En Suisse, c’est à 35 ans qu’on est le plus malheureux

Comme nous le savons tous, de nombreux facteurs permettent de déterminer si les gens sont heureux ou malheureux. Les personnes employées sont plus heureuses que les chômeurs. Les personnes les plus riches sont plus heureuses que les plus pauvres. Les femmes sont en général plus heureuses que les hommes, mais elles sont plus sensibles à la dépression. La personnalité est le plus grand facteur déterminant : les extravertis sont plus heureux que les introvertis et les gens confiants sont plus heureux que ceux qui sont anxieux. Bien sûr, bien d’autres causes entrent en ligne de compte, telles que les relations, l’éducation et la santé. 

L’âge détermine le bonheur

Curieusement, l’âge est un important facteur. En général, les gens sont moins heureux dans leur quarantaine et au début de leur cinquantaine. Le point le plus bas étant, en moyenne mondiale, situé à 46 ans. Cependant, ce point varie selon les pays. Les Ukrainiens sont les plus misérables à 62 alors que les Suisses atteignent ce niveau déjà à 35 ans. Ainsi, les Suisses vivent le plus long nombre d’années dans un état heureux.

Etre heureux rime avec productivité

De nouveaux types de gourous et de consultants vendent la marque «bonheur». L’un d’entre eux (Shawn Achor) veut créer une «hygiène du bonheur». Selon sa théorie, nous devrions réfléchir à des pensées positives et écrire des courriels positifs de la même manière que nous nous brossons les dents tous les jours. Certaines entreprises essaient de créer du bien-être en proposant des cours sur la pleine conscience (ce que les Anglo-Saxons appellent la «mindfulness») et du yoga. Et l’on a estimé que le malheur des employés coûte à l’économie américaine 500 milliards de dollars par année en perte de productivité.

Les gouvernements veulent créer un plus grand bonheur dans leurs pays

Une grande inspiration est venue du Bhoutan, un petit royaume de l’Himalaya pressé entre l’Inde et le Tibet. Ce pays bouddhiste a adopté la notion de Bonheur National Brut (BNB) en tant qu’objectif national et une commission pour y parvenir a été créée. Le BNB examine la qualité de vie, combien de loisirs vous avez, ce qui se passe dans votre communauté et votre intégration avec votre culture.

Par ailleurs, aujourd’hui plusieurs gouvernements, y compris ceux des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France et d’Australie publient régulièrement des rapports sur les niveaux de bien-être national. Sans parler des Emirats Arabes Unis qui disposent d’un tout nouveau Ministère du Bonheur.

Où le bonheur est-il produit dans le cerveau?

Plusieurs régions du cerveau ont été identifiées qui sont responsables du sentiment de plaisir. Les chercheurs ont identifié cinq domaines spécifiques appelés “hotspots hédoniques”. Ceux-ci agissent en coordination avec d’autres voies qui, ensemble, envoient des signaux vers des régions supérieures du cerveau qui produisent un sentiment de bonheur que nous associons à la joie.

Le bonheur est dans notre ADN

Les études comparant des jumeaux identiques et non identiques indiquent que le bonheur est hautement héréditaire. La tendance à être heureux ou misérable est, dans une certaine mesure, transmise par notre ADN. Il semble que 30 à 50% du bonheur soit déterminé par nos gènes.

Pourquoi ne pas produire notre propre bonheur?

Selon les psychologues, près de la moitié de notre bonheur est déterminé par nos actions, nos attitudes, notre optimisme ou la façon dont nous traitons les situations. Nous n’avons pas ces choix pour contrôler la météo ni la circulation. Profitons donc de ce que nous, en tant qu’individus, nous pouvons changer. Déterminons ce qui nous rend heureux et profitons de la vie!

Améliorez votre humeur: faites de la randonnée en montagne

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous ne pouviez pas suivre un programme d’exercices? Vous prévoyez d’aller à la salle de gym trois fois par semaine, mais vous abandonnez après un mois. Peut-être n’êtes-vous pas assez heureux pour maintenir vos bonnes résolutions.

