Pandémie, le début de la fin ?

Le titre de cet article peut surprendre à l’heure où le nombre de cas explose dans toutes les régions du monde. L’AFP a annoncé jeudi dernier un nouveau record de 1,94 millions de contaminations dans le monde sur une seule journée. Au-delà de ce chiffre, c’est son évolution qui impressionne, + 64 % par rapport à la semaine précédente.

La dernière vague ?

Les abonnées du média Heidi.news pourront comprendre pourquoi l’apparition d’Omicron n’est peut-être pas une si mauvaise nouvelle. Dans un article intitulé Une dernière vague et puis s’en va ?, le journaliste scientifique Yvan Pandelé présente Omicron comme beaucoup plus contagieux mais moins agressif que les autre variants (trois fois moins d’hospitalisations et un risque plus faible encore de finir aux soins intensifs). Cette grande contagiosité risque de faire souffrir de nombreux secteurs, en raison des malades mais aussi des personnes mises en quarantaine, elle va simultanément permettre une augmentation rapide de l’immunité de la population.

Il n’est donc pas impossible qu’Omicron permette de faire évoluer la pandémie vers une endémie, une situation où nous devrons « vivre » avec le SARS-CoV-2 comme avec n’importe quel autre virus. Il y aura ces prochaines semaines des débats vifs sur la nécessité de maintenir les mesures de protection mais, même si l’on peut se réjouir d’un possible retour à la normale, les mesures de prévention sont pour l’heure plus que jamais d’actualité.

Un chirurgien égaré

Je me suis demandé l’autre jour en entrant dans un supermarché avec mon masque si j’étais vraiment en train de faire mes courses ou si j’étais un chirurgien égaré qui ne trouvait plus sa salle d’opération. Je me réjouis de voir les mesures de prévention abandonnées et, pour ce qui est du masque, de pouvoir revoir le visage des gens.

Ce scénario de fin de pandémie doit être pris avec prudence, d’une part car cette fin n’est pas pour tout de suite, d’autre part parce que le Covid-19 nous a appris à quel point prédire le futur était un art difficile.

Quel bilan tirer ?

Si ce scénario devait se confirmer, ce moment particulier de la pandémie nous autorise un début d’analyse sur ces deux dernières années. Une étude exhaustive dépasse le cadre de cet article mais également mes compétences. Je ne peux cependant pas m’empêcher de partager avec vous quelques observations.

La première, la mauvaise préparation du monde face à de tels dangers. J’espère que le prochain variant, ou le prochain virus, ne sera pas beaucoup plus dangereux, nous sommes actuellement très mal préparés, même si la pandémie actuelle a tout de même permis de faire quelques progrès.

La deuxième, le fantastique travail des scientifiques et des industriels qui ont réussi à développer en un temps record des vaccins efficaces.

La troisième, l’immense difficulté des pays à rendre disponibles les vaccins partout dans le monde.

La quatrième, le rôle joué par les médias sociaux dans cette pandémie. Une immense caisse de résonnance qui diffuse les fausses informations plus rapidement que les vraies. Il s’agit d’un réel problème, qui ne se limite pas à la pandémie et dont il faudra s’occuper.

La cinquième, la méfiance d’une partie importante de la population face aux autorités, notamment politiques mais aussi médicales. Je pense notamment au vaccin. Même si personnellement je me réjouis que la vaccination soit restée un choix, je trouve que la position de la commission nationale d’éthique dans le domaine de la médecine humaine est juste : s’il n’y a pas d’obligation légale à la vaccination, il peut y avoir une obligation morale, la vaccination étant un acte de solidarité envers la population. Plus on est jeune, plus on est en bonne santé, plus la vaccination a de sens pour les gens qui nous entourent ou pour la société dans son ensemble. Avec un taux de personnes entièrement vaccinées de 67.5 %, l’option du vaccin comme acte altruiste n’a en Suisse pas fait le poids face aux craintes et aux croyances personnelles.

La sixième, la difficulté de certains à comprendre des messages de prévention pourtant simples. Il est vrai que les informations transmises à la population ces deux dernières années ont été nombreuses et parfois contradictoires, on peut cependant tout de même s’étonner qu’après deux ans de pandémie certains ne soient toujours pas capables de porter un masque correctement.

