Le réchauffement a-t-il dépassé le point de non-retour?

Que se passerait-il si les émissions de carbone s’arrêtaient?

Une nouvelle publication suggère que le réchauffement climatique a dépassé le point de non-retour. Si l’Humanité disparaissait demain, il continuerait et atteindrait  2,3°C en 2070. Après cette période, les températures baisseraient mais augmenteraient de nouveau  quelques dizaines d’années plus tard et atteindraient environ 4°C en 2500.

Le modèle ESCIMO de Jorgen Randers et Ulrich Goluke aboutit à la conclusion que nous avons atteint la température où le permafrost fond lentement, où sa fonte continuera et provoquera un léger dégagement de méthane qui alimentera le réchauffement au cours des prochaines centaines d’années.

Il modèle le réchauffement à court et moyen terme, sans entrer dans les grands cycles du climat terrestre.

Le modèle est simple, clairement décrit dans un article que je peux lire et critiquer. Cela me plaît beaucoup. Les modèles climatiques complexes sont publiés comme ‘modèle x qui utilise modèle y’ et finalement je ne vois pas quels phénomènes naturels ils incluent et lesquels ils omettent, je crains qu’ils n’oublient l’importance du carbone du Vivant, c’est à dire des plantes, des animaux, et des bactéries sur la Terre.

Je critiquerais le modèle ESCIMO car il considère uniquement que le réchauffement peut accroître l’absorption du CO2 par la Biosphère.  Celle-ci peut cependant aussi être réduite par les sécheresses, comme celles que nous avons observé dans le Nord de la France récemment, et provoquer une importante émission de carbone du sol. D’après moi, ce point pourrait être amélioré.

Le modèle est accessible sur le site http://www.2052.info/ESCIMO/. Il peut être installé sur un ordinateur personnel et utilisé pour visualiser immédiatement l’effet des différentes mesures politiques.  Le site contient toutes les données qui ont servi de base à l’excellent livre 2052 de Joergen Randers, divers articles et présentations.

Rôle de l’océan et du permafrost

Le professeur Michael Mann a fortement critiqué ce modèle (CleanTechnica, USA Today), plus simple et différent des modèles classiques du climat terrestre.  Il calcule quant à lui que si nous arrêtions les émissions de carbone aujourd’hui, le réchauffement s’arrêterait, à cause de la dynamique des océans, qu’il estime mieux décrite dans d’autres modèles.

Cependant, les conclusions du modèle ESCIMO sont basées sur la fonte du permafrost, que le professeur Michael Mann a sérieusement mis en doute récemment parce qu’elles ne sont pas publiées de manière rigoureuse. Le permafrost terrestre et sous-marin semble pourtant dégeler rapidement et à grande échelle. Les spécialistes du permafrost sous-marin, Natalia Shakova (blog blog), les expéditions récentes qui étudient le permafrost sous-marin International Shelf Study Expeditions 2020), observent qu’il dégèle plus vite et profondément que prévu par les modèles.  Ces conclusions ne sont pas encore acceptées par la communauté de climatologues et ne sont pas inclues dans les principaux modèles. Les prévisions d’ESCIMO pourraient mieux prendre en compte la situation actuelle, et moins les reconstructions géologiques des climats passés. Cela montre que l’évolution du permafrost doit être très attentivement surveillée.

Les émissions de carbone continuent

Les calculs de Michael Mann et de Joergen Randers aboutissent à des conclusions différentes sur un point très théorique, à savoir comment évoluerait le climat si les émissions humaines cessaient demain, si toutes les chauffages et les usines au charbon s’arrêtaient.

L’Humanité est toujours là, avec sa civilisation industrielle basée sur la croissance économique infinie.  Les émissions de carbone continuent, le réchauffement augmente, et si nous continuons nos émissions de carbone incontrôlées, nous dépasserons le point de non-retour, et nous provoquerons un réchauffement plus fort et plus rapide.

Michael Mann  est connu pour avoir attiré l’attention sur la gravité du changement climatique. Il a par exemple signé un appel qui demande de diminuer le carbone atmosphérique.  En complément d’une réduction d’émissions de carbone à zéro, il conseille d’extraire d’immenses quantités de carbone de l’atmosphère, pour éviter des siècles de catastrophes.  Malgré les différences des modèles, ces scientifiques s’accordent sur l’urgence à agir pour le climat.

