions de méthane en Alaska sont étudiées dans le projet ABoVE. Seule une petite fraction du permafrost ,environ 10% (article 2018), est dégelée en surface et peut encore dégeler plus en profondeur.

Méthane ou Géo-ingénierie?

Les émissions de méthane du permafrost terrestre et sous-marin pourraient augmenter et accroître l’effet de serre. La semaine passée, je présentais une étude qui a mis en évidence les émissions de méthane des fonds marins par le passé (blog). C’est un indice de plus qu’elles pourraient se reproduire dans la situation actuelle.  Bien que très incertaines, elles pourraient mener à des sauts de température de l’ordre d’un degré en quelques années, qui s’accompagneraient de catastrophes immenses et déclencheraient d’autres étapes d’une boucle de retroaction positive. C’est un énorme danger. Je mentionnais aussi une technique de géo-ingénierie, la dispersion de particules dans l’atmosphère polaire, qui pourrait regeler la glace Arctique et limiter le problème. Les auteurs de l’étude estiment que c’est possible à un prix relativement accessible. Je ne sais que penser de ces projets. Lundi passé, je me suis endormie avec l’idée que la géo-ingénierie est la seule solution pour éviter l’apocalypse, ou en tout cas un dérèglement du climat terrestre qui emporterait probablement la majorité de la population de la Planète. Je me suis réveillée avec l’idée qu’il ne faut pas s’y lancer. C’est probablement une mauvaise solution, bancale, qui apporterait de nombreux problèmes nouveaux.  L’arrêt des émissions et la reforestation semblent beaucoup plus sains pour notre milieu de vie mais la boucle fonte de la glace Arctique- fonte du permafrost semble maintenant engagée.

 

Si les émissions de méthane augmentent le réchauffement climatique, les conséquences seraient extrêmement dangereuses.  Il deviendrait difficile de tenir le compte des morts dans le chaos généralisé, des pays entiers seraient rayés de la carte.

La Suisse, qui semblait tout d’abord peu exposée, sera frappée par de fortes vagues de chaleur, des glissements de terrain, des foudres et des grêles inconnues jusqu’à peu.

Un réchauffement de 4°C causerait d’immenses tempêtes. Chaque ville subirait des destructions et compterait des morts et des blessés.  La survie à cette hécatombe serait hasardeuse, la civilisation s’effondrerait vite, et nos enfants ou nos petits-enfants se battraient pour l’existence entre crise économique et le déchaînement de la Nature, se cacheraient des vagues de chaleur dans les décombres, défendraient leur potager cultivé sur les décombres de l’école actuelle, fuiraient les inondations.

Certains estiment qu’il vaut mieux laisser la Nature se débarrasser du cancer humain et se reconstituer elle-même.  Là, je ne suis pas d’accord, il me paraît important est de sauver les vies humaines.

Géo-ingénierie

De nombreuses solutions de géoengénierie sont actuellement étudiées.  Plusieurs scientifiques recommandent de regeler la mer Arctique pour contenir le réchauffement direct et la fonte du permafrost sous-marin. Une étude récente estime que c’est tout à fait faisable. Ils proposent d’utiliser une flotte de 125 jets volant à haute altitude pour sprayer des particules aérosols de SO2 qui réduiraient l’ensoleillement des pôles en été (communiqué).

Le professeur Peter Wadhams demande depuis longtemps la géo-ingénierie et propose de répandre plutôt des gouttelettes d’eau de mer qui éclairciraient les nuages, de concert avec  la capture le gaz carbonique présent actuellement dans l’air (Interview Vidéo avec Steven Salter, qui développe cette technologie).

Le scientifique anglais David King proposait aussi à la COP26 de regeler l’Arctique par des techniques artificielles.

Une solution était de reformer directement une glace épaisse à la surface de la mer Arctique. Elle me paraît préférable à l’obscurcissement du soleil. La différence de luminosité aurait des conséquences sur les végétaux et les animaux et les produits utilisés pourraient être une nouvelle source de pollution. Je me suis livrée à une longue réflexion à ce sujet ici.  Je ne suis pas sûre si une technologie capable de fabriquer de la glace à l’échelle d’une mer existe déjà. Une mauvaise idée était de répandre des billes de verre ou de polystyrène à la surface de la glace, ce serait très nocif pour les poissons, les oiseaux et les autres animaux marins qui les avaleraient sûrement. J’ai aussi vu une proposition de miroirs flottants acclamée par le professeur Guy McPherson, et des bateaux congélateurs qui formeraient des blocs de glace. Idéalement ils devraient être alimentés par l’énergie solaire et/ou par la chaleur dégagée lors de la formation de la glace.

