La vie académique est devenue plus facile quand Barbara est devenue Ben

La discrimination à l’égard des femmes se manifeste dans tous les aspects de notre société. Mais certaines personnes s’étonnent que ce type de discrimination se produise également dans le monde universitaire et dans les sciences. Une étude réalisée en Suède a révélé que les femmes devaient être 2,5 fois plus productives que les hommes pour être considérées comme compétentes dans leurs travaux de recherche. Ces exigences ont des effets désastreux sur les carrières scientifiques des femmes car elles ont beaucoup de mal à trouver des fonds pour la recherche. Ces préjugés sexistes influencent les possibilités pour les femmes d’obtenir des promotions ou même des financements d’enseignants dans un environnement universitaire.

Un exemple illustre concrètement ce genre de discrimination: celui de Barbara Barres devenue Ben.

Quels changements Ben a-t-il observés dans le comportement des hommes envers lui ?

Ben Barres, chercheur en neurosciences, a pu comparer la vie universitaire, en tant que femme et en tant qu’homme. Ben a commencé sa carrière universitaire en tant que femme (Barbara), puis a entrepris un changement de genre pour devenir un homme. Il a rapporté que la manière dont il était perçu par ses collègues scientifiques masculins avait totalement changé. Peu de temps après avoir changé de sexe, un membre du corps professoral de Harvard a été entendu dire : « Ben Barres a donné un excellent séminaire aujourd’hui, mais son travail est bien meilleur que celui de sa sœur». Ben et sa sœur étaient bien sûr la même personne. Il a également noté que les gens le traitaient avec plus de respect en tant qu’homme. En fait, il pourrait « compléter une phrase entière sans être interrompu par un homme ». Autre anecdote significative: Son professeur de mathématiques a accusé Barbara Barres d’avoir demandé à son petit ami de résoudre un problème difficile, car il pensait qu’une femme n’aurait pas pu le faire. 

Comment les femmes peuvent-elles réussir dans les sciences?

Ben Barres a écrit son histoire en 2006 dans la prestigieuse revue Nature . Son objectif était de révéler les différences qu’il a observé en étant à la fois un scientifique féminin et masculin. Il a plusieurs propositions pour que la situation change pour les femmes. Premièrement, le leadership féminin doit être renforcé dans les établissements universitaires et scientifiques et, deuxièmement, l’importance des modèles féminins doit être soulignée. Troisièmement, les membres féminins du corps professoral ont besoin de l’aide de leurs institutions pour trouver un équilibre entre leurs responsabilités professionnelles et familiales. Enfin, il devrait y avoir davantage de discussions sur la discrimination dans les processus de sélection pour les subventions, l’embauche et la promotion.

Ben Barres était un champion du genre

Ben Barres était un neurobiologiste très influent et défenseur des femmes dans la science. Il était un membre du corps enseignant ouvertement transgenre de la faculté de médecine de l’Université de Stanford en Californie et un pionnier dans la compréhension des cellules cérébrales. En 2017, Barres est décédé d’un cancer à l’âge de 63 ans. Ses mémoires publiés à titre posthume, The Autobiography of a transgender scientist, documente son remarquable récit de vie. Elles ont reçu un accueil critique enthousiaste, comme en témoigne un article de Nature paru récemment. C’est que Ben Barres est devenu un héros pour les personnes appartenant aux minorités sexuelles et de genre (personnes LGBT)

Une percée suisse dans le traitement des lésions de la moelle épinière

La percée réalisée par une équipe de neuroscientifiques et de cliniciens suisses romands (Professeurs Courtine et Bloch) est le dernier exploit en date pour comprendre et traiter les lésions de la moelle épinière qui obligent les patients à rester en fauteuil roulant toute leur vie. Grâce à une combinaison de technologies de pointe fournissant une stimulation électrique directement à la moelle épinière et à une thérapie physique intensive, les personnes atteintes de lésions de la moelle épinière commencent à marcher.

Qu’est-ce qui diffère des études précédentes ?

Deux études récentes ont restauré le mouvement chez des patients paralysés ou partiellement paralysés en appliquant une stimulation électrique en continu à la moelle épinière.

Le nouveau rapport de la prestigieuse revue Nature est la première démonstration de la stimulation discontinue : un implant envoie des rafales de stimulation ciblée à la moelle épinière qui, à son tour, stimule les muscles destinés à se déplacer. En effet, la stimulation peut imiter grossièrement le mécanisme de signalisation dans le corps.

