La mesure de la tension artérielle va vivre dans le monde une révolution, grâce à des sociétés suisses

Vous mesurez encore votre tension avec un tensiomètre au bras ou au poignet ? Vous pourrez bientôt le faire avec un bracelet ou, mieux encore, simplement avec votre smartphone.

9 millions de morts par an

L’hypertension artérielle est un tueur silencieux. L’Organisation Mondiale de la Santé estime que cette affection tue plus de 9 millions de personnes par an. Silencieux car un grand nombre de malades souffrent d’hypertension sans le savoir, cette affection ne provoquant souvent aucun symptôme. Même lorsqu’elle est diagnostiquée, l’hypertension n’est pas toujours bien contrôlée, avec comme conséquence de nombreux incidents cardiovasculaires, des infarctus du myocarde ou des accidents vasculaires cérébraux notamment.

Une révolution 

La mesure de la tension artérielle était par le passé réservée aux professionnels de la santé, la baisse des prix des tensiomètres a permis à de nombreux hypertendus de mesurer eux-mêmes leurs valeurs. Même si cette évolution a permis d’obtenir des mesures plus exactes et plus nombreuses, obtenir des valeurs qui représentent vraiment la tension artérielle du patient reste un défi. La mesure de la tension artérielle est en train de vivre une révolution, ou plus exactement deux, grâce à deux sociétés suisses.

Aktiia

La société suisse Aktiia a obtenu la certification européenne CE « dispositif médical de classe IIa » pour son système de surveillance en continu de la pression sanguine. Il est donc désormais possible de suivre sa tension artérielle de façon continue, de jour comme de nuit, grâce à un simple bracelet. Les données récoltées sont transmises à une application pour smartphone, le porteur peut alors les consulter ou les envoyer à son médecin.

Bien qu’Aktiia soit basée dans le canton de Neuchâtel, le dispositif est actuellement disponible en pré-commande mais uniquement en Grande-Bretagne.

Même s’il s’agit à l’évidence d’une innovation majeure, nous pouvons avoir des réserves sur trois éléments. Le premier, la taille des études: la recherche qui a comparé les mesures faites avec le dispositif d’Aktiia avec celles obtenues directement dans l’artère du patient, n’a inclue que 23 participants. Deuxième élément, les résultats obtenus par Aktiia sont précis dans de nombreuses situations, mais pas chez les plus de 65 ans. C’est ennuyeux pour une affection dont l’incidence augmente avec les années. Troisième élément, le prix. Le dispositif est vendu 199.99 livres anglaises (254 chf) avec un prix de lancement de 159.99 livres (160 chf). Il faut cependant ajouter à cette dépense un abonnement mensuel de 8.99 livres, donc environ 11 francs suisses à payer chaque mois.

Biospectal

Une autre société suisse travaille sur une solution plus simple encore, mesurer la tension artérielle en posant son doigt sur la caméra de votre smartphone, sans qu’un dispositif supplémentaire ne soit nécessaire. Biospectal a publié dans la revue Scientific reports by Nature une étude qui montre la précision de sa solution en comparaison aux mesures de tensions prises de façon traditionnelle, répondant ainsi aux exigences de la Food and Drug Administration, l’organisme américain de certification.

Soutenu par une grande organisation non gouvernementale mais aussi par le Fondation Bill & Melinda Gates, Biospectal poursuit actuellement ses recherches pour s’assurer de la précision de ses mesures dans différentes populations (femmes enceintes, différentes couleurs de peau, conditions extrêmes de certains pays tropicaux, etc.). Espérons que ces études viennent confirmer la précision de cette solution.

Biospectal, présent au dernier CES de Las Vegas, a présenté lors de cet évènement la version béta de son application. Une simple inscription sur le site de Biospectal permet de la tester, actuellement uniquement pour les smartphones sous Android.

Le soutien des ONG est naturellement lié à la philosophie de Biospectal, proposer une solution simple, ne nécessitant qu’un smartphone, un appareil beaucoup plus répandu que les tensiomètres, en particulier dans les pays à faibles revenus. La version finale, également disponible sous iOs, est attendu pour cette année encore.

Oui, une révolution.

 

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Dr Jean Gabriel Jeannot

Médecin, spécialiste en médecine interne, avec un intérêt particulier pour l’utilisation des technologies de l’information et de la communication en médecine.

