Laissons des très grands arbres dans nos forêts – sylviculture dynamique naturelle

La stratégie de développement de la biodiversité de l’Union européenne appelle à une utilisation plus large des pratiques forestières ” proches de la nature “.

Aujourd’hui, la gestion forestière  en Europe n’imite pas les schémas de la nature, en particulier les schémas complexes créés par les perturbations naturelles qui laissent derrière elles une mosaïque de types, d’âges et de tailles d’arbres ; bois mort debout et abattu; et des paysages très variables et résilients.

La grande majorité – près de 73 % – des forêts européennes penche vers des plantations homogènes et équiennes. Celles-ci, historiquement, ont été gérés pour maximiser la croissance et le rendement du bois et d’autres produits du bois, mais sont de plus en plus vulnérables au stress environnemental et au changement climatique.

Si nous homogénéisons un paysage pour que tout soit épicéa à perte de vue, cela signifie que lorsque les scolytes de l’épinette arrivent, ils peuvent également se propager à perte de vue.

Aujourd’hui, des nombreuses forêts européennes souffrent d’importantes épidémies d’insectes, de problèmes de maladies forestières, de fréquences croissantes de tempêtes de vent et d’incendies plus intenses.  Le réchauffement climatique favorise les épidémies, certains insectes prolifèrent dans la chaleur, les scolytes attaquent des arbres affaiblis par la sécheresse.

Les perturbations naturelles qui se produisent dans les forêts sont de taille très variable, mais moins graves que les dégâts laissés par l’exploitation forestière et d’autres formes de gestion humaine des forêts. Certaines, comme les grands incendies et les tempêtes de vent, se produisent rarement mais façonnent les paysages pendant de nombreux siècles. Les perturbations causées par la coupe forestière en rotation sont plus fréquentes, laissant moins de temps aux écosystèmes pour développer des habitats qui se rétablissent lentement. Les événements naturels laissent généralement plus d’arbres et de bois vivants et morts que les principaux types de gestion forestière populaires en Europe incluant la coupe à blanc, les coupes répétées de les jeunes arbres dans les systèmes de taillis, les coupes progressives et l’élimination continue des arbres d’âge moyen dans un système de sélection.

Une étude  montre comment les pratiques forestières européennes pourraient imiter plus étroitement les perturbations naturelles pour produire une gamme plus large d’habitats et de services écosystémiques pour être plus durables et résiliantes. Il s’agit d’une nouvelle réflexion de pointe pour l’Europe, où contrôler et éliminer les perturbations, plutôt que de les imiter, a été la façon dominante de penser pendant plusieurs siècles.

Les scientifiques suggèrent un style de foresterie appelé “proche de la nature” ou “sylviculture dynamique naturelle” pour les forêts européennes.  Des grands arbres, des arbres fauniques, des arbres d’habitat, du bois mort à différents stades de décomposition, des microhabitats et des canopées complexes permettraient le développement de nombreux types de créatures et de biodiversité.

Les techniques sylvicoles qui accordent plus d’attention à ces éléments des forêts naturelles – et copient la dynamique des perturbations naturelles à l’échelle de peuplements individuels d’arbres et de paysages plus vastes peuvent enrichir le portefeuille de systèmes de gestion de l’Europe, surtout  si la production de bois n’est pas l’objectif principal.

Et un nombre croissant de citoyens européens et de gestionnaires des terres souhaitent que leurs forêts contribuent davantage à l’absorption de carbone, à la protection de la biodiversité et à d’autres services tels que la qualité de l’eau et la protection contre les inondations. Or aujourd’hui, seulement 8% des forêts européennes ne sont pas gérées ou le sont pour des objectifs non ligneux tels que le stockage du carbone, la qualité de l’eau ou l’habitat faunique.

Les pratiques de gestion forestière équienne à haute intensité sont loin des conditions dans lesquelles les organismes ont co-évolué et auxquelles ils sont adaptés.

Depuis la fin de la dernière période glaciaire, l’Homme a modifié les forêts d’Europe, de manière décisive depuis la révolution néolithique de la colonisation et de l’agriculture au cours des 6 000 dernières années.  Il y a encore mille ans, l’Europe était une immense forêt.