Le traitement est encore expérimental et son efficacité pour les autres malades atteints de paralysie complète ou partielle reste à déterminer. Les trois patients de l’étude suisse ont ressenti une sensation dans les jambes avant le début de l’essai. Ils ont suivi des mois d’entraînement intensif pour franchir leurs premiers pas difficiles. Ils comptent toujours sur des fauteuils roulants ; deux peuvent sortir à l’extérieur en utilisant un déambulateur.

La stimulation électrique est-elle suffisante?

Dans toutes ces études récentes, la réhabilitation complète et prolongée était essentielle au succès. Les participants ont suivi 100 à 278 séances combinant stimulation et rééducation sur une période de 5 à 21 mois. Ainsi, la stimulation électrique seule n’était pas la « solution miracle ».

Comment les études ont-elles commencé ?

Les auteurs du nouveau rapport avaient précédemment démontré que les rats qui avaient perdu l’usage de leurs pattes postérieures pouvaient être entraînés à fonctionner à nouveau lorsqu’un courant continu était appliqué à leurs muscles par le biais de la moelle épinière.

Cependant, chez l’homme, une stimulation continue semble envoyer un signal mixte aux muscles, en activant les uns et en déroutant les autres. Pour cette raison, les rafales de stimulation électrique semblaient avoir plus de succès chez ces trois patients présentant des lésions moins graves de la moelle épinière.

Quel est le mécanisme?

L’une des découvertes passionnantes a été que chacun des trois patients a appris à déplacer des muscles auparavant mous sans l’aide de l’implant. Peut-être la stimulation électrique a fait repousser les nerfs épargnés par la blessure.

Quel est l’avenir?

Plus de participants doivent être testés et de nouvelles techniques de stimulation seront peut-être nécessaires pour différents types de blessures. Quoi qu’il en soit, le groupe du professeur Courtine à l’EPFL renforce l’avenir radieux du traitement des lésions de la moelle épinière.

La pollution de l’air peut endommager votre cerveau

Nous entendons continuellement que la pollution atmosphérique a des effets néfastes sur notre cœur, nos poumons et notre espérance de vie, mais on a peu étudié ses effets délétères sur notre cerveau. Une publication récente dans une revue internationalement reconnue démontre que la pollution atmosphérique peut effectivement endommager votre cerveau.

Où cette étude a-t-elle été réalisée ?

La capitale de la Chine, Pékin, est connue comme l’un des plus hauts niveaux de pollution atmosphérique au monde. Lorsque le Dr X. Zhang est retourné à l’Université de Pékin après avoir travaillé aux États-Unis pendant plusieurs années, il a remarqué qu’il avait du mal à se concentrer lorsque l’air était particulièrement pollué.

Le Dr. Zhang et ses collaborateurs ont examiné les résultats des tests effectués par le « China Family Panel Studies », une enquête menée par l’Université de Pékin. En 2010 et 2014, le même groupe de 20 000 personnes a été testé en mathématiques et a subi un test verbal de reconnaissance des mots. Ils avaient des informations précises sur la date et la ville de chaque test et ils ont comparé les résultats des tests avec le niveau de pollution atmosphérique dans chaque ville.

Qui était le plus touché ?

Les chercheurs ont montré que l’exposition chronique à la pollution abaissait les scores aux tests verbaux : plus la pollution était élevée, plus les scores étaient bas. Les effets étaient les plus prononcés chez les hommes plus âgés qui n’avaient aucune éducation après l’école primaire. Pour les hommes ayant fréquenté le lycée, les effets étaient moins importants. Pour des raisons inconnues, les tests de compétences mathématiques n’ont pas été affectés.

Pourquoi les femmes étaient-elles moins touchées ?

On ne sait pas pourquoi les hommes ont été plus touchés que les femmes. Le Dr Zhang pense que les dommages causés par les polluants s’accumulent dans la substance blanche du cerveau et que les hommes ont moins de matière blanche que les femmes. En outre, les hommes ayant un faible niveau d’éducation travaillent à l’extérieur et sont donc plus exposés à la pollution atmosphérique.

