Faut-il se faire vacciner, oui ou non ?

Deux questions : Que sait-on sur ce vaccin ? Devez-vous vous faire vacciner ?

Que sait-on ?

L’autorisation. L’institut suisse des produits pharmaceutiques SwissMedic a annoncé ce 19 décembre que le vaccin de Pfizer/BioNTech était désormais autorisé en Suisse. Les données disponibles font état d’une efficacité élevée, comparable dans tous les groupes d’âges étudiés. Il s’agit de la première autorisation mondiale de ce vaccin dans le cadre d’une procédure ordinaire et non urgente.

Combien de doses seront disponibles ? Les 100’000 premières doses seront livrées encore en décembre, Pfizer livrera ensuite 250’000 doses par mois à la Confédération.

Son nom. Ce vaccin à ARN messager dont le nom scientifique est BNT162b2 aura comme nom commercial Comirnaty.

Son efficacité. La protection vaccinale est supérieure à 90% sept jours après la seconde injection. Les résultats de la phase 3 ont été publiés le 10 décembre dans le New England Journal of Medicine (la phase 3 d’une étude représente une étape où le produit est testé chez un grand nombre d’individus, la moitié reçoit le vaccin, l’autre un placebo, sans que ni le patient, ni l’examinateur ne sachent qui a reçu quoi).

Son prix. La vaccination sera gratuite pour la population.

Qui pourra être vacciné ? La Commission fédérale pour les vaccinations et l’Office fédéral de la santé publique ont établi la liste des priorités :

  1. Les personnes vulnérables (hormis les femmes enceintes).
  2. Le personnel de santé en contact avec des patients et le personnel accompagnant les personnes vulnérables.
  3. Les contacts étroits (membres du ménage) des personnes vulnérables.
  4. Les personnes résidant dans une institution communautaire qui présente un risque d’infection et un potentiel de flambée (p. ex. institutions pour personnes handicapées) ainsi que le personnel.
  5. Tous les autres adultes qui voudraient se faire vacciner.

Le vaccin n’est pas recommandé pour les enfants de moins de 16 ans, les données d’efficacité pour cette tranche d’âge étant jugées insuffisantes. Pour les personnes ayant déjà été contaminées par le SARS-Cov-2, une vaccination sera probablement recommandée 3 mois après la maladie (puisque que l’on sait que la maladie offre une protection de 3 à 6 mois, voire plus).

Ses effets secondaires. Comme vous pourrez le lire dans un article d’Heidi.news publié ce 19 décembre, ce vaccin est globalement très bien toléré. Comme pour d’autres vaccins, les effets secondaires les plus fréquents sont de type inflammatoire, locaux (douleur et rougeur au point d’injection) ou généraux (fièvre, fatigue, maux de tête, courbatures, etc.). Leur durée est de 1 à 3 jours en moyenne.

La FDA, l’équivalent américain de Swissmedic, recommande de suivre la survenue de paralysies de Bell (une paralysie faciale qui dure plusieurs mois), certains cas ayant été relevés à une fréquence très faible (4 cas sur 18’000), ce qui ne permet pas de savoir s’ils sont liés ou non au vaccin. Comme un peut le lire dans cet article, le principal point de vigilance en matière de sécurité concerne le risque, rarissime mais attesté sur une poignée de personnes, de réaction allergiques sévère, de type choc anaphylactique.

Vous hésitez ?

Les vaccinations ont permis de contrôler des maladies qui étaient autrefois fréquentes en Suisse, comme le tétanos, la poliomyélite, la diphtérie, la coqueluche, la rougeole, la rubéole, les oreillons, l’hépatite B et certaines formes graves de méningites. Les vaccins représentent donc un des outils les plus puissants de la médecine préventive.

Même si je ne demande pas à tout le monde de croire à l’innocuité des vaccins, je suis tout de même surpris de la crainte qu’ils inspirent. J’ai personnellement plus d’interrogations pour les pesticides et autres perturbateurs endocriniens que pour les vaccins, qui en fait ne font que provoquer au sein de l’organisme la production d’anticorps, un mécanisme somme toute naturel. Certains peuvent bien sûr craindre les effets secondaires, ceux-ci sont en réalité rares.

 

La balance entre les bénéfices et les effets secondaires des vaccins peut être illustrée avec cette image assez forte : ne pas vacciner un enfant contre une malade potentiellement grave en raison de la crainte des effets secondaires, c’est comme de ne pas attacher un enfant dans une voiture de peur qu’il ne se blesse avec la ceinture de sécurité.