Depuis quelques siècles, la production intensive de bois s’est appropriée les restes de celle-ci.

Ces plantations gérées,  souvent entretenues avec des coupes à blanc, composées de peuplements de même âge d’une seule espèce; et récoltées tous les 80 ou 120 ans , contrôlent la dynamique forestière pour maintenir un flux de bois vers le marché. Les avantages supposés de l’élimination des perturbations – comme les incendies, les arbres morts et mourants, les inondations ou les espèces non commercialisables – ont été largement tenus pour acquis jusqu’à ces dernières années. Cependant, elles  diminuent souvent la résilience d’une forêt à de nombreux stress, du changement climatique aux scolytes en passant par la sécheresse.

“Nous avons constaté que plus de 85 % des forêts gérées en Europe imitent une sorte de perturbation de remplacement des peuplements. Il s’agit d’un pourcentage énorme de nos forêts étant donné que presque toutes les forêts d’Europe sont gérées et qu’il existe très peu de réserves naturelles”, déclare le scientifique forestier Dominik Thom, co-auteur de la nouvelle étude à l’Université technique de Munich à Freising, en Allemagne. “Ce qui nous manque le plus dans nos forêts, ce sont les stades de développement tardif”, dit-il, “les structures anciennes, comme les très grands arbres” (cité par Joshua Brown, article).

Dans une forêt naturelle, une grande complexité émerge au fil des années et des siècles. Elle peut être intégrée aux techniques forestières comme le propose une nouvelle étude. Les perturbations naturelles créent aussi des patchs et des mosaïques très complexes. Si nous pouvons imiter les perturbations naturelles d’un peu plus près dans les forêts gérées, nous aurons une meilleure chance de fournir la gamme complète d’habitats dont les salamandres, les champignons, les araignées et de nombreuses autres formes de vie ont besoin… et nous rendrons probablement ces forêts européennes, et nous-mêmes, plus résistantes au changement climatique rapide. Elles doivent aussi être protégées de la pollution.

Nos forêts sont en danger, les épidémies de scolytes, les vents, l’alternance des sécheresses et de pluies intenses, l’érosion les menacent ces prochaines années déjà. L’étude constate plus de dommages dûs au vent. L’été passé le Canada a connu une vague de chaleur à 49,6°C, et les climatologues ont annoncé que des événements semblables, et plus graves, viendront encore. Le réchauffement climatique pourrait apporter un printemps à 30°C dans quelques années, ou une autre aberration météorologique de ce niveau.   Les techniques pour améliorer la résilience des forêts, par exemple des poches laissées à l’évolution naturelle, doivent être appliquées immédiatement.  Personnellement, je suggère aussi l’étude sérieuse de solutions de sauvetage, de plusieurs solutions différentes, telles que en place de réservoirs ou d’arrosage de forêts en cas de catastrophe météorologique. Nous devons les sauvegarder.

Autre blog sur les forêts: https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2021/12/05/la-mort-et-les-tentatives-de-renaissance-des-forets-allemandes/

Blog: la mort et l’importance des forêts

Blog: L’importance des grands arbres pour les forêts

Les pesticides déciment les insectes du sol

Traitements chimiques au niveau du sol

Les pesticides contaminent le sol. De nombreuses études ont relevé leurs effets sur les invertébrés, insectes ou vers. La perte de biodiversité a causé une perte de 60%, plus de la moitié, des services écosystémiques de la glèbe (publication). De nombreux insectes passent une partie de leur vie dans la terre, sous forme d’oeufs ou de larves, et leur nombre a dramatiquement chuté au cours des dernières décennies. Le nombre d’oiseaux a aussi dramatiquement diminué et cette année encore, aux Etats-Unis, près d’un million d’oiseaux sont tombés morts au sol, émaciés. Ils ont peut-être succombé à la faim.

La perte d’habitat, et la pollution, due surtout aux engrais et aux pesticides, sont les suspectes de l’hécatombe d’insectes. Les pesticides nénicotinoïdes étaient utilisés dans la moitié de champs de soja et presque tout le maïs non biologique cultivé aux Etats-Unis. Les 80% de ces pesticides demeurent dans le sol, et les organismes du sol y sont exposés.