D’autres propositions suggèrent d’augmenter la capture du carbone par les algues. Shaun Fitzgerald du Cambridge Center for Climate Repair propose de cultiver des algues sur les plateformes flottantes en haute mer (lien). Cette solution pourrait être bénéfique pour les écosystèmes marins.

Si nous nous lançons dans la géo-ingénierie, nous devons absolument protéger les écosystèmes et leur capacité de capture de carbone naturelle, et éviter une pollution supplémentaire à l’Humanité.

Image du lac avec bulles de méthane par David Mark de Pixabay

Blog: Les dominos climatiques selon Dunlop et Spratt

Blog: Apocalypse selon Guy McPherson

 

Sécheresse, champ, jardin, femme

La Suisse desséchée

Sécheresse et agriculture

Ce matin, il faisait déjà chaud à huit heures. Une nouvelle vague de chaleur s’abat sur la Suisse ce début d’août, Genève pourrait atteindre 38°C.

La sécheresse dure depuis début juillet. La NASA a publié les images satellite de la Suisse en juillet 2022. Les prairies sont asséchées et jaunes (images ici vers le bas). La Suisse vit une aridité sans précédent. Les mois de mai et de juillet ont été exceptionnellement chauds, ensoleillés, et les pluies étaient rares. Le mois de juillet, après quelques orages, au début, a maintenu cette tendance…  Les températures ont dépassé 35°C et atteint 39.1°C à Genève-Cointrin le 19 juillet. Les températures en montagne sont aussi exceptionnellement élevées, et les glaciers suisses s’écoulent en torrents furieux gris. Il fallait s’élever à 5184 m d’altitude pour atteindre 0°C. La persistance de conditions anticycloniques a rendu cette vague de chaleur exceptionnellement longue (Météosuisse juillet).

La chaleur et l’absence de précipitations causent de graves dommages à l’agriculture Suisse. Les prés, le maïs et les navets, ainsi que les cultures de plein champ, y compris les pommes de terre, sont touchés. La production de fourrage est insuffisante.

Toute la France est en alerte sécheresse. Le maïs en souffre particulièrement, ainsi que le fourrage. L’Espagne et la région de la mer noire sont aussi touchées et la production de maïs fourrager est réduite en Europe.

Les éleveurs du Jura vaudois prévoient une désalpe précoce (article Le Temps). La production de Gruyère  pourrait diminuer à cause de la météo causant une moindre productivité des vaches.  D’autres agriculteurs montent l’eau aux alpages par hélicoptère. L’élevage est donc confronté au manque d’eau dans les pâturages estivaux, au manque de fourrage dû à la sécheresse, et bientôt à la mort du bétail dans les vagues de chaleur.

Sécheresse dans les forêts et sécheresse éclair

L’anhydrie expose les épicéas aux scolytes, et ils sont déjà infectés dans de nombreuses régions. Les hêtres laissent tomber des feuilles pour mieux résister (article). Le Valais dispose depuis longtemps de systèmes d’irrigation et ils pourraient être développés dans les autres cantons. Je proposais dans un autre blog de construire aussi des réservoirs et des canaux d’irrigation pour les forêts suisses.

Un nouveau phénomène observé ces dernières années a été appelé sécheresse éclair, “flash drought”. De l’air très chaud et très sec, combiné à des vents forts,  provoque une sécheresse sévère en un mois ou moins. Ce phénomène  observé récemment aux Etats-Unis ainsi qu’en France, est moins prévisible, ou nécessite des outils de prévision spécifiques et augmente encore le risque d’effondrement de la production agricole.

Les agriculteurs tentent de s’adapter en prévoyant des solutions d’irrigation ainsi qu’en passant à des cultures des pays chauds, mais les changements climatiques iront de plus en plus vite.

L’été passé, les températures ont atteint 49°C en Colombie britannique. Cet événement semble rare pour le moment, mais la probabilité de telles températures augmente chaque année.