La septième, mon souhait de voir les Autorités politiques mettre autant d’énergie pour lutter contre les autres dangers. Pour ce qui est de la santé, on peut penser à des thèmes comme la lutte contre le tabagisme, pour une approche plus globale, aux menaces climatiques.

 

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Vacciné = libertés ?

Parmi les innombrables questions que l’on se pose au cœur de cette pandémie, deux me paraissent particulièrement importantes. La première, doit-on se faire vacciner ? La seconde, quand pourrons-nous revivre normalement ?

Doit-on se faire vacciner ?

Plus la pandémie avance, plus je trouve que la réponse à cette question est simple. Même si cela doit rester un choix personnel, je pense que la réponse doit être, pour l’immense majorité d’entre nous, oui. Il n’y a actuellement chez l’adulte qu’une seule contre-indication, il s’agit d’une allergie sévère (pour en savoir plus, consultez les recommandations de la Société suisse d’allergie). La grossesse représente également une contre-indication (faute de données suffisantes) mais peut être considérée individuellement si la patiente enceinte présente des facteurs de risque.

Si vous n’avez pas de raison de vous faire vacciner pour vous, par exemple en raison de votre jeune âge, vous pouvez le faire pour vos contacts (votre famille, vos collègues) mais aussi, à l’image des restaurateurs et des hôteliers, pour les très nombreuses personnes empêchées de travailler. Ce vaccin est donc un vaccin altruiste.

Quand pourrons-nous revivre normalement ?

Ce printemps, cet été, en 2021 ou jamais ?

 

Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir.

Pierre Dac

Même si les inconnues sont encore nombreuses, les mutations du virus en étant un exemple, nous allons ces prochaines semaines vivre un moment charnière : celui où toutes les personnes vulnérables, en raison de leur âge ou de leurs pathologies, auront pu être vaccinées.

Le but des restrictions étant d’éviter l’engorgement du système de santé, nous devrions logiquement pouvoir rouvrir magasins, restaurants, cinémas et autres lieux de rassemblements dès que les plus fragiles auront été vaccinés. Si ce n’est pas fin février, cela devrait être le cas fin mars.

Il sera certainement nécessaire de poursuivre pour un certain temps les gestes barrière, mais nous devrions déjà à ce stade pouvoir revivre un peu plus normalement.

La fin des restrictions ?

Il existe cependant un scénario qui pourrait bouleverser ce calendrier, celui où le nombre de personnes fragiles mais non vaccinées resterait élevé. Ils pourraient en cas de maladie saturer les hôpitaux. Comme il sera éthiquement difficile de leur refuser l’entrée à l’hôpital, cela engendrerait d’extrêmes tensions si cela devait justifier la poursuite des restrictions, en particulier l’arrêt complet de secteurs entiers de l’économie.

 

PS : comme je ne prétends pas détenir la vérité, vos commentaires sont les bienvenus, un blog peut être un lieu d’échanges et de débats. Pour que vos commentaires gagnent en crédibilité, merci de les signer de votre nom.

 

Coronavirus : mauvaise nouvelle, le nombre d’infections diminue

En écrivant dans le titre « le nombre d’infections diminue », je ne parle pas des maladies dues au nouveau coronavirus mais de toutes les autres. Les innombrables restrictions qui nous sont imposées dans le cadre de cette pandémie provoquent une diminution de nombreuses infections. Pourquoi alors une « mauvaise nouvelle » ? Parce que cela nous oblige à réfléchir aux limitations que nous devrons peut-être garder une fois la pandémie terminée.

Moins d’infections

L’office fédéral de la santé publique a annoncé qu’il y avait eu un tiers d’infections HIV en moins en 2020 par rapport aux années précédentes. Même si l’on pourrait craindre que ce chiffre plus bas soit la conséquence d’un dépistage plus rare, la probabilité est grande qu’il s’agisse d’une réelle diminution des infections provoquée par la difficulté actuelle que nous avons à nous rencontrer. La grippe suit pour l’instant le même chemin, le graphique des malades reste plat. J’observe la même tendance dans mon cabinet, je vois beaucoup moins d’infections, en particulier des voies respiratoires, que les années passées. Il y a bien sûr des malades, la preuve en est le nombre de tests effectués chaque jour à la recherche du SARS-CoV-2, mais les situations graves, à l’exception du COVID-19, me semblent nettement moins fréquentes.