Récemment, un groupe de chercheurs de l’Université d’Innsbruck en Autriche a étudié précisément cette question. Ils ont comparé le niveau d’humeur et d’anxiété dans un groupe de bénévoles qui (i) ont fait une randonnée douce de trois heures dans les Alpes autrichiennes, (ii) se sont exercés pendant une même durée sur un tapis roulant dans une salle de gym et (iii) ont passé trois heures dans une salle avec des ordinateurs, des magazines et en conversation avec d’autres personnes.

Des résultats très clairs

Les résultats sont clairs: les scores de leur humeur ont été beaucoup plus élevés après la randonnée en montagne qu’après l’entraînement au tapis roulant. Et les deux ont fourni de meilleurs résultats que la dernière possibilité : ‘être assis dans une pièce à l’aide d’un ordinateur ou de bavarder. Il semble que marcher dehors dans la beauté des montagnes a fourni des effets positifs pour l’humeur par rapport à la marche à l’intérieur sur un tapis roulant. Ainsi, de longues promenades dans les montagnes peuvent être plus bénéfiques que des exercices brefs et intenses qui tendent à décourager certaines personnes.

Avantages de marcher dans des espaces verts

Tout le monde n’a cependant pas la possibilité de faire de la randonnée dans les Alpes. Dans cette perspective, la marche dans une zone verte, comme un parc, offre-t-elle également des avantages pour la santé mentale? On sait que les personnes vivant dans les villes ont un risque plus élevé d’anxiété, de dépression et d’autres maladies mentales par rapport aux personnes qui résident dans un milieu rural avec accès aux espaces verts. Les chercheurs de l’Université de Stanford en Californie ont étudié cette question. Ils ont décidé d’examiner quel effet une promenade a sur la tendance d’une personne à ruminer (les vaches ruminent dans leur estomac alors que les humains ruminent dans leurs cerveaux). Nous connaissons tous cet état mental lorsque nous ne pouvons pas arrêter de penser à ce qui ne va pas avec nous-mêmes, nos vies, notre travail et nos relations. Cet état est associé à un risque accru de dépression.

Dans leur expérience, un groupe de bénévoles a parcouru 90 minutes dans un parc verdoyant et calme sur le campus de Stanford et un autre groupe à côté d’une route très bruyante. À la fin de la promenade, les bénévoles ont dû remplir un questionnaire et subir un scan du cerveau, les mêmes tests qu’ils avaient fait avant la promenade.

Comme prévu, marcher aux abords d’une ‘autoroute ne diminue pas le niveau de rumination, mais ceux qui ont parcouru les chemins verts et silencieux ont eu une amélioration de leur humeur. Ils n’ont plus insisté sur les aspects négatifs de leur vie.

Les analyses du cerveau ont montré que la rumination est associée à une activité accrue dans une partie du cerveau connue sous le nom de cortex préfrontal subgénal. La marche dans un environnement vert a entraîné une diminution de l’activité neurale dans cette zone du cerveau.

Notre environnement affecte notre cerveau

Ces résultats suggèrent que les zones extérieures au vert peuvent être vitales pour la santé mentale dans notre monde en voie d’urbanisation rapide. Beaucoup plus de recherche est nécessaire pour affiner notre compréhension de ce phénomène, comme la durée, la fréquence et les types d’expérience qui génèrent ces bénéfices.

La randonnée dans les Alpes semble améliorer l’humeur des Autrichiens, donc elle devrait avoir les mêmes effets sur les Suisses. En fait, les résultats peuvent même être meilleurs puisque nous avons accès à plus de montagnes. Ainsi, améliorez votre humeur, sortez vos bâtons et partez en randonnée dans les montagnes.

Votre mémoire diminue-t-elle? Essayez une stimulation cérébrale profond!

Vous êtes-vous déjà demandé si vous perdiez la mémoire ? Vous aviez oublié le nom de votre meilleur ami, vous ne vous souveniez plus de l’endroit où vous aviez placé vos lunettes, et vous ne saviez plus pourquoi vous étiez allé au réfrigérateur…

Dans le même registre, vous êtes vous aussi déjà demandé si votre dépendance totale à votre smartphone, votre tablette ou votre ordinateur ne risquait pas d’affaiblir votre mémoire ? C’est qu’en utilisant n’importe quel moteur de recherche comme Google, on peut répondre aux questions les plus simples en quelques minutes.