 

Malgré cela, il est juste de s’interroger sur la balance bénéfices / risques de ce vaccin contre le coronavirus : il a été développé très rapidement, avec une technologie nouvelle, pour une maladie qui est pour les plus jeunes souvent bénigne.

Le Dr Alessandro Diana, pédiatre et expert en vaccinologie, a publié avec des collègues un article passionnant sur la « vaccino-hésitation ». Cette publication ne porte pas sur la vaccination contre le coronavirus mais sur les vaccins en général. On y apprend que 70 personnes sur 100 acceptent la vaccination. Parmi les 30 autres, 28 personnes sont indécises et 2 sont convaincues de leur position anti-vaccinale. On y découvre les facteurs qui renforcent la vaccino-hésitation et quelques pistes pour y répondre. Pour le dire de façon simplifiée, on ne convainc pas avec des données factuelles (efficacité du vaccin, innocuité, etc.) mais plutôt au travers d’une écoute et d’un échange avec le patient.

J’ai demandé à quelques-uns de mes patients s’ils avaient l’intention de se faire vacciner. Les seniors répondent le plus souvent positivement. Ils souhaitent même pouvoir se faire vacciner dès que possible. Ils ont peur d’être contaminés, ils craignent les conséquences potentiellement graves de l’infection et aimeraient pouvoir revivre « normalement ». Chez les plus jeunes, la réponse est beaucoup plus nuancée.

Devez-vous vous faire vacciner ?

Vous seul pouvez répondre à cette question. Vous devez vous informer mais en utilisant des sources d’information fiables (attentions aux réseaux sociaux…). Si vous êtes âgé ou faites partie des personnes vulnérables, je pense que la réponse devrait être oui. Si vous êtes en contact avec des patients et des personnes vulnérables, la réponse est certainement oui aussi. Pour les femmes enceintes et les moins de 16 ans, non (en tout cas avec ce vaccin en raison des données disponibles actuellement). Pour les plus jeunes ? La maladie est le plus souvent bénigne mais certains pourraient souhaiter le vaccin pour éviter la forme longue de la maladie.

Au-delà de ces considérations, il existe certainement une raison qui justifie que nous soyons nombreux à nous faire vacciner : on en a tous marre de ce virus.

 

Pour en savoir plus

Consultez le site Infovac, la plateforme d’informations sur les vaccins, qui propose une page consacrée au COVID-19, très complète et actualisée en permanence.

 

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Coronavirus : encore 3 semaines, 3 mois ou 3 ans?

Même si le ralentissement général imposé par la pandémie de Covid – 19 n’a pas que des impacts négatifs, nous sommes nombreux à espérer un retour à la normale le plus tôt possible. Mais combien de temps cela va-t-il encore durer, 3 semaines, 3 mois ou 3 ans ? Quelles solutions existent, sérieuses et moins sérieuses ?

La solution du Dr Trump

Le nombre d’idioties dites par le président Trump est impressionnant. Il s’est cependant surpassé lors d’un récent point presse à la Maison-Blanche sur le SARS-CoV-2. Son administration venait de révéler que « la chaleur, les UV et l’humidité pourraient réduire la durée de vie du virus et que l’eau de javel pouvait tuer le virus en cinq minutes l’alcool isopropylique, en trente secondes ».  Comme raconté dans cet article de Valérie de Graffenried, correspondante du Temps aux Etats-Unis, le Dr Trump y est allé de ses propositions :

 « Imaginons qu’on traite le corps avec beaucoup d’ultraviolets, ou une lumière très puissante. Et supposons qu’on amène la lumière à l’intérieur du corps à travers la peau. Cela n’a pas été vérifié, mais vous allez le tester ». Et : « Je vois que le désinfectant neutralise ce virus en une minute. Une minute. Est-ce qu’on pourrait faire quelque chose comme une injection à l’intérieur, ou un nettoyage ? ».

Ce monsieur est président des Etats-Unis, très impressionnant.

L’immunité de la population

Ce serait la solution idéale, en partant de l’hypothèse que l’infection induit réellement une immunité. L’idée est simple, que suffisamment de personnes soient immunisées pour que la pandémie s’arrête d’elle-même. Si une personne malade ne peut plus transmettre le virus à d’autres car tous sont immunisés, la pandémie s’arrête. Les experts estiment que ce scénario est possible lorsque 60 % de la population est immunisée. Nous en sommes malheureusement loin, les estimations du 22 avril pour ce qui est de la prévalence d’anticorps dans la population genevoise est de 5.5 %. Nous sommes donc loin des 60 % espérés.