Implications mondiales

La majorité de la population des pays en développement vit dans des endroits où l’air est insalubre. L’Organisation mondiale de la santé a publié un rapport indiquant que 9 personnes sur 10 dans le monde respirent un air de mauvaise qualité. L’air pollué peut entraver la capacité cognitive à mesure que les personnes vieillissent, en particulier chez les hommes peu instruits. Le fonctionnement cognitif est essentiel pour les personnes âgées, tant pour faire des courses quotidiennes que pour prendre des décisions financières. Ainsi, les dommages causés au cerveau vieillissant par la pollution atmosphérique entraînent des coûts sanitaires et économiques considérables dans le monde entier.

Augmentez votre productivité: portez des lunettes!

Aujourd’hui, il semble que chaque opportunité d’emploi nécessite l’intelligence artificielle pour augmenter la productivité. C’est le nouveau standard de référence pour l’innovation technologique. Cependant, les technologies plus anciennes telles que les lunettes, inventées en 1268, ont encore la possibilité d’améliorer la productivité d’un milliard de personnes sur la planète.

Nouvelle recherche sur l’importance des lunettes pour la productivité

Une étude récente publiée dans la prestigieuse revue The Lancet Global Health a montré que les lunettes pour les travailleurs du thé en Inde augmentent leur productivité. En fait, la diminution de la vision de près (presbytie) liée à l’âge est la cause la plus fréquente de déficience visuelle au monde. C’est la première étude contrôlée et randomisée à évaluer les effets des lunettes sur des performances au travail.

Pourquoi les travailleurs du thé ont-ils besoin d’une bonne vision?

Les experts disent que la cueillette de thé de qualité est une procédure nécessitant des compétences élevées. Cela demande une bonne coordination des mains et des yeux, de la dextérité, de la précision, de la concentration et de la vitesse. De plus, la productivité se traduit directement en argent. Plus vous cueillez, plus vous gagnez.

Dans cette étude de 11 semaines, les 751 participants étaient principalement des femmes âgées de 40 ans et plus dans trois plantations de thé en Inde. Avec les lunettes, le poids quotidien des feuilles de thé récolté est passé de 25 kg à 35 kg. Tous les participants ont convenu qu’il est important de maximiser ses revenus en cueillant le plus de feuilles de thé possible.

Qui a réalisé l’étude?

Un professeur d’ophtalmologie à l’Université Queen’s de Belfast et P.A. Reddy de l’Institut d’ophtalmologie de Pondichéry, en Inde, s’est associé pour créer l’étude et ils ont été financés par une association caritative Clearly. Ils ont constaté que l’augmentation de la productivité des travailleurs portant des lunettes était la plus importante jamais obtenue par une intervention médicale dans un tel essai clinique.

Comment aller de l’avant?

Compte tenu des gains de revenus potentiels, du faible coût et de la simplicité des lunettes, il semble étrange que ce groupe de travailleurs du thé n’ait jamais été étudié. Un milliard de personnes, principalement dans les pays pauvres, souffrent de myopie non corrigée. Dans certains pays, seuls les opérateurs agréés peuvent vendre des lunettes. Une vision réduite s’installe sur les gens et les victimes s’y habituent. Il semble que les travailleurs pensaient que à l’âge de 50 ans, on ne pourrait pas cueillir comme avant. Cependant, dans cet essai, la productivité des travailleurs âgés portant des lunettes était aussi bonne que celle des jeunes cueilleurs.

Comment pouvez-vous les aider?

Ne jette jamais vos vieilles lunettes. Ramenez-les au magasin où vous les avez achetés. Ils sont obligés de les donner à une organisation philanthropique qui les enverra dans un pays plus pauvre où les besoins en lunettes sont énormes. Vous aidez peut-être une couturière, un tailleur ou un travailleur du thé en Inde, au Bangladesh, en Afrique ou au Sri Lanka à améliorer leur vie.

Cueillette du thé (photo Gabor Kato)

Comment l’intelligence artificielle (IA) peut aider en cas d’accident vasculaire cérébral

Si vous souffrez d’un accident vasculaire cérébral causé par le blocage d’une grosse artère dans le cerveau, la rapidité du diagnostic est la partie la plus importante du traitement. Il est connu que nous perdons deux millions de cellules cérébrales chaque minute que le caillot est là. Cependant, les thérapies qui peuvent contrôler le résultat sont rarement utilisées parce qu’au moment où un accident vasculaire cérébral est diagnostiqué et qu’une équipe chirurgicale est réunie, une trop grande partie du cerveau d’un patient est morte.