5 réponses à “La mesure de la tension artérielle va vivre dans le monde une révolution, grâce à des sociétés suisses

  1. Docteur Jeannot,

    Smartphone et données personnelles sensibles divulguées, par facilité, ignorance on ne sait où.

    Divulguée en tous les cas auprès d’une société qui stocke à l’étranger ces données sensibles, puisqu’un cloud européen, c’est à l’étranger. Beaucoup ne s’en rendront pas compte. Un cloud européen peut-être en main d’une société américaine et donc soumis aux obligations de renseignements US. Et de toutes les façon ces données finiront par être en main d’un hacker.

    Sans relever que les protocoles de transmissions sécurisés utilisés par cette société n’ont rien de sécurisés comme tous les protocoles asymétriques. Ce n’est pas là une particularité de cette société mais une course en avant qui ignore :
    – Il n’est pas démontré que NP n’est pas égal à P;
    – Si tel était le cas alors un algorithme de cryptage pourrait exister. Mais encore faut-il démontrer qu’il l’est. Cela dit, il en existe;
    – Quant bien même cela serait établi, un algorithme de cryptage est toujours mal implémenté (les éternelles erreurs ou failles de sécurité de https);
    – De toutes les manières cela ne tient pas face à la computation quantique qui vous ramène à une situation ou NP=P (pour faire court et être pratique).
    Vous ne percevez-pas le sens de ce qui précède ? Alors vous êtes naïf.
    De toutes les manières vous ne savez ni ne contrôlez ce qui se passe dans votre “smartphone” et donc ce qui se passe avant cryptage.

    Au vu de ce qui précède la sécurité des données ne peut pas être assurée.

    De plus, cette charmante, parce que neuchâteloise, société fait payer un abonnement et par la suite se réserve le droit d’utiliser et de revendre vos données médicales pseudonymisées.

    Je vous trouve bien léger dans ce domaine.

    Vous m’évoquez irrésistiblement votre confrère qui, effectuant un remplacement, fait librement usage de son compe Gmail pour traiter des données sensibles de ses patients.

    Etes vous de ceux qui ont informatisé leurs dossier médicaux et traitent ces données sensibles dans un système qui leur permet d’accéder à internet auquel il sont continuellement connecté ? Si tel est le cas, soit vous êtes naïf au point de penser que les données sensibles sont sécurisées, ou alors cynique. Comme vous ête honnête vous êtes naïf. Peut-être devriez-vous autoriser un hacker à pirater les données de vos patients. Hacker éthique, qui vous serait subordonnés et donc tenu au secret professionnel dont vous demeureriez le maître.

    Bonne journée.

      1. Bonjour,

        Je vous remercie pour votre réponse. Votre recommandation met en avant le fait que vous avez une perception de la nécessité de la protection des données personnelles fort restreinte, une empathie restreinte (en tous les cas à distance) et que, pour vous, l’auteur du message importe plus que le contenu.

        Bonne journée.

  2. Bonjour,

    Je rajoute que la société de droit suisse dont le siège est à Neuchâtel comporte au sein de son Conseil d’administration une majorité d’étrangers qui résident à l’étranger (2 sur 3 aux USA). Son capital est divisé en action de 1 centime, ce qui n’est pas la tradition des PME suisses.

    Qui sont donc les actionnaires ? Moi pas. Et vous ? La société gagnerait-elle en crédibilité si elle publiait l’identité de ses actionnaires ?

    Bonne journée.

    1. Il est effectivement fréquent de voir des investissements exogènes chez les entreprises innovantes telles que les deux jeunes pousses présentées dans l’article. Cela fait partie de leur cycle de croissance naturel, considérant les sommes nécessaires pour soutenir le développement de tels produits.

      On peut regretter le fait que si peu d’investissements soit le fait d’actionnaires suisses, évidemment, cela constituerait un formidable accélérateur à l’innovation locale, mais cela paraît injuste, si ce n’est naïf, de reprocher à ces entrepreneurs de se tourner vers des options de financement hors de leurs régions d’attache.

      La Suisse a la chance de se trouver en pôle position dans la création de solutions innovantes, en particulier dans le domaine de la santé, essayons de soutenir et comprendre ces efforts, plutôt que de les accuser de chercher du soutien ailleurs.

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