La problématique est bien résumée dans une chanson : « Maintenant tout est plus clair on sait ce qu’il faut faire. Pour pas se contaminer. il faut se confiner, pour se déconfiner il faut être immunisé, pour être immunisé il faut se faire contaminer, pour se faire contaminer il faut se déconfiner ».

La Suède qui elle n’a pas fermé ses écoles, sans pour autant perdre le contrôle de la pandémie, aura probablement des taux d’immunité plus élevés. La Suisse, comme de nombreux autres pays, a-t-elle fait une erreur ? Quoi qu’il en soit, l’immunité de la population est, à ce jour, très basse en Suisse.

Le vaccin

Il s’agit certainement de la voie la plus prometteuse. On peut lire dans un article du Temps du 23 avril : « parmi la centaine de travaux de recherches dans le monde pour trouver un vaccin – seule voie possible selon l’ONU pour un retour à la normalité – sept en sont pour l’heure au stade des essais cliniques sur l’homme, selon la London School of Hygiene and Tropical Medicine ».

Il existe donc une recherche intense au niveau mondial, un vaccin sera probablement créé plus rapidement que cela n’a jamais été le cas par le passé, mais pour cette solution, il faut au minimum patienter encore quelques mois.

Vivre comme avant

Face à la situation actuelle, il y a aussi ceux qui veulent nous faire croire que la pandémie est passée, que l’on peu revivre comme avant. Parmi les défenseurs de cette approche, les épidémiologues de l’UDC qui dans un article intitulé « L’UDC demande donc au Conseil fédéral » écrivent « de veiller qu’à partir du 11 mai au plus tard tous les commerces et exploitations gastronomiques puissent en principe ouvrir leurs portes » tout en ajoutant qu’il faut « maintenir les contrôles systématiques aux frontières ». J’imagine que pour ce dernier point, l’objectif est d’éviter que les personnes contaminées en Suisse n’aillent transmettre leurs virus à l’étranger.

La position de l’UDC est trompeuse et laisse penser que la pandémie est définitivement sous contrôle. L’UDC a cependant raison sur un point, il n faut pas sous-estimer les conséquences économiques des restrictions actuelles, qui elles-mêmes peuvent avoir des conséquences graves sur la santé de la population de ce pays.

Le nombre de cas de nouvelles infections pourrait nous faire penser que la vie peut reprendre comme avant. Il est vrai que le nombre de malades étant plus faible, le risque d’être contaminé l’est aussi. Mais attention, à l’image de ce qui se passe à Singapour, il faut peu de choses pour que la pandémie s’enflamme à nouveau. Comme l’immunité de la population reste basse, on peut facilement se retrouver dans la situation d’il y a un mois, ou pire dans la situation vécue dans le nord de l’Italie ou en Alsace.

Vivre avec

Je pense que nous devons intégrer ce message de l’OMS : « ce virus nous accompagnera pendant longtemps ». Puisque les solutions préconisées par le Dr Trump ne fonctionneront malheureusement pas, la solution à terme sera celle du développement d’un vaccin, mais cette solution ne sera pas prête tout de suite.

Il faut donc que nous apprenions à vivre avec cette nouvelle réalité que j’ai envie de résumer ainsi : vivre mais avec précautions. C’est pourquoi le message de « Rester à la maison » me parait dépassé. Les gens doivent sortir, y compris les seniors, mais avec précautions. Une fois sortis de leur logement, ils doivent se désinfecter les mains. S’ils rencontrent des amis, ils peuvent discuter, mais à distance. Puis retour à la maison où il faut à nouveau se laver les mains. Ceci pour autant bien sûr d’éviter les endroits très fréquentés.

Pour ce qui est de la vie professionnelle, nous devons nous réinventer, ce qui est bien sûr plus ou moins facile selon les professions. L’OFSP a publié des recommandations pour les milieux professionnels où sont listés les critères à respecter pour des conditions de travail sûres.

Je n’ai bien sûr pas les réponses à toutes les situations mais je suis convaincu que nous devons chercher cet équilibre fragile du « vivre avec ». Pour que l’ambiance générale ne soit plus un « non » mais un « oui », même timide.

Prenez soin de vous.

 

Pour tout savoir sur le coronavirus (ou presque)

Vous souhaitez en savoir plus sur le coronavirus ? Vous trouverez la plupart des réponses aux questions que vous vous posez sur Internet. A condition de vous connecter sur des sites de qualité. Cette épidémie est en effet l’occasion de répéter qu’il faut s’informer auprès de sources d’informations sérieuses, les infox (fake news) sur le coronavirus semblant se diffuser plus rapidement que le virus lui-même.