Il est interdit d’interdire

J’ai une certaine nostalgie, probablement un peu naïve, pour les années qui ont suivi mai 68. Depuis cette époque, les limitations ont été toujours plus nombreuses. Pour ce qui est des libertés sexuelles, le SIDA a marqué une étape importante. Les restrictions sont cependant devenues beaucoup plus sévères depuis mars 2020. Même si je pense que la plupart des limitations qui nous sont imposées se justifient afin de ne pas saturer nos hôpitaux, nous devons tout de même reconnaître qu’avant le SARS-CoV-2, nous les aurions plutôt imaginées pour une dictature : ne pas se rencontrer à plus de cinq personnes, garder ses distances, porter un masque et ne pas se serrer la main. Sans oublier, pas de restaurants, pas de cinémas, pas de théâtres, pas de musées. Tristesse suprême, même les librairies sont fermées.

Quelles mesures à la fin de la pandémie ?

Si suffisamment d’habitants de notre planète acceptent la vaccination, il est possible que nous arrivions une fois au bout de cette pandémie. Quelles mesures garderons-nous alors pour éviter à l’avenir les « autres » infections ? La question est d’importance puisque, pour ne prendre comme exemple que la saison froide, les hôpitaux sont habituellement à cette époque remplis de patients souffrant des complications d’infections hivernales.

Il y aurait bien sûr l’option, certes un peu radicale, de tout garder fermé. Cette solution extrême du « pas de restaurants – pas de cinéma – pas de festival – pas de rencontres » ne sera fort heureusement pas acceptée par la population. Il s’agit de toute façon d’une mauvaise solution puisque la baisse des infections serait compensée par des problèmes psychologiques et sociaux beaucoup plus nombreux.

Quelles restrictions ?

Sans en arriver à cette solution extrême, il est possible que la pandémie génère tout de même des restrictions qui s’inscriront dans le long terme. Où sera fixée la limite ? Une question importante sera de définir si les restrictions seront uniquement imposées aux malades ou aussi aux bien-portants. Formulé autrement, va-t-on comme les Asiatiques se saluer à distance et oublier les poignées de main et autres embrassades ? Ou demandera-t-on uniquement aux grippés de porter un masque ?  Pour le reste, espérons que nous retrouverons nos libertés.

 

PS : faites-vous vacciner.

 

 

 

Coronavirus : encore 3 semaines, 3 mois ou 3 ans?

Même si le ralentissement général imposé par la pandémie de Covid – 19 n’a pas que des impacts négatifs, nous sommes nombreux à espérer un retour à la normale le plus tôt possible. Mais combien de temps cela va-t-il encore durer, 3 semaines, 3 mois ou 3 ans ? Quelles solutions existent, sérieuses et moins sérieuses ?

La solution du Dr Trump

Le nombre d’idioties dites par le président Trump est impressionnant. Il s’est cependant surpassé lors d’un récent point presse à la Maison-Blanche sur le SARS-CoV-2. Son administration venait de révéler que « la chaleur, les UV et l’humidité pourraient réduire la durée de vie du virus et que l’eau de javel pouvait tuer le virus en cinq minutes l’alcool isopropylique, en trente secondes ».  Comme raconté dans cet article de Valérie de Graffenried, correspondante du Temps aux Etats-Unis, le Dr Trump y est allé de ses propositions :

 « Imaginons qu’on traite le corps avec beaucoup d’ultraviolets, ou une lumière très puissante. Et supposons qu’on amène la lumière à l’intérieur du corps à travers la peau. Cela n’a pas été vérifié, mais vous allez le tester ». Et : « Je vois que le désinfectant neutralise ce virus en une minute. Une minute. Est-ce qu’on pourrait faire quelque chose comme une injection à l’intérieur, ou un nettoyage ? ».

Ce monsieur est président des Etats-Unis, très impressionnant.

L’immunité de la population

Ce serait la solution idéale, en partant de l’hypothèse que l’infection induit réellement une immunité. L’idée est simple, que suffisamment de personnes soient immunisées pour que la pandémie s’arrête d’elle-même. Si une personne malade ne peut plus transmettre le virus à d’autres car tous sont immunisés, la pandémie s’arrête. Les experts estiment que ce scénario est possible lorsque 60 % de la population est immunisée. Nous en sommes malheureusement loin, les estimations du 22 avril pour ce qui est de la prévalence d’anticorps dans la population genevoise est de 5.5 %. Nous sommes donc loin des 60 % espérés.

