Climat : l’argument des « émissions historiques » ou la même Jeanette autrement coiffée

La COP21 aura tenu les unes des journaux pendant trois semaines, et aura disparu des premières pages aussi vite qu’on puisse dire « réchauffement climatique », remplacée, comme il se doit, par les régionales en France, les réfugiés et autres dérapages outre Atlantique, en bref, par le business as usual…

Si, comme moi, vous avez du mal à répondre avec précision sur quoi on s’est finalement mis d’accord, cet article se penche sur une des questions qui, de mon point de vue, reste ouverte dans le débat. Une sorte de béance dans la réflexion, qui risque de produire bien de nuisances à l’avenir si on ne s’y penche pas véritablement.

Sous le syntagme « climate justice », « justice climatique », il y a plusieurs types d’arguments et logiques qui se croisent. Parmi eux, le plus surprenant est celui selon lequel les pays « en voie de développement », qui ont fait très peu pour causer les problèmes climatiques actuels, auraient plus de droits à continuer à polluer la planète, ou, de façon plus euphémique, d’ « émettre des gaz à effet de serre » parce qu’ils sont nécessaires au développement de ces états, alors que les états avancés devraient s’en abstenir plus et soutenir les autres avec leur développement. On lisait dans The Guardian du jeudi 9 décembre la phrase conclusive de l’article sur les six grands obstacles à un accord à Paris : « Historic emissions are responsible », une citation du ministre de l’environnement indien (opinion soutenue par les chinois), qui est devenu un mantra depuis bien des années dans la bouche et dans la tête de bien d’individus. (suite…)

Lire la suite

Une semaine après… (I)

Une semaine après les attaques terroristes de Beyrouth et Paris. Une semaine après le déferlement d’une vague de réactions à ce que tout cela soulève. Une semaine pendant laquelle il y a eu une autre attaque au Nigéria et qui conclut avec encore une autre à Bamako.

Dans l’éventail des réponses aux événements il y a une qui a retenu mon attention, comme celle de beaucoup d’autres. Il s’agit d’une réaction qui est devenue, depuis les attentats contre Charlie Hebdo, un leit motif que certains font ressortir chaque fois que ce genre de tragédie advient, notamment la question : « comment se fait-il qu’on pleure les victimes des attaques en Occident et les médias et l’opinion publique restent indifférents aux autres ? »

(suite…)

Lire la suite

La victoire de l’AKP et d’Erdogan en Turquie est une défaite pour la démocratie en Europe et au-delà

Pour paraphraser une idée à la mode, même si ses mérites sont hautement appréciés, la démocratie n’est pas « sexy ». C’est un dispositif difficile à maintenir, exigeant, plein de complexités, dont la mise en œuvre présuppose la responsabilité et le respect de l’individu. Elle n’est pas ordonnée et simple comme le fascisme et de loin pas aussi attirante que l’utopie du communisme. Une véritable démocratie ne peut jamais être considérée comme acquise, on y est toujours au travail, ce qui la rend souvent exaspérante ! Voilà quelques leçons que les élections et dernières évolutions turques nous enseignent à propos de tout cela…

(suite…)

Lire la suite

Elections en Turquie novembre 2015 (III) – Besoin d’un choix clairvoyant

Peut être que 2015 entrera dans l’histoire comme l’année où la démocratie en Europe et au-delà a été vendue et mortellement blessée par ses avocats et par ses détracteurs pour un calme illusoire. Ou, peut-être, 2015 sera l’année quand le peuple turc aura donné par deux fois une leçon au monde, sachant garder la tête froide au milieu de la tempête qui le secoue. (suite…)

Lire la suite

Elections en Turquie novembre 2015 (II) – La démocratie sur le fil

A la suite des élections de juin 2015, l’AKP a gagné une majorité de voix, mais pas assez pour pouvoir changer la Constitution du pays une fois encore, pour le transformer en république présidentielle. Le HDP, Parti Démocratique de Peuples a ravi la possibilité de cette victoire absolue en gagnant 79 places. Depuis, l’AKP s’est évertué à mettre en impasse toute possibilité de coalition au gouvernement, et a réussi à convoquer des nouvelles élections pour novembre. (suite…)