Au moment d’écrire ces lignes, 24’541 cas confirmés, 493 décès, 28 pays touchés.

Les Hôpitaux universitaires de Genève

La palme de la communication revient aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Ils ont en un temps record produit une série de vidéos d’informations sur le coronavirus 2019-CNOV. Vous y trouverez par exemple de courtes vidéos sur « Quels sont les symptômes de l’infection à coronavirus chez l’être humain » ou « Quel risque de transmission en cas de contact avec une personne infectée ? » ou encore « Quelles sont les recommandations pour le port du masque ».  Les HUG ont aussi publié le 28 janvier sur leur chaine YouTube une vidéo intitulée « Nouveau coronavirus: réalité et incertitudes ». Cette vidéo de 23 minutes qui est un exposé du Prof. Laurent Kaiser, chef du service des maladies infectieuses des HUG, a été visionnée plus de 132’000 fois. Si vous voulez mieux comprendre le coronavirus 2019-CNOV, vous devez regarder cette vidéo.

 

La vidéo des HUG “Nouveau coronavirus: réalités et incertitudes”

 

Le site de l’Office fédéral de la santé publique

Le site de l’Office fédéral de la santé publique propose naturellement un contenu plus classique, les informations sont mises à jour régulièrement: situation actuelle au plan international, situation actuelle en Suisse, recommandations pour les voyageurs, informations pour les médecins et réponses aux questions fréquemment posées. On y trouve aussi les numéros de téléphone des lignes infos Coronavirus pour la population (058 463 00 00) et pour les voyageurs (058 464 44 88), disponibles tous les jours de 8 à 18 heures.

Ce 5 février, vous pourrez lire sur ce site que « jusqu’à présent, aucun des échantillons analysés en Suisse n’a révélé d’infection au coronavirus ».

Le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)

L’OMS propose une page sur les Coronavirus et une autre sur le nouveau Coronavirus.  Vous pourrez y lire que « les recommandations standards pour prévenir la propagation de l’infection comprennent le lavage régulier des mains, le fait de se couvrir la bouche et le nez lorsque l’on tousse et éternue et une cuisson complète de la viande et des œufs ».

Les cartes

Plusieurs sites permettent de voir l’expansion du nouveau coronavirus à travers le monde. La carte établie à partir des chiffres compilés par l’université Johns-Hopkins montre le nombre total de cas, le nombre des personnes malades pays par pays et le nombre de morts. A partir de ces mêmes données, le Temps a aussi créé une carte très intéressante. On y voit deux graphes, le premier qui recense le nombre de cas en Chine, le second le nombre de cas « ailleurs dans le monde ».

Quel risque pour la Suisse ?

Vous vous demandez peut-être quel est votre risque de contracter ce nouveau coronavirus ? Dans la vidéo mentionnée plus haut dans ce texte et qui date du 28 janvier, le Prof. Kaiser déclare que “l’évolution du nombre de cas reste “modeste” à l’échelle de la Chine mais qu’une évolution exponentielle de l’épidémie n’est pas exclue”. Il dit encore qu’il nous manque des informations sur “les chaînes de transmissions du virus”, donc sur sa contagiosité. Le Prof. Kaiser précise encore que “si les cas de transmissions de la maladie hors de Chine devaient se multiplier, cela augmenterait significativement les risques d’une épidémie de plus grande ampleur”.

Que faire ? 

Pour l’heure, à moins que vous ne rentriez de Chine, il n’y à rien à faire. Vous pouvez cependant suivre ces quelques conseils:

  1. Vous laver les mains soit avec de l’eau chaude et du savon, soit, encore plus efficacement, avec une lotion hydroalcoolique.
  2. Tousser et éternuer en vous couvrant la bouche et le nez avec un mouchoir ou au creux de votre coude.
  3. Nettoyer régulièrement les surfaces de contact (poignées de portes, boutons, téléphone…).

Pour l’heure, ces conseils sont inutiles pour le nouveau coronavirus puisqu’il n’y a aucun cas en Suisse. Mais adopter ces mesures permettraient de diminuer la transmission d’autres virus, dont celui de la grippe, un virus qui provoque chaque année un millier d’hospitalisations et au minimum 400 décès.

Des informations importantes manquent sur cette page ? Merci de me les signaler. 

 

A lire aussi:

 

Pour savoir réagir face à un arrêt cardiaque, humour suisse ou humour anglais ?

