Pendant ce temps…en Roumanie, Pologne, Hongrie

Fêtons la victoire du centre en France. Réjouissons-nous qu’une majorité de français ait donné à son pays, à l’Europe et au monde, une dernière chance pour mettre en oeuvre des vraies et indispensables réformes, sans lesquelles nous irons chacun de son côté et collectivement, dans le mur (pour le moment le danger n’a pas été écarté, juste remis à plus tard).

Mais regardons aussi au-delà, dans ces pays “nouvellement” membres de l’UE, où, au même moment, une génération du même age qu’Emmanuel Macron se trouve à la tête d’un combat à vie et à mort pour que chacun de ces pays ne sombre dans les bras des démons ancestraux et séculaires respectifs: la xénophobie en Hongrie, le chauvinisme en Pologne et le vol sans limites en Roumanie.

Pourquoi est-ce important? Parce que cela fait 20 ans qu’en Europe, en plus de “l’acquis communautaire” qui se transmet aux nouveau membres, il y a aussi le “leste archaïque” que ces derniers ont aidé à réactiver au sein de l’UE. Le nationalisme, la xénophobie, la corruption, l’intolérance n’avaient pas disparu, mais elles étaient contenues, ou au moins démonétisées.

C’est dans ce contexte qu’il faut lire ce qui se passe ces jours-ci en Hongrie, Pologne et Roumanie, où une certaine partie de la population se bat pour que les valeurs du projet Européen prévalent, à l’heure même ou des pays au coeur de l’Europe en doutent.

Pour ceux qui croyaient que le problème de la légifération de la corruption était résolu en Roumanie après les manifestations fleuve de janvier 2017, une bien triste nouvelle: ce n’est pas le cas. Dès le lendemain de l’éphémère victoire de la rue, une attaque cynique et systématique a été mise en oeuvre contre tous les acquis de l’anti-corruption. Cette fois-ci au Parlement, où le parti qui a plus intérêt à s’en débarrasser a une majorité. Il n’y a pas eu un jour depuis janvier 2017 sans nouvelle inquiétante à propos de projets de lois visant la dépénalisation des actes de corruption et l’amnistie des condamnés pour actes de corruption. Sans parler des attaques médiatiques organisées à l’encontre des institutions et personnes qui luttent encore pour que justice soit faite.

Voilà qu’aujourd’hui, malgré des protestations citoyennes qui durent depuis presque 100 jours (à feu bas) une loi qui amnistie et dépénalise les abus en fonction et autres types de corruption est près de passer la Chambre des députés. Ceux qui veulent la promulguer regardent la rue minute par minute pour voir s’ils arrivent à la passer ou pas.

L’heure est grave et les roumains – comme les polonais et les hongrois – qui se battent, sont plus seuls que jamais.

Pourquoi le Général de Gaulle me manque

Le Général de Gaulle me manque. Est-ce à cause de la récupération générale dont il est sujet ces jours-ci?

Je trouve cela bizarre, interpellant et ironique: je suis un individu de nationalité autre que française, j’ai été éduquée en Roumanie, au Royaume Uni et en Suisse, je suis d’une génération qui n’a entendu parler du grand Général que dans les livres d’histoire et ça, de manière assez approximative, et pourtant, en tant qu’observateur et analyste politique, il me manque. Ceci va au-delà de toute affinité et intêret linguistique et culturel que je ressens pour la culture, histoire et langue françaises.

J’ai constaté avec surprise qu’il me manquait lors du débat sur le Brexit (d’ailleurs il manquait apparement aux britanniques eux-mêmes!) et ces jours-ci, quand l’entre-deux tours des élections françaises fait rage (si jamais vous voulez comprendre ce qui s’y passe je recommande vivement la série Hommes de l’ombre) c’est comme si un grand trou béant d’humanité et de politique là où avant se trouvait de Gaulle, nargue les protagonistes des débats, qui essayent de le remplir en évoquant son image et son héritage, en vain.

L’Exigence

Ce n’est, bien sûr, pas l’homme qui me manque, mais les principes et la manière qu’il avait de les tenir; le fait d’avoir un projet, aussi fou soit-il, au moment où son pays était anéanti; une certaine intransigeance, qui certes, lui fut reprochée, mais qui ne laissait pas de doute sur l’authenticité de sa démarche en politique; la parole qu’il a tenu dans ses échanges avec les français et l’Europe. En somme, il s’agit d’exigence. Une exigence qui semble être la marque de tout individu qui a laissé une vraie trace dans l’esprit des sociétés de notre siècle, quel que fut son projet. Une exigence dont nous sommes en mal au niveau global!

Cette exigeance est celle de ne pas renoncer à ses valeurs et ses principes, même quand il y a un danger de mort qui rôde. Ce n’est pas celle d’être parfait et d’être la réponse à toutes les fantasmes, mais celle d’avoir une proposition qui tienne la route. Ce n’est pas celle de camper sur ses positions, non plus, mais celle du courage d’admettre quand d’autres pourraient rendre mieux service. C’est surtout l’exigence à laquelle tout citoyen, inconsciemment ou pas, veut pouvoir tenir ses élus.

Pour ma part, c’est comme ça que je lis le désarroi et un certain désespoir qu’expriment ceux qui font un peu partout, des choix politiques qu’on considérait jusqu’à il y a peu, impensables: une recherche déboussolée et ignorante de l’exigence. Chez l’autre. Le problème avec le fait qu’il ne semble plus y avoir  des hommes et femmes politiques qui donnent l’exemple c’est qu’on tombe dans piège de penser qu’on ne peut pas s’y tenir soi-même…