La problématique est bien résumée dans une chanson : « Maintenant tout est plus clair on sait ce qu’il faut faire. Pour pas se contaminer. il faut se confiner, pour se déconfiner il faut être immunisé, pour être immunisé il faut se faire contaminer, pour se faire contaminer il faut se déconfiner ».

La Suède qui elle n’a pas fermé ses écoles, sans pour autant perdre le contrôle de la pandémie, aura probablement des taux d’immunité plus élevés. La Suisse, comme de nombreux autres pays, a-t-elle fait une erreur ? Quoi qu’il en soit, l’immunité de la population est, à ce jour, très basse en Suisse.

Le vaccin

Il s’agit certainement de la voie la plus prometteuse. On peut lire dans un article du Temps du 23 avril : « parmi la centaine de travaux de recherches dans le monde pour trouver un vaccin – seule voie possible selon l’ONU pour un retour à la normalité – sept en sont pour l’heure au stade des essais cliniques sur l’homme, selon la London School of Hygiene and Tropical Medicine ».

Il existe donc une recherche intense au niveau mondial, un vaccin sera probablement créé plus rapidement que cela n’a jamais été le cas par le passé, mais pour cette solution, il faut au minimum patienter encore quelques mois.

Vivre comme avant

Face à la situation actuelle, il y a aussi ceux qui veulent nous faire croire que la pandémie est passée, que l’on peu revivre comme avant. Parmi les défenseurs de cette approche, les épidémiologues de l’UDC qui dans un article intitulé « L’UDC demande donc au Conseil fédéral » écrivent « de veiller qu’à partir du 11 mai au plus tard tous les commerces et exploitations gastronomiques puissent en principe ouvrir leurs portes » tout en ajoutant qu’il faut « maintenir les contrôles systématiques aux frontières ». J’imagine que pour ce dernier point, l’objectif est d’éviter que les personnes contaminées en Suisse n’aillent transmettre leurs virus à l’étranger.

La position de l’UDC est trompeuse et laisse penser que la pandémie est définitivement sous contrôle. L’UDC a cependant raison sur un point, il n faut pas sous-estimer les conséquences économiques des restrictions actuelles, qui elles-mêmes peuvent avoir des conséquences graves sur la santé de la population de ce pays.

Le nombre de cas de nouvelles infections pourrait nous faire penser que la vie peut reprendre comme avant. Il est vrai que le nombre de malades étant plus faible, le risque d’être contaminé l’est aussi. Mais attention, à l’image de ce qui se passe à Singapour, il faut peu de choses pour que la pandémie s’enflamme à nouveau. Comme l’immunité de la population reste basse, on peut facilement se retrouver dans la situation d’il y a un mois, ou pire dans la situation vécue dans le nord de l’Italie ou en Alsace.

Vivre avec

Je pense que nous devons intégrer ce message de l’OMS : « ce virus nous accompagnera pendant longtemps ». Puisque les solutions préconisées par le Dr Trump ne fonctionneront malheureusement pas, la solution à terme sera celle du développement d’un vaccin, mais cette solution ne sera pas prête tout de suite.

Il faut donc que nous apprenions à vivre avec cette nouvelle réalité que j’ai envie de résumer ainsi : vivre mais avec précautions. C’est pourquoi le message de « Rester à la maison » me parait dépassé. Les gens doivent sortir, y compris les seniors, mais avec précautions. Une fois sortis de leur logement, ils doivent se désinfecter les mains. S’ils rencontrent des amis, ils peuvent discuter, mais à distance. Puis retour à la maison où il faut à nouveau se laver les mains. Ceci pour autant bien sûr d’éviter les endroits très fréquentés.

Pour ce qui est de la vie professionnelle, nous devons nous réinventer, ce qui est bien sûr plus ou moins facile selon les professions. L’OFSP a publié des recommandations pour les milieux professionnels où sont listés les critères à respecter pour des conditions de travail sûres.

Je n’ai bien sûr pas les réponses à toutes les situations mais je suis convaincu que nous devons chercher cet équilibre fragile du « vivre avec ». Pour que l’ambiance générale ne soit plus un « non » mais un « oui », même timide.

Prenez soin de vous.