L’école de santé du Suisse romande propose sur son site Internet une vidéo et de précieux conseils pour savoir comment réagir face à un arrêt cardiaque.

Cette vidéo mérite d’être vue, vous y découvrirez en moins 2 minutes les quatre étapes de la réanimation (ne coupez pas avant la fin de la vidéo !). Même si personne ne souhaite vivre une situation aussi stressante, ces gestes peuvent sauver une vie.

 

En Suisse, le numéro d’urgence est le 144 (en Europe le 112).

 

Vous préférez l’humour anglais ? Regardez cette vidéo de la British Heart Foundation (avec le son !).

 

Humour suisse ou humour anglais ? Quelle que soit votre vidéo préférée, visitez, pour une information complète, le site Internet de l’école de santé de Suisse romande.

 

 

Signez l’initiative contre le lobbyisme des caisses maladie au Parlement

 

Sur les 246 parlementaires qui siègent à Berne, vingt ont des liens avec les caisses maladie. Cela ne représente somme toute que 8% des élus, rien de très impressionnant. Il faut cependant savoir que la majorité siège dans les commissions de la santé du conseil National et des Etats. 9 sur 25 pour la commission du National, 5 sur 13 pour la commission des Etats. Oui, 38 % des parlementaires de la commission Santé des Etats sont liés aux caisses maladie.

 

Ces parlementaires sont-ils simplement informés par les caisses ou influencés ?

L’émission Mise au point du 8 octobre donne la réponse.

Raymond Clottu, conseiller national UDC neuchâtelois y déclare « J’ai des séances assez régulières avec le Groupe Mutuel ». Lorsque le journaliste lui demande s’il est payé pour ces séances, il répond « ne plus très bien se souvenir » avant de parler d’une indemnité de plusieurs milliers de francs. Recontacté plus tard par le journaliste, Raymond Clottu refusera de dévoiler le salaire reçu et affirme « je ne suis pas employé d’une caisse maladie, je suis totalement indépendant ».

Interrogé, le Groupe Mutuel répond que « les membres du groupe de réflexion ne sont pas rémunérés, ils sont défrayés ».

Que Raymond Clottu ose prétendre qu’il n’est pas sous influence alors qu’il a des séances régulières avec le Groupe Mutuel, séances dont le contenu reste bien sûr secret et pour lesquels il reçoit « des milliers de francs », est choquant.

 

Mettre fin à ces pratiques

L’initiative « pour un Parlement indépendant des caisses-maladie » veut bannir ces pratiques et limiter l’influence des caisses maladie à Berne. Extrait du texte de cette initiative :

Les membres de l’Assemblée fédérale ne peuvent siéger dans l’organe d’administration, de direction ou de surveillance d’un assureur autorisé à pratiquer l’assurance maladie sociale ou d’une entité économiquement liée à ce dernier, ni recevoir une rémunération sous quelque forme que ce soit de leur part.

La situation actuelle nuit à l’indispensable réforme de notre système de santé, pour éviter par exemple que nos primes d’assurance n’augmentent indéfiniment.

Les personnes intéressées à signer cette initiative pourront la télécharger sur le site  https://stop-lobby-assureurs.ch/

 

 

Article lié :

 

Les lobbies des caisses maladie payent mal les parlementaires, 1250 francs de l’heure

 

Le site Lobbywatch.ch qui se présente comme « une plateforme pour une politique transparente » a publié le 8 avril dernier un article dénonçant les liens entre le Groupe Mutuel et certains parlementaires fédéraux.

 

Des parlementaires sous influence ?

Le Groupe Mutuel a créé un « Groupe de réflexion santé » où sont invités des parlementaires fédéraux, en tout cinq conseillers nationaux et quatre conseillers aux Etats. Sur ces neufs parlementaires, huit siègent dans les commissions parlementaires de la santé. Un seul romand au sein de ce groupe, l’ex-UDC Raymond Clottu. Parmi ces neuf parlementaires, rien de moins que les deux présidents des chambres, Jürg Stahl (UDC/ZH) et Ivo Bischofberger (PDC / AI).

 

 Que font-ils ?

Ils se réunissent apparemment quatre fois par an. Mais vous ne saurez rien de plus. On peut lire sur le site lobbywatch que « le rôle exact de ce groupe de discussion n’est pas connu. Ce qui est discuté lors des réunions ne sort pas des bureaux. Il n’existe pas de rapport des comptes ni de rapport d’activités. Il n’a même aucune existence dans le rapport d’activité du Groupe Mutuel.

