Bilan de l’année 2021, année charnière pour le climat

2021 pourrait s’avérer être l’année la plus critique dans nos efforts pour lutter contre le changement climatique. Après quatre ans d’inaction et de recul de l’administration Trump, les États-Unis du président Biden tentent de rattraper le temps perdu.

1. COP26:  Une centaine de pays s’engagent pour le zéro net et pour les forêts

Quelques heures seulement après son investiture, le président Biden a rejoint l’accord de Paris sur le climat de 2015 dont l’ancien président Trump s’était retiré. En novembre, Biden a assisté aux pourparlers sur le climat de Glasgow, également connus sous le nom de COP26, pour faire avancer les efforts de l’accord de Paris. La réunion a abouti au Pacte climatique de Glasgow, un accord approuvé par près de 200 pays. Alors que les engagements des nations n’étaient pas assez ambitieux pour atteindre l’objectif ambitieux de l’accord de Paris – maintenir le réchauffement climatique à 1,5 ° C – 136 pays se sont engagés à atteindre le zéro net au cours des prochaines décennies. Cent cinquante-trois pays ont amélioré leurs contributions déterminées au niveau national – leurs plans d’action climatique non contraignants – et ils devraient revenir l’année prochaine, au lieu d’attendre encore cinq ans, avec des plans d’action encore plus ambitieux.

Plus de 100 dirigeants mondiaux se sont engagés à mettre fin à la déforestation d’ici 2030, dont le Canada, la Russie, la Chine, l’Indonésie, le Brésil et les États-Unis. Plus de 100 pays ont également signé le Global Methane Pledge, s’engageant à réduire les émissions de méthane de 30 % par rapport aux niveaux de 2020 d’ici 2030. Pour la première fois, les négociateurs sur le climat ont appelé à l’élimination progressive des combustibles fossiles et ont établi des règles pour établir des marchés internationaux du carbone. Et dans une annonce surprise, les États-Unis et la Chine ont convenu de travailler ensemble pour essayer de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C en coopérant sur les réglementations et les normes environnementales, les politiques visant à promouvoir la décarbonisation, la conception verte et la mise en œuvre de nouvelles technologies.

2. L’infrastructure de Biden et Build Back Better Bills

Le projet de loi d’infrastructure de 1 000 milliards de dollars du président Biden, qu’il a promulgué en novembre, prévoit des milliards de dollars pour lutter contre le changement climatique. Pour permettre une plus grande utilisation des énergies renouvelables, 73 milliards de dollars seront consacrés à la modernisation du réseau électrique. Quarante-sept milliards de dollars seront consacrés à la résilience climatique pour aider les communautés côtières à faire face à davantage d’ouragans et d’inondations, et aider d’autres régions à lutter contre l’augmentation des incendies de forêt. Pour accélérer la décarbonation des transports, 500 000 nouvelles bornes de recharge seront construites pour les véhicules électriques.

Le projet de loi Build Back Better de Biden, s’il est adopté, serait le plus grand effort de l’histoire américaine pour lutter contre le changement climatique. Il offrirait des remises et des crédits d’impôt pour motiver les consommateurs à passer à l’énergie propre et à l’électrification, et fournirait des incitations à développer l’énergie solaire et éolienne. Il investirait également dans des solutions climatiques naturelles telles que la gestion des forêts et la conservation des sols, établirait un corps civil pour le climat pour conserver les terres publiques et fournirait des subventions aux communautés de justice environnementale. Désormais bloqué par le sénateur Joe Manchin, le projet de loi Reconstruire en mieux devra être renégocié pour avoir une chance d’être adopté. Vu le risque de la multiplication de catastrophes, il faut donner la priorité aux infrastructures vitales avec des bons prognostics de survie.

3. Le pipeline Keystone XL s’est arrêté

Le président Biden a retiré le permis que son prédécesseur avait accordé au controversé pipeline Keystone XL. Mis en service en 2010, le pipeline a été conçu pour transporter 900 000 barils de pétrole sale provenant des sables bitumineux chaque jour de l’Alberta aux raffineries de l’Illinois et le long de la côte du golfe du Texas. L’extraction et la production de sables bitumineux entraînent trois à quatre fois plus de pollution par les gaz à effet de serre que la production pétrolière conventionnelle. Après 10 ans de manifestations dirigées par des Autochtones, TC Energy a finalement annulé ses plans pour l’énorme oléoduc de pétrole brut.

Image par PIRO4D de Pixabay

4. Les satellites de la NASA

La NASA a annoncé des plans pour une nouvelle flotte de satellites d’observation de la Terre. L’Observatoire du système terrestre surveillera les nuages ​​et les aérosols, et donnera aux scientifiques de nouvelles perspectives dans les températures et la chimie de la planète. Les données recueillies par les satellites devraient améliorer les prévisions météorologiques, évaluer les niveaux d’eau et les sécheresses pour permettre une meilleure planification de l’utilisation de l’eau et des interventions en cas de catastrophe, et permettre aux chercheurs d’étudier comment le changement climatique affecte l’alimentation, l’agriculture, l’eau et l’utilisation de l’énergie. Les résultats seront gratuits pour les chercheurs du monde entier. Après les tentatives de l’ancien président Trump d’annuler les missions de sciences de la Terre de la NASA, avec cette nouvelle flotte de satellites, la NASA fait à nouveau partie intégrante de l’élaboration de la politique climatique du pays.

5. Implication des jeunes

Selon une étude récente du Lancet, près de 60 % des jeunes de moins de 25 ans se disent extrêmement préoccupés par le changement climatique. Cette année, des milliers de jeunes dans plus de 1 500 endroits à travers le monde sont descendus dans la rue avant la COP26 pour obliger les dirigeants à lutter avec force contre le changement climatique. Et à Glasgow, des dizaines de milliers, dont beaucoup de jeunes inspirés par la militante suédoise pour le climat Greta Thunberg, ont défilé pour un changement systémique.

En fin de compte, Thunberg a considéré la COP26 comme un échec parce que les dirigeants n’avaient pas pris de mesures suffisamment drastiques pour mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles, mais son combat continue. Elle a tweeté à ses cinq millions d’abonnés sur Twitter : “Le vrai travail continue en dehors de ces salles. Et nous n’abandonnerons jamais, jamais.”

Cette année a aussi été ponctuée d’échecs et de catastrophes.

