Reformer l’agriculture en 2021 pour sauver la biodiversité et le climat

Perte de Biodiversité

Le think tank Chatham House alerte sur la perte de la biodiversité et appelle à un changement rapide du système alimentaire. Il pourrait être décidé cette année, plusieurs sommets internationaux sont organisés à ce sujet. Le secrétaire- général de l’ONU présidera le sommet UNFSS des systèmes alimentaires pour une meilleure sécurité alimentaire et une meilleure durabilité de l’approvisionnement mondial.

La perte de biodiversité devient extrêmement préoccupante. De nombreuses espèces d’animaux disparaissent rapidement, le rythme des extinctions s’accélère, et la raison principale en est le changement d’alimentation (perte de biodiversité).  Le think tank estime que la disparition des plantes et animaux sauvages est principalement due à la conversion des espaces de nature en champs et pâturages.

Nous avons créé un système pervers, une course excessive à une alimentation bon marché qui engendre le gaspillage alimentaire et menace nos conditions de vie sur Terre, en dégradant les sols et les écosystèmes.

L’agriculture actuelle dépend des pesticides, des engrais, de l’énergie extérieure et de l’eau, et des pratiques nocives telles que les monocultures et le labour. Malheureusement, elle détruit l’habitat de nombreux animaux, insectes et plantes, et provoque le réchauffement climatique. Sans réforme, la perte de biodiversité s’accélérera et menacera notre production alimentaire.

Les écosystèmes terrestres et marins éliminent plus de la moitié (60%) des émissions de carbone de l’atmosphère chaque année et jouent ainsi un rôle crucial dans la régulation de la température de surface de la terre.  Les écosystèmes aident à amortir les effets des conditions météorologiques défavorables et à fournir une résilience au changement climatique. Sans eux, les chocs climatiques seraient bien plus brutaux et handicaperaient fortement l’agriculture. Les systèmes de production alimentaire nécessitent une gamme diversifiée de plantes, d’animaux, de bactéries et de champignons, à la fois pour l’approvisionnement direct en nourriture et pour soutenir les processus écosystémiques sous-jacents qui rendent l’agriculture possible – de l’approvisionnement en eau à l’amélioration de la fertilité des sols, à la pollinisation et à la lutte naturelle contre les ravageurs.  Si la dégradation du Vivant se poursuit, elle nuira à l’agriculture. 

Trois axes de solutions: plantes, Nature et agriculture écologique

Chatham house suggère d’agir sur trois axes principaux:

Ils conseillent d’abord d’adopter une alimentation plus végétale, qui permettrait de libérer par exemple 42% des terres actuellement cultivées aux Etats-Unis, et aurait des effets bénéfiques sur la santé de cette population. Ils conseillent le régime EAT-lancet.

D’autre part,  ils suggèrent la protection de grands espaces de Nature qui seraient des réserves de biodiversité, et maintiendraient un cycle de carbone fonctionnel sur la Planète. 

Troisième, l’agriculture elle-même pourrait être moins nocive pour la biodiversité, préserver les insectes et les microorganismes du sol, éviter la pollution de nitrites et les émissions de gaz nocifs dans l’atmosphère. 

Les auteurs considèrent qu’avec un peu d’organisation, en réduisant le gaspillage alimentaire et l’alimentation carnée, l’agriculture biologique pourrait nourrir 9 milliards de personnes.

Ils citent aussi l’agroforesterie, très bénéfique pour l’environnement.  Les polycultures d’arbres sont utilisées pour produire du bois, des noix et des fruits – et permettent de combiner plusieurs cultures et des récoltes tout de  au long de l’année. L’agroforesterie et les pratiques agro-écologiques peuvent permettre la restauration des habitats tout en diversifiant les flux de revenus et l’approvisionnement alimentaire, augmentant ainsi la résilience des communautés locales et des habitats, améliorant la nutrition et renforçant la biodiversité.

Les décideurs internationaux doivent reconnaître l’interdépendance de l’action du côté de l’offre et de la demande.  

Les changements alimentaires et la réduction du gaspillage alimentaire sont essentiels pour briser les verrouillages du système qui ont conduit à l’intensification de l’agriculture et à la conversion continue des écosystèmes indigènes en cultures et pâturages.

Le sommet UNFSS promouvra une «approche des systèmes alimentaires» à travers d’autres processus internationaux clés, y compris les négociations de l’ONU sur le climat.

Chatham House demande maintenant des lignes directrices mondiales dans des domaines politiques tels que l’investissement responsable, le changement alimentaire et une gestion du changement climatique basée sur la Nature. 

Alouette qui supporte mal les grands espaces de monoculture, en couverture bruant jaune qui souffre du manque d’insectes

Publication Chatham House:

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

4 réponses à “Reformer l’agriculture en 2021 pour sauver la biodiversité et le climat

  1. Ce changement de paradigme est une évidence. Restera à convaincre ceux qui semblent profiter financièrement de ce marché voulu dérégulé et de ceux qui promeuvent encore la culture intensive, possible grâce aux divers intrants provenant de l’industrie agro chimique. La terre, objet vivant, élément de notre biosphère à tous montre, selon divers rapports, déjà des signes d’épuisement. De toute évidence, la voie suivie n’est donc pas la bonne et la génération qui suit l’a compris !

  2. L’extinction de certaines espèces est directement liée à la surpopulation humaine , tout le reste n’est que bla-bla absurde et inutile, juste pour éviter le vrai sujet.
    Peu importe ce que vous mangez, quand il faut nourrir 8 milliards de personnes et plus à l’avenir, il faudra encore déboiser toujours plus …etc…
    L’ONU toujours à côté de la plaque , comme le GIEC …

  3. Ce que vous dites Dorota est vrai et j’en suis convaincu autant que vous. Malheureusement, notre mode de vie basé sur les profits financiers et la cupidité humaine qu’elle engendre, surtout depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ne permettra pas de renverser la tendance actuelle de l’autodestruction. Cela amènera de plus en plus des conditions terribles de vie sur la planète en raison de l’augmentation continue des gaz à effet de serre puisque nous suivons la tendance du pire des scénarios (RCP 8.5) du GIEC.

  4. Tout ceci est bel et bon mais vous ne trouverez personne parmi les chefs d’Etat actuels du G20 pour incarner ce projet , le porter, convaincre ses collègues . La géopolitique actuelle , délirante , condamne tout espoir . les deux seuls chefs ayant une vision possible , Merkel et Macron, sont terrassés , l’une (sur le départ) par son gazoduc russe qui fait qu’elle ploie constamment devant Putin et l’autre broyé par son peuple qui ne voit qu’une chose : les inégalités , LES INEGALITES , vous dis-je alors que la France est le dernier pays communiste de l’Europe et qui fait rigoler tous les autres avec sa retraite à 60 ans et ses corporatismes d’un autre siècle .

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