Les stations de métro dont les New-Yorkais rêvaient

Les activités ne manquaient pas le weekend dernier à New York. Entre ceux amassés à Times Square le 31, dans une ambiance de folie, à attendre la fameuse boule et le décompte du Nouvel An, ceux qui ont préféré traverser tout Manhattan à vélo pour voir les feux d’artifice à Central Park – une expérience extraordinaire, même si le retour, sous une pluie givrée, était un peu rude -, ou encore ceux qui ont partagé leurs petits coins secrets, il y avait de quoi faire. Et le lendemain, histoire de bien démarrer l’année, près de 2500 New-Yorkais et touristes se sont lancés dans l’Atlantique, à Coney Island, pour le fameux Polar Bear Plundge. En tenue de Vikings, d’aigle royal, d’ange tatoué ou autres excentricités, le drapeau américain parfois hissé vers le ciel.

Mais les New-Yorkais avaient aussi autre chose à fêter: l’inauguration de quatre nouvelles stations de métro dans l’Upper East Side, sur la Second Avenue, entre la 63ème et la 96ème rue. Anodin? Pas vraiment. Car les New-Yorkais attendaient depuis 1929 que cette ligne-là, la Q, soit mieux desservie.

C’est donc presque à une sorte de pèlerinage que les habitants de la Grande Pomme, curieux, se sont adonnés ces derniers jours. Car outre le côté pratique, il y avait aussi des choses à voir: les quatre stations ont été confiées à des artistes. Et le résultat est plutôt réussi. Jean Shin s’est inspirée d’images d’archives pour faire des mosaïques, le Brésilien Vik Muniz a lui aussi recouru aux mosaïques pour faire figurer ses «Perfect Strangers», des personnages qui ont croisé son chemin et qui font mine d’attendre le train. Sarah Sze s’est lancée dans des paysages bleus et Chuck Close (photos ci-dessus) a réalisé douze immenses portraits de personnalités, dont celui de Lou Reed. 300 artistes avaient postulé pour décorer à leur façon les stations. Et seuls ces quatre-là ont été retenus.

 

Le cochon qui vous veut du bien

LiLou est un «therapy pig». Un petit cochon noir et blanc qui travaille à l’aéroport de San Francisco. Si, si. Il a été engagé au début du mois, avec une mission très précise: déstresser les gens stressés. Ceux qui ont peur de l’avion et que les voyages paniquent.
Donc à la vue de Lilou, parfois drôlement déguisé, les voyageurs devraient rosir de plaisir. LiLou n’est pas seul. Le cochon a rejoint la «Wag brigade» qui existe depuis décembre 2013, une brigade composée de 300 animaux (chiens, chats et lapins) active dans l’aéroport de San Francisco. Mais LiLou a l’honneur d’être le premier cochon – encore mieux: la première cochonne! – à endosser ce rôle aux Etats-Unis.
En gros, l’animal est là, à disposition des passagers, avec parfois une sorte de manteau sur lequel est inscrit «Pet me!», pour inciter aux échanges de caresses.

 La petite femelle à groin qui vient de fêter ses deux ans a été choisie pour sa «personnalité de gagnante», son «côté craquant»; elle souhaite la bienvenue aux passagers dans une série de costumes et «avec des ongles peints», précise le communiqué qui annonce son engagement. Et elle est apparement même capable de jouer d’un instrument de musique.
LiLou prend d’ailleurs son rôle de «therapy pig» tellement à coeur qu’elle se rend également dans des EMS et des hôpitaux. Elle a tout d’une star: même CNN lui a consacré un sujet, la qualifiant de «Rubenesque young lady». Mais surtout, elle a son propre compte Instagram.

Quand Donald Trump veut la peau de Vanity Fair

Ainsi donc, Donald Trump a de nouveau lâché des tweets ra(va)geurs contre les médias. Et on ne finit pas de s’étonner de la façon dont l’homme à la tête de la plus grande puissance mondiale livre ses états d’âme de manière intempestive. Façon coup de tête, coup de sang. Il y a eu le New York Times, CNN et voici maintenant Vanity Fair, la victime du jour. Le tweet du président élu est particulièrement agressif: «Quelqu’un a-t-il regardé les numéros vraiment piètres du magazine @VanityFair? En dessous de tout, grosse difficulté, mort! Graydon Carter, aucun talent, sera out!». Violent.