L’intelligence artificielle peut aider

Une nouvelle société appelée « Viz.ai » a été créée pour utiliser l’apprentissage automatique, une forme d’intelligence artificielle, pour distinguer les patients qui ont besoin d’une attention urgente de ceux qui peuvent attendre en toute sécurité, en analysant les scans de leur cerveau.

Que peut-elle faire?

La nouvelle société, Viz, a créé des programmes informatiques pour la détection, à partir des scans du cerveau, des accidents vasculaires cérébraux causés par un blocage d’un gros vaisseau. La technologie a été introduite dans les hôpitaux des États-Unis et ce dans une partie du pays où l’incidence des accidents vasculaires cérébraux est exceptionnellement élevée. En fait, l’Erlanger Health System au Tennessee a déjà activé son système « Viz.ai ». La nouvelle technologie devrait améliorer les résultats en alertant sur les cas urgents, en modifiant la composition des spécialistes sur place et en leur envoyant les scans directement.

Quels autres domaines de médecine utilisent l’intelligence artificielle pour le diagnostic?

Des programmes informatiques conçus pour l’intelligence artificielle sont utilisés pour classer les lésions cutanées pour le cancer de la peau le plus courant, le carcinome kératinocytaire, ainsi que le type le plus mortel, le mélanome malin. Il a été rapporté qu’en ce qui  le système de détection de cancer de la peau, l’IA peut faire mieux que la plupart des dermatologues. Des progrès sont réalisés dans la détection du cancer du sein et de la prostate, dans le diagnostic de maladies oculaires telles que le glaucome, la rétinopathie diabétique et la dégénérescence maculaire liée à l’âge, ainsi que dans la détection des cardiopathies et des arythmies cardiaques.

 L’IA ne rendra jamais les humains redondants

Si l’IA est un savant électronique qui peut exceller dans une tâche particulière, il est cependant déconcerté lorsqu’on sort de son domaine d’activité spécifique. En tant que tel, il peut être en mesure de remplacer les humains dans une tâche spécifique, mais il est incapable de les remplacer complètement. L’application de l’IA, en ce sens, restera «étroite» et non générale.

En revanche, l’IA éliminera une grande partie de la corvée et de l’erreur du diagnostic et laissera plus de temps aux humains pour se concentrer sur d’autres parties du travail qui sont plus gratifiantes. L’IA en médecine veillera à ce que les patients qui font l’objet d’un dépistage du cancer ou qui sont retirés du lieu d’un accident de voiture soient traités à temps pour être sauvés.

Voici pourquoi le shopping fait tant plaisir au cerveau

L’un des plaisirs les plus simples de la vie est de faire du shopping. Si vous avez un petit coup de blues, achetez donc un nouveau rouge à lèvres, une chemise, une robe ou des chaussures. Dans la plupart des cas, cet achat procure une gratification instantanée. Si c’est aux femmes qu’on associe le plus souvent ce sport qu’est le shopping, les hommes ne sont pas en reste : ils éprouvent le même plaisir lorsqu’ils achètent des outils, de l’électronique, de l’équipement de plein air et surtout… des voitures. En fait, les hommes dépensent probablement plus d’argent pour leurs achats que les femmes. Ce qui n’empêche pas qu’ils soient considérés comme plus pragmatiques que les femmes lorsqu’ils se livrent, comme elles pourtant, à leur shopping.

Que se passe-t-il dans le cerveau?

Le principal neurotransmetteur qui produit ces plaisirs est la dopamine. Lorsque vous achetez quelque chose de nouveau, il y a une libération de dopamine appelée « shoppers high ». Ce même neurotransmetteur est, par exemple, libéré en buvant de l’alcool, en jouant dans les casinos ou en fumant.

Une importante étude a été publiée en 2007 décrivant les résultats de l’analyse cérébrale des individus qui avaient le choix d’une certaine variété d’articles à acheter. Tous les participants ont montré une augmentation du « centre de plaisir » du cerveau, c’est-à-dire le noyau accumbens. Mais lorsque les volontaires ont eu connaissance des prix des articles, leur cortex préfrontal associé à la prise de décision s’est également allumé, tout comme l’insula, une zone impliquée dans le traitement de la douleur. Les personnes qui ne voulaient pas acheter un article avaient plus d’activité dans l’insula par rapport aux participants qui voulaient acheter le produit. On peut en déduire que les personnes qui n’éprouvent pas les «shoppers high» ont probablement beaucoup de mal à abandonner leur argent et renoncent ainsi à l’achat d’un article.

