Selon les dernières nouvelles, Elon Musk envoie non seulement sa voiture Tesla dans l’espace avec sa nouvelle fusée SpaceX, mais il veut aussi changer le câblage du cerveau. Il pense que si l’humanité doit survivre à l’avènement de l’intelligence artificielle, il doit y avoir une amélioration de notre technologie. Il a créé une compagnie appelée Neuralink pour s’attaquer à ces problèmes. Vaste perspective…
Que peut accomplir la neurotechnologie à l’heure actuelle?
Plus de 300’000 personnes atteintes de surdité ont des implants cochléaires qui les aident à entendre en convertissant le son en signaux électriques et en les envoyant dans le cerveau. Par ailleurs, des implants cérébraux ont déjà été établis pour d’autres types de problèmes. Ainsi, environ 150’000 personnes reçoivent une stimulation cérébrale profonde via des électrodes qui sont implantées dans le cerveau pour les aider à contrôler la maladie de Parkinson.
L’avenir implique l’utilisation d’interfaces cerveau-ordinateur (BCI brain computer interface)
Une technique extraordinaire a été utilisée sur William Kochevar qui a été paralysé sous l’épaule après un accident de vélo. Aujourd’hui, il peut se nourrir de sa propre main. Cet exploit remarquable est en partie dû grâce à des électrodes, implantées dans son bras droit, qui stimulent les muscles. Mais la vraie magie réside plus haut dans le cerveau. William Kochevar peut contrôler son bras en utilisant le pouvoir de la pensée. Ces neurones peuvent stimuler d’autres neurones dans le cortex moteur, la partie du cerveau qui contrôle le mouvement moteur. Les implants dans cette partie du cerveau peuvent traiter ces commandes et activer les électrodes dans ses bras.
Ce n’est pas de la science-fiction mais de la nouvelle technologie des interfaces cerveau-ordinateur (BCI) qui démontre que les pensées peuvent prendre le contrôle d’un implant informatique dans le cerveau.
Trois obstacles majeurs avant d’aller chez le patient ou le consommateur
La technologie est un gros obstacle. Pour mettre des dispositifs dans le cerveau, il faut passer des fils à travers le crâne. Ces fils peuvent produire des réponses immunitaires et ils peuvent communiquer avec seulement quelques centaines des 85 milliards de neurones dans le cerveau. Deuxièmement, le cerveau est toujours un monde étranger. Les chercheurs en savent peu sur la façon dont cela fonctionne en particulier en ce qui concerne la formation de la mémoire. Troisièmement, il faut du temps, de l’argent et de l’expertise pour faire approuver les dispositifs médicaux. La plupart des gens ne sont pas désireux d’avoir leur crâne ouvert sauf s’il s’agit d’une maladie dégénérative comme la maladie de Parkinson. La recherche est plus avancée chez les animaux mais les expériences sur les humains sont très difficiles.
Que voulons-nous vraiment de la neurotechnologie?
Bref, ce que la plupart de chercheurs veulent aujourd’hui avec la neurotechnologie, c’est pallier à des handicaps ou des maladies particulièrement invalidantes. Nous aimerions stimuler le cortex visuel dans le cerveau pour aider les aveugles. Peut-être que des connexions neuronales peuvent être créées pour les victimes d’AVC ou pour surveiller le cerveau afin de détecter des signes de dépression. Ce genre de recherches est faite sous nos yeux, à notre porte. En Suisse romande, par exemple, dans le Wyss Center de Bio-Neuroengineering au Campus Biotech Genève. Le professeur John Donoghue, responsable de ce centre, est un véritable pionnier dans le domaine des interfaces cerveau-ordinateur.
Sa modeste opinion est que le cœur du problème en neurotechnologie est de comprendre comment le cerveau fonctionne et à l’heure actuelle, nous ne le savons tout simplement pas. On mesure ainsi le chemin qui reste à accomplir pour un Elon Musk, qui veut que la neurotechnologie rende en quelque sorte l’homme surhumain. Inutile de dire que beaucoup de ces perspectives sont loins d’être réalisées.