Dorota Retelska

Dorota Retelska, décrypte les nouvelles du climat. Docteure ès Sciences de l’UNIL, auteure d’Antarctique-Ouest dans le Vide, elle alerte sur les dangers du climat depuis plusieurs années. Elle est active dans plusieurs organisations de défense du climat, entre autres l’Association Climat Genève, Greenpeace, TACA, et le Collectif Climat 2020.

24 réponses à “Le réchauffement a-t-il dépassé le point de non-retour?

    1. L’humanité consommé d’une manière infini dans un monde fini trop d’humains impossible a nourri de produit non renouvelable pour satisfaire l’eur sasiete que faire

  1. Les modèles mathématiques…

    Ce sont les mêmes qui disent 400000 morts du covid en France en novembre ? Aucune rigueur scientifique, juste des cassos subventionnés.

    1. Le climatoscepticisme, et chez vous le covidnégationnisme, sont deux faces du déni. Des années de manipulations de la science par les “Marchands de Doute” et le “Kochland” ont fabriqué des petits soldats comme vous.
      Malheureusement, vous êtes la preuve qu’il n’y a pas encore de vaccin contre la “rhinocérite”, mais il convient de protéger de l’ahurissement ceux qui ne l’ont pas encore attrapée.
      Celles et ceux qui sont dans ce cas devraient lire trois livres (les deux titres entre guillemets) et “Rhinocéros” d’Ionesco.

  2. des températures supérieures à celles d’aujourd’hui ont déjà sévi dans le passé , voilà 125’000 ans ( Eémien ) sans que le climat entre dans ce soi disant point de non retour ! sans que le permafrost dégage du CO2 ou du méthane !
    Pas de données dans les carottes de glace permettant de valider un tel scénario …
    Des hypothèses loufoques sans références solides …

    1. Cher Monsieur sachez qu’il y à 125 000 ans, le climat n’a pas changé en moins de 500 ans mais sur plusieurs millénaires.
      Votre comparaison est donc absurde.
      Sachez que c’est cette activité anormale dans la durée et le temps, due à l’espèce humaine qui par conséquent néfaste et dangereuse.

      Et merci Madame pour votre excellent post.

      Cordiales salutations.

    2. @Hubert Giot
      À l’Eémien, il y a eu effectivement un réchauffement de 2°C avec un taux de CO2 de 300 ppm, un tel taux a été déjà dépassé au début des années 2000 et atteint maintenant 400 ppm en 2020. De plus, le réchauffement climatique de l’Eémien s’est déroulé sur plusieurs millénaires et pas en quelques décennies seulement comme pour le réchauffement actuel. Le réchauffement de l’Eémien sera donc très certainement dépassé au cours de la prochaine décennie, dès que le réchauffement global correspondant aux taux de CO2 des années 2000 aura compensé l’inertie des systèmes naturels de régulation. Cela d’autant plus que les émissions de méthane (un GES beaucoup plus puissant que le CO2) à partir des pergélisols en voie de fonte et des fonds marins ne cessent aussi d’augmenter. Un point de non-retour de l’emballement thermique dû aux GES risque hélas d’être atteint prochainement, bien qu’on veuille toujours se persuader et croire que ce n’est pas encore le cas. Voilà la réalité, très inquiétante et qui n’a rien de loufoque, soyez-en certain. Espérons que la transition vers des énergies propres sera assez rapide pour stabiliser le réchauffement en cours !!! S’en prendre aux scientifiques ne sert à rien, Al Gore avait déjà quasiment tout dit dans son documentaire de 2006, cela est effectivement en train d’arriver. Merci à Mme Retelska pour tous les nouveaux éléments qu’elle apporte.

  3. Hubert Giot, le Monsieur “Je sais tout”, habituel râleur des chroniques qui la ramène avec ses pseudos vérités à deux balles.

    Voilà, ce que je pense de ses continuelles interférences dans les blogs.