Est-ce que les achats en ligne vous donnent la même libération de dopamine?

Selon un neuroscientifique bien connu, Robert Sapolsky, la dopamine est libérée en prévision d’une récompense (c’est-à-dire l’article acheté). Par conséquent, lorsque vous commandez un produit en ligne, vous devez attendre, mais l’anticipation de la réception de votre produit provoque une augmentation de la libération de dopamine. En d’autres termes, les achats en ligne peuvent être tout aussi excitants et même plus excitants que les achats effectués immédiatement dans un magasin.

Le shopping peut-il devenir addictif?

Un neuropsychologue, Robert Bilder, croit que les achats excessifs ne sont pas simplement une contrainte mais une véritable dépendance. En 2015, Bilder a publié une enquête auprès de 23 537 adultes qui répondaient aux critères de la dépendance au shopping. Ces personnes étaient plus susceptibles d’avoir des symptômes de dépression ou d’anxiété qui étaient peut-être responsables de leur incapacité à arrêter d’aller faire des achats.

Donner votre argent fournit plus de bonheur

Si le shopping vous fait vous sentir bien, continuez tout simplement. Mais la science dit qu’il y a une autre façon de vous rendre plus heureux. Simplement en donnant votre argent aux autres.

Le cerveau des contrôleurs aériens et ce qu’il nous apprend pour notre vie quotidienne

Lorsque vous êtes un passager dans un avion, décollant d’un aéroport très occupé, vous êtes-vous demandé qui contrôle la vaste entrée des avions qui arrivent et ceux qui partent? Vous espérez que l’homme ou la femme dans la tour de contrôle se sentira en alerte pour gérer ces énormes machines volant dans toutes les directions.

En fait, le travail d’un contrôleur aérien est dans le top cinq des plus stressants au monde. Ceux qui font ce métier sont chargés de mémoriser et de se souvenir de grandes quantités d’informations, de maintenir une concentration constante et de gérer plusieurs tâches à la fois. Le travail est si épuisant physiquement et mentalement que les contrôleurs se reposent toutes les heures pour rester bien éveillés. Ce sont des professionnels hautement qualifiés qui travaillent sans relâche car il n’y a pas place pour l’erreur.

Quelle est la particularité du cerveau d’un contrôleur aérien?

Ces personnes doivent avoir une bonne vision, un esprit vif et la capacité de penser rapidement et clairement sous pression. Malgré les problèmes causés par le travail d’équipes, ils doivent simultanément effectuer des tâches complexes et multiples, par exemple contrôler la navigation de plusieurs avions en même temps et coordonner leur montée et leur descente. La grande attention requise par ces professionnels peut être affectés par le stress et la fatigue. Ainsi, ils sont l’un des cobayes préférés des neuroscientifiques qui veulent étudier le stress.

Les contrôleurs ont une partie du cerveau très fonctionnelle appelée le lobe frontal. Cette région contrôle la fonction motrice, la résolution de problèmes, la spontanéité, la mémoire, le langage, l’initiation, le jugement, le contrôle des impulsions et le comportement social et sexuel. Ces processus sont appelés la « fonction exécutive du cerveau ». Ils nous permettent de planifier, de focaliser l’attention, de se rappeler des instructions et de jongler avec plusieurs tâches en même temps.

L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer les contrôleurs de la circulation aérienne ?

Bien que les contrôleurs aériens comptent sur le radar et d’autres technologies pour faire leur travail, leurs emplois ne risquent pas d’être remplacés par la technologie ou les intelligences artificielles. Avec autant de vies en jeu, le contrôle exigera toujours que les humains s’assurent que les systèmes automatisés peuvent fonctionner correctement et que la technologie fonctionne parfaitement. Par ailleurs, les voitures sans conducteur ont créé plus de doutes sur l’intelligence artificielle dans ces véhicules en raison de la mort récente d’un piéton en Arizona.

Comment maintenir les compétences des contrôleurs ?

Les compétences au niveau de la fonction exécutive se manifestent tôt dans la vie et continuent à se développer pendant l’adolescence et jusqu’à la mi-vingtaine. Les adultes peuvent maintenir cette fonction exécutive tout au long de leur vie, mais avec le vieillissement, les personnes âgées se plaignent de défaillances de mémoire et de déclin cognitif général.

