Il est possible de trouver sur Internet des informations utiles sur les thèmes de la santé et de la médecine. La difficulté est de trouver des informations de qualité qui répondent vraiment aux questions que vous vous posez.
Selon les résultats d’une enquête de l’Office fédéral de la statistique sur l’utilisation d’internet dans les ménages, 84% de la population adulte suisse a surfé sur internet en 2014. La santé est l’un des thèmes les plus souvent recherchés, 64% des internautes interrogés déclarent avoir utilisé internet pour y rechercher des informations relatives à la santé.
Dix conseils pour devenir un pro des recherches santé sur le web !
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Osez !
Rechercher des informations médicales sur Internet permet de mieux prendre en charge sa santé. Pour un patient, mieux connaître sa maladie permet d’enrichir la relation avec les soignants.
Plusieurs études montrent que les patients qui ont accès à une information pertinente concernant leur santé sont plus à même de participer aux décisions médicales, de prendre leur santé en main et donc de l’améliorer, ils sont aussi plus satisfaits de leur prise en charge. On observe chez ces patients «informés» des changements importants de comportement, ce qui les amène à jouer un rôle plus actif dans le processus de soins. Même si les études sont méthodologiquement difficiles à réaliser, des travaux montrent que les patients les plus engagés dans les processus de soins, mieux informés, ont de meilleurs résultats cliniques.
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Utiliser Internet !
Internet est une source d’information d’une grande richesse. La difficulté est de trouver des informations appropriées et pertinentes en fonction des questions que vous vous posez.
J’entends encore trop souvent mes patients dire « Non, je sais, il ne faudrait pas rechercher des informations médicales sur Internet ». C’est faux, mais il faut utiliser des sources d’informations de qualité et, le plus souvent, évitez les forums, sauf si votre but est de vous faire peur…
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Internet ne remplace pas une consultation médicale
La recherche d’informations santé sur Internet ne doit pas remplacer une consultation médicale. Internet est un outil d’information, pas de diagnostic. N’hésitez pas à parler des résultats de vos recherches avec un professionnel de la santé, avec votre médecin en particulier.
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Visitez plusieurs sites
Pour trouver la réponse à une question que vous vous posez, n’hésitez pas à visiter plusieurs sites afin de comparer leurs résultats.
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N’utilisez pas Google !
N’utilisez pas un moteur de recherche en première intention. Même si elle ne porte que sur un sujet, l’étude Ce que Google dit à votre patient publiée dans la Revue médicale suisse montre que les résultats sont souvent décevants. Cet exemple illustre la réalité des recherches effectuées par les internautes, ils utilisent le plus souvent des moteurs de recherche et sont confrontés à des résultats de qualité variable.
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Utilisez un portail médical
Contrairement aux moteurs de recherche, les portails médicaux vous permettront de trouver des informations validées. En Suisse romande, le premier site à utiliser est le portail médical Planète santé. Pour les patients anglophones, les alternatives sont nombreuses, on peut par exemple penser à MedlinePlus ou à UpToDate Patients.
Il est important de comprendre que nous avons en Suisse avec Planète santé un portail qui n’a pas d’équivalent en francophonie. La force de ce portail est de proposer des informations médicales validées spécifiquement destinées au grand public. Planète santé propose plusieurs rubriques, vous trouverez déjà des informations utiles si vous utilisez ces deux astuces : si vous recherchez une information sur une maladie en particulier, utilisez la rubrique Maladie, comprendre l’essentiel. Vous y trouverez de nombreuses informations sur les affections les plus fréquentes. Si votre recherche porte sur un symptôme (mal de tête, mal de dos, etc.), utilisez plutôt le moteur de recherche présent sur le site.
Pour les adolescents, le site Ciao.ch est une source d’informations de qualité. Pour les enfants, monenfantestmalade.ch. Pour les maladies rares, vous trouverez de précieuses informations sur le site www.info-maladies-rares.ch.
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Utilisez un site consacré à votre maladie
Si vous recherchez des informations sur une maladie en particulier, l’idéal est de trouver un site qui soit spécifiquement consacré à votre maladie. Quelques exemples ? Pour l’arthrose, le site de la ligue suisse contre le rhumatisme. Pour le diabète, le site de l’Association suisse du diabète. Vous trouverez à cette adresse la liste des sites que je conseille à mes propres patients (si vous connaissez de sites de qualité et qu’ils ne sont pas sur cette liste, je suis intéressé !).
Si vous ne connaissez pas encore un site de qualité sur votre maladie, vous pouvez essayer l’astuce suivante : introduisez dans votre moteur de recherche favori le nom de votre maladie et le mot « suisse ». Cette astuce patriotique permet de retrouver des sites d’association ou de société, l’introduction de « fibromyalgie suisse » vous permettra par exemple de trouver le site de l’Association suisse des fibromyalgiques.
En dehors des maladies, il existe aussi des sites consacrés à des aspects particuliers de la santé. Safetravel pour la médecine des voyages, ou stop-tabac.ch pour ceux qui souhaitent arrêter de fumer.
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Si vous utilisez (malgré tout) un moteur de recherche
Utilisez « plusieurs mots-clés médicaux précis. «Plusieurs» pour limiter le nombre de résultats, «médicaux» pour retrouver des informations de qualité «précis» pour que les résultats correspondent vraiment aux besoins du patient. Les mots-clés choisis influenceront vos résultats, vous n’obtiendrez pas les mêmes résultats avec «impuissance» ou avec «dysfonction érectile».