  4. Merci pour votre pédagogie qui semble tristement inopérante sur quelques humains. J’en suis triste pour eux.
    Je vais tenter de comprendre ce modele ESCIMO, une façon utile de passer le temps confiné.
    Maintenant devant une catastrophe annoncée, le premier réflexe n’est il pas de se dire : quoi faire si la situation est désespérée ?

    1. Merci Dorotha pour votre excellent article, effectivement nous sommes dans un point de non retour et le permafrost doit être surveillé de très près…
      Les conséquences selon un spécialiste sont : l’insécurité alimentaire dans certaines régions, des régions qui deviendront invivables comme en Asie du sud, des vagues de chaleur entraînant une mortalité, des conséquences sur la santé mentale, sur l’agriculture…etc. Mais l’espoir vient de l’action comme la Convention citoyenne en France.
      Le covid 19 et le confinement a fait ouvrir les yeux à des personnes sur un équilibre entre la nature et nos populations.
      Personnellement, c’est le livre ” Notre empreinte cachée ” parue en 2018 qui m’a fait ouvrir les yeux il y a deux ans.

  5. Vu la situation complexe que nous vivons, une vision systémique est nécessaire. Le programme ESCIMO que vous rapportez y participe de facto. Merci à vous pour vos nombreux éclairages.

  6. Que pensez-vous de cette idée selon laquelle, pour faire baisser la température terrestre, il convient de raser les forêts du grand nord (comme à l’époque des mammouths) pour augmenter l’albédo (hypothèse de Zimov) ?

  7. AInsi que l’explique très bien Pierre-Olivier Mojon, l’actuel réchauffement climatique n’est que l’amorce d’un phénomène dont l’inertie est bien plus lente que l’actuel réchauffement. Si nous acceptons l’idée que le CO2 et la température moyenne sont deux variables intimememnt liées, ainsi que le démontrent toutes les études menées sur les carottes de glace de l’Antarctique, et que la dernière fois que l’atmosphère a atteint de tels niveaux de concentration de gaz à effet de serre (C02 fondamentalement) fut au Pliocène, il n’y a qu’un pas à franchir pour comprendre que la température moyenne du globe à cette époque représente probablement la température d’équilibre pour l’actuel niveau de CO2 dans l’atmosphère. Bref, en résumant un peu: quand bien même nous cessions totalement d’émettre du CO2 du jour au lendemain, rien n’empêchera l’atmosphère de continuer à se réchauffer…

    Les prévisions les plus récentes, qui seront publiées dans le rapport de l’IPCC de l’année prochaine, sont très claires: le réchauffement dans le meilleur des scénarios possibles, dépassera les 2 degrés à l’échelle globale. Ce qui dans une bonne partie de l’Europe Centrale signifie un réchauffement de plus de 6 degrés. Et nous parlons là du scénario le plus optimiste…

    Et pourtant, nous continuons de consommer des hydrocarbures à plein régime. Année après année la consommation d’hydrocarbures AUGMENTE. Dans de telles conditions, ces 2 degrés à ne pas dépasser non seulement sont d’hors et déjà irréalistes, mais seront très largement dépassés. Loin de moi l’idée de faire peur, mais je crois fermenet qu’il est grand temps non seulement de lutter contre les causes du réchauffement climatique (en renonçant à consommer des hydrocarbures à l’échelle actuelle) mais également de se préparer au conséquences prévisibles de ce réchauffement que Dorota Retelska évoque ici semaine après semaine…

    1. Votre observation sur les durées considérées est très juste. Par exemple, pour la montée du niveau des mers, les valeurs sont toujours données pour 2100, mais l’équilibre ne sera surement pas atteint avant 2500 au moins avec des valeurs bien plus élevées.

      Il serait temps de planter sur les freins, mais apparemment c’est une idée politiquement toxique.

      L’avantage du modèle ESCIMO est très simple, ce qui le rend aisément compréhensible. Le désavantage du modèle ESCIMO c’est qu’il est très simple et ne tient pas compte de certains feedbacks importants.

      Il n’en reste pas moins que notre marge de manœuvre et le temps pour l’effectuer est réduite de jour en jour par notre consommation effrénée de combustibles fossiles. Quand on regarde les parts de nos énergies primaires au niveau global, il y a de quoi devenir nerveux.