La démence numérique

Ce qui pourrait conduire à une forme de démence numérique, un terme inventé par un neuroscientifique, Manfred Spitzer, qui décrit ainsi une utilisation excessive de la technologie numérique pouvant entraîner la perte de certaine fonction cognitive telle que la mémoire.

La stimulation cérébrale profonde comme moyen de lutte

Des études récentes ont peut-être trouvé la parade et découvert une nouvelle façon d’améliorer la mémoire: en utilisant une stimulation cérébrale profonde. De fait, la stimulation du cerveau a une longue histoire derrière elle. Pendant de nombreuses années, elle a été utilisée pour traiter un certain nombre de troubles neurologiques tels que la maladie de Parkinson, l’épilepsie, la douleur chronique et le trouble obsessionnel-compulsif.

La stimulation cérébrale profonde est également étudiée en tant que traitement expérimental pour la dépression majeure, la récupération d’AVC et la dépendance. La technique implique l’implantation d’électrodes dans certaines zones de votre cerveau. Ces électrodes produisent des impulsions électriques qui régulent une activité neurale anormale. La quantité de stimulation est contrôlée par un dispositif de type stimulateur cardiaque placé sous la peau dans votre poitrine supérieure. Un fil qui se déplace sous votre peau relie cet appareil aux électrodes dans votre cerveau.

Les résultats de la nouvelle étude concernant la mémoire

Ce n’est que récemment qu’un groupe de chercheurs de l’Université de Pennsylvanie a résolu une partie du mystère impliqué dans la stimulation d’une zone du cerveau responsable de la mémoire (l’hippocampe). Michael Mahana ainsi que des neurochirurgiens de 20 autres institutions, ont essayé de déterminer si la stimulation pouvait améliorer la mémoire. Nota bene: les expériences antérieures dans ce domaine avaient produit des résultats mitigés.

La nouvelle étude ouvre des perspectives encourageantes. Il semble que les zones qui fonctionnent mal sont bonifiées par la stimulation qui améliore la capacité du cerveau à coder de nouvelles informations. Cependant, lorsque ces zones fonctionnent bien, la stimulation peut entraver le processus.

L’espoir des chercheurs réside dans le fait que cette approche, semblable au stimulateur cardiaque, pourrait réduire les symptômes de la maladie d’Alzheimer, ainsi que les symptômes d’autres démences et celles des lésions cérébrales traumatiques.

Mais et en attendant

Dans l’intervalle, si vous devenez distrait, cela ne signifie pas que vous développiez une démence à cause de votre smartphone. Et la bonne nouvelle est que vous pouvez empêcher les effets de la démence numérique de Manfred Spitzer en exerçant plus votre cerveau et en abandonnant votre smartphone et tous ces moteurs de recherche utilisés comme une béquille.

Et si Trump dormait et marchait plus sur les terrains de golf?

Avouons-le : nul besoin d’être un psychiatre pour saisir que quelque chose ne va pas dans le cerveau de Donald Trump. L’homme a plus de 70 ans. Ce n’est pas un mystère qu’à cet âge le cerveau est susceptible de subir une sorte de déclin cognitif. Cela reflète la performance du cortex préfrontal du cerveau qui est responsable de la mémoire, du jugement, de la compréhension et de l’attention, ainsi que du lobe temporal qui recherche et récupère les mots qui ont été stockés dans le cerveau.

Signes des problèmes cognitifs chez Trump

Trump est en train de perdre sa fluidité linguistique. Il a du mal avec son vocabulaire et avec la formulation de phrases complètes. Il répète des mots et il change souvent de sujet à mi-phrase. Il se contredit sur plusieurs de ses décisions. Son agressivité lui a créé des ennemis à l’échelle mondiale et il blâme les autres pour ses erreurs.

Trump est-il privé de sommeil?

Tout cela pourrait être dû au stress, à la frustration, à la colère ou à la fatigue ordinaire. Apparemment, Trump est fier de ne dormir que trois à quatre heures par nuit, donc il pourrait être privé de sommeil. Or les personnes âgées ont besoin de la même quantité de sommeil que les jeunes adultes: normalement de sept à neuf heures par nuit.

En l’absence de sommeil suffisant, les gens deviennent grincheux, irritables, moins attentifs et impulsifs. Quand une personne se réveille, ses capacités de vigilance, de vitesse cognitive, de mémoire et de raisonnement sont diminuées. C’est certainement le pire moment pour envoyer un tweet important: Trump le fait souvent.