1. La COP26 n’a pas atteint les objectifs fixés

Lors de la COP26, les pays étaient censés avoir revu leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) et les ont augmentées pour être plus ambitieuses conformément à l’accord de Paris. Alors que de nombreux pays se sont conformés, certains grands pays ont soumis à nouveau les mêmes objectifs qu’ils avaient en 2015 (Australie, Indonésie, Russie, Singapour, Suisse, Thaïlande, Vietnam) ; certains ont soumis des objectifs encore plus faibles (Brésil, Mexique) ; et la Turquie et le Kazakhstan n’ont pas du tout soumis de nouvelles NDC.

Le financement climatique a également échoué. Parce que les pays en développement du monde ont le moins contribué au réchauffement climatique mais sont ceux qui souffrent le plus des impacts du changement climatique, en 2009, les pays riches se sont engagés à fournir 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour les aider à faire la transition vers une énergie propre et à renforcer leur résilience face au changement climatique. les impacts du changement. Selon l’OCDE, en 2019, près de 80 milliards de dollars ont été levés, mais l’objectif de 100 milliards de dollars ne sera probablement pas atteint avant 2023. Bien que les pays aient promis des millions de nouveaux engagements à la COP26, beaucoup étaient sceptiques car les engagements initiaux n’ont pas été tenus. Les pays riches résistent aux tentatives visant à leur faire payer les dommages infligés aux pays les plus vulnérables par le changement climatique. Biden a promis d’augmenter la contribution des États-Unis à 11,4 milliards de dollars par an d’ici 2024, mais selon le groupe de réflexion mondial ODI, la juste part des États-Unis devrait être plutôt de 30 à 47 milliards de dollars par an.

2. Le CO2 dans l’atmosphère a battu des records

Le Global Carbon Project a révélé que les émissions du charbon et du gaz ont augmenté en 2021, les émissions de combustibles fossiles augmentant de 1,4 à 5,7 % dans le monde après une baisse de 5,4 % en 2020 en raison de la pandémie. La quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a battu un autre record cette année, culminant à 419 ppm selon l’observatoire Mauna Loa de la NOAA. Il s’agit du niveau le plus élevé enregistré depuis le début des mesures précises il y a 63 ans. Le niveau de CO2 dans l’atmosphère aujourd’hui est à peu près ce qu’il était il y a 4,1 à 4,5 millions d’années, lorsque le niveau de la mer était de 78 pieds plus haut qu’aujourd’hui.

3. Les impacts climatiques se sont aggravés

2021 a été une année de conditions météorologiques extrêmes dévastatrices. Aux États-Unis, il y a eu des vagues de chaleur record dans le nord-ouest du Pacifique, des crues soudaines dans le nord-est, des ouragans destructeurs dans les océans Atlantique et Caraïbes et dans le golfe du Mexique, ainsi qu’une sécheresse historique et des incendies de forêt qui font rage dans le sud-ouest. De nombreux autres pays du monde ont également été touchés par de fortes précipitations et des inondations.

Des vagues de chaleur extrêmes ont frappé le Japon, l’Irlande, la Turquie et l’Angleterre, et de nombreuses régions de la Méditerranée ont connu des températures record et une sécheresse. Les incendies de forêt ont produit 1,76 milliard de tonnes métriques d’émissions de carbone dans le monde, avec des incendies en Sibérie, en Turquie et aux États-Unis, des incendies de forêt battant des records pour la quantité de carbone qu’ils ont émise. Le niveau moyen mondial de la mer a atteint de nouveaux sommets en 2021 : la dernière mesure était d’environ 100 mm de plus que son précédent record en 2020 de 91,3 mm au-dessus des niveaux de 1993.  Une plateforme retenant le glacier Thwaites en Antarctique se fracture, alors la montée du niveau de la mer pourrait largement dépasser les prévisions actuelles (blog).

4. La déforestation amazonienne a augmenté

La déforestation dans la forêt amazonienne du Brésil a augmenté de 22%, atteignant son plus haut niveau depuis 2006. D’août 2020 à juillet 2021, plus de 5 100 miles carrés de forêt ont été rasés, une superficie près de 17 fois la taille de la ville de New York. Bien que le président brésilien Bolsonaro ait affirmé que son gouvernement ralentissait la déforestation, il a encouragé le développement de l’Amazonie pour l’exploitation minière et l’agriculture à grande échelle, et n’a pas adopté de lois pour empêcher la déforestation.

5. Biden a approuvé le forage de combustibles fossiles sur les terres publiques

Malgré l’engagement de campagne du président Biden à mettre fin aux nouveaux forages de combustibles fossiles sur des terres publiques, il a approuvé plus de permis de forage de pétrole ou de gaz sur des terres publiques que Trump n’en a fait au cours des trois premières années de sa présidence. Jusqu’à présent, le Bureau of Land Management a approuvé 333 permis de forage chaque mois, avec un pic de 652 en avril. De plus, il prévoit d’organiser davantage d’enchères de crédit-bail au cours du premier trimestre de 2022. En novembre, les sociétés pétrolières et gazières ont obtenu le droit de forer en mer sur plus de 1,7 million d’acres du golfe du Mexique lors de la plus grande vente de crédit-bail offshore de l’histoire des États-Unis. Cette vente a le “potentiel d’émettre 723 millions de tonnes métriques de CO2 dans l’atmosphère au cours de sa durée de vie, ce qui équivaut à faire fonctionner plus de 70% des centrales électriques au charbon des États-Unis pendant un an”, selon le Center for American Progress. .

Après que l’administration Biden a suspendu tous les nouveaux baux l’année dernière, elle a affirmé que les tribunaux l’avaient obligée à organiser la vente aux enchères, mais a reconnu plus tard qu’elle n’y avait en fait pas été forcée. Et alors même que Biden appelait chaque nation à réduire ses émissions à la COP26, il exhortait les pays producteurs d’énergie à augmenter leur production pour augmenter l’approvisionnement en pétrole en raison des prix élevés de l’énergie.

6. Les prix de l’énergie ont augmenté

Les prix du pétrole, du gaz naturel, du diesel et du charbon ont bondi de plus de 80 % en 2021 parce que la demande d’énergie a rebondi après la pandémie plus rapidement que la production ne pouvait supporter. Les prix du gaz naturel et du charbon ont atteint des niveaux records et une pénurie mondiale de gaz a entraîné une augmentation de la demande de charbon.

