Les principaux risques environnementaux se trouvent au Brésil et en Russie

J’ai jeté un coup d’oeil sur le rapport Mapplecroft de cet été, portant sur les risques environnementaux  et sur celui de cet automne,  centré sur l’agriculture. Ils estiment les risques environnementaux pour les investissements financiers dans différents pays. Je suppose que leurs données viennent du rapport du GIEC,  et comme les catastrophes climatiques dépassent plutôt les prévisions (feux d’Australie, coûts,  fonte de la glace Arctique et du permafrost, vagues de chaleur), les conséquences pourraient être plus importantes qu’ils ne les décrivent.   L’index d’évaluation inclut l’exposition au changement climatique, la déforestation, le stress hydrique, les lois de protection de l’environnement, ainsi que d’autres, tels que la gouvernance et les droits de l’Homme.

Cette analyse montre que le monde n’est pas assez préparé aux effets en cascade du changement climatique.  La plupart des pays tentent de se prémunir contre les aléas physiques mais les conséquences économiques de celles-ci ne sont pas étudiées, faute de crédits.  Les pays dont l’économie est dominée par l’agriculture sont considérés comme particulièrement exposés.  Il s’agit en particulier du Brésil, avec la culture du café, de la canne à  sucre, du boeuf et du soja (pour l’alimentation du bétail). Le Brésil est touché par le changement climatique, les sécheresses et les inondations, et sa production agricole future est compromise. 

Une des conclusions principales est que la guerre en Ukraine a des graves conséquences sur le marché de l’énergie et des matières premières. En conséquence,  l’Asie se réfugie dans les énergies fossiles. Les minéraux et métaux achetés jusqu’à maintenant en Russie,  notamment le cuivre ou la potasse, devront être trouvés ailleurs.

Je crois que tout cela pourrait facilement être résolu par une meilleure organisation de l’économie. Nous pourrions éviter de jeter des objets en métal ou contenant de minéraux rares. Les engrais chimiques contenant de la potasse pourraient être remplacés par des solutions naturelles.  La production d’engrais azotés pose déjà de nombreux problèmes. Elle est aujourd’hui très importante. La culture des plantes n’en absorbe que la moitié et l’excédent crée une importante pollution. Il contamine les eaux potables et les écosystèmes aquatiques, dont il entraîne l’acidification et l’eutrophication, c’est à dire la formation de zones mortes dépourvues d’oxygène, mortelles pour les poissons.  L’excès de nitrates dans l’alimentation, notamment dans les salades et les épinards peut causer des modifications de l’hémoglobine nocives pour la santé, notamment des nourrissons. Le taux de nitrates dans l’alimentation, en particulier celle des bébés, est régulé mais me souviens d’une émission de la télévision suisse, qui montrait qu’il y en a souvent trop dans les salades, et je consomme souvent des salades bio pour éviter ce problème (article_nitrates1 , article nitrates2). Les particules fines de nitrates dans l’air sont liées à une mortalité accrue, notamment de maladies cardio-vasculaires et respiratoires (étude). La production d’engrais azotés consomme énormément d’énergie, ce qui devient cher aujourd’hui, et a récemment provoqué une immense explosion d’un entrepôt à Beyrouth, qui a causé une centaine de décès.  Ces engrais peuvent par exemple être remplacés par des semis de plantes légumineuses entre les cultures. Celles-ci captent l’azote de l’air comme la fabrication d’engrais chimiques, sans pollution. 

Le passage aux énergies renouvelables pourrait avoir de nombreuses conséquences. Notamment, les panneaux solaires sont fabriqués à 70% en Chine, qui est aussi la source de 60% de minéraux rares, et que cela renforce le pouvoir politique de ce pays.  Ces changements politiques devraient surtout décourager les investissements dans les énergies fossiles.

Le rapport Mapplecroft sur l’agriculture montre que le changement climatique est un grave risque dans ce domaine.   En 2045, le changement climatique sera un risque extrême pour le Brésil, l’Inde, mais aussi pour le sud-est des Etats-Unis et de la Chine. Sept pays européens, dont l’Italie, verront une forte augmentation des risques pour l’agriculture, et tout cela pourrait aussi être sous-estimé. 

Je salue la prise de conscience des conséquences du changement climatique, et l’observation sur les risques en cascade. Ils sous-estiment certainement les effets climatiques, notamment ceux des inondations.  Je remarque dans ce rapport que les principaux risques financiers à court terme sont le Brésil et la Russie.  Il me saute au yeux que cette insécurité est due à des leaders malintentionnés. Je trouve personnellement qu’ils représentent aussi les principaux risques pour la Planète à plus long terme. Bolsonaro, par la déforestation de l’Amazonie (radiofrance), pourrait dérégler sérieusement le climat mondial et créer des problèmes alimentaires pour la Planète entière. De nouvelles élections se sont déroulées au Brésil hier, et le dernier compte rendu préliminaire que je vois sur Facebook donne Lula gagnant, alors cette menace planétaire pourrait disparaître bientôt (CNN vers minuit). Non, maintenant le Monde rapporte un avantage pour Bolsonaro au premier tour !!!