Trois leçons pour notre vie quotidienne

Jusqu’à présent, aucun dispositif implantable ou d’intelligence artificielle a pu empêcher ce déclin. Cependant, il y a trois principes de base pour maintenir jeune un cerveau qui fonctionne : l’exercice (physique et mental), l’interaction sociale et une alimentation saine. Prenez soin de votre cerveau et restez jeune !

Elon Musk veut câbler notre cerveau. Mais que peut réellement la neurotechnologie?

Selon les dernières nouvelles, Elon Musk envoie non seulement sa voiture Tesla dans l’espace avec sa nouvelle fusée SpaceX, mais il veut aussi changer le câblage du cerveau. Il pense que si l’humanité doit survivre à l’avènement de l’intelligence artificielle, il doit y avoir une amélioration de notre technologie. Il a créé une compagnie appelée Neuralink pour s’attaquer à ces problèmes. Vaste perspective…

Que peut accomplir la neurotechnologie à l’heure actuelle?

Plus de 300’000 personnes atteintes de surdité ont des implants cochléaires qui les aident à entendre en convertissant le son en signaux électriques et en les envoyant dans le cerveau. Par ailleurs, des implants cérébraux ont déjà été établis pour d’autres types de problèmes. Ainsi, environ 150’000 personnes reçoivent une stimulation cérébrale profonde via des électrodes qui sont implantées dans le cerveau pour les aider à contrôler la maladie de Parkinson.

L’avenir implique l’utilisation d’interfaces cerveau-ordinateur (BCI brain computer interface)

Une technique extraordinaire a été utilisée sur William Kochevar qui a été paralysé sous l’épaule après un accident de vélo. Aujourd’hui, il peut se nourrir de sa propre main. Cet exploit remarquable est en partie dû grâce à des électrodes, implantées dans son bras droit, qui stimulent les muscles. Mais la vraie magie réside plus haut dans le cerveau. William Kochevar peut contrôler son bras en utilisant le pouvoir de la pensée. Ces neurones peuvent stimuler d’autres neurones dans le cortex moteur, la partie du cerveau qui contrôle le mouvement moteur. Les implants dans cette partie du cerveau peuvent traiter ces commandes et activer les électrodes dans ses bras.

Ce n’est pas de la science-fiction mais de la nouvelle technologie des interfaces cerveau-ordinateur (BCI) qui démontre que les pensées peuvent prendre le contrôle d’un implant informatique dans le cerveau.

Trois obstacles majeurs avant d’aller chez le patient ou le consommateur

La technologie est un gros obstacle. Pour mettre des dispositifs dans le cerveau, il faut passer des fils à travers le crâne. Ces fils peuvent produire des réponses immunitaires et ils peuvent communiquer avec seulement quelques centaines des 85 milliards de neurones dans le cerveau. Deuxièmement, le cerveau est toujours un monde étranger. Les chercheurs en savent peu sur la façon dont cela fonctionne en particulier en ce qui concerne la formation de la mémoire. Troisièmement, il faut du temps, de l’argent et de l’expertise pour faire approuver les dispositifs médicaux. La plupart des gens ne sont pas désireux d’avoir leur crâne ouvert sauf s’il s’agit d’une maladie dégénérative comme la maladie de Parkinson. La recherche est plus avancée chez les animaux mais les expériences sur les humains sont très difficiles.

Que voulons-nous vraiment de la neurotechnologie?

Bref, ce que la plupart de chercheurs veulent aujourd’hui avec la neurotechnologie, c’est pallier à des handicaps ou des maladies particulièrement invalidantes. Nous aimerions stimuler le cortex visuel dans le cerveau pour aider les aveugles. Peut-être que des connexions neuronales peuvent être créées pour les victimes d’AVC ou pour surveiller le cerveau afin de détecter des signes de dépression. Ce genre de recherches est faite sous nos yeux, à notre porte. En Suisse romande, par exemple, dans le Wyss Center de Bio-Neuroengineering au Campus Biotech  Genève. Le professeur John Donoghue, responsable de ce centre, est un véritable pionnier dans le domaine des interfaces cerveau-ordinateur.

