Doit-on utiliser Internet uniquement pour s’informer ou peut-on aussi l’utiliser pour s’auto-diagnostiquer?
Dr Google
Les chiffres 2016 de Net-metrix nous apprennent que la Suisse compte 5.8 millions d’utilisateurs d’Internet, ce qui représente 88.9 % de la population de plus de 14 ans. La santé est l’un des thèmes les plus souvent recherchés : 64% des internautes interrogés déclarent avoir utilisé internet pour y rechercher des informations relatives à la santé. Cela représente donc potentiellement près de 6 millions de personnes susceptibles d’utiliser le web pour obtenir, à partir de leurs symptômes, non pas des informations mais un diagnostic.
Les spécialistes de l’Internet médical déclarent qu’Internet doit être une source d’information mais pas de diagnostic, est-ce fondé ? Il faut bien avouer que Dr Google est un médecin bien accommodant : gratuit, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, spécialiste aussi bien en dermatologie qu’en infectiologie, il répond à toutes vos questions. Cerise sur le gâteau, vous n’avez même pas besoin de vous déplacer, Dr Google vient à domicile. La tentation est donc grande d’utiliser Internet non seulement pour s’informer mais aussi pour obtenir un diagnostic.
Ils utilisent Internet pour s’auto-diagnostiquer
Une étude publiée en 2013 nous apprend que plus d’un tiers des adultes américains utilisent régulièrement Internet pour s’auto-diagnostiquer. Lorsqu’on leur demande si leur diagnostic a été confirmé par un professionnel de la santé, ils sont 41% à répondre positivement, 35% affirment qu’ils n’en savent rien car ils n’ont pas consulté et 18% avouent que leur diagnostic initial était faux.
Cette étude met en lumière un autre problème : ces cyberpatients utilisent aussi Internet pour des situations urgentes comme les douleurs thoraciques. Il s’agit à l’évidence d’une mauvaise idée, une étude intitulée Should you search the Internet for information about your acute symptom? nous apprend qu’en introduisant des symptômes qui nécessitent une intervention médicale urgente dans un moteur de recherche, la nécessité de s’adresser à un service d’urgence n’est conseillée que dans 64% des cas. Cela fait tout de même 36% qui restent tranquillement à la maison en attendant que leurs douleurs thoraciques, peut-être synonymes d’infarctus, disparaissent spontanément…
Des exceptions
La règle qui veut qu’Internet ne doive pas être utilisé comme outil diagnostic a cependant des exceptions. L’histoire d’une étudiante en droit de Boston atteinte d’une maladie rare en est une illustration. Son histoire est racontée dans un article publié en octobre dans la revue Neurology Now. Son titre ? S’auto-diagnostiquer avec succès: les patients comprennent parfois leurs surprenants symptômes mieux que leur médecin. Apprenez comment vous informer et travaillez avec votre médecin pour trouver des réponses. Une preuve de plus, si nécessaire, que le patient à un rôle actif à jouer dans la prise en charge de sa santé.
Parlez de vos recherches à votre médecin
Le but premier d’une recherche santé sur Internet doit donc être de s’informer, pas de s’auto-diagnostiquer. Mais surtout, vous ne devez pas hésiter à parler de vos découvertes à un professionnel de la santé, à votre médecin en particulier.
PS : Si vous souhaitez utiliser Internet pour des questions médicales, lisez l’article Comment trouver une information médicale de qualité sur Internet? publié précédemment sur ce blog.
Sûr que… pas bon à dire pour le fond de commerce médical, mais là réalité est que disposant d’un outil aussi performant qu’intéressant il faudrait être déraisonnable pour s’en passer en matière médical.
J’ai la chance d’avoir MG depuis 35 ans un consciencieux qui exerçant encore a l’âge de la retraite continue à passer du temps en hôpital, mettre à jour ses connaissances, etc… ET prendre tous le temps qu’il faut lors de ses consultations.
N’empêche, y a des trucs à côté desquels il est passé (tel mon TDA/H découvert sur le net à… 63 ans et confirmé par spécialites depuis) ou n’a pas réussi à diagnostiquer faute de pouvoir tout savoir. Et SURTOUT de temps pour examiner toutes les hypothèses. Ce que le patient peut faire, lui. Et avec l’avantage d’une connzissance bien plus précises de ses symptômes. Ce qui peut au moins en partie compenser les lourds handicaps que sont son incompétence et sa subjectivité.
Aussi est-il évident que l’on gagnerait en temps et efficacité si nous avons accès à un système expert qui, nourri de la connaissance disponible, une fois éliminé ce qui relève de la boboogie qui encombre les urgences, nous orienterait vers le praticien qui n’aurait plus qu’à vérifier le diagnostic et le compléter des éventuels examens et analyses nécessaires avant de prescrire avec bien plus d’assurance d’avoir raté un cas indétectable pour lui parce que bien trop rare ou susceptible de trop de confusion avec d’autres syndromes. Pour ne pas parler de tous les hypocondriaques dont la multiplicité des symptômes brouille les pistes.
L’intérêt d’un tel système expert médical grand public est tellement évident que je me demande comment la gent médicale à réussi à nous en priver.