La Russie représente une menace environnementale plus grave encore. Elle agitée spectre de la bombe nucléaire, qui créerait d’immenses dommages. 

Les principaux problèmes semblent dus à une mauvaise gouvernance.  Cela donne une petite idée du potentiel de solutions qui pourraient être réalisées avec de la bonne volonté et des  décisions éclairées.

 

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

15 réponses à “Les principaux risques environnementaux se trouvent au Brésil et en Russie

  1. Certes, Poutine et Bolsonaro ne nous plaisent pas et il y a des raisons objectives à cela.
    Mais de là à croire que si la planète est menaçée, c’est encore de la faute de Poutine et Bolsonaro, il y a un pas que je ne franchirai pas.
    A force de tout voir au prisme de la géopolitique euro-américaine, on arrive à des conclusions très mauvaises et très superficielles.
    Même si notre époque est souvent superficielle, parfois on pourrait se donner la peine de creuser un peu plus le sujet.

    1. Certes, mais il ne fait pourtant aucun doute que Bolsonaro laisse détruire allégrement l’Amazonie, et laisseraient détruire les indigènes si la Cour Suprême n’était pas intervenue.

      1. C’est toujours très facile de critiquer les excès des pays largement plus pauvre que nous, et dont les ressources sont en général exploitées à très bon prix par les multinationales des grandes économies.
        Que les personnes et les communautés locales s’occupe de leurs problèmes locaux et vivent en harmonie avec leur environnement serait déjà plus durable comme paradigme, plutôt que de penser que nous aurions des leçons à donner partout dans le monde.
        D’autre part, si on veut accuser quelqu’un, que l’on accuse le commerce international des ressources, ce serait plus cohérent avec les faits.

        1. Personnellement, je ne donne pas de leçon, je critique et j’accuse ceux qui sont au dessus des lois. Par exemple l’accord de libre-échange entre la Suisse et le Mercosur, ou encore Glencore qui s’en tire toujours à très bon compte de ses agissements au Brésil, entre autres. Tout comme je fustige la servitude des cantons et de l’Etat suisses d’avoir refusé l’initiative pour les multinationales responsables où, comme par hasard, il devait y avoir double majorité alors que le peuple suisse avait accepté l’initiative (étonnement Genève a accepté alors que Glencore y a son siège).

          1. Selon moi, il n’y a pas de multinationales “responsables”. Le principe de la multinationale, c’est justement d’être au-dessus des lois et/ou de jouer avec elles, afin de fuir les responsabilités (sociales, environnementales, fiscales, etc.).
            Il vaudrait mieux purement et simplement démanteler les multinationales – par le boycott, plutôt que d’imaginer que nous allons réformer les multinationales.
            Dès lors, ce n’est qu’en revenant au niveau très local, que l’on repartira sur une base économique saine, celle où les personnes et les entreprises sont responsables et solidaires.
            Et le niveau local pour le Brésil, c’est aux Brésiliens de s’en occuper (et je leur fais confiance, il ne sont pas plus bêtes que nous).
            Donc tout le discours sur la critique des dirigeants à l’international, je la prends aussi avec beaucoup de critique, car cela brouille les consciences et pompe l’énergie des gens bien intentionnés. Cela empêche aussi en partie les gens de se prendre en main sur un plan local et cela produit du découragement (et du populisme in fine).
            Et vous avez le droit absolu de ne pas être d’accord avec mon opinion.

  2. OUT OF TOPIC BUT VERY INTERESTING:

    Lithium-Ion Battery Inventor Introduces New Technology for Fast-Charging, Noncombustible Batteries
    John Goodenough and his team have developed the first all-solid-state battery cells that could lead to safer, faster-charging, longer-lasting rechargeable batteries.
    https://news.utexas.edu/2017/02/28/goodenough-introduces-new-battery-technology/

    AUSTIN, Texas — A team of engineers led by 94-year-old John Goodenough, professor in the Cockrell School of Engineering at The University of Texas at Austin and co-inventor of the lithium-ion battery, has developed the first all-solid-state battery cells that could lead to safer, faster-charging, longer-lasting rechargeable batteries for handheld mobile devices, electric cars and stationary energy storage.
    …… MORE

  3. “Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC en anglais) estime qu’il faudrait mobiliser près de 3500 milliards de dollars par an jusqu’en 2050 afin que la transition énergétique limite le réchauffement climatique à 1,5°C. Et pourtant, les 60 plus grandes banques du monde ont accordé 3800 milliards de dollars aux entreprises actives dans les secteurs du pétrole, du gaz et du charbon depuis l’Accord de Paris, selon l’ONG Reclaim Finance.” La volonté de changer les choses semble être, comme toujours avec la politique et les banques, des mots creux, à défaut d’être déjà lettre morte…

    1. C’est l’une des grandes problématiques de ce siècle à croire que les lobbys gouvernent partout, mais c’est pour cela que le changement viendra des citoyens avertis et engagés mais combien de temps cela va prendre car nous sommes plus de 7 milliards sur cette planète ???