Les fongicides sont aujourd’hui appliqués directement sur les graines. Les traitements au niveau du sol iront probablement en augmentant. Les insectes peuvent aussi être exposés aux pesticides sprayés sur les feuilles, dilués dans l’eau d’irrigation, et ceux présents dans ou sur les feuilles qui tombent et se décomposent parterre. Aux Etats-Unis, l’effet des pesticides est testé seulement sur l’abeille européenne, et n’inclut pas les autres insectes ou vers du sol, alors qu’ils pullulent.

Les animaux du sol

Une poignée de terre contient de dix à cent millions d’être vivants, des millers d’espèces d’invertebrés, insectes ou vers. Elle abrite aussi des centaines de champignons et des milliers de bactéries. Les animaux augmentent la porosité du sol en creusant. Les vers de terre peuvent construire jusqu’à 8’900 km de canaux par hectare, et ainsi ils améliorent la porosité et la circulation de l’eau. Ils transportent aussi des nutriments et limitent certaines maladies. Certains nématodes et mites limitent le développement des bactéries, des guêpes parasitoïdes éliminent des insectes nuisibles en pondant leurs oeufs dans le corps de ceux-ci, d’autres petits animaux mangent les graines des mauvaises herbes.

Le sol contient de nombreuses espèces d’animaux, par exemples des rotifères, des tardigrades, des acariens, qui sont décrits plus en détail par le WSL (lien WSL).

De nombreux insectes passent une partie de leur vie dans le sol. Les larves enterrées sont en majorité des larves de diptères. Celles du bibion des jardin se nourrissent d’humus puis, plus grandes, s’attaquent parfois aux racines des plantes. La Graphomyie tachée pond aussi ses oeufs dans le sol. Elles sont très actives. Elles s’alimentent de matière organique en décomposition, par exemple de débris de plantes, et sont importantes pour le fonctionnement du sol.

Les larves de la mouche de la Saint -Marc vivent dans les sols forestiers, celles de la Tipule géante sur les rives marécageuses. Les coléoptères sont aussi très présents dans le sol, et quelques-unes de leurs larves sont saprophages. 

Celles des scarabées, par exemple des bousiers, sont coprophages ou nécrophages. Elles participent à la formation du sol.

Image de bousier par Wolfgang_Hasselmann de Pixabay

Certaines larves d’insectes s’attaquent aux plantes, par exemples celles de la Tipule des prairies, et celle du chou. Elles posent des gros problèmes aux agriculteurs. Les larves du hanneton sévissent trois au quatre ans dans le sol. En agriculture biologique, ces problèmes sont parfois limités par la présence de champignons dans le sol (Brochure FIBL). Les écosystèmes naturels sont merveilleusement complexes et l’Homme y était adapté. L’agriculture a d’abord été biologique, nous cultivons depuis des millénaires des plantes adaptées a des plantes adaptées au sol naturel, et toute perturbation a des effets inattendus.

Certains insectes rendent directement service au jardinier, tels le rare carabe doré qui débarrasse le jardin des limaces et escargots. Les larves de Staphilinidés ou de fourmilions chassent d’autres animaux dans le sol. D’autres insectes parasitent des vers de terre, des escargots, des larves de fourmis.

Aux Etats-Unis, l’effet des pesticides est testé seulement sur l’abeille européenne, et n’inclut pas les autres insectes ou vers du sol.

Toxicité généralisée des pesticides

Une nouvelle étude publiée par la revue universitaire Frontiers in Environmental Science établit que de nombreux pesticides sont toxiques pour plusieurs organismes essentiels à la santé des sols. Ces pesticides largement utilisés dans l’agriculture constituent une grave menace pour la biodiversité et à la séquestration du carbone dans le sol pour lutter contre le changement climatique.

L’étude, menée par des chercheurs du Center for Biological Diversity, des Amis de la Terre des États-Unis et de l’Université du Maryland, est l’examen le plus vaste et le plus complet jamais réalisé sur les impacts des pesticides agricoles sur les organismes du sol.

Les chercheurs ont compilé les données de près de 400 études, concluant que les pesticides nuisaient aux invertébrés bénéfiques vivant dans le sol, notamment les vers de terre, les fourmis, les coléoptères et les abeilles nicheuses au sol dans 71% des cas examinés.