Graydon Carter, l’homme dont Donald Trump veut la peau, est donc le rédacteur en chef du magazine, depuis 1992. Avec sa curieuse coiffure à la George Washington et son air espiègle, le Canado-américain, n’a, il est vrai, jamais vraiment épargné Donald Trump. En novembre, il publiait un article intitulé «Donald Trump: the Ugly American», où, lui, l’homme qui «observe depuis 30 ans ses singeries teintées d’orange», décoche des flèches empoisonnées contre Donald Trump et rappelle leur relation houleuse. Il se moque de ses petits doigts boudinés, photos à l’appui. Et publie notamment la série de tweets qui, déjà, demandaient sa peau.

 

 

 

Sauf que Donald Trump n’était alors pas encore élu président. La raison de sa toute dernière colère? Ce papier, qui laisse entendre que le Trump Grill, localisé dans la Trump Tower à Manhattan, pourrait être le pire restaurant des Etats-Unis. Avec en sous-titre: «Et il révèle tout ce que vous devez savoir sur notre prochain président».

La journaliste y raconte sa soirée par le menu. «L’allure du restaurant Trump, est comme le candidat, une version cheap du riche», résume-t-elle. Elle décrit l’aspect «too much» qui finit par être inconsistant et écoeurant: «Les boulettes, par exemple, venaient avec de la sauce soja et de l’huile de truffe, et les crostinis étaient servis à la fois avec de l’houmous et de la ricotta, deux ingrédients exotiques qui ne devraient jamais être servis ensemble».

Le tweet trumpien a en tout cas déclenché une série de messages colériques et ironiques de la part d’internautes excédés, qui l’accusent de réagir de manière enfantine et de se détourner des vrais problèmes. Comme la question de l’ingérence russe dans la présidentielle américaine pour le favoriser, selon les conclusions d’un rapport secret de la CIA. D’autres internautes le remercient: ils viennent de s’abonner à Vanity Fair. Tout ça pour ça. Donald Trump, finalement, fait beaucoup de bien aux médias.

Un vernis et une application contre les viols

Alors que la polémique sur la «culture du viol» qui prévaudrait sur les campus américains refait surface (lire ici), des étudiants ont décidé de prendre les choses en mains. Avec un vernis et une application. Après le jeans anti-viol ou le soutien-gorge qui provoque des décharges électriques, cela pourrait prêter à sourire. Seul l’usage permettra d’en mesurer l’efficacité.

Le vernis d’abord. Quatre étudiants de Caroline du Nord ont imaginé un vernis à ongle, Undercover Colors, capable de changer de couleur lorsqu’il est en contact avec du GHB, appelée aussi la drogue du violeur, de la Ketamine ou du Xanax. L’idée a visiblement séduit puisqu’ils ont réussi à lever 5,5 millions de dollars. Leur vernis devrait être commercialisé dans quelques mois. En cas de doute, la jeune femme peut discrètement glisser son doigt dans un cocktail pour s’assurer que celui qui le lui a offert n’a pas de mauvaises intentions. Si son vernis ne change pas de couleur, c’est bon.

 

L’application? Lexie Ernst, une étudiante de l’Université du Michigan, l’a imaginée l’an dernier. «Aux Etats-Unis, on entend régulièrement parler d’agressions, de vols et d’événements inquiétants qui se déroulent sur le campus. En tant que fille, je ne me suis jamais sentie en sécurité en rentrant de la bibliothèque. Ma seule possibilité était d’appeler une amie durant le trajet. Mais il était souvent tard ou les personnes que je pouvais appeler étaient occupées. Du coup, je me retrouvais à devoir rentrer seule, assez effrayée», a-t-elle raconté à Rue89.

Le principe est simple: indiquer le chemin à emprunter en rentrant d’une soirée, qui peut être suivi à distance par des amis. Si la personne dévie du trajet ou se met à courir, l’application indique un comportement anormal et envoie un message d’alerte à l’ami. C’est l’application mobile Companion, qui «ne vous laissera jamais rentrer seul à la maison». En un clic, la personne qui se sent en danger peut aussi directement appeler la police.

