Lezzgo ou AG: le hic de la billettique

L’imminence de l’année nouvelle suscite un flot de bonnes résolutions; j’ai notamment décidé de réviser mon budget. Retraité actif, au bénéfice d’une pension mensuelle qui n’a pas varié d’un centime depuis treize ans, j’observe l’augmentation inexorable des dépenses imposées: assurances, impôts, taxes… et frais de transport. Passionné par la mobilité, je roule bien entendu depuis 2005 avec un abonnement général des CFF –le fameux AG–sésame absolu des transports publics. Pour les seniors –qui ont droit à un régime privilégié, 4’840 CHF par an en 1ère classe ou 2’880 en 2e classe– l’affaire n’est pas mirobolante. S’il est évident qu’un pendulaire quotidien sur l’axe Berne–Zurich rembourse rapidement son investissement, cette opération se fait sur le dos de la foule des seniors anonymes qui restent accrochés à leur sésame par pur confort.

Confort: tout est là. Avec l’AG, aucune angoisse dans la queue au guichet à quelques secondes du départ, aucune panique devant l’automate sibyllin qui, communauté tarifaire oblige, est différent de Genève à Saint-Gall, aucune obligation d’affronter le conducteur de bus qui vous rend la monnaie d’une main en manoeuvrant son volant de l’autre.

Est-il alors possible de concilier le confort de l’AG avec une dépense inférieure à 2’880 CHF par an? C’est ce que je vais tenter l’année prochaine en testant le système Lezzgo, lancé par la compagnie BLS (Berne-Lötschberg-Simplon)(1). Les préalables sont clairs: un téléphone portable plutôt récent (on parle dans ce cas de «smartphone»), une adresse informatique et une carte de crédit. L’enregistrement sur l’application Lezzgo, gratuite bien sûr, est limpide et rapide: deux minutes suffisent. Le mode d’emploi est tout aussi aisé: à l’entrée du premier véhicule de votre virée quotidienne, un clic pour enclencher l’application. Symétriquement, à la descente du dernier véhicule de la même journée, un clic pour déclencher. Dans les heures qui suivent, vous recevrez par courriel la facture détaillée de votre escapade; cette facture tient compte du tarif le plus avantageux, en particulier du prix de la carte journalière qui ne sera pas dépassé(2). Et si, par malheur, la détection de votre position dans l’espace (par géolocalisation) ou le choix de votre mode de transport –bus, tram, métro, train– était erroné, un personnel attentionné, directement accessible par téléphone, corrigera illico la bévue du système.

Dans un an, je vous ferai rapport: Lezzgo a-t-il fait plus fort que l’AG? Combien de corrections durant l’année? Quelles améliorations à proposer? Durant cette attente, allons-y, let’s go!

PS: La Suisse est à la pointe des nouvelles solutions de billettique(3). A côté de Lezzgo, l’application Fairtiq(4) est très proche dans sa philosophie et son emploi. On n’est jamais trop prudent: je charge donc en parallèle les deux applications!

Daniel Mange, 11 décembre 2018

Post-scriptum au 1 janvier 2020

Chose promise, chose due. Après une année de pérégrinations en transports publics, le constat est clair: pour un retraité actif, ayant roulé pendant 63 jours de l’année, la facture Lezzgo s’élève à 1’774.20 au lieu des 2’880 CHF de l’abonnement général 2e classe, version senior.

Le système Lezzgo a parfaitement tenu ses promesses, et sa centrale téléphonique toujours répondu présent. De mon côté, j’ai pêché une fois par enclenchement trop tardif de l’application: dans leur magnanimité, les CFF ont réduit de 90 à 30 CHF l’amende infligée par une contrôleuse un peu rigide… Il est vrai que malgré la consigne extraordinairement simple –enclencher l’application avant d’entrer dans le premier véhicule, déclencher après avoir quitté le dernier véhicule– l’oubli reste facile… sur le coup de la distraction ou d’une bousculade.