Ces travaux ont relevé leurs effets sur les invertébrés, du sol, insectes ou vers. Les animaux augmentent la porosité du sol en creusant. Les vers de terre peuvent construire jusqu’à 8’900 km de canaux par hectare, et ainsi améliorent la porosité et la circulation de l’eau. Ils transportent aussi des nutriments et limitent certaines maladies. Des nématodes et des mites limitent le développement des bactéries, des guêpes parasitoïdes éliminent des insectes nuisibles en pondant leurs oeufs dans le corps de ceux-ci, d’autres petits animaux mangent les graines des mauvaises herbes.

Les scientifiques ont comparé des centaines d’études, qui ont quantifié la biomasse des habitants du sol, ou leur état biologique, la mortalité, le comportement, les changements visibles ou biochimiques de leur corps.

Les coléoptères semblent surtout affectés par les insecticides. Les petits vers (Enchytrachidae) souffrent encore plus des applications d’herbicides et de fongicides.

Toutes les classes des pesticides étudiées ont des effets des effets négatifs, montrant qu’en tant qu’ensemble de poisons chimiques, les pesticides présentent un danger évident pour la vie du sol et sont incompatibles avec des écosystèmes de sol sains.

De plus, les études évaluant les impacts des pesticides utilisent souvent une gamme étroite d’espèces de substitution faciles à élever, à identifier ou à étudier, tandis que les organismes plus petits et plus cryptiques sont rarement analysés. 

Actuellement, les tests de toxicité des pesticides sont surtout effectués sur les abeilles et sur une espèce de vers. Mais les insectes sauvages qui pondent leurs larves dans la terre, ainsi que les vers, les bactéries et les champignons, pourraient être affectés par d’autres pesticides, ce qui met en péril l’écosystème du sol. Les abeilles sont plus résistantes que les autres insectes.

Même les études qui essaient de mesurer les conséquences sur la vie du sol ne testent qu’un petit nombre d’espèces. L’état des Protures, Pauropodes, et des Tardigrades n’a été mesuré que dans une étude sur près de quatre cent travaux. Les études sur les symphyles et diplures manquent vraiment.

“Il est extrêmement préoccupant que 71% des cas montrent que les pesticides nuisent considérablement aux invertébrés du sol”, a déclaré le Dr Tara Cornelisse, entomologiste au Centre pour la diversité biologique et co-auteur de l’étude. «Nos résultats ajoutent à la preuve que les pesticides contribuent au déclin généralisé des insectes, comme les coléoptères prédateurs bénéfiques et les abeilles solitaires pollinisatrices. Ces découvertes troublantes ajoutent à l’urgence de limiter l’utilisation des pesticides pour sauver la biodiversité. »

Les résultats font suite à une étude récente publiée dans la revue Science montrant que la toxicité des pesticides a plus que doublé pour de nombreux invertébrés depuis 2005. Malgré une utilisation globale réduite des insecticides, les produits chimiques les plus couramment utilisés aujourd’hui, y compris les néonicotinoïdes, sont de plus en plus toxiques pour insectes et autres invertébrés. Les pesticides peuvent persister dans le sol pendant des années ou des décennies après leur application, continuant à nuire à la santé du sol.

Les études examinées ont montré des impacts sur les organismes du sol allant d’une mortalité accrue à une reproduction, une croissance, des fonctions cellulaires réduites et même une diversité globale réduite des espèces.

“Sous la surface des champs couverts de monocultures de maïs et de soja, les pesticides détruisent les fondements mêmes de la toile de la vie”, a déclaré le Dr Nathan Donley, scientifique au Centre et co-auteur de l’étude. «Étude après étude, l’utilisation incontrôlée de pesticides sur des centaines de millions d’acres chaque année empoisonne les organismes essentiels au maintien de sols sains. Pourtant, nos régulateurs ignorent les dommages causés à ces écosystèmes importants depuis des décennies. »

Mouche de la Saint-Marc (Image Emphyrio de Pixabay)

Tests de toxicité

L’ l’Environmental Protection Agency américaine teste la toxicité des pesticides sur l’abeille européenne. D’après les auteurs de l’étude, elle sous-estime gravement le risque des pesticides pour la santé des sols en utilisant une espèce qui passe toute sa vie en surface pour estimer les dommages causés à tous les invertébrés du sol.

