Interceptions aériennes, une nouvelle guerre froide ?

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On ne compte plus les incidents entre militaires russes et américains et alliés en mer Baltique. Ces confrontations entre les forces aériennes des deux pays s’inscrivent-elles dans un contexte de regain de tensions entre les deux pays ?

 Une série d’incidents aériens 

Le dernier incident date de vendredi dernier mais avait été précédé le 25 janvier puis le 7 avril par une interception similaire entre un avion de reconnaissance électronique de type Boeing RC-135 et un avion de chasse de type Sukhoi Su-27SM « Flanker ».

La révélation de ces incidents aériens fait suite aux passages à très basse altitude de deux Sukhoi Su-24 « Fencer » au-dessus du destroyer USS Donald Cook de la Marine américaine en début de semaine dernière.

Protocole de sécurité 

Il faut se rappeler que le Pentagone a récemment conclu un protocole de sécurité en vol avec la Russie, après la tenue d’une conférence vidéo avec des fonctionnaires russes de la Défense. Les discussions ont porté sur la sécurité aérienne dans ciel en Syrie, ainsi que sur les moyens d’éviter les accidents et la confrontation entre la coalition et les forces russes à chaque fois que les deux parties opèrent à proximité d’un objectif commun.

La situation 

La région de la Baltique qui comprend l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie est sous protectorat de la mission de l’OTAN « Baltic Air Policing » qui est mené par les membres de l’OTAN. En d’autres termes, la sûreté de l’espace aérien de la région est opérée par des avions de combat des pays membres de l’Alliance du traité Nord Atlantique. Ceux-ci se relaient dans la région et à la frontière avec la Russie.

Une guerre par procuration ?

Les activités aériennes de la Russie près des frontières de l’OTAN ont augmenté avec la crise en Ukraine. La confrontation qui est actuellement en train de s’aggraver dans les pays baltes et surtout le résultat d’une escalade militaire provocatrice engendrée en Europe de l’Est par les États-Unis et les puissances de l’OTAN depuis que le coup d’État perpétré à Kiev avec le soutien de l’OTAN, ont mené à une guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie en Ukraine. Cette dernière a réussi un coup d’éclat avec la reprise de la Crimée au nez et à la barbe de l’OTAN.

Nombreuses confrontations aériennes 

Depuis le début de l’année 2015, des avions de chasse de l’OTAN ont été dépêchés plus de 250 fois à travers l’Europe pour intercepter des avions russes; 120 de ces interceptions ont eu lieu au-dessus de la Baltique. Le nombre d’interceptions effectuées par des avions de l’OTAN a dépassé les quelques 400 interceptions comptabilisées en 2014 et représentait déjà une augmentation de 50 pour cent par rapport à 2013. A l’inverse les russes revendiquent un peu plus de 350 interceptions d’avions membres de l’OTAN, dont une majorité appartenant aux unités d’écoute électronique et de reconnaissance de l’US Air Force.

 Que faut-il comprendre

La région est donc sous-tension depuis plusieurs mois, suite à la crise ukrainienne. Mais, le lancement de manœuvres navales de l’Otan dans la région au large de Kaliningrad a envenimé un peu plus la situation. Nous assistons, ni plus ni moins, qu’à une forme de communication des deux parties, dont l’intention est de démontrer ses capacités à se maintenir dans la région. Les Etats-Unis semblent changer de comportement en accentuant ces incidents, au lieu de les minimiser, comme s’était encore le cas récemment. Une manière pour eux de se faire passer pour la victime. Du côté russe, on montre un peu plus sa capacité de réaction, avec pour but la réaffirmation du renouveau de la puissance militaire à faire respecter sa souveraineté territoriale. Nous atteignons une nouvelle phase dans un rapport de force grandissant avec en point de mire un rééquilibrage russo-américain. L’Europe se contente de regarder passivement. Que pourrait-elle bien-faire avec des forces armées en sous-effectifs et une passivité politique légendaire. Rappelons que les pays membres de l’OTAN souffrent d’une sous-dotation en matière d’équipement militaire et à plus forte raison en matière d’avions de combat. Une aubaine pour la Russie qui peut ainsi bomber le torse face à l’Alliance Atlantique qui souffre encore du désarmement des années 1990.

 

 

 

 

Pascal Kümmerling

Né à Genève en 1970, Pascal Kümmerling a, depuis l'adolescence , pour passion le monde de l'aviation. Après une licence de pilote privé au Canada, licence pro et finalement instructeur. Avec plus de 3'000 heures de vols et une quarantaine d'élèves formés, Pascal se lance dans l'écriture à travers diverses publications aéronautiques, conférencier à ses heures.