Le bus, discret serviteur des transports publics, est aujourd’hui dans l’œil du cyclone: scandale à CarPostal, tollé sur les cars à longue distance, pagaille des bus de substitution en cas de panne ferroviaire. Ces trois constats posent directement la question centrale: pourquoi ne pas rattacher CarPostal aux Chemins de fer fédéraux?
Les bus jaunes ont plus d’affinités avec une compagnie de transport, les CFF, qu’avec une entreprise qui vise d’abord à distribuer des lettres, des colis et des produits financiers. Aujourd’hui déjà, des gares communes assurent le transbordement sans heurt du train au car; les horaires sont en principe synchronisés, la billetterie est normalisée et bientôt totalement automatisée. La gestion des bus par les CFF balayerait l’ambiguïté qui mine CarPostal: la nécessité de produire un dividende en s’interdisant, comme tout service public subventionné, de dégager un bénéfice.
Du coup, les CFF, équipés d’une nouvelle flotte routière, pourraient compléter leur réseau ferré par des lignes à longue distance offrant une variante «low cost» à une clientèle aux moyens limités, mais riche en temps: étudiants en vadrouille, familles en vacances ou panthères grises avides de mobilité.
Pour la mise à niveau du réseau ferroviaire, les CFF inaugurent une nouvelle politique «coup-de-poing», à l’image du tronçon Lausanne–Puidoux, totalement interrompu du 7 juillet au 26 août 2018. Les bus de substitution, indispensables dans ce contexte, seront tout naturellement puisés dans la réserve…
Transparence dans la gestion, réseau «low cost» étroitement lié au système ferroviaire, flotte de réserve pour remplacer les trains suspendus: tout milite pour étudier la création de CarCFF. Bien entendu que la question centrale, la couleur des bus de CarCFF, engendrera un débat sans fin: le jaune postal sera-t-il soluble dans le rouge-blanc-noir des CFF? (dessin de Chappatte, Le Temps du 20 février 2018)