J’ai contacté les auteurs de l’étude qui m’ont indiqué que la législation européenne dans ce domaine est meilleure.

Quatre de  six tests préconisés sont actuellement utilisés dans l’évaluation des risques liés aux pesticides dans l’Union européenne, et deux sont à l’étude :

1) Effets sublétaux sur le ver de terre (Eisenia fetida ou Eisenia andrei)

2) Effets sublétaux sur le collembole (Folsomia candida ou Folsomia fimetaria)

3) Effets sublétaux sur l’acarien (Hypoaspis aculeifer)

4) Effets sur la transformation de l’azote (lecture de l’activité microbienne du sol)

5) Effets sublétaux sur une espèce d’isopode – actuellement à l’étude

6) Effets sur les champignons mycorhiziens (Funneliformis mosseae) – actuellement à l’étude

Il faut absolument que les tests à l’étude soient mis en place. Est-ce suffisant ? Devons nous mieux cerner les effets des pesticides ?  Faut-il développer d’autres tests? Les insectes que les scientifiques n’arrivent pas à maintenir dans le laboratoire se nourrissent peut-être d’animaux inconnus.  Un test pourrait porter sur la totalité d’ARN présent dans le sol, il donnerait un aperçu global de tous les êtres vivants.

En Europe, notamment en Allemagne et en Suisse, nous avons perdu plus de la moitié d’insectes, les chiffres sont comparables aux Etats-Unis. Les tests actuels ne rendent peut-être pas correctement compte de la toxicité pour l’écosystème. Pouvons-nous mieux cerner le danger des pesticides pour les insectes et trouver des moyens de restaurer leurs populations? 

Les invertébrés du sol offrent une variété d’avantages essentiels pour la terre, tels que le recyclage des nutriments dont les plantes ont besoin pour se développer, la décomposition des plantes et des animaux morts. Ils régulent la quantité des ravageurs et des maladies. Ils sont également essentiels pour le processus de conversion du carbone. Aujourd’hui, ‘idée d’« agriculture régénérative » et d’utilisation du sol comme éponge de carbone pour lutter contre le changement climatique gagne du terrain dans le monde. La réduction de l’utilisation des pesticides est un facteur clé pour protéger les invertébrés. rôle dans la séquestration du carbone dans le sol.

« Les entreprises de pesticides essaient continuellement d’écologiser leurs produits, plaidant en faveur de l’utilisation de pesticides dans une agriculture « régénérative » ou « intelligente face au climat », a déclaré le Dr Kendra Klein, scientifique principale aux Amis de la Terre et co-auteur de l’étude. . “Cette recherche brise cette notion et démontre que la réduction des pesticides doit être un élément clé de la lutte contre le changement climatique dans l’agriculture.”

“Nous savons que les pratiques agricoles telles que les cultures de couverture et le compostage créent des écosystèmes de sol sains et réduisent le besoin de pesticides en premier lieu”, a déclaré le Dr Aditi Dubey de l’Université du Maryland et co-auteur de l’étude. « Cependant, nos politiques agricoles continuent de soutenir un système alimentaire à forte intensité de pesticides. Nos résultats soulignent la nécessité de politiques qui aident les agriculteurs à adopter des méthodes d’agriculture écologique qui aident la biodiversité à s’épanouir à la fois dans le sol et au-dessus du sol. »

Couverture: Scarabée tigre vert : image par 631372 de Pixabay

Scarabée tigre vert : lien

Informations supplémentaires sur l’étude:

Kendra Klein, Friends of the Earth (415) 350-5957, [email protected]
Tara Cornelisse, Center for Biological Diversity (510) 844-7154, [email protected]
Nathan Donley, Center for Biological Diversity (971) 717-6406, [email protected]

Reformer l’agriculture en 2021 pour sauver la biodiversité et le climat

Perte de Biodiversité

Le think tank Chatham House alerte sur la perte de la biodiversité et appelle à un changement rapide du système alimentaire. Il pourrait être décidé cette année, plusieurs sommets internationaux sont organisés à ce sujet. Le secrétaire- général de l’ONU présidera le sommet UNFSS des systèmes alimentaires pour une meilleure sécurité alimentaire et une meilleure durabilité de l’approvisionnement mondial.