Le cerveau de Trump subit-il une atrophie liée à l’âge?

Par ailleurs, avec le vieillissement, le cerveau devient plus petit en raison de la perte de matière blanche plutôt que de la perte de matière grise (cellules neuronales). Ces changements peuvent entraîner un certain nombre de problèmes, y compris ceux liés au multi-tasking et à l’attention. A l’âge de 70 ans, Trump a clairement des difficultés avec les deux. Il semble être incapable de gérer la multitude de décisions qu’il doit prendre dans un délai court. De plus, sa capacité d’attention semble être très faible.

Trump peut-il surmonter son déclin cognitif?

Probablement. Tout d’abord, il devrait avoir plus de sommeil ou améliorer sa qualité de sommeil pour éviter une déficience cognitive continue. Deuxièmement, une bonne alimentation équilibrée a des effets majeurs sur la fonctionnement du cerveau. Peut-être Trump devrait-il limiter son apport quotidien de viande rouge qui est connu pour être malsain. Troisièmement, il devrait faire plus d’exercice physique puisque cela est réputé stimuler le cerveau. Trump est connu pour être un golfeur assidu, mais ce sport n’est très sain… que si l’on marche entre les trous.

Ma conclusion: sauvez votre cerveau Donald Trump et faite plus d’exercice physique!

Que se passe-t-il dans le cerveau de Donald Trump?

Il semble que les gens ne peuvent pas arrêter de parler de ce qui ne va pas dans le cerveau de Donald Trump. Les Russes, les Chinois et les Coréens du Nord doivent être en train de se moquer de la démocratie occidentale qui permet à cet homme d’avoir la possibilité de devenir le chef des Etats-Unis.

Pour moi, un des meilleurs articles sur le sujet, The Mind of Donald Trump, a été écrit par Dan J. McAdams dans le numéro de juin de The Atlantic. Son but était de développer une perspective objective et analytique sur Trump, en tirant parti de certaines idées actuelles de la recherche en sciences psychologiques. J’ai essayé de résumer deux d’entre elles qui ont une relation avec les neurosciences fondamentales.

Le narcissisme de Donald Trump

Selon McAdams, il est «presque impossible de parler de Trump sans utiliser le mot «narcissisme»». Une personnalité narcissique est caractérisée par une vanité extrême, une arrogance et une auto-absorption. Une étude réalisée en 2013 a montré que ces personnes ont une anomalie structurale dans une région du cerveau qui est liée à l’empathie. Les chercheurs du département de psychiatrie de l’Hôpital universitaire de la Charité à Berlin, en Allemagne, ont scanné à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique les cerveaux de 34 personnes dont 17 personnes qui souffrent de «narcissistic personality disorder»*. Ils ont constaté que les narcissiques pathologiques ont moins de matière grise dans une partie du cortex cérébral appelée l’insula antérieure gauche. La matière grise se compose principalement de corps cellulaires des neurones et des cellules cérébrales non neuronales qui apportent des nutriments et de l’énergie aux neurones. La région de l’insula antérieure gauche du cerveau est impliquée dans le fonctionnement cognitif et la régulation des émotions. Elle est liée à la génération de la compassion et de l’empathie.

Un des désordres du narcissisme pathologique: le manque d’empathie

Trump est une mine d’or pour les psychologues qui étudient le narcissisme. Il se vautre dans l’amour de soi excessif, dans ses idées grandioses et dans son sens du droit. Les personnes hautement narcissiques cherchent toujours à attirer l’attention sur elles-mêmes. Elles veulent que d’autres personnes les admirent et qu’elles les trouvent brillantes, puissantes et belles. Elles peuvent atteindre des niveaux élevés de popularité à court terme, mais le plus souvent, les narcissiques finissent par user leurs thuriféraires. Lorsque les narcissiques commencent à décevoir ceux qu’ils éblouissaient, leur descente peut être rapide.

Les narcissiques ont du mal à accepter la critique et la moquerie. Ainsi, Trump veut que le spectacle Saturday Night Live sur NBC soit annulé parce qu’ils se moque de sa performance au cours du deuxième débat présidentiel à St. Louis, Missouri.

