Les patients sont trop souvent confrontés à cette situation : pas de médecin, pas de solution. À une époque où les urgences sont surchargées, où la pénurie de médecins s’aggrave dans de nombreuses régions du pays et où les coûts de la santé explosent, le moment est venu de réfléchir à d’autres solutions.
Le 144 ou votre médecin
S’il s’agit d’une urgence vitale, que vous présentez des difficultés respiratoires, des troubles de la conscience ou des troubles de l’équilibre et de la parole, il s’agit d’une urgence vitale, vous devez appeler le 144 sans attendre. Heureusement, les personnes malades ont souvent des symptômes moins graves. Dans ce cas, la solution la plus logique est bien sûr de se rendre chez son médecin. Premier problème, il faut déjà avoir un médecin. Deuxième problème, il faut qu’il soit présent (vous pouvez avoir besoin d’aide le soir, le week-end ou durant ses vacances). Troisième problème, il faut qu’il ait de la place dans son agenda.
Dans ce cas, plusieurs options s’offrent à vous. La première, demander de l’aide à Dr Google, mais ce n’est pas la plus fiable. Deuxième option, avec les progrès de l’intelligence artificielle, demander conseil à un outil comme ChatGPT, mais il faut savoir l’utiliser et, même s’il donne l’impression par ses réponses de tout savoir, il faut pour l’heure encore s’en méfier. Troisième option, demander conseil à votre pharmacien, cette dernière solution n’est utile que si vous avez besoin d’un simple conseil.
Les problèmes s’accumulent
Il y a le problème des urgences surchargées. Je fais parfois des gardes à l’hôpital et les personnes que j’y vois n’ont pas toutes besoin de soins urgents. Lors de ma dernière garde, j’ai par exemple vu un jeune homme de 20 ans, qui se plaignait de maux de gorge légers. Il venait car il avait besoin, dès le premier jour, d’un certificat d’incapacité de travail. Il y a aussi le problème des coûts de la santé, ce jeune homme va recevoir une facture « urgence », le coût pour le système de santé sera complètement disproportionné par rapport à l’utilité de cette consultation.
Je n’en veux bien sûr pas à ce jeune homme, il n’a pas de médecin traitant. Il y a donc aussi le problème de la pénurie de médecins. Quelles solutions sont proposées ? Former plus de médecin ? Oui c’est une option mais nous ne verrons le résultat que dans 10 ans. Faire venir des médecins de l’étranger ? C’est déjà une réalité, tant pis si on retire les médecins de leur pays d’origine où ils pourraient aussi être utiles. Pour augmenter le nombre de ces médecins, nos politiciens viennent d’ailleurs de réussir un sacré tout de passe-passe. Jusqu’à récemment, pour qu’un médecin étranger soit autorisé à facturer à la charge de l’assurance, il devait avoir travaillé pendant trois ans dans un établissement suisse reconnu de formation postgraduée. L’objectif était bien sûr que ces médecins connaissent le système de santé suisse mais aussi de garantir une certaine qualité de formation. Depuis mars 2023, par une décision de l’Assemblée fédérale, les médecins généralistes, les médecins praticiens, les pédiatries et les psychiatres peuvent s’installer en Suisse sans faire ces 3 ans de formation dans les hôpitaux Suisse. Ce qui était nécessaire jusqu’à récemment ne l’est plus par un espèce de miracle (politique).
Y aurait-il d’autres solutions ?
Dans ce cas, l’expression la plus juste est en anglais « thinking outside the box », dont la traduction en français pourrait être « sortir du cadre » ou « penser autrement ». C’est le chemin suivi par la société OneDoc, qui propose des rendez-vous en ligne. Son slogan ? Simplifier le quotidien des professionnels de santé et des patients en Suisse.
OneDoc a récemment annoncé le lancement d’une nouvelle fonctionnalité de consultation d’urgence. Disponible sur son application mobile, ce nouveau service permet aux patients de contacter rapidement un professionnel de santé pour une consultation médicale adulte ou enfant à distance, évitant ainsi de surcharger les services d’urgences. Ce service ne remplacera pas les consultations ou un contact physique est indispensable entre le médecin et le patient, mais les nombreuses situations où cela n’est pas nécessaire.
Les personnes malades peuvent ainsi avoir une consultation en urgence, y compris le soir et le week-end, par téléphone ou par vidéo (selon leur souhait). Les téléphones sont pris en charge par Medgate. Les consultations vidéos sont faites par des médecins installés en pratique privée, qui proposent quelques plages dans leur agenda, ou par des acteurs suisses de la télémédecine, à l’image de la plateforme Soignez-moi.ch.