En conséquence, la production mondiale de charbon devrait augmenter de 9 % cette année. L’Energy Information Administration a prédit que les factures de fioul domestique aux États-Unis seraient 39 % plus élevées que l’année dernière, celles du gaz naturel 26 % plus élevées et celles de l’électricité 6 % plus élevées. Les ménages pourraient finir par payer de 22 à 94% de plus pour chauffer leur maison cet hiver. Alors que ce serait un moment logique pour redoubler d’efforts pour passer à l’énergie propre, la flambée des prix de l’énergie peut en fait entraver le mouvement vers les énergies renouvelables.

d’après Renee Choo

La vague de chaleur à 49°C au Canada, des records de plus de 45°C en Europe, les inondations d’Allemagne et de Belgique, les grosses grêles, nous montrent la face du réchauffement climatique et les innombrables problèmes qu’il cause. De  plus en plus de personnes vivent ces perturbations et prennent conscience de leur réalité.  Il est essentiel de limiter le réchauffement climatique au plus vite, de ne pas dépasser des seuils irréversibles. Si le passage aux énergies renouvelables n’est pas assez rapide,  il faut peut-être réduire d’urgence quelques activités polluantes, pour pas déclencher d’effets plus graves.

 

 

Je voterai OUI à la loi CO2

Je voterai ‘oui’ à la loi sur le CO2 selon les recommandations des Verts. Le consensus que représente cette loi permet d’aller de l’avant et de mettre des mesures en place.

La loi inclut une diminution des émissions de carbone de la Suisse de 50% en 2030.  Elles seront réalisées à env. 37.5% en Suisse, et à 12,5% à l’étranger. L’Alliance Climatique, la Grève pour l’Avenir et Extinction Rebellion demandent des réductions plus importantes, mais l’Alliance Climatique recommande de citer la loi.

Selon les scénarios de l’UNEP (infographie https://www.unep.org/interactive/emissions-gap-report/2019/report_fr.php), cette réduction d’émissions nous donne 50% de chances de rester en dessous d’1,5°C de réchauffement.

Ce seuil de sécurité a été choisi car il limite le risque d’un emballement du réchauffement climatique, qui au-delà pourrait s’auto-alimenter. Par exemple si les conditions climatiques deviennent impossibles pour les forêts, d’immenses feux dégageront plus de CO2, et provoqueront plus de réchauffement. Le rapport du GIEC 1,5°C explique que si nous dépassons ce seuil, nous vivrons des vagues de chaleur plus fortes, des inondations plus répandues et plus graves, ainsi que d’autres catastrophes.

L’UNEP a demandé une réduction d’émissions de 7,6% par année dès 2020, et ajoute que si nous tardons et nous commençons en 2025, la réduction devra être de 15% pour arriver au même objectif en 2030. Il vaut mieux voter la loi et mettre en place des réductions progressives aussi vite que possible.

Je ne suis pas convaincue que cela suffise. En général, les règles de sécurité sont fixées à plus de 50% de chances du côté de la sûreté, elles sont plutôt vers 99,9%.  Par ailleurs, de toute part, des scientifiques alertent sur divers points du système qui semblent déjà très touchés par le réchauffement : La glace Arctique se réduit, les glaciers fondent plus vite que prévu, les forêts ne poussent plus comme avant, certains arbres meurent, des grands feux de forêts se produisent, par exemple en Australie en 2020, et le permafrost Arctique dégèle plus vite que prévu.

Ces événements sont considérés dans le rapport du GIEC comme des événements un peu aléatoires, difficilement prévisibles, qui pourraient énormement influer sur le cours du réchauffement climatique. Ils ne sont pas vraiment inclus dans les prévisions. Il est possible, selon moi souhaitable qu’un prochain rapport du GIEC inclue la vitesse de fonte du permafrost et ses émissions de gaz à effet de serre dans leurs prévisions de réchauffement. Les trajectoires d’émissions conseillées au niveau mondial pourraient alors changer, et il vaudrait mieux s’y adapter.

Je crois que  les organisations qui demandent une loi plus forte ont de très bonnes raisons, nous serions ainsi plus en sécurité.  Mais est-il possible d’obtenir plus?

Cet été, ou dans an ou deux, des catastrophes climatiques inouïes, pourraient se produire en Suisse, nous pourrions voir des morts de chaleur, dans des inondations, dans des tempêtes. Alors le public prendrait peur, une peur viscérale et l’opinion publique exigerait des mesures fortes suffisantes pour assurer sa sécurité.  Un aggravation du réchauffement est prévue.  Je ne sais pas, alors s’il est bon d’attendre des événements tragiques qui feraient vraiment prendre conscience au public que le climat est une question de vie ou de mort, et lui feraient accepter une loi plus forte.  En tout cas, plus vite nous mettrons la loi en place, mieux nous maîtriserons le climat. Et bien sûr les mêmes réflexions et les mêmes efforts sont déployés actuellement dans des nombreux pays.  Des solutions complémentaires seront peut-être disponibles ces prochaines années, il faudra alors les ajouter à la loi. J’aimerais bien sûr aussi limiter la publicité et toute incitation à la vente et à l’achat d’objets polluants, obtenir une réduction du temps de travail, limiter les produits animaux et récréer d’immenses forêts.

Image par Gerd Altmann de Pixabay

 

 

Les américains doivent savoir la vérité sur le climat

La politique de Trump était désastreuse pour tous les Américains

Une carte des votes américains sur Facebook indiquait que les américains blancs auraient majoritairement voté pour Trump. J’espère que c’est faux. Si c’est vrai, c’est absolument dramatique, et dénote une très forte désinformation dans cette population. Trump était extrêmement dangereux pour la population américaine et le reste du monde. Son annulation du ‘Clean Water Act’ mettait toute la population des Etats-Unis en danger d’empoisonnement ou de cancer, son déni du changement climatique mettait leurs vies en danger. L’annonce de sa victoire aux élections résume bien toute sa politique et sa crédibilité.   Il n’a cessé de mentir tout le long de son mandat. Ses amis personnels ont été nommés à la tête de toutes les agences gouvernementales des Etats-Unis, j’étais déjà plus qualifiée pour deux agences gouvernementale des Etats-Unis, celle de l’environnement et de la Santé, au même titre que que tous les chercheurs en Sciences des Universités. Les Etats – Unis dérivaient vite vers une république bananière que l’oligarchie organisait pour elle-même, dans une totale indifférence au bien public.