Aux Etats-Unis, les agressions sexuelles sur les campus font régulièrement les gros titres. Selon plusieurs études, près d’une fille sur 5 en est victime pendant ses années d’études.

Comment caricaturer Donald Trump

Comment caricaturer Donald Trump? C’est l’une des questions soulevées lors d’une récente sympathique petite soirée organisée à la Society of Illustrators,  à deux pas du Central Park. Un lieu, avec musée, expositions et café branché, qui mérite d’ailleurs vraiment le détour. Ainsi donc, ce soir-là, un panel de cartoonists, parmi les plus prestigieux, débattaient de liberté d’expression, de censure, des effets Charlie Hebdo… et de la manière de caricaturer Donald Trump. Tout ceci à l’occasion des dix ans de Cartooning for Peace, un réseau international de dessinateurs de presse engagés qui se battent pour le respect des cultures et des libertés.

Il y avait Patrick Chappatte, qui croque pour le Temps et l’édition internationale du New York Times, le Belge Nicolas Vadot, qui travaille pour Le Vif, l’Express et l’Echo, Ann Telnaes, cartoonist pour le Washington Post (dont nous publions un dessin ci-dessus), Liza Donnelly, caricaturiste pour The New Yorker et CBS News. Et enfin, Jeff Danziger, dessinateur de presse indépendant depuis 25 ans, qui a publié dans le New York Time, le Wall Street Journal, le Monde ou encore China Daily.

Alors comment dessiner Donald Trump? Pas évident, confie Patrick Chappatte: «Il est une caricature à lui tout seul, et a donc forcément une longueur d’avance sur nous». Ann Telnaes sourit avec malice en rappelant son injonction à ne plus utiliser de photos de lui où apparaît son double menton: «Du coup, je me suis empressée de le représenter avec un double menton dans tous mes dessins!». Il n’a pas vraiment le sens de l’humour et de la satire, ce qui n’arrange rien, rappelle-t-elle. Il suffit de se souvenir de la façon dont il a réagi à une récente parodie d’Alec Baldwin dans le Saturday Night Live sur la NBC. Un tweet accusateur et vengeur, pour dire que l’imitation était lamentable.

 A propos de tweets vengeurs, le président élu consacre vraiment beaucoup de son temps à dénigrer les médias quand des comptes-rendus ne vont pas dans son sens. Il n’a cessé de déverser son fiel sur le New York Times, et plus récemment sur CNN.
Une crainte pour les dessinateurs de presse américains de se voir couper les ailes, pire de devoir s’adonner à de l’autocensure? Ann Telnaes devient soudain un peu plus grave: «Nous allons vraiment devoir être attentifs à ce qui va arriver».

Le Youtubeur amérindien qui rit des Amérindiens

Les Sioux de la réserve de Standing Rock ont remporté une importante victoire la semaine dernière: le tracé du Dakota Access Pipeline pourrait finalement ne pas passer par leurs terres. Et ne pas souiller leurs sources d’eau potable, ni les lieux sacrés où sont enterrés leurs ancêtres. Le chef sioux Dave Archimbault II, combattant sans relâche, a de quoi se montrer un peu plus serein, après des mois de tensions (lire notre article ici). Mais attention, déclare à qui veut l’entendre Dallas Goldtooth, toujours sur les dents: l’administration Trump pourrait changer d’avis. Le combat n’est donc peut-être pas terminé.

Dallas Goldtooth? C’est l’un des organisateurs de l’opposition au tracé du pipeline controversé, qui s’était déjà battu avec succès contre l’oléoduc Keystone XL en 2014. Mais surtout, c’est un original, un doux dingue. Activiste environnemental, son arme à lui pour défendre les siens, c’est l’humour. Un humour parfois grinçant qui se moque des clichés sur les Amérindiens et joue avec les stéréotypes.

Il a le militantisme dans le sang: son père, Tom Goldtooth, n’est autre que le directeur du «Indigenous Environmental Network», l’une des plus grandes organisations défendant la cause des Amérindiens. Quand il n’est pas lui-même sur les chantiers pour protester contre la construction d’oléoducs, il change de registre et squatte Youtube.

L’image de l’Indien activiste fâché, il trouve cela hilarant. Il en joue, il en use.  Pour lui, c’est aussi un bon moyen de capter l’attention et de faire passer des messages sérieux.