L’extrême extraversion de Trump

La deuxième caractéristique remarquable de Trump est son extrême extraversion qui le conduit à la recherche incessante de récompense. Les extravertis répondent plus à la dopamine que les introvertis. La dopamine est une substance chimique libérée dans le cerveau qui fournit la motivation à chercher des récompenses externes comme gagner de l’argent, grimper dans l’échelle sociale, attirer un partenaire ou obtenir un projet de grande envergure au travail.

Les extravertis aiment prendre des risques élevés

La recherche suggère que les extravertis ont tendance à prendre des risques élevés, accompagnés par de faibles niveaux d’ouverture sur l’extérieur; ils remettent rarement en question leurs convictions les plus profondes. L’ancien président républicain, George W. Bush, est connu pour son niveau élevé de extraversion et sa faible ouverture vers l’extérieur. Ce type de personnalité pourrait expliquer sa mauvaise décision d’envahir l’Irak.

Si d’aventure Donald Trump gagnait l’élection présidentielle, qu’est-ce que ces caractéristiques nous disent à propos de lui comme potentiel futur président des Etats-Unis? Elles nous disent qu’il pourrait être dangereux non seulement pour les États-Unis mais pour le monde entier.

 * Shulze, L. et al. Grey matter abnormalities in patients with narcissistic personality disorder. Journal of Psychiatric Research, 47 (2013) 1363-9.

Qu’est-ce qui se passe dans le cerveau des partisans de Donald Trump?

Donald Trump a été classé comme un narcissique, un psychopathe,  un bigot, un fraudeur, un misogyne, un menteur, un rustre,  et un paranoïaque. Mais la seule chose, avec lui, qui laisse encore plus perplexe que sa psychologie, c’est la psychologie de ses partisans.

Que nous dit la recherche scientifique?

La question pour nous est dès lors celle-ci: qu’est-ce qui se passe dans leur cerveau qui les rend si aveuglément dévoués?

La recherche scientifique a montré que les cerveaux des conservateurs (les républicains) ont une réponse exagérée à une sensation de peur par rapport aux cerveaux des libéraux (les démocrates)*. Lorsque les conservateurs sont confrontés à un stimulus qui peut être perçu comme une menace (des bruits étonnants et des images effrayantes), ils ont une réponse physiologique plus fort par rapport à ceux des libéraux. Les chercheurs ont mesuré la conductivité de la peau qui augmente avec le stress émotionnel une fois que le taux d’humidité dans la peau augmente. Ils ont également examiné le clignement de l’œil qui augmente en amplitude à cause de la peur.

Amygdale et positionnement politique

Une étude d’imagerie cérébrale publiée dans la prestigieuse revue Current Biology** a montré que les gens qui sont plus  à droite politiquement ont tendance à avoir une plus grande amygdale, une structure dans le cerveau qui est activée lors d’un état de peur et de l’anxiété.

Une autre étude dans le même journal a montré qu’il était possible de prédire si quelqu’un était libéral ou conservateur simplement en examinant son activité cérébrale par l’imagerie fonctionnelle pendant qu’il visionne des images menaçantes ou répugnantes tels que les corps mutilés***. Dans les faits,  le cerveau des conservateurs a généré une activité plus forte en réponse à des images inquiétantes.

Donald Trump provoque la peur et la recherche de sécurité

Ces réponses cérébrales sont automatiques et ne sont pas contrôlées par la logique ou la raison. Donald Trump provoque la peur en disant constamment que les immigrants musulmans et mexicains sont des dangers imminents. Ces seuls mots activeront le cerveau des conservateurs et les amèneront à se concentrer sur la sécurité. Donald Trump sera ainsi considéré comme un protecteur, lui qui est pourtant si offensif.

La question qui demeure aujourd’hui est la suivante: est-il possible de changer l’esprit des républicains avant le 8 novembre et que faudrait-il pour cela?

*     Oxley et al., Science 321 (2008) 166. Political attitudes vary with physiological traits.

**    Kanai et al., Current Biol. 21 (2011) 677. Political orientations are correlated with brain structure in young adults.