Du risque d’un réchauffement abrupt

Je suis parfois accusée de paniquer le public et de chercher les pires horreurs climatiques. Il s’avère que c’est très utile. Une nouvelle étude présentée par la BBC montre que les apports du GIEC ne présentent pas assez les pires conséquences possibles du réchauffement climatiques, qui y sont quasiment ignorées.  Or ces conséquences catastrophiques, même ayant une probabilité de 2% ou 10%, seraient très importantes. Prenons pour example l’effondrement de l’Antarctique-Ouest , qui provoquerait  l’inondation de toutes les villes situées en bord de mer où réside plus d’un milliard de personnes. L’étude explique que la prise en compte de ces risques dans les calculs montrerait que le coût du réchauffement est plus important. Elle permettrait aussi de mieux prévoir et gérer ces crises si elles se concrétisent, et de mieux comprendre pourquoi il faut limiter les températures à 1.5° ou 2°C.

En Suisse, les conditions que supportent ou ne supportent pas les barrages ont été soigneusement calculées et sont connues, ce qui permet de prévoir leur consolidation, leur abandon ou au moins l’évacuation des personnes menacées. Nous devons faire de même pour le réchauffement climatique.

D’autre part, de nombreuses conséquences du réchauffement telles que la mortalité due à la chaleur aux Etats-Unis, les dommages et le coût des inondations, les feux de forêt, la fonte du permafrost ont été sous-estimées et des prévisions plus élevées auraient dû être établies. Chacun des derniers rapports du GIEC a révisé le danger à la hausse, car des événements climatiques  graves s’étaient produits dans les années précédentes et se produisent continuellement. Les modèles les plus alarmistes pourraient se révéler vraiment utiles.

Photo de couverture : Christiane Rossi par Dorota Retelska

Canicule, insectes ou soja en Argentine

L’hémisphère Sud subit un été torride. En Australie, les températures ont dépassé 50 degrés. Ce pays a subi au moins cinq années de canicule extrême depuis 2015.

L’Amérique du Sud frappée par deux vagues de chaleur en janvier. La première, début janvier, a causé des records de chaleur au Paraguay. La deuxième a touché surtout l’Uruguay et l’Argentine. Elle provenait d’un dôme de chaleur sur la région. Les températures ont atteint 45°C, et de nombreuses pannes de courant ont rendu la climatisation aléatoire. Presque toute l’Argentine ainsi que les pays avoisinants ont subi les jours les plus chauds de leur histoire.

La vague de chaleur a aussi affecté l’agriculture et les écosystèmes naturels.

Elle pourrait meurtrir sérieusement  les écosystèmes argentins. La canicule de 2019 avait provoqué une mortalité massive de penguins. Cette année, une ville argentine a connue une plaie d’insectes, appelés  cascarudos (diloboderus abderus) qui ont transformé la rue en un grouillement brun.

La canicule a touché une région essentielle pour la production mondiale de céréales.  L’Argentine est le premier exportateur mondial de soja, elle assure les 41% de la production mondiale. Elle est aussi un important producteur de maïs.

Alors que les prix mondiaux des denrées alimentaires atteignent actuellement leur plus haut niveau depuis 46 ans, la vague de chaleur et la sécheresse qui y est associée en Argentine sont préoccupantes.

Les sécheresses extrêmes et/ou des inondations amplifiées par le changement climatique qui frappent plusieurs grands « greniers à blé » producteurs de céréales dans le monde au cours de la même année pourraient constituer la plus grande menace du changement climatique pour la civilisation au cours des 40 prochaines années.

Les pénuries pourraient déclencher d’importantes des flambées de prix qui conduisent à la famine massive, à la guerre et à une grave récession économique mondiale. L’Argentine joue un rôle clé dans la stabilité alimentaire mondiale, mais bien sûr le passage à une alimentation plus végétale l’assurerait facilement,

Généralement, les cultures ont une température optimale pour la performance, et des températures plus chaudes entraînent une forte baisse des rendements. Pour chaque degré Celsius d’augmentation de la température moyenne mondiale, les rendements devraient diminuer, en moyenne, d’environ 7 % pour le maïs, 6 % pour le blé, 3 % pour le riz et 3 % pour le soja. Ces calculs ne tiennent pas compte des pertes supplémentaires dues aux conditions de sécheresse qui accompagnent généralement la chaleur extrême. Cependant, elles pourraient être compensées modestement par des gains de croissance des plantes en raison de l’augmentation du dioxyde de carbone dans l’air qui stimulera la croissance des plantes (l’effet de fertilisation du CO2).