Le climat a changé

J’ai regardé le téléjournal TSR annoncer que Joe Biden a gagné les élections aux Etats-Unis. En arrière-plan du reportage, des américains déambulaient, détendus en T-shirt et en petite robe dans les rues de Washington. J’ai perçu leur plaisir de la promenade dans une journée parfaite d’été, et je m’en suis étonnée.

L’hiver à Washington est habituellement plus froid qu’en Suisse, et il devrait actuellement y faire environ 10 degrés, un temps frais et pluvieux d’automne. Cette année, en Suisse nous avons un vrai début du mois de novembre d’antan, nuages sombres et lourds, vent frais et feuilles d’automne voletant dans les rues. Novembre a toujours été ainsi. Washington devrait être au moins cela, un peu plus froid que la Suisse. Or, la météo y signalait 26°C pour le samedi 7 novembre. Le temps qui y règne actuellement est totalement anormal. Une température de 26°C est exceptionnelle, et montre une fois de plus que le climat terrestre a vraiment changé.  Cette magnifique journée était l’endroit du changement climatique, mais l’envers est terrible.

Il faut une gouvernance pour les temps des catastrophes

Les temps ont changé, nous sommes entrés dans l’ère des catastrophes. Les Etats-Unis subissent déjà des nombreuses inondations et ouragans, des problèmes de cultures végétales et d’élevage dus au climat, des vagues de chaleur au dessus de 40°C accompagnées de coupures de courant pour un million de personnes. Ils ont besoin d’une vraie gouvernance pour les graves problèmes actuels. Le dilemme auquel ils sont confrontés est, très simplement, le suivant : soit ils acceptent que la moitié des bâtiments des Etats-Unis soit ravagée par des inondations, ce à quoi il faut ajouter les ouragans, les grêles et les chaleurs mortelles, soit ils limitent le réchauffement climatique.

Photo Jessica Steen, tempête exceptionnelle dans l’Iowa, Blog 

Dans le premier cas les Américains pourront continuer à vendre des objets en plastique jetable, à prendre souvent l’avion, et à jeter la moitié de leur burger de viande à la poubelle, mais leurs maisons seront détruites par les éléments. Même là, une planification raisonnable pourrait limiter les dégâts des inondations et creuser des lits de rivières prêts à les évacuer. L’autre possibilité est de prendre des mesures sensées pour éviter ces catastrophes, ce qui exige aussi une planification responsable. Une idée est que le prix des produits inclut le coût des dégâts climatiques qu’ils provoquent, le coût de la destruction des infrastructures et des dommages à l’agriculture. Je préférerais personnellement l’interdiction pure et simple des produits les plus polluants, de même qu’il est interdit de vendre des aliments toxiques. Il faudrait reformer le système de l’emploi pour que la majorité soit dans des domaines utiles à la société, et non pas dans la vente et la pub d’objets polluants. Le Green New Deal va tout à fait dans la bonne direction.

 

Fin de la désinformation

J’ai exposé brièvement un des problèmes dont le gouvernement des Etats-Unis doit s’occuper. Trump a fait un énorme travail de désinformation à ce sujet, un vrai travail de sape, et de calomnie à l’égard des personnes compétentes et honnêtes. Occasio-Cortez par exemple a été taxée d’extrémisme pour avoir cité le plan consensuel de l’ONU. Il faut rétablir la vérité et faire un sérieux travail d’information aux Etats-Unis pour que la population intègre les risques auxquels elle devra faire face. Les Américains ont du bon sens, mais sont terriblement mal informés. Ils croient qu’il est dans leur intérêt de payer moins d’impôts et d’avoir moins de limites à leurs gains, avec lesquelles ils s’achèteront une maison et une deuxième voiture. Or tout ce qu’ils possèdent est à la merci des inondations, une vague de chaleur mortelle peut décimer leur ville dans quelques années, les assurances seront vite en faillite. Dans le futur, ils pourraient courir dans des abris avec un sac à dos d’évacuation pour tout bien. Il faut d’abord assurer leur sécurité, avant d’acheter la énième décoration pour leur maison. Cela marchera très bien s’ils sont conscients des risques et des enjeux. Il faut un vrai travail d’information aux Etats-Unis.

Photo Jessica Steen, tempête exceptionnelle dans l’Iowa, Blog 

Comment réduire immédiatement les émissions de carbone de 7.6% par année sans causer de famine

Le confinement a provoqué un réduction d’émissions de carbone

En février et mars 2020 la moitié des habitants de la Terre était confinée à la maison, pour limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus (vidéo Paris désert). Cette décision a été prise en quelques semaines à l’échelle de la Planète, je suis encore impressionnée de ce qui s’est soudainement avéré possible. Elle a provoqué une diminution des émissions de carbone, des avions, des transports terrestres, ainsi que des usines même si certaines ont compensé par une activité accrue ensuite. De nombreux restaurants et entreprises étaient fermés, et leur chauffage ou leur climatisation ne fonctionnaient pas.

Il y a eu aussi des pertes, je me souviens des images des tulipes hollandaises jetées au sol, d’autres cultures d’exportation ont été perdues, d’autres sciemment détruites par manque d’organisation. Au niveau climatique, cependant, le confinement a peut-être évité des catastrophes plus graves.

La diminution d’émissions de carbone s’est avérée juste suffisante pour cette année. Sans cela, l’enfer se serait peut-être déchainé sur Terre, il aurait pu se présenter sous forme de tornades de feux, d’inondations furieuses, et de chaleur mortelle.

Le confinement s’est accompagné des problèmes économiques

Cependant, le confinement a aggravé la faim dans les pays pauvres. Il y a plusieurs raisons à cela, les sécheresses et les catastrophes climatiques sont aussi un facteur. Cette année est marquée par plusieurs désastres : sécheresse en Afrique, plaie des sauterelles, sécheresse et vagues de chaleur dans le delta du Mékong, mauvaise année pour le blé dans le Midwest américain suite au ‘bomb cyclone’ de l’année passée, mauvaise année dans l’Iowa dévasté par un vent inouï, mauvaise année par le blé en Europe, au Canada, en Australie à cause des vagues de chaleur et des sécheresses.