Ces réunions n’ont bien sûr pas pour objectif d’influencer les parlementaires, uniquement de les informer.

 

Des parlementaires mal payés

Apparemment, le seul à avoir communiqué son salaire est le Président du Conseil des Etats, Ivo Bischofberger, en 2016, le Groupe Mutuel lui a versé 4673.75 francs. D’autres témoignages évoquent la somme de 10’000 francs par an.

Si on calcule quatre séances de 2 heures, cela représente un salaire horaire qui oscille entre 584 chf et 1250 chf, pas mal payé. En réalité, je trouve que nos parlementaires sont très bon marché, entre 5’000 et 10’000 chf pour influencer les décisions politiques en matière de santé, c’est peu.

Isabelle Moret (PLR / VD) a fait un autre choix : « ces groupes d’intérêts m’intéressent car ils permettent des échanges sur des dossiers techniques, j’ai donc décidé d’y participer mais j’ai refusé d’être payée, cette rémunération me dérangerait ».

 

Un manque de transparence qui nuit à la démocratie

Une étude menée par des chercheurs des Universités de Lausanne et de Genève montre que les liens entre lobbies et parlementaires sont au fil des ans toujours plus intenses. Le socialiste Didier Berberat est cité dans un article paru dans la Tribune de Genève :

« Cela peut être utile d’être informé, mais il ne faut pas être sous influence ». Il regrette surtout l’opacité du système. « Nous devons signaler nos intérêts mais rien n’est dit sur le montant de la rémunération. Toutes les demandes qui ont été faites en ce sens ont été refusées au Parlement. Si une entreprise nous verse 100 000 francs par année, on va voter dans son intérêt ».

Des parlementaires sous influence dont notre système de santé n’a vraiment pas besoin.

 

L’arythmie cardiaque signée Donald Trump

 

Je vais être honnête, au-delà de ses outrances répétées, je ne connais pas dans le détail le programme politique de Donald Trump. Et pourtant, j’éprouve une puissante répulsion pour le personnage et ce qu’il véhicule. Il y a bien sûr ses idées, que ce soit le mur entre les Etats-Unis et le Mexique ou son décret anti-immigration, pour ne citer que deux exemples. Mais il y a surtout la manière, cette espèce d’insupportable arrogance.

 

La preuve par Twitter

Je suis bien sûr un peu jaloux du nombre de ses followers, beaucoup plus nombreux que les miens (abonnez-vous à mon compte @jgjeannot pour rééquilibrer un peu nos comptes, merci 😉 ). Pour ce qui est du contenu, je préfère mes tweets aux siens. Deux exemples :

  • Lors de la remise des Golden Globes, Meryl Strep a, sans jamais le nommer, vivement critiqué Donald Trump. L’homme qui deviendra onze jours plus tard le 45ème président des Etats-Unis s’abaisse à lui répondre, qui plus est dans un langage qui ne me semble pas digne d’un futur président américain: « Meryl Streep, l’une des actrices les plus surestimées à Hollywood, ne me connaît pas mais elle m’a attaqué hier soir aux Golden Globes. Elle est une… ».
  • Le deuxième tweet est encore plus inquiétant. @realDonaldTrump a publié un Tweet en majuscules, ce qui équivaut à un hurlement, à l’intention des juges qui l’empêchent de fermer les frontières aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane, au mépris de la séparation des pouvoirs : « RENDEZ-VOUS AU TRIBUNAL. LA SECURITE DE NOTRE NATION EST EN JEU ».

Cet homme est-il bien le président des Etats-Unis ?

 

Un arrêt cardiaque ?

J’ai découvert la ressemblance entre la signature de Donald Trump et une gravissime arythmie cardiaque par un Tweet de Pascal Meier, un cardiologue très actif sur son compte @pascalmeier74. Cette arythmie est une fibrillation ventriculaire, un dysfonctionnement du cœur qui peut être mortel. Malgré la ressemblance entre ces deux images, il existe certainement des moyens plus doux de faire taire le nouveau président des Etats-Unis que de diagnostiquer sa mort subite.

 

 

Ecrire à Jack Dorsey, le patron de Twitter ?

Twitter a récemment annoncé vouloir prendre des mesures contre les auteurs de messages haineux. Cette décision a réjoui le zürichois Andreas Freimüller (@rasgariwat) qui a décidé de lancer une campagne pour demander à Jack Dorsey, le CEO de Twitter, d’expulser @realDonaldTrump de son réseau. Grâce à un formulaire prêt à l’emploi, chacun peut donc envoyer en quelques secondes un mail au patron de Twitter pour lui demander de fermer le compte du président des USA.