Une étude de 2021 dirigée par Ariel Ortiz-Bobea, Le changement climatique anthropique a ralenti la croissance de la productivité agricole mondiale, a révélé que la température mondiale optimale pour la croissance des cultures est assez fraîche et a été atteinte avant 1961. Depuis cette année, la productivité agricole mondiale a à peu près doublé comme à la suite d’améliorations de la technologie et des pratiques, mais le changement climatique a réduit ces avantages d’environ 21 % – l’équivalent de la perte des sept dernières années de progrès de la technologie agricole. Les pertes dues au changement climatique ont été les plus importantes sous les tropiques et dans les latitudes moyennes du sud, y compris en Argentine (selon Yale Climate Connections basé sur Ortiz-Bobea et al). La sécheresse affecte aussi le transport des céréales. Elle a réduit le niveau du Parana, a empêché le transport fluvial des céréales, et a diminué les exportations de 30%. Les sécheresses pourraient doubler à la fin du siècle dans des nombreuses régions du monde (lien).  Une étude scientifique sur les effets de la chaleur anticipe cette  baisse de la productivité de maïs pour la fin de ce siècle (article vidéo), mais ce déficit a déjà été atteint cette année grâce aux problèmes de transport.

Les sécheresses en Argentine sont souvent liées au phénomène la Nina, alors l’année prochaine pourrait être meilleure.

La pluie pourrait sauver les récoltes argentines cette année, mais une nouvelle vague de chaleur s’annonce.  Il reste à espérer que les récoltes dans l’hémisphère nord seront abondantes, mais les risques planétaires s’aggravent. Une alimentation plus végétale constitue la meilleure solution pour la sécurité alimentaire mondiale.

Je cherche les descriptions des effets de cette vague de chaleur, mais pour le moment je n’en trouve pas assez. Elles seraient très utiles car ces événements seront fréquents et répandus dans le monde. La grande majorité de modèles sous-estime les conséquences réelles. Cette année, la sécheresse affecte aussi le transport fluvial.  Il est essentiel d’observer les catastrophes actuelles, les problèmes météorologiques ponctuels, tels que les vagues de chaleur, les grêles et les inondations, ainsi que des périodes plus longues, de sécheresse ou de chaleur.  Leur observation et leur description ouvre la voie à des modèles réalistes.

Ce problème est terriblement réel. Toute la Planète sera bientôt confrontée à d’intenses vagues de chaleur. Une étude chapeautée par Sonia Seneviratne de l’ETHZ montrait que dès 2030, dans huit ans, la plupart des pays du monde connaîtront des vagues de chaleur record tous les deux ans (lien).  Les canicules exceptionnelles telles que celles de 2003 à Paris, ou celles de l’été 2021, se produiront bientôt tous les deux ans, et des extrêmes plus hauts seront atteints.

Ces vagues de chaleur auront des conséquences importantes sur l’agriculture mais pourraient  aussi toucher directement les populations.

Dans l’interview vidéo ci-dessous, un climatologue s’exprime sur les records de chaleur. Selon lui, ces pics de température, à dix ou vingt degrés au dessus des normales saisonnières, sont aujourd’hui possibles, partout dans le monde. Selon lui, ces prochaines années, des anomalies aussi fortes pourraient aussi toucher les régions chaudes, des villes telles que Delhi, qui seraient alors décimées par la chaleur.  Un autre climatologue à la COP26 déclarait aussi que l’urgence, principale, aujourd’hui, est de prévenir les vagues de chaleur en Afrique.

https://www.nasdaq.com/articles/heat-wave-to-hit-argentina-further-stressing-corn-soybean-crops

Image par Reimund Bertrams de Pixabay

 

Les pesticides déciment les insectes du sol

Traitements chimiques au niveau du sol

Les pesticides contaminent le sol. De nombreuses études ont relevé leurs effets sur les invertébrés, insectes ou vers. La perte de biodiversité a causé une perte de 60%, plus de la moitié, des services écosystémiques de la glèbe (publication). De nombreux insectes passent une partie de leur vie dans la terre, sous forme d’oeufs ou de larves, et leur nombre a dramatiquement chuté au cours des dernières décennies. Le nombre d’oiseaux a aussi dramatiquement diminué et cette année encore, aux Etats-Unis, près d’un million d’oiseaux sont tombés morts au sol, émaciés. Ils ont peut-être succombé à la faim.