Sa modeste opinion est que le cœur du problème en neurotechnologie est de comprendre comment le cerveau fonctionne et à l’heure actuelle, nous ne le savons tout simplement pas. On mesure ainsi le chemin qui reste à accomplir pour un  Elon Musk, qui veut que la neurotechnologie rende en quelque sorte l’homme surhumain. Inutile de dire que beaucoup de ces perspectives sont loins d’être réalisées.

Pour être heureux, il faut donner

Pourquoi nous sentons-nous plus heureux quand nous faisons un don à un organisme de bienfaisance ou lorsque nous achetons un cadeau pour quelqu’un d’autre? Grâce aux techniques d’imagerie cérébrale, les chercheurs ont pu localiser l’activité cérébrale des participants lorsqu’ils ont fait un don à une bonne cause.

Ce qu’ils ont observé, c’est que la région du cerveau qui est devenue la plus active était le mésencéphale (le noyau caudé et le noyau accumbens), une région du cerveau responsable de nos envies, de nos récompenses et de notre plaisir. Voici donc localisé le mécanisme physiologique derrière ce sentiment de bonheur qui nous envahit quand nous donnons. Et c’est même pourquoi nous choisissons de dépenser de l’argent pour les autres ou pour un organisme de charité plutôt que pour nous-même.

 Mais est-ce que ce don vous rend plus heureux?

Le don rendrait-il plus heureux pour autant? Selon une étude de chercheurs, c’est le cas! Les personnes qui consacrent une plus grande part de leur revenu à des dépenses «sociales» (dons pour des tiers et dons à des œuvres de bienfaisance) sont nettement plus heureuses que celles qui dépensent leur l’argent pour elles-mêmes. Le geste de «donner» nous procure donc du plaisir (l’imagerie cérébrale nous le démontre) et nous rend plus heureux. Notons également – observation bien intéressante –  que le comportement altruiste augmente avec l’âge.

 Donnons-nous simplement pour nous sentir bien?

Certains économistes estiment cependant que l’acte de donner n’est pas entièrement désintéressé car le donateur fait le don afin de se sentir bien. Bien sûr, certaines personnes donnent aux organismes de charité pour de nombreuses raisons qui ne sont pas altruistes. A commencer par le fait de se vanter de sa générosité envers les autres. Mais les études combinant la psychologie, l’économie comportementale et les neurosciences, y compris les techniques d’imagerie cérébrale, ont démontré que certaines personnes ont de véritables motivations altruistes par opposition à celles qui se contentent simplement de se montrer.

 Donner de l’argent et nous sentir plus riche

Des recherches effectuées à l’Université de Yale et à la Harvard Business School montrent que le fait de donner de l’argent ou de le dépenser pour autrui confère un avantage psychologique au donateur qui a un sens accru de la richesse. En d’autres termes, si nous voulons nous sentir plus riche, donnons une partie de notre argent aux autres.

 Donner de son temps peut améliorer notre santé générale

Il y a de plus en plus de preuves que les bénévoles qui travaillent dans une école, distribuent des repas pour les pauvres ou qui œuvrent dans un centre pour les aînés, éprouvent une récompense émotive à donner de leur temps. Par ailleurs, le bénévolat est associé à de meilleurs résultats en matière de santé physique et mentale. Ainsi, les bénévoles sont plus susceptibles d’utiliser des services de santé préventive (par exemple pour se faire vacciner contre la grippe). Ils voient également leur bien-être psychologique augmenter. De plus, ils sont moins déprimés.

Il semble que le bénévolat nourrit le sens de la vie du bénévole. Or, les cliniciens ont constaté que les personnes ayant un sens élevé de leur vie ont un risque moindre de subir des incidents cardiovasculaire (comme une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral) par rapport aux personnes dont la vie manque de but et de sens.

La saison du don

Comme nous approchons maintenant de la saison des dons, peut-être devrions-nous réfléchir à comment donner pour maximiser notre plaisir, notre bonheur et notre santé. Ce n’est pas la quantité qui compte, mais c’est le geste de donner à quelqu’un d’autre !

Pourquoi l’intelligence artificielle ne remplacera pas le cerveau humain

Avez-vous remarqué que presque tout ce qu’on lit ces jours-ci mentionne le terme d’intelligence artificielle (IA)? L’intelligence artificielle gère nos smartphones; elle est impliquée dans les voitures sans conducteur; dans la reconnaissance du langage, dans celle du visage… et bien d’autres choses encore ! Et cependant nous avons beaucoup de mal à comprendre de quoi il s’agit. Pourtant il ne s’agit pas de physique nucléaire, mais tout simplement d’informatique!