Les organisation humanitaires avertissaient qu’une grave famine se préparait en hiver, avant le début de l’épidémie.

Les restrictions ont aussi eu des conséquences graves. De nombreuses personnes se sont retrouvées sans revenu du jour au lendemain. En Europe, elles ont souvent un délai de congé de quelques mois, puis elles ont droit aux allocations chômage pendant une année environ. Ce système évite la plupart de drames humains. Seuls les plus précaires, comme les immigrants illégaux ou les femmes de ménage ont affronté un lendemain sans aucun revenu.

Aux Etats-Unis, un nombre important de citoyens a perdu leur travail du jour au lendemain. C’est aussi le cas dans les pays du Tiers-Monde, ou de nombreuses personnes ne gagnaient plus rien. Selon Action contre la Faim, cela a provoqué une augmentation inquiétante de la malnutrition. Dans certains pays, les citoyens ont reçu un versement unique qui leur a permis d’acheter à manger, parfois les loyers ont été annulés. Je me demande si dans le cas des plus démunis, le confinement sauve des vies, puisque la famine en emporte.

La solution suisse a été de continuer le travail, si possible en télétravail, tout en fermant les restaurants, les magasins non-essentiels et les lieux publics, et malheureusement les lieux de culture. L’Etat a aidé de nombreuses entreprises en difficulté.

Comment réduire les émissions de carbone sans causer la famine?

Pour sauver le climat, nous avons besoin de réduire les émissions de carbone, donc certains secteurs de l’activité économique, chaque année autant qu’en 2020. Une réduction immédiate de l’effet de serre serait une excellente idée. Il faudrait donc imposer chaque année des restrictions comparables, sans causer de famine ni de crise économique.

Je me demande à quel point les pays pauvres ont été touchés par l’arrêt de leur économie locale ou, au contraire par l’arrêt des exportations et du tourisme international.

Comment l’économie mondiale évoluerait -elle si elle était immédiatement réduite aux biens indispensables? Les conséquences climatiques seraient très bénéfiques. Comment assurer que les personnes les plus pauvres aient encore des moyens de subsistance ? Les villes devraient s’équiper de camions ou de bus pour s’approvisionner directement chez les paysans.

Peut-être les pays les plus pauvres se seraient -ils mieux portés s’ils avaient pu continuer leur économie locale, vendant des aliments, et se limitant aux bien indispensables, un peu comme la Suisse l’a fait. Ils auraient bien sûr mangé beaucoup de chocolat et de sucre, mais ils pourraient s’organiser pour fonctionner en mode local, indépendamment des pays développés. Ont-ils vraiment besoin du commerce international? J’ai l’impression que l’économie repose largement sur la consommation des pauvres et des classes moyennes, et que l’appauvrissement de ceux-ci, où la moitié de la population achèterait beaucoup moins, créerait un contre-coup important pour l’économie du pays. D’où l’intérêt d’un revenu minimum universel.

En Suisse, les compagnies aériennes, les magasins d’habits, les hôtels, les restaurants, la culture ont essuyé des grosses pertes. J’ai déjà relayé le fait que la quantité de vols et de vêtements est excessive pour la Planète (vols vêtements), et que  leur consommation augmentait très vite. Donc, une diminution de ces activités est une bonne nouvelle pour le climat et s’est immédiatement traduite par une diminution des émissions de carbone.

Alors, je crois qu’il faut trouver des solutions pour les personnes qui travaillent dans ces domaines sans sauver l’aviation par des vols gratuits ou des habits gratuits. La crise de ces secteurs a peut-être été précipitée par des prix déjà irréalistes.

Sauver les compagnies d’aviation constitue une fuite en avant. Il faudrait plutôt donner un revenu minimum ou inventer des emplois différents, écologiques pour les personnes qui étaient employées dans ces secteurs. Les hôtesses Easyjet ont par exemple été employées dans un hôpital d’urgence londonien.

Nous devons réinventer l’économie maintenant. Une des ces prochaines années, nous pourrions bien vivre un confinement d’urgence pour raisons climatiques.

Comment l’économie mondiale évoluerait -elle si la réduisait immédiatement aux biens indispensables ? Comment assurer que les personnes les plus pauvres aient encore des moyens de subsistance ?

Nous avons besoin d’un plan d’économie de base durable, où les émissions de carbone seraient immédiatement diminuées sans famine et en limitant les conséquences économiques. Il faudrait peut-être commencer par la reconversion immédiate de personnes employées actuellement dans les secteurs inutiles et nuisibles, réduire rapidement le temps de travail ou, troisième possibilité, adopter le revenu minimum universel.

Il faut un plan de réduction immédiate des émissions de carbone, qui assurerait la subsistance des plus pauvres, l’alimentation, les services de santé et le logement.

Lien sur ma courte présentation d’un plan pour le climat de The Climate Mobilization

Le monde change aujourd’hui

Certaines mesures actuelles pourraient sauver le climat

Les écoles sont fermées depuis deux semaines, et nous réduisons nos déplacements au minimum.

De nombreuses personnes ont modifié leur planning pour travailler de chez eux, les enfants sont à la maison toute la journée. Nous ne sortons pas le soir ou le weekend, et ne voyageons pas. De nombreux lieux de travail sont à l’arrêt. Les frontières sont fermées. L’Italie a interrompu l’activité de ses usines et seules les biens de premières nécessité sont y fabriqués actuellement. Ce pays produira moins de d’objets superflus pendant un certain temps.

L’épidémie est survenue au moment même où le président du GIEC annonçait en décembre 2019 que les conséquences du réchauffement sont plus sévères que prévu, et que nous pourrions bientôt voir des événements auxquels nous ne pourrons pas nous adapter.

Il conseillait de réduire immédiatement les émissions de carbone pour nous permettre de nous adapter au changement climatique de façon durable (traduction de son discours ).

Le Secrétaire-Général de l’ONU avertissait que nous étions en train de perdre la course. Nous allions droit à la fin de l’Humanité.

Certains changements actuels sont bénéfiques dans ce contexte et devraient être encouragés dans le Futur.

Le trafic aérien est un des secteurs les plus polluants. Il se développait depuis quelques années d’une façon incompatible avec la survie de l’Humanité.

