Le vieillissement est-il une maladie? Il est difficile de le considérer comme une maladie, car il touche tout le monde.
Et pour que les médicaments le «guérissant» soient approuvés à la vente par les organismes de réglementation, il faut qu’il soit considéré comme une maladie. Aucune entreprise ne veut travailler sur des médicaments qui ne peuvent pas être vendus. Si les régulateurs changeaient d’avis, l’intérêt serait grand. Il n’y a pas de marché plus grand que celui où tout le monde est touché par une maladie.
Deux médicaments aux effets prometteurs
Des chercheurs ont récemment découvert que deux médicaments utilisés pour différentes maladies montraient des effets anti-vieillissement. La metformine (PNAS DOI: 10.1073/pnas), utilisée pour le traitement du diabète, et la rapamycine, utilisées pour diminuer le rejet après la transplantation d’organe, ont toutes les deux amélioré la durée de vie. Est-ce qu’il existe un processus de vieillissement généralisé qui peut être modifié par des médicaments?
Des résultats très encourageants
Beaucoup de recherches ont été consacrées à l’étude des voies moléculaires impliquées dans la longévité. Les résultats sont tellement encourageants que des entreprises ont été créées pour capitaliser sur ces premières conclusions. À Stuttgart, en Allemagne, la société Insilico a étudié l’expression génétique qui change avec l’âge dans différents tissus. Il s’agit maintenant de trouver des molécules qui peuvent bloquer ces effets. Craig Ventor, connu pour son travail dans le séquençage de gène, a créé Human Longevity Inc. en 2013 à San Diego (USA). Il veut comprendre la génétique du vieillissement et prédire combien de temps les gens vont vivre. Deux autres entreprises, Celgene et AstraZeneca, veulent collaborer avec lui.
Les progrès de la médecine régénérative
La longévité tombe dans le domaine de la «médecine régénérative» dont l’objectif est d’éliminer les parties dysfonctionnelles du corps et de les remplacer par des cellules-souches. Ces derniers jouent un rôle important dans la réparation et la régénération des tissus. Ces cellules peuvent être induites à se différencier en une gamme de cellules spécialisées et utilisées pour remplacer celles qui sont usées ou épuisées. Malheureusement avec l’âge, moins de cellules-souches sont produites dans notre corps et donc nous sommes incapables de réparer nos différents organes.
Dans la maladie de Parkinson, les neurones qui produisent le neurotransmetteur dopamine meurent dans le cerveau produisant des tremblements et des troubles du mouvement. Les neurones cultivés à partir de cellules-souches humaines capables de secréter de la dopamine pourront être transplantés dans le cerveau des patients atteints de cette maladie. Au Pays de Galles, les chercheurs de la société ReNeuron prévoient d’utiliser des cellules-souches pour traiter les accidents vasculaires cérébraux.
Les effets de la transfusion de sang jeune
Une approche controversée implique la transfusion de sang des jeunes aux vieux animaux. Des chercheurs ont montré qu’une transfusion de sang de souris jeune peut améliorer la cognition et la santé générale de plusieurs organes chez des souris plus âgées (Nature Medicine, DOI: 10.11038/nm.3569). Tony Wyss-Coray de l’Université de Stanford et membre du board de la société Alkahest, avec la Stanford School of Medicine, ont transfusé du plasma sanguin des personnes de moins de 30 ans à dix-huit volontaires plus âgés atteints de la maladie d’Alzheimer légère à modérée. L’objectif ultime d’Alkahest est d’identifier les protéines clés dans le plasma qui rajeunissent le tissu humain et ensuite de produire un médicament qui peut imiter les effets de ces protéines.
Inspirée par ces résultats, la société Ambrosia à Monterey, en Californie, prévoit de facturer $8000 aux participants pour des analyses de laboratoire et un traitement ponctuel avec du plasma jeune. Les volontaires ne sont pas malades ou même âgés. De tels essais sont une préoccupation chez les chercheurs et les éthiciens.
Avoir 100 ans: bientôt normal?
À ce jour, Jeanne Calmant est la personne qui a survécu le plus longtemps: jusqu’à 122 ans. Peut-être cet âge deviendra-t-il la norme dans notre société lorsque la science démêlera certains des mystères biomédicaux du vieillissement. Mais si c’est le cas, notre société sera bien incapable de faire face à ce grand nombre de personnes âgées en bonne santé. Il y aura des incidences sur les régimes de retraite, sur l’âge durant lequel il faudra travailler, sur le type de travail disponible et sur les partenaires que nous choisissons.
Il a été prédit que les enfants nés dans le monde riche d’aujourd’hui sont susceptibles de vivre jusqu’à 100 ans. Le but de toutes les recherches sur l’anti-vieillissement et le business qui va avec est de fournir la bonne santé pendant le vieillissement et non pas simplement d’augmenter la durée de vie.