Les médecins participent
Même si elle ne résoudra pas tous les problèmes des urgences, cette offre a l’avantage d’offrir une solution qui a pu être mise en place rapidement. Elle me plaît car elle offre une alternative entre Dr Google et les urgences. Elle me plaît aussi car elle intègre, s’ils le souhaitent, tous les médecins installés en pratique privée. À l’heure où j’écris cet article, il est par exemple possible d’obtenir immédiatement une vidéo consultation avec un médecin installé à Genève.
Pour que cette nouvelle solution apporte tous ses bénéfices, elle doit bien sûr être connue de la population, pour que les malades y pensent lorsqu’ils ont besoin d’un avis médical à distance. Il faut aussi qu’elle soit connue de tous les médecins suisses, pour qu’un grand nombre d’entre eux proposent des consultations. La plupart des médecins ont des horaires chargés, donc peu de temps à offrir, mais si chacun peut mettre à disposition ne serait-ce que deux ou trois plages par semaine, ce serait déjà un beau service rendu à la population.
Les consultations à distance
Une fois encore, tous les problèmes de santé ne peuvent pas être résolus à distance. Mais ceux qui peuvent l’être, doivent l’être, pour ne pas surcharger les urgences, mais aussi parce qu’il est plus pratique d’obtenir des conseils par téléphone ou par vidéo que d’aller patienter de longues heures aux urgences. Et aussi pour des questions de coûts. Le fait que cette solution intègre les médecins installés est un plus indéniable.
Oui, entre Dr Google et les urgences, il y a d’autres options. Pensez-y la prochaine fois que vous serez malade.
Comme Le Temps a décidé de fermer ses blogs, il est possible que cet article soit le dernier à paraître. Merci à tout ceux qui ont pris un peu de leur temps pour me lire.
Le médecin de ma mère, âgée, part dans une grande ville. J’ai appelé tous les cabinets de la ville; aucun ne prend de nouveaux patients.
Bienvenue dans une Suisse à 9 millions d’habitants, avec des infrastructures pour 6.
N’ayez jamais de problèmes et ne décrochez pas des nouvelles technologies… sinon, vous pouvez mourir en silence.
Admettons que vous vous laissiez séduire par une substancielle réduction de prime contre la contrainte de toujours passer par un médecin généraliste avant de consulter une spécialiste… comme c’est mon cas. De plus, par défaut de médecin dans ma région, je consulte un médecin originaire d’un autre continent affilié à un centre de soin. Sans être hypocondriaque, lors d’une visite périodique, je lui fais part d’une anomalie qui me parait suffisamment inquiétante pour justifier une anamnèze voire une analyse complémentaire. Il note mais ne commente pas ni ne réagit. Ma consultation se limitera donc au commentaire sur les analyses et la fixation d’un nouveau rendez-vous. Que faire? J’estime la soumission à un médecin qui ne réagit pas lorsque le patient lui signal une anomalie comme simplement dangereuse. Mais OneDoc ne saurait être activé car il ne s’agit objectivement pas d’une urgence.
Un médecin qui s’exprime dans les termes employés ci-dessus n’est plus un médecin (selon moi.) J’ai pratiqué, quasi en pionnière, des technologies de pointe dans des domaines très complexes et jamais le numérique ne m’a posé de problème. Votre fixation robotique vous détourne de la souffrance réelle dans laquelle plonge la société, et avec elle ses enfants. Laisser des patients dont le coût de la Lamal devient exorbitant choisir entre une pharmacie en manque de médicaments de base, Dr G et ChatGPT est tout simplement une HONTE. Bonne santé à vous!
Bonjour, merci pour votre commentaire. Je regrette juste que votre prise de position ne soit accompagnée d’aucun argument. Il est donc de facto difficile de comprendre votre position. J’aimerais cependant vous transmettre une information. Je crois comprendre que vous êtes choquée que je puisse évoquer comme solution face à une demande médicale le pharmacien ou Dr Google. C’est pourtant une réalité, les patients vont demander conseil en pharmacie et ils utilisent Internet pour se renseigner. Que cela vous plaise ou non. On compare trop souvent ces solutions avec une consultation physique entre un médecin et un patient, on devrait je crois plutôt comparer ces solutions avec pas de médecin du tout, une situation qui devient malheureusement toujours plus fréquente.
Oui…et non !
Oui nous pouvons trouver des solutions .
Non ce n’est pas à nous, encore et encore , de poser des pansements sur une politique de santé désastreuse orchestrée par des économistes à la solde des caisses maladies.
Nous savons depuis 20 ans que nous allons inexorablement nous retrouver dans la situation actuelle. Si alors nous avions pu former plus de médecins, même s’il faut une latence de dix ans pour que cela soit effectif, il y aurait une pénurie moindre maintenant . Mais non, nos responsables de la santé , économistes, et anti médecins, comme Couchepin et Berset , ont maintenu le numerus clausus de certaines universités et l’installation de nouveaux médecins soumises à condition (encore réactivée récemment) .Pour eux, tout , absolument tout , en particulier l’augmentation du prix des caisses maladie chaque année , jamais en rapport avec l’augmentation effective du prix de la santé , est de la faute des médecins.