La perte d’habitat, et la pollution, due surtout aux engrais et aux pesticides, sont les suspectes de l’hécatombe d’insectes. Les pesticides nénicotinoïdes étaient utilisés dans la moitié de champs de soja et presque tout le maïs non biologique cultivé aux Etats-Unis. Les 80% de ces pesticides demeurent dans le sol, et les organismes du sol y sont exposés.

Les fongicides sont aujourd’hui appliqués directement sur les graines. Les traitements au niveau du sol iront probablement en augmentant. Les insectes peuvent aussi être exposés aux pesticides sprayés sur les feuilles, dilués dans l’eau d’irrigation, et ceux présents dans ou sur les feuilles qui tombent et se décomposent parterre. Aux Etats-Unis, l’effet des pesticides est testé seulement sur l’abeille européenne, et n’inclut pas les autres insectes ou vers du sol, alors qu’ils pullulent.

Les animaux du sol

Une poignée de terre contient de dix à cent millions d’être vivants, des millers d’espèces d’invertebrés, insectes ou vers. Elle abrite aussi des centaines de champignons et des milliers de bactéries. Les animaux augmentent la porosité du sol en creusant. Les vers de terre peuvent construire jusqu’à 8’900 km de canaux par hectare, et ainsi ils améliorent la porosité et la circulation de l’eau. Ils transportent aussi des nutriments et limitent certaines maladies. Certains nématodes et mites limitent le développement des bactéries, des guêpes parasitoïdes éliminent des insectes nuisibles en pondant leurs oeufs dans le corps de ceux-ci, d’autres petits animaux mangent les graines des mauvaises herbes.

Le sol contient de nombreuses espèces d’animaux, par exemples des rotifères, des tardigrades, des acariens, qui sont décrits plus en détail par le WSL (lien WSL).

De nombreux insectes passent une partie de leur vie dans le sol. Les larves enterrées sont en majorité des larves de diptères. Celles du bibion des jardin se nourrissent d’humus puis, plus grandes, s’attaquent parfois aux racines des plantes. La Graphomyie tachée pond aussi ses oeufs dans le sol. Elles sont très actives. Elles s’alimentent de matière organique en décomposition, par exemple de débris de plantes, et sont importantes pour le fonctionnement du sol.

Les larves de la mouche de la Saint -Marc vivent dans les sols forestiers, celles de la Tipule géante sur les rives marécageuses. Les coléoptères sont aussi très présents dans le sol, et quelques-unes de leurs larves sont saprophages. 

Celles des scarabées, par exemple des bousiers, sont coprophages ou nécrophages. Elles participent à la formation du sol.

Image de bousier par Wolfgang_Hasselmann de Pixabay

Certaines larves d’insectes s’attaquent aux plantes, par exemples celles de la Tipule des prairies, et celle du chou. Elles posent des gros problèmes aux agriculteurs. Les larves du hanneton sévissent trois au quatre ans dans le sol. En agriculture biologique, ces problèmes sont parfois limités par la présence de champignons dans le sol (Brochure FIBL). Les écosystèmes naturels sont merveilleusement complexes et l’Homme y était adapté. L’agriculture a d’abord été biologique, nous cultivons depuis des millénaires des plantes adaptées a des plantes adaptées au sol naturel, et toute perturbation a des effets inattendus.

Certains insectes rendent directement service au jardinier, tels le rare carabe doré qui débarrasse le jardin des limaces et escargots. Les larves de Staphilinidés ou de fourmilions chassent d’autres animaux dans le sol. D’autres insectes parasitent des vers de terre, des escargots, des larves de fourmis.

Aux Etats-Unis, l’effet des pesticides est testé seulement sur l’abeille européenne, et n’inclut pas les autres insectes ou vers du sol.

Toxicité généralisée des pesticides

Une nouvelle étude publiée par la revue universitaire Frontiers in Environmental Science établit que de nombreux pesticides sont toxiques pour plusieurs organismes essentiels à la santé des sols. Ces pesticides largement utilisés dans l’agriculture constituent une grave menace pour la biodiversité et à la séquestration du carbone dans le sol pour lutter contre le changement climatique.

