Roumanie (… Hongrie, Pologne) – ce que l’UE peut faire

Le « Financial Times » a relancé le débat à propos de ce que l’UE et la Commission Européenne pourraient faire par rapport aux abus et aux répressions exercées dans les pays de l’Europe Centrale et de Sud-Est depuis un certains temps. Dans le sillage de l’épisode violent et encore pas élucidé (dans ses détails) survenu à Bucarest le 10 août 2018, Judy Dempsey, l’auteur de l’article, critique le manque de fermeté et d’engagement du bloc européen par rapport aux valeurs qu’il devrait défendre face aux régimes de plus en plus autoritaires et abusifs, certains au sein de l’Union elle-même.

Mais, au-delà de quelques remontrances publiques et bien senties et de quelques décisions ciblées – autour de l’accessibilité aux fonds européens, certaines sanctions légales et avertissements – que peut réellement faire l’UE face à des exécutifs et législatifs qui n’ont aucun respect pour ses valeurs  et ne se laissent pas impressionner par sa force de frappe?

Face à l’appel désespéré de la société civile roumaine, certaines familles politiques du Parlement Européen condamnent les partis qui ont cautionné des abus et envisagent de les exclure de leur sein. Cela crée des vagues et de remous côté légitimité, mais pas beaucoup plus.

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Will Shakespeare – le barde qui transcend les frontières

Je n’ai jamais tout à fait compris pourquoi on célébrait la date de la mort de quelque fameux personnage, à part le fait d’avoir un prétexte en plus de la date de sa naissance pour se rappeler et fêter son existence ou son œuvre. Dans le cas de Will Shakespeare, la légende raconte qu’il est mort le jour même de sa naissance, ce qui rend cette pratique plus compréhensible. Par contre, l’ironie de l’histoire et de l’astronomie fait que notre célèbre Will est mort le 23 avril selon le calendrier julien, mais pas selon le calendrier grégorien, qui n’était pas encore adopté par l’Angleterre de son époque. Donc, au fait, selon le calendrier moderne, on devrait commémorer sa mort et peut être sa naissance le 3 mai.

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Boris Nemtsov: un an déjà

Il y a un an jour pour jour, défilait sur les écrans du monde entier une nouvelle à la fois sidérante et atrocement banale : Boris Nemtsov, représentant courageux et hyperactif de l’opposition russe avait été assassiné le soir du 27 février pendant une promenade nocturne sur le pont Bolshoï Moskvoretsky. La nouvelle était sidérante parce que c’était difficile d’imaginer qu’une personne de la vitalité et stature de Boris Nemtsov puisse être ainsi anéantie ; elle était banale parce qu’après tout, n’avions-nous pas là juste encore une autre exemple de la bonne vieille « mère Russie » qui mange ses enfants et recrache ses entrailles avec impunité ?

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Inégalité: en savoir toujours plus nous aide-t-il à y remédier ?

Je reviens d’une conférence sur les inégalités politiques et économiques, organisée la semaine passée à l’ETH Zürich avec le soutien du Réseau Suisse pour les Etudes Internationales. L’inégalité est un thème courant et actuel. Depuis l’irruption en 2014 du livre de Thomas Piketty «Le capital au XXIème siècle », sur la scène, le terme « inégalité » est devenu aussi moins tabou et plus volontiers abordé dans le discours public, où, jusqu’il y a quelques ans, on osait à peine le mentionner. Pourquoi ? Parce que le terme « inégalité » appartient à une famille sémantique qui, pour un certain temps, fut presque bannie de nos esprits et pensées. Cette famille comprend, entre autres, les notions de « classe sociale », « redistribution », « représentation », « justice sociale », « opportunité ». (suite…)

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Regarder le monde comme un état : les réfugiés, source de revenu fiscal ?

L’article publié par The Guardian aujourd’hui sur la « taxe » que le Danemark et, apparemment, la Suisse, imposent aux réfugiés qui arrivent sur le territoire du pays suscite diverses réactions : indignation solidaire avec la condition de ceux qui sont forcés à devenir refugiés, critiques publiques de la part d’agences de l’ONU, mais, aussi, si on regarde la section des commentaires de l’article, un certain sentiment que ceci n’est pas tout à fait déraisonnable.

Je vous propose un exercice intellectuel de logique étatique (cynique). Tout d’abord, il faut se rappeler que l’ « état » tel qu’il est en acte de nos jours est un dispositif bureaucratique sans sentiments, pour lequel la valeur « solidarité » n’est pas intuitive, ni naturelle. Du point de vue strictement bureaucratique du maintien et déploiement de l’état, la solidarité coûte, comme tout autre bien et service public.

Un regard sur l’histoire de l’état moderne en Europe Occidentale permet de comprendre mieux cette donnée. (Ceci est une version simplifiée des évolutions mentionnées).

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