La perte de biodiversité devient extrêmement préoccupante. De nombreuses espèces d’animaux disparaissent rapidement, le rythme des extinctions s’accélère, et la raison principale en est le changement d’alimentation (perte de biodiversité).  Le think tank estime que la disparition des plantes et animaux sauvages est principalement due à la conversion des espaces de nature en champs et pâturages.

Nous avons créé un système pervers, une course excessive à une alimentation bon marché qui engendre le gaspillage alimentaire et menace nos conditions de vie sur Terre, en dégradant les sols et les écosystèmes.

L’agriculture actuelle dépend des pesticides, des engrais, de l’énergie extérieure et de l’eau, et des pratiques nocives telles que les monocultures et le labour. Malheureusement, elle détruit l’habitat de nombreux animaux, insectes et plantes, et provoque le réchauffement climatique. Sans réforme, la perte de biodiversité s’accélérera et menacera notre production alimentaire.

Les écosystèmes terrestres et marins éliminent plus de la moitié (60%) des émissions de carbone de l’atmosphère chaque année et jouent ainsi un rôle crucial dans la régulation de la température de surface de la terre.  Les écosystèmes aident à amortir les effets des conditions météorologiques défavorables et à fournir une résilience au changement climatique. Sans eux, les chocs climatiques seraient bien plus brutaux et handicaperaient fortement l’agriculture. Les systèmes de production alimentaire nécessitent une gamme diversifiée de plantes, d’animaux, de bactéries et de champignons, à la fois pour l’approvisionnement direct en nourriture et pour soutenir les processus écosystémiques sous-jacents qui rendent l’agriculture possible – de l’approvisionnement en eau à l’amélioration de la fertilité des sols, à la pollinisation et à la lutte naturelle contre les ravageurs.  Si la dégradation du Vivant se poursuit, elle nuira à l’agriculture. 

Trois axes de solutions: plantes, Nature et agriculture écologique

Chatham house suggère d’agir sur trois axes principaux:

Ils conseillent d’abord d’adopter une alimentation plus végétale, qui permettrait de libérer par exemple 42% des terres actuellement cultivées aux Etats-Unis, et aurait des effets bénéfiques sur la santé de cette population. Ils conseillent le régime EAT-lancet.

D’autre part,  ils suggèrent la protection de grands espaces de Nature qui seraient des réserves de biodiversité, et maintiendraient un cycle de carbone fonctionnel sur la Planète. 

Troisième, l’agriculture elle-même pourrait être moins nocive pour la biodiversité, préserver les insectes et les microorganismes du sol, éviter la pollution de nitrites et les émissions de gaz nocifs dans l’atmosphère. 

Les auteurs considèrent qu’avec un peu d’organisation, en réduisant le gaspillage alimentaire et l’alimentation carnée, l’agriculture biologique pourrait nourrir 9 milliards de personnes.

Ils citent aussi l’agroforesterie, très bénéfique pour l’environnement.  Les polycultures d’arbres sont utilisées pour produire du bois, des noix et des fruits – et permettent de combiner plusieurs cultures et des récoltes tout de  au long de l’année. L’agroforesterie et les pratiques agro-écologiques peuvent permettre la restauration des habitats tout en diversifiant les flux de revenus et l’approvisionnement alimentaire, augmentant ainsi la résilience des communautés locales et des habitats, améliorant la nutrition et renforçant la biodiversité.

Les décideurs internationaux doivent reconnaître l’interdépendance de l’action du côté de l’offre et de la demande.  

Les changements alimentaires et la réduction du gaspillage alimentaire sont essentiels pour briser les verrouillages du système qui ont conduit à l’intensification de l’agriculture et à la conversion continue des écosystèmes indigènes en cultures et pâturages.

Le sommet UNFSS promouvra une «approche des systèmes alimentaires» à travers d’autres processus internationaux clés, y compris les négociations de l’ONU sur le climat.

Chatham House demande maintenant des lignes directrices mondiales dans des domaines politiques tels que l’investissement responsable, le changement alimentaire et une gestion du changement climatique basée sur la Nature. 