 

Une banalisation des propos haineux

Cette initiative représente bien sûr une goutte d’eau dans un océan. Elle a cependant deux avantages : le premier est qu’elle permet à tout un chacun de s’exprimer ; le second, qui est pour moi essentiel, est de dire au travers de ce geste notre refus des propos haineux, pour éviter de les voir se banaliser.

 

Vous êtes mal soignés

 

Vos données santé sont mal gérées

Vous seriez mieux soignés si vos données santé étaient mieux gérées. Vous seriez encore mieux soignés si vous y aviez accès.  Le monde de la santé s’accélère et se complexifie, la gestion  des données santé doit être réinventée, notamment en plaçant  le patient au centre du système.

Pour illustrer ce que devrait être une médecine centrée sur le patient, l’histoire de deux patientes.

 

Angelina Jolie et Iris

Angelina Jolie, vous connaissez. Iris, c’est une de mes patientes, ou plus exactement c’était. L’histoire de deux patientes, la première vit dans un monde connecté, l’autre non.

Angelina Jolie

Angelina Jolie a subi en 2013 à l’âge de 37 ans une double mastectomie, en 2015 une double ovariectomie. Pourquoi ? Parce qu’elle est porteuse d’une mutation génétique, BRCA1, qui représentait pour elle  un risque de 87 % de développer un cancer du sein, de 50 % de développer un cancer de l’ovaire.

Sa mère est décédée à 56 ans d’un cancer, sa grand-mère est décédée d’un cancer, sa tante est décédée d’un cancer. Pourquoi son histoire est-elle intéressante ? C’est l’histoire d’une médecine moderne, connectée, où le patient est informé, où les informations circulent entre les différents partenaires concernés.

Face aux nombreux cancers existants dans sa famille, Angelina Jolie a su qu’il pouvait y avoir un risque génétique, elle en a parlé à son médecin, elle a fait un test sanguin et a appris qu’elle était porteuse de cette mutation génétique BRCA1.

Cette histoire est aussi intéressante car Angelina Jolie a décidé de rendre sa maladie publique, la première fois dans un article du New-York Times en 2013 intitulé « My Medical Choice ». Son objectif était bien sûr de sensibiliser d’autres femmes à ce risque génétique. Un article publié dans l’Hebdo en juin 2015 nous apprend que les demandes de dépistages génétiques ont « depuis 2 ans » explosé à l’échelle mondiale, y compris en Suisse.  Même s’il est difficile de mesurer le rôle qu’a joué l’histoire d’Angelina Jolie dans cette augmentation des demandes, elle y a certainement contribué.

 

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“Je peux désormais dire à mes enfants qu’ils n’ont pas à avoir peur de perdre leur mère d’un cancer du sein»

 

 

Iris

L’histoire d’iris est beaucoup plus banale. Iris avait 81 ans, elle vivait à domicile avec son mari malade et un fils adulte handicapé. Elle a commencé à souffrir de douleurs abdominales en février 2016, les examens radiologiques ont montré « un cancer du pancréas avec probable carcinose péritonéale ». Quelques semaines plus tard, elle se sentait moins bien, elle souffrait en particulier d’importantes douleurs abdominales et de nausées. Iris « n’était pas très médicament », elle a tout de même, après de longues discussions, accepté de prendre de petites doses de morphine. J’ai dû ensuite passer plusieurs fois en urgence à son domicile. Début avril, la prise en charge médicale n’était, à mes yeux, plus satisfaisante et j’ai réussi à convaincre Iris d’être admise  dans un hôpital de Suisse romande. J’ai envoyé un courrier à mes collègues hospitaliers pour leur expliquer que l’objectif principal était de mettre en place des soins palliatifs de qualité.

Iris m’a téléphoné huit jours plus tard, elle était sortie de l’hôpital depuis 3 jours. Je n’avais reçu aucune information de l’hôpital, ni téléphone, ni courrier. Iris se plaignait que « tout son traitement avait été changé », qu’elle ne savait plus que prendre. Je suis retourné la voir à domicile mais n’ai trouvé aucun document. Les infirmières à domicile n’avaient rien reçu non plus. Le lendemain, je n’ai pas réussi à joindre le médecin assistant qui s’était occupé d’elle à l’hôpital, ni son chef de clinique. J’ai fini par envoyer un fax, je n’ai pas reçu de réponse. Puis le week-end est arrivé, j’ai reçu le lundi un téléphone m’annonçant le décès d’Iris.

