J’ai peut-être (enfin) trouvé une solution pour faire diminuer les coûts de la santé : contester les factures de votre médecin et de votre hôpital.
Les factures que l’on vous demande de payer sont-elles correctes ? Avez-vous la possibilité de les vérifier ? Si vous détectez une erreur, pouvez-vous la faire corriger ?
Un patient, trois histoires
Un de mes patients m’a raconté la mésaventure vécue avec son dermatologue. Comptable de profession, il a l’habitude de vérifier les factures qu’il reçoit. Ayant constaté qu’une prestation non effectuée avait été facturée, il a demandé des explications à son dermatologue. Réponse du spécialiste ? « Venez chercher votre dossier, je ne vous recevrai plus à ma consultation ».
Fort de cette expérience, il m’a demandé de vérifier les honoraires de deux autres médecins consultés plus tôt dans l’année. Les factures qu’il avait reçues étaient toutes deux trop élevées.
La première facture concernait un examen de dépistage. Comme mon patient n’avait aucune plainte à signaler, la discussion qui avait précédé l’examen avait duré moins de cinq minutes. Sur la facture reçue, les vingt minutes facturées représentent une surfacturation d’environ 50 francs. Si cette erreur est répétée six ou huit fois par jour, cela représente en fin de journée 300 à 400 francs. Je vous laisse faire le calcul du montant facturé en trop en fin d’année.
Pour ce qui est de la deuxième facture, il ne s’agit pas de temps comptabilisé en trop mais de prestations facturées qui n’ont pas été effectuées. Sur les 334.85 francs de sa facture, 109.75 représentent un geste jamais effectué, une surfacturation excessive de 33 %.
Pourquoi ?
Il n’est pas exclu qu’une petite minorité de médecins, jugeant qu’ils ne sont pas assez payés, surfacturent volontairement. Mon sentiment, et mon espoir, est cependant que la grande majorité de ceux qui facturent trop ne le font pas de façon volontaire.
Mon hypothèse est la suivante : leurs factures sont excessives car les médecins ne facturent pas eux-mêmes. Leurs assistantes médicales facturent à leur place, les factures ne contiennent donc pas le temps réellement consacré au patient ni les prestations effectuées. A la demande des médecins, les assistantes enregistrent des « paquets » de prestations, prédéfinis à l’avance, qui correspondent à des consultations types, sans tenir compte du travail réellement réalisé. J’ai l’impression que ce mécanisme explique les deux factures excessives de mon patient – comptable.
Comment contrôler une facture ?
On trouve sur le blog « Madame santé » de Santésuisse l’article Facture du médecin : un vrai casse-tête – Le Tarmed démystifié. On nous y présente les différents éléments qui constituent une facture mais cela ne rend toujours pas les factures lisibles.
L’organisation suisse des patients liste dans son guide la boussole du patient les questions à se poser : les dates et le nombre de consultations sont-ils corrects ? Les médicaments et/ou le matériel facturés ont-ils bien été donnés ou utilisés ? Les prestations facturées ont elles bien été fournies ? Les temps facturés sont-ils justes ? Ces conseils sont pertinents mais vous verrez lors de la lecture de votre prochaine facture que l’analyse des honoraires de votre médecin reste un exercice difficile, décourageant. Les factures hospitalières étant certainement encore plus opaques que les honoraires des professionnels de la santé du secteur ambulatoire.
Mission impossible ?
Première étape, réussir à analyser sa facture. Quel pourcentage de la population vérifie les factures reçues ? Je n’en sais rien mais le chiffre ne doit pas être très élevé.
Deuxième étape, se décider à contester la facture. Pas toujours simple, surtout si vous pensez avoir encore à l’avenir besoin des soins du professionnel concerné.
Troisième étape, se faire entendre. Plusieurs de mes patients m’ont raconté avoir signalé à leur assurance des prestations facturées mais non effectuées. La réponse de l’assurance ? « On ne peut rien faire ».
Un système à réinventer
Contester une facture médicale est possible mais définitivement trop compliquée. Une situation que l’on peut regretter, si les factures étaient plus souvent contestées, les médecins et les hôpitaux feraient plus attention lors de l’élaboration de leurs honoraires. Avec, à la clé, des économies importantes pour notre système de santé.
Vos réactions et commentaires m’intéressent.