Enfin, après les précurseurs Lezzgo et Fairtiq, les CFF viennent d’intégrer dans leur application Mobile CFF la fonction EasyRide offrant des services identiques. La billetterie devient définitivement une billettique…

Références

(1) Site internet Lezzgo: www.lezzgo.ch

(2) Le périmètre de validité est aujourd’hui celui de l’abonnement général, à l’exception des compagnies de navigation, de certaines remontées mécaniques et des autobus de ligne.

(3) B. Wuthrich, La vignette et les billets de train changent d’époque, Le Temps, 31 janvier 2018, p. 9.

(4) Site internet Fairtiq: www.fairtiq.ch

 

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Daniel Mange

Daniel Mange, Vaudois, est électricien de formation, informaticien de profession et biologiste par passion. Professeur honoraire EPFL, il se voue aujourd'hui à son hobby politique, les transports publics, dans le cadre de la citrap-vaud.ch (communauté d'intérêts pour les transports publics). Il y anime le projet Plan Rail 2050 qui vise à relier Genève à Saint-Gall par une ligne à grande vitesse.

8 réponses à “Lezzgo ou AG: le hic de la billettique

  1. Super ton information. Je ne suis pas un grand utilisateur de train mais je vais essayer !
    Bonnes fêtes et amitiés
    Claude alain et Liliane

  2. Bonjour,

    Utilisateur de Fairtiq depuis quelques mois après 25 ans d’AG, il faut reconnaître tous les avantages de ce titre de transport. On est sûr d’avoir un billet valable, pas de perte de temps devant un automate (donc possibilité d’arriver à la gare à la dernière minute), très grande facilité d’utilisation.

    Mais tout n’est pas parfait non plus… il ne faut pas oublier le câble pour charger le portable puisque cette application a un gros appétit de batterie (cela ne fonctionne pas avec la batterie en mode “économie”), il ne faut pas oublier de cliquer à la fin du voyage (cela m’est arrivé déjà quelques fois et là forcément cela coûtera plus cher), et puis bien sûr, cette chère technologie vous dit, cela m’est aussi arrivé au moment de faire le check-in “Une mise à jour de l’application est nécessaire”… et là on se retrouve sans titre de transport valable.

    Plus globalement, le prix maximum quotidien est celui d’une carte journalière. Par contre, pour les utilisateurs très fréquents, cela ne permet pas de plafonner la consommation au prix de l’AG ou alors de l’abonnement mensuel.

    Plein succès avec Lezzgo et/ou Fairtiq !
    Meilleures salutations

    1. Pour l’oubli en fin de parcours, lezzgo propose une parade: annoncer sa station habituelle de fin de parcours qui sera prise en compte en cas d’oubli de déconnexion.

    2. Je me suis inscrite à fairtiq avec toutes mes données mais Ups! Ils ont omis le plus important, à savoir que vous devez avoir une connexion internet illimitée. Pardi!!! Et cela coûte un saladier mensuel de l’ordre de 180CHF. Et bien sûr! Ils travaillent d’arrache-pied pour trouver une solution moins onéreuse. Sinon, on continue avec la voiture…

  3. Peut-on commander 2 billets avec le même smartphone, ce qui est utile dans beaucoup de couples qui n’en n’ont pas forcément chacun un capable de supporter l’application?

  4. Une question me saute à l’esprit. Pourquoi ne pas utiliser les billets dégriffés des CFF?
    Une application lezzgo our fertig sera souvent plus chère qu’un billet dégriffé. Exemple: lausanne martigny à CHF 3.60 avec un demi-tarif. C’est imbattable..

    1. Vous l’avez bien lu: lezzgo est comparée à l’utilisation de l’abonnement général, c’est-à-dire dans le cadre de périples compliqués, avec de nombreux changements et pas forcément programmés dans le temps. Le billet dégriffé est imbattable pour un trajet précis, à une heure précise.

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