  8. Bjr et merci pour vos analyses. Toutefois je me demande s’il est encore pertinent de se poser la question de savoir si nous avons passé le point de non retour tant il est évident que nous ne changeons nos comportements énergivores et émetteurs de CO2 qu’à la marge. Le mal est fait, n’en doutons plus. Nous ne sommes ainsi même pas collectivement capables d’éteindre les lumières en quittant le bureau, l’usine, le domicile, etc…C’est pourtant simple, non? Il n’est que de voir les photos de notre pauvre Terre la nuit, ahurissantes de débauche d’éclairages pour la plus part complètement inutiles. Donc ????

  9. Svp corrigez-moi si je me trompe: j’ai l’impression qu’il reste guère de chances de stopper la disparition du permafrost ainsi que la fonte d’une bonne partie de la banquise du Pôle Nord.
    La Russie en effet se réjouit de la fonte du Pôle Nord pour s’en accaparer les ressources naturelles qui deviennent plus facilement exploitables – j’ai lu de plusieurs sources l’armée russe tente fréquemment d’intimider des bâteaux pêchant en toute légalité dans les eaux internationales. Quant au permafrost, eh bien il est pour sa plus grande part situé en territoire russe…
    Belle journée

  10. Je voudrais aujourd’hui lancer un appel, un appel vibrant contre une humanité psychorigide. Car c’est bien cela qui nous menace, le CO2 ayant bon dos: n’est-ce pas (encore) nous qui le produisons? Nous assistons à un naufrage et nous sommes précisément sur ce paquebot. Il y a trop peu de chaloupes.
    Certains espèrent avoir encore le temps de mourir dans leurs lits, laissant à leurs descendants le soin d’apprendre à nager. D’autres ont déjà prévu d’enfermer les troisième classe pour qu’ils soient les premiers à se noyer. Mais personne n’a osé proposer un plan pour nous sauver tous! Bien loin des films de science fiction, une paralysie intellectuelle, émotionnelle et morale s’est abattue sur l’humanité.
    Quelle honte abjecte! Si l’humanité mérite de disparaître, ce sera bien pour cela.
    Oui à un vrai plan de décarbonisation!
    Oui à une pénalisation du gaspillage!
    Oui à une vision (et une gestion) audacieuse et lucide du climat pour reconstruire un avenir!
    Oui pour entrer dans une ère de pionniers qui se donnent les moyens d’une toute dernière chance!

    Voilà mon coup de gueule.

  11. Un point de non retour ! C’est quoi un point de non retour ? Il faut que ces alarmistes nous enseignent des choses justes et utiles, basées sur des études exhaustives notoirement admises en essayant d’apporter des réponses ou des éléments de réponses à leurs hypothétiques préoccupations pseudo scientifiques, sinon ils seraient pris pour des clowns au service de l’intrigue et machination.

    1. Alors le point de non-retour dont nous parlons est le moment où la Terre se réchauffe d’elle-même, même si les émissions de carbone humaines sont arrêtées. Tant qu’il y a assez de glace sur les mers polaires, elle refroidit la Planète, mais elle a partiellement fondu et le Soleil chauffe plus la Terre maintenant. Ca fait fondre plus de glace, et la Terre se réchauffera alors encore plus vite. Si nous dépassons ce point de non-retour théorique, nous pourrions encore peut-être réduire l’effet de serre artificiellement en captant du carbone ou par des techniques de geoengeneering pour refléter plus de rayons du soleil.

    2. Il faut écouter Jean Marc Jeancovici à ce sujet.

      Pour les 1.5 degrés en plus, c’est déjà cuit, on ne pourra pas les réduire, et vue que les scientifiques ont tendance à revoir leurs calculs à la baisse pour éviter une trop grosse marge d’erreur dans les publications à la fin du siècle ce sera déjà un +2 degrés sur l’ensemble de la planète…et un +2 c’est déjà des zones entières de territoire invivable, les zone chaud humide en tête de liste. Pour moi c’est ça le point de non retour.

      Cordialement

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