Alouette qui supporte mal les grands espaces de monoculture, en couverture bruant jaune qui souffre du manque d’insectes

Publication Chatham House:

L’Humanité a besoin d’écologie. Cinq milliards de personnes souffriront de nos atteintes à l’environnement.

L’IPBES calcule le prix de la Nature

La perte de biodiversité s’accélère. Nous perdons tous les jours des espaces sauvages, au cours du dernier quart de siècle une grande partie d’insectes et d’oiseaux a disparu en Europe et aux Etats-Unis, en 2019 les vagues de chaleur et les sécheresses provoquent des hécatombes de kangourous ou d’hippopotames, les grenouilles disparaissent, les forêts cessent de croître ou partent en fumée. La Nature subit des dommages immenses, et nous en avons besoin pour vivre.
L’IPBES, la plateforme internationale pour la biodiversité et les services des écosystèmes, essaie actuellement de mettre des chiffres sur la valeur de la Nature pour les humains.  Ils présentent leurs conclusion intitulée ‘investissez dans la Nature‘ à la Banque Mondiale le 17 octobre.

Nitrates, abeilles et montée de la mer

Leurs conclusions proviennent entre autres d’une étude qui estime trois conséquences des perturbations de l’environnement; la pollution des eaux par les nitrates, la disparition des insectes et du service de pollinisation des champs, et la montée du niveau de la mer et l’inondation subséquente des côtes.

Les nitrates provenant surtout d’un usage excessif d’engrais sont nocifs pour la santé humaine. Ils passent dans l’eau. Si le cours d’eau traverse des espaces sauvages, les trois quarts sont absorbés par les forêts ou les prairies et consommés par les plantes. Ces  espaces naturels protègent la santé humaine.

Les populations d’insectes d’Europe et des Etats-Unis se sont énormément réduites au cours du dernier quart de siècle. Les abeilles périclitent malgré de nombreux efforts de sauvetage individuels. Leur disparition est liée à l’emploi de pesticides néonicotinoïdes.  Une grande partie de plantes cultivées par les humains dépend de la pollinisation par les abeilles, et pour certaines d’entre elles, les rendements baissent déjà et les prix de ces aliments augmentent. Une autre étude récente comparait les avantages des pesticides et des abeilles pour l’agriculture et conclue que les abeilles sont, elles, indispensables. Sans elles, le rendement des cultures diminue beaucoup. Une vidéo montre quelques conséquences de leur disparition.

Le réchauffement climatique provoque la montée du niveau de la mer qui inondera les côtes, les villes, les cultures, et cause des infiltrations d’eau salée dans les champs et les nappes phréatiques.

Cinq milliards d’humains souffriraient la faim sans abeilles

Ces différentes perturbations de l’environnement concernent tout le monde. Elles auront des graves conséquences importantes pour une grande partie de l’Humanité.  Les scientifiques ont calculé que la pollution de l’eau pourrait menacer quatre milliards et demi de personnes sur Terre, et cinq milliards souffriront probablement des déficits de la production agricole causés par l’absence de pollinisation par les abeilles. Ces effets se feront sentir partout sur la Planète.

 

Cette étude met en évidence le rôle essentiel des abeilles ainsi que de la pollution pour l’Humanité. Les pesticides et les engrais artificiels sont très nocifs, ils créent un danger pour la plupart des Humains sur Terre. L’agriculture biologique permettrait de l’éviter. L’étude ne tient cependant pas compte de toutes les raisons qui rendent la nature si importante pour nous.  Nous avons maintenant compris l’importance des abeilles. Les écosystèmes pourraient contenir d’autres chaînons essentiels pour l’Humanité, dont nous n’avons pas encore pleinement compris l’importance. Dans les récifs coralliens pourrait naître un organisme important pour la vie des océans, les oiseaux migrateurs transportent peut-être une plante ou des bactéries cruciaux à des milliers de kilomètres, les champignons du sol sont encore peu connus. Les changements météorologiques causés par le réchauffement climatique réduiront aussi la production alimentaire pour des milliards de personnes. Nous ne connaissons pas encore le vrai prix de la Nature, elle nous est tout simplement indispensable.