Aujourd’hui, les avions se sont posés, la pollution diminue en Chine, en Lombardie, à Paris. Les mesures actuelles sauvent autant de vies par la diminution de la pollution que par la maîtrise de l’épidémie, et peut-être plus encore parce qu’elles évitent d’immenses catastrophes climatiques.

Le télétravail, une réduction des déplacements, des voyages, de l’activité industrielle et de la consommation constituent d’excellentes solutions. Le télétravail devrait être généralisé et les vols en avion fortement limités.

Pourquoi travailler?

Actuellement, plusieurs initiatives dans le monde demandent le versement d’un revenu minimum à la population plutôt que des investissements dans des entreprises polluantes et inutiles.

Il faut changer le système qui encourage les citoyens à ouvrir un magasin d’électronique ou de jouets pour chien et à les vendre à des personnes crédules en utilisant la psychologie, le mensonge, des publicités omniprésentes, bref des procédés nuisibles.

Une grande part de la population affirme vouloir du travail, est prête à faire des nombreux sacrifices (études, déménagement, invitation de son patron à dîner, etc, etc) pour y parvenir. En conséquence, nous nous conditionnons nous-mêmes à aimer l’économie, l’informatique, les graphiques excel.  Autant dire qu’un chien aime sa laisse. Sans la nécessité de trouver du travail et la l’existence de postes dans la banque ou la vente, nous aimerions moins le commerce, les partis de droite, les cravates…  Nous croyons à tort qu’ils nous sont bénéfiques.  J’essaie d’exprimer l’idée que les demandes mêmes d’une grande partie de la population sont issues du système existant et de son discours dominant. Si nous changeons les règles du jeu, les souhaits de la population évolueront aussi.

Vouloir travailler nous a été inculqué, et défini comme une vertu. Aujourd’hui, nous devons cesser de nous employer à la vente d’objets polluants. Nous pouvons avoir des activités bénéfiques et utiles dans le bénévolat, dans le jardinage, dans le bricolage, dans les relations humaines.

Le monde change aujourd’hui

La Terre a subi un bouleversement radical en mars 2020. La moitié de sa population a simultanément modifié son mode de vie.  Nous pouvons le faire, puisque nous l’avons fait hier. Nous devrons changer aussi pour le climat.

Un monde sans pollution mortelle dans les villes, où les citadins marchent dans les rues calmes, et où le nécessaire prime sur le superflu serait un monde meilleur.

Actuellement, de nombreuses frontières sont fermées, l’aviation et les voyages pourraient subir des restrictions pendant un an au moins.  Les activités industrielles sont aussi perturbées.  Le géant de la vente en ligne Amazon limite les entrées de ses entrepôts aux biens essentiels.

La consommation de pétrole et les investissements dans ce domaine ont été immédiatement réduits (blog). Aujourd’hui des nombreuses institutions très influentes, y compris Goldman-Sachs, supposent que certains changements comme le travail à domicile pourraient s’installer de façon permanente, que la consommation de pétrole baissera de façon permanente et que nous vivrons de façon plus écologique.

Le Forum Economique Mondial relève qu’il est possible de changer de modèle du jour au lendemain, qu’il n’y a plus aucune raison de subventionner le pétrole et que que nous devrions développer l’agriculture régénérative.

Plusieurs initiatives demandent le revenu minimum pour la population, soit pour la situation d’urgence actuelle, dans laquelle il est impossible de sortir pour chercher du travail,  et où de nombreuses entreprises sont fermées, soit de façon permanente (WeMove, les Jeunes Verts). Signez-les!

Le soutien de l’Etat devrait être réservé aux entreprises durables (pétition Greenpeace signez-là aussi).  La fermeture des compagnies les plus polluantes devrait être favorisée.

De nombreux emplois devraient être créés dans des domaines utiles à la population. Nous devrions mieux assurer une production locale de biens de première nécessité, tels que l’alimentation, le matériel médical et l’énergie. Tous ces changements sont à notre portée. Nous pouvons les accomplir bientôt et assurer un Futur durable.

 

L’ONU déclare que les émissions du permafrost et de la végétation accélèrent le réchauffement

Le 4 février, le secrétaire -général de l’ONU a donné une conférence de presse. Il a entre autres parlé du climat. Je rapporte, en gras,  une grande partie de son discours concernant le climat :

‘Un autre cercle vicieux exacerbe clairement la crise climatique. Comme les océans se réchauffent, et  la glace fond et nous perdons les services vitaux que rendent les banquises:   réfléchir la lumière du soleil, ce qui va augmenter plus le réchauffement climatique.

Et comme la glace fond et que les océans se réchauffent, le niveau de la mer monte et plus d’eau s’évapore, causant des pluies toujours plus grosses, et menaçant les villes côtières et les deltas. L’année passée, la chaleur des océans et le niveau des mers moyen ont atteint le niveau le plus haut jamais enregistré.

Les scientifiques nous disent que les températures des océans augmentent maintenant de l’équivalent de cinq bombes d’Hiroshima par seconde.

Les écosystèmes souffrent des retombées.

Une étude récente a révélé que la chaleur océanique en 2019 était de 228 Zetta Joules supérieure à la moyenne de 1981-2010;

une Zetta est un «1» suivi de 21 zéros. (228 000 000 000 000 000 000 000 J).

Pour mettre cela en contexte, cette augmentation de la chaleur océanique l’année dernière représente plus de vingt fois la quantité d’énergie que l’humanité a consommée depuis 2000.

Pendant ce temps, alors que le pergélisol disparaît et que la toundra dégèle plus tôt et gèle plus tard, de grandes quantités de méthane – un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone – pénètrent dans l’atmosphère, accélérant le réchauffement climatique.

Et alors que les forêts brûlent, le monde perd des puits de carbone vitaux et les émissions montent en flèche (…).

La nouvelle alerte sur la crise climatique de l’Organisation météorologique mondiale indique aujourd’hui que les concentrations de CO2 atteindront de nouveaux sommets [en] 2020.

Le défi de la conférence sur le climat de cette année à Glasgow, COP 26, est clair: tous les pays doivent montrer plus d’ambition en matière d’adaptation, d’atténuation et de financement.

Et les gros émetteurs doivent montrer la voie.

Nous avons besoin d’un prix sur le carbone et de la fin des subventions aux combustibles fossiles.

