L’ONU a annoncé la semaine passée que l’apparition du courant Pacifique El Nino est de plus en plus probable. Il élève la température mondiale, et son effet portera surtout sur 2024. Mais les huit dernières années ont déjà été les plus chaudes de l’Histoire (lien), alors cet hiver et les mois suivants dépasseront probablement les températures connues de l’Humanité au niveau planétaire. L’OMM s’attend à une sérieuse augmentation. Les catastrophes météorologiques ont provoqué plus de deux millions de morts en cinquante ans (ONU) et une importante aggravation est possible.
El Nino et la canicule en général ont des effets négatifs sur l’activité économique. Ils réduisent généralement la croissance mondiale. Les événements passés ont provoqué des pertes économiques de 4,1 et de 5,7 trillions de dollars (trillion:1012 Callahan, Gizmodo).
Les années chaudes réduisent l’activité économique dans tous les pays, tempérés aussi bien que tropicaux, à tel point que la température explique les différences mondiales de développement (Dell).
La productivité économique atteint un sommet à une température de 13°C et décroit rapidement au-dessus de ce seuil. Les activités économiques, agricoles et industrielles diminuent avec la chaleur, dans le monde entier, depuis 1960. Cette constatation a été tirée de la comparaison de la production du même pays, ou de différents Etats des Etats-Unis, lors des années chaudes et froides.
Le rendement des céréales baisse rapidement entre 20 et 30°C, et la productivité humaine décroit aussi (Burke). L’effet n’est pas linéaire mais très important. La production décroît rapidement avec la température, et baisse plus encore quand la canicule augmente.
L’effet sur l’agriculture est évident. Les cultures sont très sensibles aux conditions météorologiques, elles ont des températures de croissance optimales, elles poussent peu quand il fait froid, plus vite dans des conditions tempérées, puis cessent de croître s’il fait trop chaud. Si les conditions sont trop défavorables, certaines plantes cultivées meurent sur pied et leur rendement tombe à zéro. Les activités industrielles sont aussi freinées par la chaleur.
La baisse rapide de productivité liée à l’augmentation de température suggère que l’adaptation au changement climatique sera plus difficile que prévu. Selon cette estimation, les trois quarts des pays s’appauvriront si le réchauffement n’est pas jugulé.
Celui-ci peut amplifier les inégalités mondiales, car les pays chauds et pauvres subiront probablement la plus forte réduction de la croissance. Même une légère augmentation de température pourrait provoquer des pertes économiques beaucoup plus importantes que les estimations antérieures.
Si les sociétés continuent de fonctionner comme elles l’ont fait dans un passé récent, le changement climatique remodèlera l’économie mondiale en réduisant considérablement la production économique (Burke). Ces estimations n’incluent pas les événements catastrophiques liés aux conditions exceptionnelles.
La Banque Mondiale déclarait récemment que les prévisions de croissance des pays pauvres sont mauvaises pour ces cinq prochaines années. Leur économie sera de plus rythmée par les catastrophes et leurs conséquences.
Un El Nino moyen ou fort sur une Planète qui est déjà au-dessus 1°C provoquerait des événements météorologiques jamais vus de l’Humain, notamment des précipitations très importantes, noyant l’Amérique du Sud sous des inondations et des glissements de terrain. Les récoltes pourraient être perdues ou immobilisées par ces intempéries.
Le Nino de 1997 a provoqué des inondations au Pérou, Mexique (90 cm de pluie) et Kenya (JustHaveAThink). Cette fois, l’humidité atmosphérique et la température sont plus élevées et les pluies pourraient être plus abondantes.
L’Indonésie a subi une sécheresse extrême en 1997. L’Amazonie, et l’Inde sont généralement exposées à la sécheresse lors d’El Nino, et les températures pourraient être extrêmes. Quel niveau de chaleur attend l’Inde en 2024? Cette question est d’une importance capitale.
Le gaz carbonique accumulé dans l’atmosphère y reste des dizaines d’années. Nous savons déjà que les vingt prochaines années les catastrophes climatiques s’aggraveront, les canicules seront plus intenses, et les pluies plus abondantes (blog GIEC). Nos inondations suisses atteindront vingt, puis cinquante centimètres d’eau dans la rue, et couvriront plusieurs quartiers, et un jour emporteront des passants. Il y aura plus de glissements de terrain et plus de routes de montagne coupées. Le niveau de danger augmentera. Nous devons arrêter cette escalade, arrêter les vagues de chaleur avant qu’elles ne deviennent mortelles en Suisse, et éliminer les émissions de carbone pour espérer une amélioration du climat. SVP, votez “OUI” à la Loi Climat et demandez (d’une façon très amusante) à vos amis de le faire.
Image de couverture par LoggaWiggler de Pixabay