Dallas Goldtooth fait partie du collectif 1491s, qui s’intéresse «aux Américains qui étaient là avant Christophe Colomb». C’est avec son beau-frère et des amis qu’il a commencé à tourner des petites vidéos satiriques. La première, «New Moon Wolf Pack Auditions», tournée en 2010, les met en scène en train de chercher à décrocher un rôle dans un film. Elle a été vue plus de 300 000 fois.

Le jeune Amérindien puise son énergie dans l’humour pour mener des combats déterminants pour les siens. Car ne vous y méprenez pas: c’est bien son but principal. Le voilà, d’ailleurs, dans une attitude beaucoup plus sérieuse.

Ses appels sur Twitter démontrent à quel point l’homme est engagé et reste vigilant par rapport à la construction du Dakota Access Pipeline.

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Les dessous de l’affiche qui souhaite la bienvenue aux réfugiés

En se promenant dans Brooklyn, on le voit collé dans de nombreuses vitrines de bars ou petites boutiques bobos. Il accroche le regard et intrigue. C’est le poster «Refugees are welcome here», montrant un homme barbu, avec un enfant sur le ventre, qui sort de sa veste.

poster-2En faisant quelques petites recherches, on en apprend plus sur ce poster. Il est l’oeuvre de l’artiste Micah Bazant, pour le compte de Jewish Voice for Peace, est apparu en décembre 2015 aux Etats-Unis, et pas seulement à New York. L’organisation dit vouloir représenter «la force, l’humanité, et la dignité des réfugiés». Et défier l’islamophobie, en déclarant publiquement la solidarité avec des réfugiés du monde entier, de Syrie à l’Amérique centrale, en passant par la Palestine.

C’est en fait Aurora Levins Morales qui en a eu l’idée au départ. Une femme qui se définit sur son site internet comme écrivain, artiste, historienne, professeur et mentor. Mais qui se considère aussi comme activiste, guérisseuse adepte de plantes médicinales et «révolutionnaire». Tout un programme. Du porte-à-porte a été organisé pour suggérer à des propriétaires de restaurants et autre boutiques de l’afficher. Mais il peut également être téléchargé gratuitement.

Tout a commencé en Caroline du Nord, en réponse à une loi anti-immigration qui venait d’être votée. Aujourd’hui, ces posters prennent une nouvelle dimension après les propos de Donald Trump en faveur d’un registre pour ficher les musulmans qui veulent venir aux Etats-Unis. Il l’a dit dans la foulée de la fusillade dans une boîte de nuit gay à Orlando, perpétrée par un jeune Américain de parents afghans. C’était le 12 juin dernier. Une polémique qui a refait surface récemment. Mais elle fait également écho aux déclarations du président élu qui veut expulser des millions de personnes en situation illégale.

En Caroline du Nord, l’accueil a été mitigé. Des affiches ont été déchirées. Au Lucky Tree Café par exemple, une petite manifestation a même été organisée pour soutenir le bar qui a osé afficher le poster.

Micah Bazant et Aurora Levins Morales ne sont pas les seuls à mettre en avant cette thématique. D’autres artistes ont décidé eux aussi de souhaiter la bienvenue aux migrants en proposant des autocollants pro-réfugiés à afficher publiquement, comme vous pouvez le lire ici.

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Le «Pizzagate» ou la rumeur absurde qui ne désenfle pas

C’est l’histoire d’une fausse rumeur, qui continue à galoper et à avoir des effets dévastateurs. Les ingrédients? Une pizzeria, Hillary Clinton et de la pédophilie. Tout est parti d’accusations selon lesquelles une pizzeria de Washington abriterait un réseau pédophile impliquant des proches d’Hillary Clinton. Elles ont été lancées pendant la campagne présidentielle et le patron de la pizzeria, malgré tous les démentis possibles, a fait l’objet de plusieurs menaces de mort.