***    Ahn et al., Current Biol. 24 (2014) 2693. Nonpolitical images evoke neural predictors of political ideology.

La pratique du hockey sur glace est très dangereuse pour le cerveau

 

Au cours des vingt dernières années, il est devenu évident que des coups répétés à la tête à fort impact font courir aux athlètes des risques de dommages permanents au cerveau. Il s’agit des sports de contact comme le football américain, le rugby, le hockey sur glace, les arts martiaux mixtes et la boxe. Une pathologie particulière a été reconnue pour les joueurs de football américain qui ont reçu des coups répétés à la tête. A l’autopsie, les médecins ont noté une accumulation de la protéine tau, une des caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Jusqu’à présent, 91 cerveaux des anciens joueurs de football aux Etats-Unis ont été analysés et 89 d’entre eux ont démontré cette pathologie particulière.

L’accumulation toxique de la protéine tau

A l’heure actuelle, nous ne savons pas ce qui se passe dans ces cerveaux endommagés. Il est possible que l’accumulation de la protéine tau est déclenchée par un traumatisme crânien. Même après l’arrêt d’un traumatisme, l’accumulation de la protéine tau continue et devient toxique pour les cellules nerveuses. Ce processus peut prendre des années et pourrait être aggravé par la consommation d’alcool ou de drogues.

Rugby, hockey, football américain

Pourquoi notre société continue-t-elle d’exposer nos jeunes à un tel risque en jouant au rugby, au hockey sur glace et autres sports qui causent des contacts à la tête? Si un adolescent qui a eu une blessure à la tête en jouant un de ces sports est examiné plusieurs mois plus tard, on peut détecter des dommages au niveau cellulaire du cerveau. Ces altérations apparaissent sans aucune commotion cérébrale ou d’autres symptômes. Si la personne continue de jouer sur plusieurs mois, ces blessures cellulaires accumulent et causent des dommages irréversibles au cerveau. Cette maladie s’appelle l’encéphalopathie traumatique chronique, ou CTE, diagnostiquée pour la première fois en 2002.

L’encéphalopathie traumatique chronique menace les enfants

En fonction de la gravité de la blessure, l’adolescent prend des risques de développer certaines manifestations de CTE comme la dépression majeure, la perte de mémoire, des pensées suicidaires, la perte de l’intelligence ainsi que la démence plus tard dans la vie. La CTE est également liée à la drogue et l’abus d’alcool une fois que la personne entre dans sa vingtième, trentième ou quarantième année.

Les nouvelles technologies sont mises au point pour détecter la protéine tau dans le cerveau vivant. De cette manière, il sera possible de suivre le dépôt de la protéine tau pendant de nombreuses années après une blessure à la tête. De même, des casques modernisés sont conçus pour détecter la force des coups à la tête. À long terme, notre société devrait assumer sa responsabilité: car il n’est pas anodin d’exposer ainsi les enfants à des dommages neurologiques à long terme causés par leurs activités sportives.

Le type d’exercice physique le meilleur pour le cerveau? Courir et marcher!

Cela fait de nombreuses années que l’on sait que l’exercice peut modifier la structure et la fonction du cerveau. Des études chez les animaux et l’homme ont montré que l’activité physique peut augmenter le volume du cerveau et aussi stimuler la neurogenèse (la création de nouvelles cellules neuronales dans le cerveau mature). Des études menées sur les animaux montrent que l’exercice est capable d’augmenter le nombre de nouvelles cellules du cerveau par 2 à 3 fois dans l’hippocampe, une zone clé pour la mémoire, l’émotion et l’apprentissage. Cette partie du cerveau est très sensible aux effets du vieillissement et des dommages neurologiques.

Ce que nous montrent les rats

Aussi bien, quel type d’exercice devrions-nous faire pour influencer la santé du cerveau à long terme? De nouvelles études menées par des chercheurs de l’Université de Jyvaskya en Finlande ont montré les effets de différents types d’exercice chez les rats1. Les chercheurs ont mis à disposition d’un groupe d’animaux des roues d’exercice dans leurs cages où ils ont ainsi pu courir à volonté. La plupart des rats faisaient plusieurs kilomètres chaque jour. D’autres animaux ont dû escalader un mur avec de petits poids attachés à leurs queues (un type de musculation). Un troisième groupe effectuait des exercices de haute intensité; il s’agissait de courir sur un tapis roulant à une vitesse rapide et vigoureuse pendant 3 minutes suivi de 2 minutes de marche lente. La totalité de cette séquence a été répétée pour un total de 15 minutes.