Qu’un économiste, politicien, compromis dans de nombreuses structures de caisses maladies, se permette de décider du temps de consultation, de la façon de rémunérer les médecins, de qui a le droit de faire des études et de qui a le droit d’exercer son métier ne choque personne? Que ce même politicien dise haut et fort que des infirmières pourraient avantageusement remplacer les médecins internistes généralistes et que un naturopathe qui a une école de naturopathie (!) se permette même de dire que à terme les naturopathes remplaceront eux aussi les généralistes , en dit long aussi ….
Il ne s’agit plus à mon avis de faire de la cosmétique, de lancer des réformettes comme les médecins à vélo ou les consultations à distance, mais de nous faire entendre et de faire comprendre que la communauté médicale est importante et vitale, et ne doit pas être soumise à l’économie , mais qu’elle œuvre pour le bien de tous et doit pouvoir le faire en autonomie Il est tant que la communauté médicale s’unisse pour construire l’avenir et s’opposer aux mesures économiques délétères .
La qualité de la médecine baisse inexorablement , et la possibilité pour les étrangers de s’installer sans les trois ans de stage en milieu hospitalier n’est pas un bon signal .
Mais nos édiles trouveront toujours, eux, un bon professeur et une clinique de pointe pour eux, et tant pis pour les autres ….
Bonjour Frachet, merci de votre commentaire. Je suis d’accord avec vous en grande partie. D’autant plus que j’ai de vieux graphiques édifiants sur la pénurie médicale déjà annoncée au tout début des années 1980. Personne au gouvernement n’a souhaité comprendre les messages très clairs de spécialistes par rapport à cette désastreuse politique de santé « fédéraliste ». Je le regrette beaucoup mais c’est ainsi. Nos élites sont sourdes-muettes-aveugles aux avertissements spécialisés et se complaisent dans leurs beaux discours alors que, en parallèle, le chaos médico-pharmaceutique est manu militari imposé au peuple. Un peuple en souffrance.
D’ailleurs, la communauté médicale se crêpe le chignon depuis bien longtemps et n’arrive pas à un consensus national, puisque nous sommes un état fédéral. Comparez les speeches des médecins dans nos langues officielles …. nous sommes à mille lieues de solutions saines et viables sur la durée.
Votre dernière phrase n’est pas conforme à la réalité. Des patient(e)s bien modestes, chroniques, donc faisant partie de la simple masse humaine ont pris les devants depuis belle lurette et peuvent continuer à être supervisé(e)s par des professeurs (sans aucun frais, à bien plaire), y compris en urgence et parfois à distance.
La plupart du temps, les patient(e)s chroniques n’ont PAS accès aux cliniques, nous sommes rejetés(s) depuis notre enfance (les fameuses « réserves »). Donc nous apprenons très tôt, bien avant notre majorité, à nous organiser optimalement, tout autrement et surtout très économiquement.
Je ne peux pas développer via un blog les prises en charge « en urgence » en cas d’absence d’un(e) spécialiste référent (même si j’ai de nombreux exemples déjà écrits). Or c’est tout à fait possible mais demande par exemple un agencement méthodique + une responsabilisation maximale « patient(e) » très particulière. Le tout très pointu, longuement réfléchi, en anticipant les situations, par exemple document plastifié format sac à main, résumant l’anamnèse complexe et les directives thérapeutiques (exclusions, permissions, avertissements, contacts et alternatives etc.).
L’État est démissionnaire chez moi en Suisse, il se lave les mains des difficultés des humains, il continue à papoter, à désespérément tâtonner, sans rien faire concrètement. Si nous le savons et l’entérinons, nous nous organisons parfaitement en parallèle.
Notre santé est un bien trop précieux, il ne peut pas être laissé à l’abandon.
Salutations. eab
… “Que ça me plaise ou non”?… Vous assortiriez ainsi vos conseils de recours à l’aide médicale assistée par ordinateur à une sorte de dictature? Je ne serais pas capable d’estimer les effets de vos préconisations sans vous présenter un argument formaté, que seul votre système légitimerait? En philosophie et en anthropologie, par exemple, on n’étudie pas à partir d’un cas. Imaginez que l’on décrive les structures de l’une des tribus Jivaros à partir d’une seule tête réduite? Il existe des cours et séminaires d’anthropologie de la médecine. Ma compassion va jusqu’à vous en recommander l’approche. Il n’est pas inutile non plus d’aller voir du côté des archives historiques: comment a-t-on diagnostiqué dès instauration du nazisme et du fascisme? Là j’aurais un argument… et sûrement d’autres…