L’utilisation d’un moteur de recherche peut cependant se révéler très utile si vous faites une recherche très pointue, Google est capable de retrouver une aiguille au milieu d’une botte de foin.
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Français – autres langues
Si vous maîtrisez une autre langue que le français, vous pourrez en cas d’insuccès renouveler votre recherche dans une autre langue, en anglais par exemple.
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Méfiez-vous (quand même)
Demandez-vous toujours qui édite le site (médecin, patient, laboratoire, assurance, journaliste, etc…), si les auteurs sont indépendants et de quand date la publication.
Bonjour Dr Jeannot,
Merci pour cet article très intéressant et important.
J’ajouterais un 11ème point : utiliser le moteur de recherche de la fondation Health On the Net (HON) http://www.healthonthenet.og.
Un site médical peut demander à HON de valider son contenu médical selon certains critères. Si le contenu médical est validé par HON, alors il pourra afficher le logo HON, gage de qualité pour les visiteurs.
Meilleures salutations.
Réponse au commentaire concernant HON: les critères HON permettent de garantir que le site respecte certains standards de qualité, de transparence, mentionne les sources et les auteurs, la protection des données des utilisateurs, l’absence de sponsors ou de publicité, mais, à ma connaissance, ne valident pas le contenu médical.
Salutations
Bonjour Dr Guardia !
Merci pour votre commentaire. Vous mentionnez deux choses différentes, toutes deux créées par la fondation HON. La première, un moteur de recherche, dont une version est destinée aux patients , aux particuliers: https://www.healthonnet.org/HONsearch/Patients/index_f.html. Vous avez raison de rappeler l’existence de ce moteur.
Le deuxième élément est le code HON (https://www.healthonnet.org/HONcode/Patients/Visitor/visitor_f.html). Certainement une initiative intéressante, son principal problème étant que la plupart des internautes ne le connaisse pas. C’est d’ailleurs pour cela que La Haute Autorité de Santé française a décidé de renoncer à utiliser le HON code (http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1590507/fr/vers-une-evolution-de-la-certification-des-sites-sante).
Et ne pas oublier de visiter http://diabetnutrition.ch/ !
Bonjour à tous.
J’aimerais également rajouter un commentaire concernant le HON: depuis 2014, il faut payer pour pouvoir avoir la certification HON pour son site/blog ce qui, à mon avis, enlève toute impartialité voire crédibilité de la certification. En effet, même si je comprends que les réviseurs prennent beaucoup de leur temps pour évaluer la qualité d’un site, cela limite les possibilités pour les personnes individuelles (comme les ePatients “indépendants” qui tiennent un blog, ou qui sont community manager d’une plateforme) de pouvoir avoir la certification HON. C’est une chose de vivre d’amour et d’eau fraîche pour une passion (si on devenait riche en étant ePatient ça se saurait!) mais c’en est une autre de devoir sortir les finances de son budget familial pour partager son expérience et ses connaissances d’ePatient (et donc de qualité puisque c’est du vécu!) avec d’autres. Sans compter que beaucoup de patients recherchant des informations ne sont pas au courant de cette certification et donc y porte que très peu d’attention. Il y a 15 ans, HON était peut-être d’actualité car la santé digitale était à son stade embryonnaire, mais aujourd’hui je crois que ce n’est plus un critère de qualité, ce ne l’est en tout cas pas pour les ePatients rodés.
http://www.hon.ch/HONcode/Webmasters/reassessment.html
Très intéressant sujet, attention toutefois de consulter ces sites en prenant les précautions d’usage en matière de protection de données personnelles: le simple fait de chercher des informations en communiquant vos symptômes ou en vous intéressant à des problèmes de santé très spécifiques en dit long sur les sujets qui vous préoccupent.
Des sites web tels que planetesante.ch transmettent l’intégralité du trafic de données en clair et communiquent les requêtes à des tiers tels que Google (le site contient plusieurs scripts d’analyse de comportement en provenance de Google et de Reviveservers.com).
Une personne effectuant des recherches très précises (utilisation du champ de recherche ou consultation approfondie de maladies spécifiques) va diffuser cette information en clair aux yeux de tout observateur sur le réseau, ainsi qu’une copie de la navigation à Google.
Recommandations lors de la recherche d’informations à caractère médical:
– Activez la navigation privée (mode incognito) lorsque vous consultez des sites médicaux,
– Assurez-vous d’avoir fermé tous les onglets qui ne sont pas concernés par vos recherches,
– Fermez tous les onglets à la fin de votre recherche. Au mieux, redémarrez le navigateur complètement.
De plus:
– Évitez au maximum d’effectuer ces recherches depuis votre domicile! Votre connexion Internet est fortement couplée à votre profil utilisateur et la navigation en mode privé/incognito n’a quasiment aucun effet sur une éventuelle recherche d’anonymat.
– Privilégiez une connexion groupée, telle que via un service VPN ou via un réseau public (ne vous demandant PAS de vous authentifier avec un SMS ou mot de passe), tel que dans un parc de Ville, une bibliothèque, un bar/café. Ces réseaux rendent l’association vers un utilisateur précis plus complexe pour les collecteurs de données.
A bon entendeur.
MERCI de m’avoir rappelé de toujours passé d’abord par la Suisse. Ce que je néglige trop souvent. Non par chauvinisme, mais parce qu’oubliant que l’helvete fixette de la qualité et le niveau de formation moyen compense souvent la relative petitesse de la base de données.