      1. Il ne suffit pas d’être averti, ni engagé, car parfois les convictions s’arrêtent à la surface.
        En effet, comment s’émanciper concrètement de la dépendance aux acteurs toxiques?
        Et cela ne concerne pas que le boycott des multinationales, mais aussi le boycott des structures toxiques de l’Etat, de nos Etats – et dont la monnaie est une part très importante.
        Ainsi, nos retraites sont aussi placées dans les banques commerciales et les actions de ces groupes toxiques, l’immobilier, le marché des obligations, etc.
        Or personne en semble vouloir renoncer à sa retraite, non?
        Donc tout continuera ainsi, tant que nous n’aurons pas pris conscience de cela et décidé de fonctionner autrement pour nous-même.
        C’est un long chemin, qui demande à renoncer à certaines de nos sécurités et habitudes. Le voulons-nous?
        Pas sûr.

        1. évidemment,il ne suffit pas d’être averti et engagé, il faut de la créativité, de l’implication…etc. Je vais pour ne pas me lancer dans un long article m’avancer ici sur les convictions,, il y a de tout, des vraies comme des fausses… mais elles sont toujours le point de départ de grands changements, de grandes découvertes…
          Il me semble important que vous preniez plus conscience de vos convictions en particulier les plus restrictives pour les remettre en question. Chacun fait ses choix et à tout moment,on peut changer ses convictions et ses choix. C’est une question pourquoi croyez vous qu’on est tous sous la coupe de groupes toxiques ? il y a des banques ” propres” qui n’investissent pas dans les énergies fossiles…etc

          1. Nous sommes sous la coupe de groupes toxiques car les convictions et les opinions respectables ne suffisent plus depuis longtemps.

  4. Vous êtes très défaitiste ( d’ailleurs je ne comprends pas comment on peut être si défaitiste si je ne fais pas erreur sur mon opinion sur vous ) alors, je répète on choisit ses convictions. Pour moi, l’un des problèmes fondamentaux d’aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas assez de justice sociale, or les problèmes environnementaux sont une des causes. Puis l’information des citoyens aussi , combien de gens savent que leurs banques ( mais pas toutes heureusement donc c’est pour cela que ce n’est rien perdu ) investissent pour les énergies fossiles ???

    1. Je ne suis absolument pas défaitiste.
      Simplement, ce ne sera pas sur des convictions x ou y que l’on sortira de la situation très compliquée qui est la nôtre, mais avec l’observation de la réalité qui nous entoure et l’adaptation qui en découle.
      Nous vivons complètement décalés par rapport à la nature. Ce n’est pas un problème de convictions. C’est un problème d’illusion par rapport à ce qui existe – une forme d’aliénation très profonde.

      1. Je dirais que c’est surtout le paradigme capitaliste qui doit être inversé, et bien évidemment ceux qui en profitent aujourd’hui, et détiennent la plupart des richesses, ne le veulent pas, puisque précisément ils en profitent, et profite aussi à pas mal de monde en politique (les multinationales, malgré leurs réductions et autres magouilles d’impôt, en paient quand même beaucoup). Problème complexe. Et j’avoue que le monde qui semble vouloir se mettre en place déjà aujourd’hui, ce tout virtuel dont rêve Métavers, ne m’inspire guère confiance quant à ce changement de paradigme. Pour autant, l’espoir demeure permis ; on a toujours vu dans l’Histoire – Hugo nous le rappelle, des résistants s’opposer aux puissances destructrices.

      2. Je pense que sur le fond on est d’accord. La lucidité est une qualité pour voir les choses avec réalité. Oui, le problème est complexe comme dit Daniel Marasek. On est très dépendant des énergies fossiles, je ne comprends toujours pas par exemple pourquoi les ingénieurs ne mettent pas au point des voitures très très économes en carburant car les voitures électriques très polluantes au niveau de la fabrication ne sont pas la panacée. Peut-être est-ce infaisable ?
        Je pense qu’il y a un vrai manque d’investissement pour la recherche sur le développement durable.
        Sinon il y a plein d’autres solutions non climaticides plus ou moins à la portée de tout le monde.

Les commentaires sont clos.