Traduction de: https://www.un.org/press/en/2020/sgsm19958.doc.htm

J’ai déjà écrit sur ces émissions de méthane (blog1) et sur la réduction de la banquise (blog2).  Le dégagement de méthane a été constaté et prédit il y a des années par certains scientifiques, et officiellement annoncé par l’Académie Russe des Sciences l’été passé.

L’année prochaine, le CO2 record dans l’atmosphère va augmenter le réchauffement, les banquises réduites vont refléter moins les rayons de soleil, et la surface de l’océan va en absorber plus. Les feux de forêt et les sécheresses augmentent encore le CO2. Il fera donc un peu plus chaud sur la Planète ces prochaines années. Le MetOffice anglais annonce cinq années chaudes (lien), de nouveaux records et peut-être le franchissement de seuil de sécurité de 1,5°C. A suivre…

Climat, la croissance ou la vie?

La croissance, encore?

La Chine été récemment félicitée de ses efforts pour réduire ses émissions de carbone.

Actuellement, ce pays est confronté à un ralentissement de la croissance et il chercherait à la maintenir en lançant des nouveaux investissements et des nouvelles constructions. Cela provoquera malheureusement des émissions accrues de CO2.  Les incitations à la croissance se traduiront par un effet de serre plus dangereux.

C’est un très mauvais calcul. La construction de nouveaux entrepôts, des transports additionnels nous rapprochera dangereusement de catastrophes qui détruiront ces mêmes usines, entrepôts et routes. Lles nouvelles usines, aéroports, ports et routes accéléreront l’effet de serre et précipiteront leur propre destruction par les ouragans, les tornades ou les inondations.

Cela ne fonctionnera même pas à court terme. La politique de la croissance vise à nous faire acheter toujours plus,  et les pays développés sont  déjà inondés d’objets bon marché pour lesquels nous n’avons ni le temps ni l’envie.  Les pays en développement, eux, sont déjà touchés par des catastrophes climatiques qui s’aggraveront vite.

De nombreux experts, dont Pablo Servigne, estiment que nous nous trouvons dans une voie sans issue qui mène à l’effondrement.  Les signes de ralentissement économique sont soigneusement masqués. Depuis des années, l’Europe imprime de l’argent et l’injecte dans l’économie pour créer une illusion d’opulence, des emplois et nous pousser à acheter plus. Cet automne, les Etats -Unis ont aussi injecté de l’argent dans le système économique pour pallier au ralentissement de la production dans leur pays et aux demandes pressantes de leurs banques.

A se demander pourquoi les Chinois ne s’impriment pas de l’argent eux-mêmes, sans empoisonner leur air et leur sol, au lieu de vendre leurs produits aux américains pour les sommes que ceux viennent d’injecter dans le marché.

La Chine a déjà réalisé récemment des constructions pharaoniques telles qu’une aéroport inutile qui n’accueille que cinq vols par jour, et a déjà trop présumé de la croissance. De nombreux pays sont assez développés, ont assez construit, et pourraient bien s’en satisfaire.

 

Une économie écologique, des objets durables

Finalement de nombreux économistes sont conscients que nous devons résoudre le problème du climat pour survivre.  Plus de 630 investisseurs, dont Michael Bloomberg, qui gèrent ensemble 37 trillions ont appelé à des solutions hier à la COP25,

Le mieux serait de réduire la production d’objets plastiques à bas prix et à courte durée de vie.   Cela vaudrait mieux que de réduire la consommation d’énergie d’usines d’objets jetables, qui génèrent des nombreux transports et la constructions d’entrepôts et finissent vite à la poubelle, ou que d’en construire plus.

Je me demande ce qu’il adviendrait des émissions des Etats-Unis si l’Asie de produisait que des objets durables, écologiques, et  à longue durée de vie. Les émissions de carbone des pays producteurs, mais aussi des pays consommateurs seraient réduites. Les transports et la construction d’entrepôts, ainsi que les déchets du pays diminueraient beaucoup.

Maintenant que l’addiction au shopping est créée, les consommateurs achèteraient peut-être même toujours des T-shirts à cent dollars au lieu d’un dollar pièce.

A l’épreuve des ouragans

Nous vivrons bientôt des événements impressionnants, pour certains totalement inconnus de l’Homme. De nombreuses usines, routes ou entrepôts seront détruits par les tornades, les inondations, les glissements de terrain, la grêle, la foudre ou les ouragans.

Les nouvelles constructions ne dureront peut-être pas très longtemps. Avant tout investissement, il faudrait vérifier la viabilité climatique du projet, et ne construire plus que des  bâtiments à l’épreuve des ouragans.

Identifier les régions sûres

C’est certainement le moment aussi d’établir quelles zones sont en danger de catastrophe climatique. On pourrait réaliser par exemple une carte des zones exposées en rouge et en jaune.  Les zones le plus en danger apparaîtraient en rouge, les zones moyennes exposées en jaune. Il est trop risqué et trop coûteux de lancer des nouveaux projets dans les régions rouges, et les évacuations doivent déjà être prévues.   L’expérience de ces dernières années suggère que les destructions pourraient rapidement s’étendre aux régions moyennement exposées.

La Chine doit, d’urgence, protéger sa population des catastrophes climatiques et de la pollution.

Il serait prudent de destiner les usines les moins exposées au destructions climatiques  à la production de bien utiles de qualité, de façon écologique et les autres seraient peut-être graduellement abandonnées. Cela éviterait des pénuries graves à l’avenir.

Une production écologique, et des emplois utiles

L’Europe vient de déclarer l’état d’urgence climatique. Elle pourrait donner une impulsion en exigeant la durabilité des produits, en limitant le coût CO2 d’un produit par année d’utilisation. La location -vente où le consommateur payerait un aspirateur 10 ou 20 frs (euros) par année devrait être généralisée. Elle pourrait rapidement attirer les consommateurs à budget serré, et le vendeur mis face à l’obligation de remplacer un produit défectueux s’orienterait rapidement vers la qualité.  Le consommateur ne peut pas forcément se documenter sur la qualité de tous les produits avant de les acheter.  En Suisse, un objet défectueux est généralement immédiatement ramené au vendeur et remboursé. Des journaux et émissions d’information de consommateurs permettent parfois un choix éclairé. Le vendeur choisit la qualité pour éviter des problèmes incessants.