Les cellules varient en fonction du type d’exercice

Après avoir poursuivi ce régime pendant 7 semaines, les chercheurs ont examiné l’hippocampe de ces animaux. Etonnement, le nombre de nouvelles cellules cérébrales a varié en fonction du type d’exercice. Les meilleurs résultats se trouvaient chez les rats qui couraient régulièrement. Les plus mauvais résultats sont obtenus chez les animaux qui soulevaient des poids; leurs cerveaux ressemblaient à des contrôles qui ont mené une vie sédentaire. Les résultats intermédiaires se trouvaient chez les rats qui effectuaient des exercices de haute intensité.

De l’importance de l’exercice aérobic

Les chercheurs ont conclu que l’exercice aérobic soutenu est la clé pour créer de nouvelles cellules cérébrales chez les rats. Des études récentes aux États-Unis ont montré que les gens qui courent régulièrement augmentent la production d’une protéine musculaire appelée cathepsine B; simultanément leurs résultats sur une variété de tests de mémoire2 sont améliorés.

L’exercice physique est important non seulement pour la neurogenèse, mais il peut aussi améliorer les troubles de l’humeur. En outre, il maintient la santé des muscles qui est essentiel pour le vieillissement3. De nouvelles études montrent que l’exercice réduit le risque de développer treize différents types de cancer4. Si vous voulez améliorer votre santé, il suffit de bouger.

1. Nokia, M.S. J Physiol 594.7 (2016) 1855–1873 Physical exercise increases adult hippocampal neurogenesis in male rats provided it is aerobic and sustained.

2. Running-Induced Systemic Cathepsin B Secretion Is Associated with Memory Function. Cell Metab. 2016 Jun 21.

3. Power, G.A. J Applied Physiol. Mar 24 (2016) Motor unit number and transmission stability in octogenarian world class athletes: can age-related deficits be outrun?

4. Moore, S.C. et al. JAMA Intern Med. May 16 (2016) Association of Leisure-Time Physical Activity With Risk of 26 Types of Cancer in 1.44 Million Adults.

Pourquoi le multitasking est mauvais pour le cerveau

A notre époque des e-mails, des SMS, de Facebook de Twitter et j’en oublie, nous sommes constamment en mode multitasking: en d’autres termes, toujours à faire plusieurs choses à la fois. Notre mode de vie a changé en raison de ces technologies et en conséquence nous avons créé une nouvelle forme de dépendance.

Nous accomplissons les tâches de dizaines de personnes

Il y a trente ans, si nous devions gérer notre courrier ordinaire, des secrétaires étaient embauchées pour s’en occuper. Nous passions par des agences pour planifier nos voyages et organiser nos billets de train, d’avion et d’hôtel. Maintenant, nous faisons toutes ces opérations nous-mêmes grâce à l’Internet et aux téléphones «intelligents». Idem pour ses opérations bancaires… Bref, nous accomplissons aujourd’hui nous-mêmes les fonctions assumées auparavant par des dizaines de personnes différentes. Et dans le même temps, nous essayons de suivre nos vies, nos amis, notre famille, nos carrières, nos loisirs et nos sports.

Problème: notre cerveau n’est pas capable d’exécuter un tel multitasking. Selon Earl Miller, un chercheur au Massachusetts Institute of Technology (USA), nous ne pouvons pas faire plusieurs tâches à la fois. En réalité il s’agit de passer d’une tâche à un autre très rapidement. Même si nous pensons que nous avons accompli beaucoup de choses, le multitasking nous a rendus moins efficace.

Pourquoi le multitasking nous rend moins efficace

Explication. Le multitasking provoque une augmentation de la production de cortisol, une hormone du stress ainsi que de l’adrénaline capable de sur-stimuler le cerveau. Ces substances peuvent causer un brouillard mental et même des pensées confuses. En outre, le multitasking crée une boucle de dépendance due à la libération de la dopamine, un neurotransmetteur plus des opioïdes (produit par le cerveau) qui nous récompense; ils nous font sentir bien. Chaque petite tâche donne un sentiment de récompense qui nous fait croire que nous avons réalisé énormément de travail. En fait, nous n’avons réalisé que plusieurs petites choses au lieu d’une tâche majeure.

