Vous vivrez plus longtemps si votre médecin est une femme…

 

Et si c’était vrai? Une étude publiée dans le très sérieux Jama Internal Medicine vient justement de répondre à cette question…

 

Les Hommes viennent de Mars, les Femmes de Vénus 

Est-ce que les hommes médecins et les femmes médecins soignent différemment? Si oui, est-ce que cette différence a des répercussions mesurables sur la santé des patients?

Des recherches réalisées par le passé avaient effectivement déjà montré que les médecins hommes et les médecins femmes travaillaient différemment, en mettant  en particulier en évidence le fait que les femmes suivaient avec plus d’assiduité les recommandations médicales. L’équipe qui a mené cette nouvelle étude a  cette fois voulu savoir si cette différence avait des répercussions sur la santé des patients, notamment sur leur mortalité.

 

Plus de morts ?

L’étude a porté sur  1.5 millions de patients du système américain Medicare, le système d’assurance-santé géré par le gouvernement des États-Unis et  au bénéfice des personnes de plus de 65 ans. L’âge moyen de la population étudiée était élevée, 80.2 ans. Les auteurs ont mesuré la mortalité à 30 jours ainsi que le taux de réadmission.

Les résultats montrent que la mortalité à 30 jours a été  plus faible lorsque les patients ont été traités par des femmes médecins, 11.07 % contre 11.49%, ce qui représente un mort de plus pour les hommes médecins pour chaque tranche de 233 patients traités. Pour ce qui est du taux de réadmission, les résultats étaient aussi en faveur du sexe dit faible, pour utiliser une expression définitivement stupide : 15.02% pour les femmes, 15.57% pour les hommes. Cette faible différence de pourcentage indique une réadmission  supplémentaire chez les hommes médecins pour chaque tranche de 182 patients traités.

 

Changer de médecin ?

Si vous êtes suivi par un homme, devez-vous changer de médecin? Certainement pas, les hommes médecins ont certainement d’autres qualités, non mesurées dans cette étude. Enfin, peut-être.

Plus sérieusement, qu’est-ce qui définit un « bon » médecin ? Une question complexe. Cela doit en tout cas être quelqu’un en qui vous avez confiance, quelqu’un qui vous écoute.  Un homme ou une femme.

 

Vous souhaitez être bien soigné? Mode d’emploi

 

Si vous souhaitez être bien soigné, vous devez jouer un rôle central dans la prise en charge de votre santé. Dans un précédent article de ce blog, j’ai dit à quel point les données de santé étaient à l’heure actuelle mal gérées. Dans un monde médical qui s’accélère et se complexifie, la seule réponse possible pour être bien soigné est d’être vous-même le chef d’orchestre de votre santé.

 

Etre actif

Même si c’est parfois difficile face à un monde médical complexe et certainement encore peu habitué à des patients actifs, vous devez, pour votre santé, vous imposer : ne pas hésiter à demander des explications à votre médecin sur telle maladie ou tel traitement, ne pas hésiter à demander une copie d’un rapport d’un spécialiste ou d’un résultat de laboratoire. Vous devez connaître la liste de vos médicaments et savoir à quoi ils servent. Si vous ne voulez pas d’un examen ou traitement, dites-le à votre médecin, il s’agit de votre santé.

Vous trouverez de précieuses informations sur le site de l’Organisation suisse des patients où sont notamment proposés des guides sur différents sujets: “droits et devoirs du patient”, “gestion du dossier médical”, “à clarifier avant une opération”, “vos droits lors du retrait des médicaments” et enfin “le déshabillage”. Le guide « à clarifier avant une opération » vous permettra de penser à toutes les questions à poser à votre chirurgien,   le guide « déshabillage »  de savoir par exemple qu’un électrocardiogramme nécessite qu’une femme enlève son soutien-gorge alors qu’une auscultation de votre cœur et de vos poumons peut le plus souvent être faite sans le retirer.

Pour aller plus loin dans cette direction, sachez que la Fédération romande des consommateurs vient d’éditer, en collaboration avec l’Organisation suisse des patients, un livre intitulé « La boussole du patient » dont l’objectif est précisément de vous guider dans chaque étape de votre parcours médical.

 

Internet et les médias sociaux

Etre actif implique aussi d’oser faire des recherches vous-même, notamment sur Internet. Il est possible de trouver sur le web des informations utiles sur les thèmes de la santé et de la médecine. La difficulté est de trouver des informations de qualité qui répondent vraiment aux questions que vous vous posez. Quels sites utiliser ? Le portail médical romand Planète santé ou l’atlas médical du CHUV pour n’en citer que deux. Les vidéos sont aussi de belles sources d’information, vous en trouverez par exemple sur le site de l’émission 36.9 de la RTS ou sur la chaine YouTube des Hôpitaux universitaires de Genève qui propose plus de 800 vidéos.