L’Europe ne devrait pas injecter de l’argent dans la publicité d’entreprises qui auront des conséquences nocives pour la population, mais créer des emplois utiles, dans la santé, l’éducation, l’agriculture écologique, la récupération, le recyclage. L’aide aux banques pourrait-elle être assortie d’une condition  de non-nocivité pour la population, par émissions de CO2 ou la pollution occasionné, des crédits offerts par ces banques? Nous devrions tout simplement interdire les activités et produits dangereux pour la vie sur Terre.

J’espère que les investisseurs, informés et de plus en plus conscients de la gravité de la situation climatique,  privilégieront aussi les objets et les modes de production durables et écologiques.

La Banque Mondiale qui publie des rapports éclairés sur le danger du climat devrait aussi abandonner le dogme de la croissance, impossible sur une Planète finie, et proposer une autre économie durable et assurant la survie de l’Humanité.

 

Appel des onze mille scientifiques à l’urgence climatique

Récemment, plus de onze mille scientifiques ont rédigé une lettre ouverte au monde entier.  Ils déclarent que nous sommes face à une urgence climatique. Tout en reconnaissant les progrès de Rio, du protocole de Kyoto et de la COP21 de Paris, ils avertissent que  les gaz à effet de serre augmentent vite et que leurs effets s’aggravent rapidement. Des souffrances sans nom pourraient en découler pour l’Humanité (voir mes blogs précédents pour les détails dramatiques).

Les scientifiques remarquent des nombreux signes inquiétants sur la Planète. L’augmentation de la population, du cheptel, de la consommation de viande par personne, ainsi que de l’aviation, de la déforestation et des émissions de CO2 qui provoquent une augmentation rapide de l’effet de serre.

Selon eux, la crise climatique est causée par les émissions de carbone  des populations aisées de la Planète.  Celles-ci augmentent, les glaces fondent, les incendies, les catastrophes climatiques augmentent. La crise climatique est plus rapide que prévue et menace les écosystèmes et le destin de l’Humanité.

Les points de basculement sont très inquiétants et pourraient causer un changement climatique incontrôlable, beaucoup plus fort qu’actuellement. Un réchauffement d’apparence anodine peut mener à la mort des forêts tropicales, à la fonte de la glace sur la mer Arctique,  au dégagement de méthane du permafrost, ce qui pourrait au final transformer la Terre en Planète Venus, après plusieurs étapes telles que des tornades en Suisse puis l’ébullition des océans (James E. Hansen). Je dois dire que ces dangers deviennent de plus en plus réels chaque année. Nous pouvons et devons les combattre maintenant.

Les scientifiques signataires proposent plusieurs axes:

Energie

Le monde doit vite mettre en place des mécanismes d’efficacité énergétique et remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables bas carbone, et d’autres sources d’énergie propre.
Le développement de la capture de carbone, par des techniques naturelles et chimiques doit continuer.

Polluants à courte durée de vie

Nous devons vite réduire les émissions de polluants à courte durée de vie, le méthane, la suie et les HFCs. Cela pourrait éviter les boucles rétroactives et un climat incontrôlable.

Nature

Nous devons protéger et restaurer les écosystèmes. Il est essentiel de protéger la biodiversité et de développer la reforestation et l’afforestation.

Alimentation

L’alimentation doit être basée sur des produits végétaux, nous devons limiter  le gaspillage alimentaire et la perte de carbone du sol lors des labours.

Economie

Au niveau économique, nous avons besoin d’une économie zéro carbone qui prend en compte la dépendance de l’Homme de la Biosphère et des directives qui permettent de la mettre en place.

Population

La population de la Terre qui augmente encore doit être stabilisée. Les scientifiques suggèrent  de faciliter l’accès au planning familial et d’éduquer les filles.

https://academic.oup.com/bioscience/advance-article/doi/10.1093/biosci/biz088/5610806

Le non-respect de l’accord de la COP21 serait plus grave qu’un génocide

Un réchauffement de plus de 4°C pourrait, selon certains experts, causer plus de six milliards de morts sur la Planète. Il provoquera la mort de nations, et aucun pays, aucune ville ne sera à l’abri. Le climat provoque déjà des effets graves, cette année des inondations des terres agricoles du Midwest ont réduit la production de maïs américaine, et les records de chaleur ont provoqué une sécheresse dans le delta du Mékong, grand producteur de riz, qui l’exporte dans le monde entier.

Le retrait récent de Etats-Unis de la COP21 ouvre la voie à la destruction des conditions de vie des pays du Sud. Il entraînerait des génocides de plusieurs peuples particulièrement exposés au changement. Les dirigeants américains mettent aussi leur peuple en danger.

C’est même plus grave, il pourrait mener à la disparition de toute l’Humanité, de tous les peuples de la Planète, ou en tout cas d’une grande partie de leur population.

Pensent-ils à maîtriser le climat d’une manière autre que les recommandations actuelles des experts, qui pourrait être aussi dangereuse?

Lors de la COP21, les spécialistes ont insisté sur la nécessité de maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C, plutôt à 1,5°C. Ils supposent qu’au-dessus de ces températures, le climat terrestre deviendrait complètement instable, et des sauts de températures rapides et forts seraient possibles. Permettre un réchauffement de plus de 2°C, c’est foncer tête baissée vers les milliards de morts et  vers la fin de la vie sur Terre.

Cette évolution du climat, provoquée par les émissions de méthane du permafrost, commence en fait déjà.

Je suis convaincue qu’on peut trouver des moyens de la maîtriser, mais il faut en faire une priorité absolue. J’espère que  les dirigeants américains, qui sont maintenant souvent confrontés à plusieurs catastrophes naturelles simultanées ou proches, changeront vite d’avis, car le climat ne s’arrêtera pas. Hier ils devaient affronter les feux de forêt en Californie et la neige au Texas. Les feux de Californie provoquent de nombreuses coupures de courant. Les catastrophes causeront souvent une réduction spontanée de l’activité économique.

Il faut peut-être aussi inventer une façon d’inciter les Etats-Unis à respecter l’accord de la COP21, ou de réduire leurs émissions de carbone d’autant.  Il en va de la survie de nos populations.

NB: Les émissions massive de méthane du permafrost pourraient provoquer d’immenses explosions, qui pourraient ressembler à la photo.

Edité le 30 octobre 2019