Lire la suite

Elections en Turquie novembre 2015 (I) – Contexte et atmosphère

La différence entre l’Orient et l’Occident c’est la Turquie. (…) La Turquie c’était une joyeuse jouvencelle boulimique et dépressive. Se voyant obèse dans le miroir de l’Orient et décharnée dans celui de l’Occident, elle ne trouvait pas de vêtements à sa mesure. Elle s’empiffrait pendant vingt ans, vomissait pendant vingt ans, puis se remettait à manger. Elle savait bien qu’elle avait un penchant morbide à la généralisation, mais toute société devient généralisatrice à partir du moment où elle fonde un Etat. (Hakan Günday, “Encore”) (suite…)

Lire la suite

L’Histoire et ses échos: suffragettes, ouvriers, réfugiés, environnement

Plutôt que de se répéter, l’histoire dans sa spirale infinie nous rappelle à des moments précis du présent ce que nos ancêtres ont choisi d’ignorer ou n’ont pas pu affronter jusqu’au bout dans le passé.  C’est ce que je me disais hier, samedi, lors de la manifestation contre les renvois de Dublin et pour un accueil plus large des réfugiés, à laquelle j’ai participé. (suite…)

Lire la suite

Népal – de l’importance des séismes dans la constitution d’un état

Six mois après le tremblement de terre qui a chamboulé son paysage naturel et humain et presque soixante-dix ans après le début de sa quête républicaine, le Népal s’est finalement doté d’une constitution ce mois de septembre 2015. Annoncée comme une réussite majeure d’un pays trop long pris dans les filets des désaccords de ses castes et de ses dirigeants, cette nouvelle est passée largement inaperçue par le reste du monde. (Tout comme passent les efforts de reconstruction du pays après le tremblement d’avril 2015) Pourtant, l’histoire et le devenir de cette constitution représentent un exemple des tours et des détours de la construction, destruction et consolidation d’un état. Et aussi du fait qu’on n’arrête jamais de l’édifier. (suite…)

Lire la suite

La crise des réfugiés dans le miroir de la littérature

Les semaines et l’actualité avancent et les sujets à aborder dans ce blog s’accumulent sagement sur mon bureau, me faisant signe depuis leurs post-it chaque fois que j’allume l’ordinateur. Les élections en Turquie, le Népal, le TAFTA, la COP 21, chacun insiste. La question des réfugiés, qui nous a tant préoccupés ces temps-ci glisse, elle, toujours plus bas dans le fil continu des unes en ligne. Nous en avons encore des échos, surtout sous la forme des querelles entre pays européens sur des quotas de réfugiés à accepter, mais il y a aussi un silence qui s’instaure. Il n’est peut-être pas négatif – après le choc initial, c’est le temps de l’admission que nous avons un défi à relever et celui de l’action. Je ne voulais pas, pourtant, écrire à propos d’autres sujets avant de parler d’une autre manière d’accueillir cette question: la littérature. (suite…)

Lire la suite

Réfugiés – à l’est de l’est

J’écris cet article en écho à un débat qui s’est armé récemment sur mon mur facebook, à propos de l’article “Pourquoi les pays de l’Europe de l’est refusent les réfugiés”, publié par Le Temps. On a conclu (sur mon mur) qu’on avait besoin de plus d’éléments afin de comprendre cette question. Voilà ma lecture et une contribution au débat.

D’abord, la plupart des articles publiés ces jours qui parlent des “pays de l’Europe de l’est”, ne nomment et ne parlent, en général, que des pays de l’Europe centrale – à savoir la Hongrie, la Pologne, la République Tchèque et la Slovaquie, autrement connus sous le nom des pays du Groupe de Visegrad. Parfois on mentionne la Serbie et la Croatie, mais ça, c’est pour dire “les Balkans”. Comme souvent depuis 25 ans, la Bulgarie et la Roumanie ne sont mentionnées presque nulle part de manière systématique (à part les tops de corruption et exports de visiteurs d’ethnie Rroma). En occurrence, c’est aussi parce que les vagues de réfugiés ont eu tendance à contourner ces deux pays, probablement parce que les traverser leur prolongerait, géographiquement, l’itinéraire. Ceci ne veut pas dire qu’il n’y a pas dans ces pays des attitudes et opinions spécifiques envers la question. (suite…)

Lire la suite