 

Les médias sociaux peuvent aussi être très utiles pour obtenir des informations plus personnalisées. Il existe pour un grand nombre de maladies des groupes Facebook, des blogs, des forums. Pa rapport au web, les médias sociaux permettent d’obtenir du soutien et des conseils de patients qui souffrent de la même pathologie que vous. Comment trouver les médias sociaux consacrés à votre propre maladie ? Pas facile, il n’existe pas d’annuaire répertoriant pour chaque maladie les médias sociaux correspondants. Il faut chercher, en passant par votre moteur de recherche favori.

 

Former les patients ?

Cette attitude de patient actif, émancipé, nécessite des compétences. Ne devrait-on pas dès lors proposer aux patients intéressés des cours pour leur permettre d’acquérir ces connaissances ? Une question qui a certainement du sens si l’on ne veut pas que la fracture numérique ne réserve l’accès aux informations santé qu’à une minorité de la population. C’est en tout cas la direction prise par l’Université des patients à Paris qui forme des patients qui deviennent de réels experts de leur maladie. A quand une Université des patients en Suisse romande?

 

 

Pour aller plus loin :

 

Et si votre hôpital était piraté?

Les médecins connaissent depuis longtemps les virus vivants, ils découvrent désormais les virus informatiques.

Des hôpitaux paralysés

Des hôpitaux bloqués par des logiciels pour  obtenir  une rançon? Les exemples se multiplient. En février 2016, des hackers ont pris le contrôle d’un hôpital californien grâce à la présence sur un ordinateur d’un malware, un logiciel malveillant. Durant dix jours, l’hôpital a été totalement paralysé. Le personnel n’avait non seulement plus accès à internet mais surtout aux dossiers médicaux des patients, aux fiches d’admissions et autres documents administratifs. Le paiement d’une rançon a permis le retour à la normale.

Début novembre 2016, un article du journal Le Monde relatait la mésaventure de quatre hôpitaux britanniques paralysés plusieurs jours par un virus informatique: « Toutes les opérations non vitales ont été annulées durant quatre jours. Les accouchements prévus dans l’hôpital ont été redirigés vers d’autres hôpitaux de la région. Les systèmes de gestion des analyses sanguines, l’accès aux dossiers des patients et le fichier de la banque du sang étaient inaccessibles, rendant les opérations extrêmement complexes ».

Les hôpitaux peuvent-ils ne pas payer?  Les hôpitaux américains qui ont tenté l’expérience ont retrouvés les dossiers médicaux de 655’000 de leurs patients à vendre sur Internet…

Un problème fréquent

Aux Etats-Unis, toute entreprise ayant subi un vol important de données médicales doit le déclarer publiquement. La publication de ces vols sur un site du département américain de la santé nous apprend qu’au minimum deux fois par semaine des données de plus de 500 patients sont volées, mais ces vols touchent aussi  parfois des centaines de milliers voire des millions de patients.

Inquiétant.

En Suisse aussi

Un article de décembre 2016 du Bulletin des médecins suisses était précisément consacré à ce sujet des « logiciels de rançon ».   On y découvre la mésaventure d’une clinique psychiatrique qui a vu son système informatique paralysé par une fausse candidature envoyée par e-mail, le document attaché n’était pas le CV annoncé mais un cheval de Troie.

L’expert de la Centrale d’enre­gistrement et d’analyse pour la sûreté de l’information (MELANI) de la Confé­dération interviewé dans cet article déclare « qu’au cours des derniers mois, le nombre de victimes des logiciels de chantage en Suisse a forte­ment augmenté. Ce ne sont désormais plus seulement les utilisateurs privés qui sont visés par ces attaques, mais de plus en plus de petites et moyennes entre­prises (PME) principalement dans le secteur de la santé (hôpitaux) ».

Les implants médicaux, futurs cibles

La vulnérabilité du monde médical ne se limite malheureusement pas à ses institutions, les implants médicaux constituant aussi une menace. A l’heure où l’Internet des objets prend une place grandissante dans le monde de la santé, on doit pouvoir garantir aux porteurs d’un stimulateur cardiaque, d’une pompe à insuline ou d’électrodes pour la stimulation cérébrale profonde une sécurité absolue. A l’automne 2016, le laboratoire pharmaceutique Johnson & Johnson est entré en contact avec 114 000 patients aux Etats-Unis et au Canada afin de corriger une faille de sécurité  sur l’un de ses modèles de pompe à insuline. Son boîtier de contrôle présentait en effet une vulnérabilité qui, si elle était exploitée, permettait d’injecter une dose d’insuline potentiellement mortelle pour son porteur.

Tout stopper ?

Ces craintes ne doivent bien sûr pas stopper le développement de l’informatique dans le monde de la santé mais des garanties de sécurité devront être données aux professionnels de la santé et aux patients si l’on souhaite qu’ils acceptent  cette digitalisation de la santé.

 

L’Hollywood presbyterian medical center, l’hôpital californien piraté