Dans l’intelligence artificielle tout est calculé au préalable

De fait, l’intelligence artificielle est un programme d’ordinateur ou un logiciel (composé de formules mathématiques appelées algorithmes) qui est doté d’un mécanisme pour «apprendre» (souvent appelé «machine learning»). Les ingénieurs en informatique construisent les programmes de telle sorte que leurs codes puissent lire des images, du texte, de la vidéo ou de l’audio. Ces codes sont ensuite introduits dans l’ordinateur afin que la machine apprenne comment effectuer ces tâches. Par la suite, d’énormes quantités d’informations (les fameux «big data») peuvent être introduites dans l’ordinateur, par exemple des milliers de photos de visages, et l’ordinateur «apprend» à reconnaître un visage particulier.

La machine est donc maintenant équipée pour faire quelque chose plus rapidement et plus précisément qu’un humain. Par exemple, après une attaque terroriste, l’ordinateur peut passer en revue rapidement des milliers d’heures de vidéosurveillance et trouver un visage particulier parmi d’innombrables autres.

Intelligence artificielle et réseaux neuronaux

Allons plus loin : pour que l’ordinateur effectue une tâche spéciale, les ingénieurs informaticiens peuvent créer une manière de «réseau neuronal». Mais attention, ce réseau n’a rien à voir avec un réseau neuronal humain tel que nous en avons dans notre cerveau. C’est que le réseau neuronal de l’intelligence artificielle implique toujours la conception préalable d’un programme informatique (un algorithme) qui reliera une information à l’autre.

Et pour effectuer des tâches plus complexes en intelligence artificielle, les ingénieurs ont la possibilité de superposer plusieurs de ces couches de «réseaux neuronaux». Par exemple, Ces réseaux neuronaux peuvent être formés pour reconnaître un visage en s’entraînant d’abord sur d’innombrables images. Une fois que l’ordinateur a appris à reconnaître un visage (par opposition à une main), le réseau utilise cette connaissance pour identifier les visages qu’il a déjà vus, même si l’image de la personne est légèrement différente de celle sur laquelle il a été entraîné. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage en profondeur, en anglais le «deep learning». Mais il repose toujours, répétons-le, sur des algorithmes préalables.

Il n’y a pas de limite à ce que l’intelligence artificielle peut faire tant qu’elle a suffisamment de données et qu’elle dispose d’une puissance de calcul énorme. Nous savons que les robots ont remplacé de nombreux emplois dans l’industrie manufacturière, mais ils peuvent aussi faire des travaux dangereux, comme retirer des mines terrestres ou nettoyer des sites contaminés après une catastrophe nucléaire, comme au Japon.

L’intelligence artificielle ne remplacera pas le cerveau humain

L’intelligence artificielle peut devenir conseiller financier; aider les médecins à diagnostiquer les maladies; aider les enseignants dans leurs salles de classe; soutenir les courtiers en valeurs mobilières, les conseillers d’affaires; et même les créateurs de mode. A l’avenir, l’intelligence artificielle aidera à améliorer la mobilité des personnes âgées et cela même au moyen de prothèses neurales implantables. Enfin, contrairement à la croyance populaire, l’intelligence artificielle donnera lieu à de nouvelles formes de travail.

Reste la grande question : L’intelligence artificielle remplacera-t-elle le cerveau ? Impossible! Le cerveau humain est le supercalculateur le plus puissant sur terre. Pour ce faire, il consomme l’énergie équivalente à une ampoule, comparé aux superordinateurs utilisés dans la technologie de l’intelligence artificielle qui nécessitent, eux, d’énormes quantités d’énergie.

Ce qui fait que le cerveau est unique

Résumons: le cerveau a plus de 100 trillions de neurones ou de cellules électriquement conductrices qui nous donnent l’incroyable puissance de calcul que seul le cerveau humain possède. Il est important de se rappeler que nous ne savons même pas comment fonctionne le cerveau. Avant de pouvoir l’imiter, il faudra des décennies de recherche en neurosciences pour avoir une idée vague de son fonctionnement. En ce sens, on peut se rassurer : l’intelligence artificielle ne dépassera pas l’intelligence humaine dans un proche avenir.