Le multitasking consomme beaucoup d’énergie

Selon Ross Poldrack, un chercheur à l’Université de Stanford (USA), l’apprentissage de nouvelles informations en mode multitasking envoie cette nouvelle information dans une fausse partie du cerveau (le striatum au lieu de l’hippocampe). En plus le multitasking nécessite une énorme quantité d’énergie dans le cerveau qui peut nous rendre épuisé et désorienté même après une courte période de temps. Lorsque nous nous engageons dans une tâche exécutive centrale, moins d’énergie est requise.

Multitasking et comportement agressif

Une augmentation d’hormones de stress peut conduire à un comportement agressif et impulsif. Souvent, des mauvaises décisions sont prises parce que nous sommes pressés. La facilité avec laquelle on envoie un courriel a conduit à un changement dans les mœurs et les gens ont tendance à devenir moins polis. L’imagerie du cerveau, réalisée à l’Université du Sussex (Royaume-Uni), a montré que les sujets qui faisaient très souvent du multitasking démontraient moins de densité cérébrale dans le cortex cingulaire antérieur, un endroit responsable de l’empathie et du contrôle émotionnel.

Les parades pour éviter les mauvaises habitudes

Quelle est la solution? Désactiver les notifications, créer des moments précis pour vérifier les e-mails tout au long de la journée et se concentrer sur la tâche à accomplir.

En d’autres termes, essayez de mettre fin à ce qui est devenu une très mauvaise habitude.

Quelques bonnes nouvelles sur la démence

On a prédit une augmentation globale spectaculaire du nombre de personnes atteintes de démence. Un effet souvent appelé effet de «tsunami». Cependant, des études récentes au Royaume-Uni ont montré que la démence a diminué de 20% au cours des vingt dernières années, en particulier chez les hommes. La situation des femmes est plus complexe (la maladie d’Alzheimer représente 62% de tous les cas de démence).

Quelle était la recherche?

Les chercheurs du Royaume-Uni ont évalué 7’500 personnes de plus de 65 ans entre 1989 et 1994 dans le but de savoir combien de personnes ont développé une démence au cours de cette période. Ils ont répété l’étude 20 ans plus tard (2008-2011). Selon leurs études, ils ont prédit qu’il y aurait 250’000 nouveaux cas par an. En fait, il n’y a eu que 200’000 nouveaux cas équivalent à une diminution significative de 20%. Ainsi, le nombre de nouveaux cas n’a pas augmenté aussi rapidement que ce qui avait été anticipé1.

Quelle serait la cause de cette diminution?

Jusqu’à présent, l’incertitude règne sur la cause exacte de cette diminution, mais les auteurs soulignent qu’il y a eu des améliorations spectaculaires de la santé vasculaire au cours des dernières années. La conséquence en est une diminution du nombre de personnes qui développent des maladies cardiaques et des AVC, deux facteurs de risque de démence.

De plus les hommes fument moins et vivent plus sainement. Des tendances similaires ont été signalées en Europe occidentale et dans certaines parties des Etats-Unis. La baisse de la démence peut également être liée à un meilleur accès à l’éducation et aux services de santé comparé à la génération précédente.

La situation des femmes est plus complexe : on a constaté une augmentation des cas pour celles entre 80-84 ans ; en revanche, on constate une légère baisse pour les autres groupes d’âge. La raison de cette différence entre les hommes et les femmes reste à déterminer.

Pourquoi ces résultats sont importants?

Ces résultats sont potentiellement importants, car ils suggèrent qu’il est possible de prendre des mesures préventives contre la démence. Ce que l’on appelle les changements de style de vie telles que l’arrêt du tabagisme, une alimentation saine ainsi que le fait de rester mince et en forme. Notre risque de maladie peut être réduit suivant ce que nous avons fait 10, 20 ou 30 ans auparavant. C’est pourquoi les chercheurs au Royaume-Uni ont appelé le gouvernement à faire un plus grand effort pour encourager les gens à vivre plus sainement.

Ainsi sera-t-il peut-être possible de prévenir la démence «tsunami» qui a été prédite.

1. Matthews, F.E. et al. 2016 Nature Commun. 7, 11398. A two decade dementia incidence comparison from the Cognitive Function and Ageing Studies I and II.