L’étude, menée par des chercheurs du Center for Biological Diversity, des Amis de la Terre des États-Unis et de l’Université du Maryland, est l’examen le plus vaste et le plus complet jamais réalisé sur les impacts des pesticides agricoles sur les organismes du sol.

Les chercheurs ont compilé les données de près de 400 études, concluant que les pesticides nuisaient aux invertébrés bénéfiques vivant dans le sol, notamment les vers de terre, les fourmis, les coléoptères et les abeilles nicheuses au sol dans 71% des cas examinés.

Ces travaux ont relevé leurs effets sur les invertébrés, du sol, insectes ou vers. Les animaux augmentent la porosité du sol en creusant. Les vers de terre peuvent construire jusqu’à 8’900 km de canaux par hectare, et ainsi améliorent la porosité et la circulation de l’eau. Ils transportent aussi des nutriments et limitent certaines maladies. Des nématodes et des mites limitent le développement des bactéries, des guêpes parasitoïdes éliminent des insectes nuisibles en pondant leurs oeufs dans le corps de ceux-ci, d’autres petits animaux mangent les graines des mauvaises herbes.

Les scientifiques ont comparé des centaines d’études, qui ont quantifié la biomasse des habitants du sol, ou leur état biologique, la mortalité, le comportement, les changements visibles ou biochimiques de leur corps.

Les coléoptères semblent surtout affectés par les insecticides. Les petits vers (Enchytrachidae) souffrent encore plus des applications d’herbicides et de fongicides.

Toutes les classes des pesticides étudiées ont des effets des effets négatifs, montrant qu’en tant qu’ensemble de poisons chimiques, les pesticides présentent un danger évident pour la vie du sol et sont incompatibles avec des écosystèmes de sol sains.

De plus, les études évaluant les impacts des pesticides utilisent souvent une gamme étroite d’espèces de substitution faciles à élever, à identifier ou à étudier, tandis que les organismes plus petits et plus cryptiques sont rarement analysés. 

Actuellement, les tests de toxicité des pesticides sont surtout effectués sur les abeilles et sur une espèce de vers. Mais les insectes sauvages qui pondent leurs larves dans la terre, ainsi que les vers, les bactéries et les champignons, pourraient être affectés par d’autres pesticides, ce qui met en péril l’écosystème du sol. Les abeilles sont plus résistantes que les autres insectes.

Même les études qui essaient de mesurer les conséquences sur la vie du sol ne testent qu’un petit nombre d’espèces. L’état des Protures, Pauropodes, et des Tardigrades n’a été mesuré que dans une étude sur près de quatre cent travaux. Les études sur les symphyles et diplures manquent vraiment.

“Il est extrêmement préoccupant que 71% des cas montrent que les pesticides nuisent considérablement aux invertébrés du sol”, a déclaré le Dr Tara Cornelisse, entomologiste au Centre pour la diversité biologique et co-auteur de l’étude. «Nos résultats ajoutent à la preuve que les pesticides contribuent au déclin généralisé des insectes, comme les coléoptères prédateurs bénéfiques et les abeilles solitaires pollinisatrices. Ces découvertes troublantes ajoutent à l’urgence de limiter l’utilisation des pesticides pour sauver la biodiversité. »

Les résultats font suite à une étude récente publiée dans la revue Science montrant que la toxicité des pesticides a plus que doublé pour de nombreux invertébrés depuis 2005. Malgré une utilisation globale réduite des insecticides, les produits chimiques les plus couramment utilisés aujourd’hui, y compris les néonicotinoïdes, sont de plus en plus toxiques pour insectes et autres invertébrés. Les pesticides peuvent persister dans le sol pendant des années ou des décennies après leur application, continuant à nuire à la santé du sol.

Les études examinées ont montré des impacts sur les organismes du sol allant d’une mortalité accrue à une reproduction, une croissance, des fonctions cellulaires réduites et même une diversité globale réduite des espèces.