Je ne dis pas qu’Iris est décédée à cause de ce manque de communication, je dis simplement que le système de santé suisse 2016 n’a pas été capable d’offrir à Iris une fin de vie digne.

 

Un système à réinventer

Les problèmes sont multiples. Des changements sont nécessaires. Un hôpital où des professionnels de la santé qui font un travail de qualité oublient leurs patients dès qu’ils quittent leurs murs devrait peut-être réfléchir à évoluer vers une médecine centrée sur le patient. Il s’agit d’un problème culturel, les mentalités doivent changer.

Mais il y a aussi la quantité grandissante de nos données santé, que personne ne gère vraiment. Oui, votre médecin, un peu, pour peu qu’il ait un dossier médical informatisé, mais même lui n’a que rarement accès à l’ensemble de vos données santé.

On nous annonce un dossier électronique patient. Parviendra-t-on avec ce système à offrir aux citoyens et aux professionnels de la santé un système capable de gérer nos données santé ? Je l’espère mais cela reste à prouver. En attendant, comme évoqué dans un autre article de ce blog, conservez-vous-même, dans un lieu sûr, une copie des pièces importantes de votre dossier médical.

 

Suivre l’Euro 2016 à la télévision est-il dangereux pour votre santé?

 

Football + Télévision

Le monde est pour un mois divisé en deux, ceux qui suivent l’Euro et ceux qui en souffrent. Même si je comprends ceux qui se plaignent, le Championnat d’Europe de foot permet au moins aux médias de nous parler d’autres choses que de guerres, de conflits politiques et autres informations désespérantes.

Le foot nous permet de vivre des moments magiques. J’espère que vous avez vu la transmission en direct sur une chaîne de télévision française du trajet en car des Bleus entre leur hôtel et le stade pour le match d’ouverture de l’Euro. Un grand moment de télévision. Un journaliste devant l’hôtel commentait l’entrée de chaque joueur dans le car, un deuxième journaliste suivait  la procession à moto, sur le plateau de la télévision un troisième journaliste entouré d’invités commentait la progression du car français pendant qu’un hélicoptère filmait l’avancée des Bleus sur le périphérique parisien… Ce n’est plus de la télévision, c’est de la poésie.

 

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Alors, le foot, dangereux ?

Comme nous le rappelait un récent article dans Le Temps (Les accidents de football causent 500 000 jours d’absence du travail), jouer au foot est dangereux.  Mais regarder le foot à la télévision met-il aussi votre santé en danger ? La base de données médicale PubMed nous donne un début de réponse. Sur les 26 millions d’articles indexés, une recherche avec le mot-clé « soccer » permet de retrouver 7528 articles. Comme on peut s’y attendre, seule une minorité de ces publications portent sur les dangers du football pour les téléspectateurs.

 

Foot, télévision et problèmes cardiovasculaires

L’article “ Is it safe to watch football? “  publié en 2010 dans l’International Journal of Epidemiology présente les études qui se sont penchées sur cette question. Un travail publié en 2008 dans le New England Journal of Medicine  a analysé les événements cardiovasculaires survenus en Allemagne durant le championnat du monde de football, en comparant les jours où l’équipe nationale jouait et ceux où elle ne jouait pas. Résultat ? 2.66 % plus de risques de problèmes cardiovasculaires les jours de match…

Une étude italienne  publiée en 2010 a porté sur les accidents cardiovasculaires durant les Championnats du monde de 2002, de 2006 et durant le Championnat d’Europe de 2004. Aucune augmentation du risque n’a cette fois été mise en évidence en comparant les jours où la Squadra azzura jouait et ceux où elle ne jouait pas.

L’auteur de Is it safe to watch football ?  croit lui plutôt aux résultats de l’étude italienne, expliquant qu’elle correspond aux conclusions des travaux plus anciens. Sa conclusion ? Lorsque l’on regarde un match de football à la télévision, les bénéfices dépassent très probablement les risques…

 

Faites tout de même attention

Avant que les fans de canapé ne se réjouissent trop, deux réserves doivent être mentionnées. Premièrement, il est possible que la période analysée ne soit pas suffisante pour mettre en évidence un risque cardiovasculaire : le risque de survenue d’un événement cardiaque étant heureusement assez faible, il est possible que la durée somme toute courte des matchs ne permette  pas de mettre en évidence une possible augmentation du risque.

Deuxième réserve, ces études ne portent que sur les problèmes cardiovasculaires, pas sur les excès de boissons alcoolisés ou les étouffements par cacahuète. Faites donc tout de même attention.