“Sous la surface des champs couverts de monocultures de maïs et de soja, les pesticides détruisent les fondements mêmes de la toile de la vie”, a déclaré le Dr Nathan Donley, scientifique au Centre et co-auteur de l’étude. «Étude après étude, l’utilisation incontrôlée de pesticides sur des centaines de millions d’acres chaque année empoisonne les organismes essentiels au maintien de sols sains. Pourtant, nos régulateurs ignorent les dommages causés à ces écosystèmes importants depuis des décennies. »

Mouche de la Saint-Marc (Image Emphyrio de Pixabay)

Tests de toxicité

L’ l’Environmental Protection Agency américaine teste la toxicité des pesticides sur l’abeille européenne. D’après les auteurs de l’étude, elle sous-estime gravement le risque des pesticides pour la santé des sols en utilisant une espèce qui passe toute sa vie en surface pour estimer les dommages causés à tous les invertébrés du sol.

J’ai contacté les auteurs de l’étude qui m’ont indiqué que la législation européenne dans ce domaine est meilleure.

Quatre de  six tests préconisés sont actuellement utilisés dans l’évaluation des risques liés aux pesticides dans l’Union européenne, et deux sont à l’étude :

1) Effets sublétaux sur le ver de terre (Eisenia fetida ou Eisenia andrei)

2) Effets sublétaux sur le collembole (Folsomia candida ou Folsomia fimetaria)

3) Effets sublétaux sur l’acarien (Hypoaspis aculeifer)

4) Effets sur la transformation de l’azote (lecture de l’activité microbienne du sol)

5) Effets sublétaux sur une espèce d’isopode – actuellement à l’étude

6) Effets sur les champignons mycorhiziens (Funneliformis mosseae) – actuellement à l’étude

Il faut absolument que les tests à l’étude soient mis en place. Est-ce suffisant ? Devons nous mieux cerner les effets des pesticides ?  Faut-il développer d’autres tests? Les insectes que les scientifiques n’arrivent pas à maintenir dans le laboratoire se nourrissent peut-être d’animaux inconnus.  Un test pourrait porter sur la totalité d’ARN présent dans le sol, il donnerait un aperçu global de tous les êtres vivants.

En Europe, notamment en Allemagne et en Suisse, nous avons perdu plus de la moitié d’insectes, les chiffres sont comparables aux Etats-Unis. Les tests actuels ne rendent peut-être pas correctement compte de la toxicité pour l’écosystème. Pouvons-nous mieux cerner le danger des pesticides pour les insectes et trouver des moyens de restaurer leurs populations? 

Les invertébrés du sol offrent une variété d’avantages essentiels pour la terre, tels que le recyclage des nutriments dont les plantes ont besoin pour se développer, la décomposition des plantes et des animaux morts. Ils régulent la quantité des ravageurs et des maladies. Ils sont également essentiels pour le processus de conversion du carbone. Aujourd’hui, ‘idée d’« agriculture régénérative » et d’utilisation du sol comme éponge de carbone pour lutter contre le changement climatique gagne du terrain dans le monde. La réduction de l’utilisation des pesticides est un facteur clé pour protéger les invertébrés. rôle dans la séquestration du carbone dans le sol.

« Les entreprises de pesticides essaient continuellement d’écologiser leurs produits, plaidant en faveur de l’utilisation de pesticides dans une agriculture « régénérative » ou « intelligente face au climat », a déclaré le Dr Kendra Klein, scientifique principale aux Amis de la Terre et co-auteur de l’étude. . “Cette recherche brise cette notion et démontre que la réduction des pesticides doit être un élément clé de la lutte contre le changement climatique dans l’agriculture.”

“Nous savons que les pratiques agricoles telles que les cultures de couverture et le compostage créent des écosystèmes de sol sains et réduisent le besoin de pesticides en premier lieu”, a déclaré le Dr Aditi Dubey de l’Université du Maryland et co-auteur de l’étude. « Cependant, nos politiques agricoles continuent de soutenir un système alimentaire à forte intensité de pesticides. Nos résultats soulignent la nécessité de politiques qui aident les agriculteurs à adopter des méthodes d’agriculture écologique qui aident la biodiversité à s’épanouir à la fois dans le sol et au-dessus du sol. »

Couverture: Scarabée tigre vert : image par 631372 de Pixabay

Scarabée tigre vert : lien

Informations supplémentaires sur l’étude:

Kendra Klein, Friends of the Earth (415) 350-5957, [email protected]
Tara Cornelisse, Center for Biological Diversity (510) 844-7154, [email protected]
Nathan Donley, Center for Biological Diversity (971) 717-6406, [email protected]