A l’origine de la folle rumeur, la publication début octobre par WikiLeaks des emails de John Podesta, le directeur de campagne d’Hillary Clinton. Où il est notamment question d’une soirée de levée de fonds organisée dans la pizzeria Comet. Rapidement, les réseaux conspirationnistes ont lancé la rumeur d’un réseau pédophile. Qui s’est propagée à vitesse grand V sur internet. C’est le début du «pizzagate». «Ils ont découvert un réseau de trafic d’enfants pour les élites qui célèbrent leurs penchants en utilisant des noms de code et des oeuvres d’art dérangeantes», a été jusqu’à écrire le site conspirationniste «The Vigilant Citizen». D’autres ont mis en exergue le fait que James Alefantis, le patron de Comet, est phonétiquement proche de «J’aime les enfants». Il fallait le trouver.

Les vrais journalistes, eux, ont fait leur travail. Les enquêtes ont démontré qu’il n’y avait pas l’ombre d’un scandale chez le patron de Comet. Fin de l’histoire? Malheureusement pas. Les messages menaçants se sont intensifiés après l’élection de Donald Trump. Surtout, ce dimanche, une tragédie a été évitée de peu. Un homme armé est entré dans la pizzeria et a pointé son fusil sur le personnel. Il a eu le temps de tirer au moins une fois avant d’être arrêté. Il voulait de lui-même vérifier si des enfants étaient abusés dans le restaurant, cachés dans un tunnel.

 

Et ce n’est pas tout. Dimanche toujours, le fils du général à la retraite Michael Flynn qui sera le nouveau conseiller en sécurité de Donald Trump, s’est fendu d’un nouveau tweet, suggérant que l’affaire de pédophilie n’a pas vraiment été démentie. De quoi relancer la rumeur dévastatrice.

 

Michael Flynn lui-même, comme d’autres républicains, avait contribué à propager cette polémique infondée sur les réseaux sociaux, sans se donner la peine de vérifier les informations. Vue la gravité de l’affaire, le FBI intervient pour tenter de faire retirer les fausses accusations sur Internet. Mais une rumeur qui s’est propagée si vite peine à désenfler. James Alefantis va devoir s’armer de patience avant que toute cette affaire ne soit plus qu’un mauvais souvenir.

Ceci n’est pas un tweet trumpien

Être correspondante aux Etats-Unis en décembre 2016 a quelque chose de curieux, mais on va finir par s’y faire. Pourquoi curieux? Il y a de nouvelles habitudes à prendre. Chaque matin, c’est devenu presque un rituel, il faut, avec le café, commencer la journée en vérifiant ce que le président élu Donald Trump a bien pu poster sur Twitter pendant la nuit. C’est devenu une source d’information pour connaître ses intentions, presque la seule d’ailleurs, les communicants de Donald Trump n’étant pas très bavards. On n’échappe pas aux gazouillis présidentiels.

Il y a les tweets du matin, parfois postés très tôt, puis ceux qui seront égrainés tout au long de la journée. Avec LA question qui agite les journalistes et a déjà fait l’objet d’articles dans la presse américaine: quelle valeur a une déclaration du président élu par tweet? La même qu’un communiqué officiel? Si la question se pose, c’est parce que Donald Trump réagit souvent de manière intempestive. Il peut se montrer virulent, sanguin, maladroit, accusateur, des attitudes plutôt surprenantes de la part de quelqu’un qui sera dès le 20 janvier officiellement à la tête de la première puissance mondiale, non? Et il se contredit assez régulièrement. Surtout, le choix des thèmes sur lesquels il choisit de passer ses nerfs a parfois de quoi étonner.

Analyser ses messages de maximum 140 signes relève presque de la psychologie. Il y a plusieurs catégories: les attaques contre les médias – on se souvient de l’hallucinant échange avec le New York Times qui a fini en tweet-interview (!) -, ceux pour défendre son entourage – «mon merveilleux vice-président» -, et ceux qui accusent ses détracteurs. Donald Trump s’est par exemple fendu de plusieurs tweets contre écologiste Jill Stein, qui s’est mise bille en tête de faire recompter les votes dans trois Etats clés où les résultats entre Donald Trump et Hillary Clinton étaient très serrés, avec des soupçons d’irrégularités.

Mais il y a plus drôle: il ne semble pas vraiment faire preuve d’humour. Dernier exemple en date? Ce weekend, dans le «Saturday Night Live» de la chaîne de télévision NBC, Alec Baldwin et Kate McKinnon, qui campe désormais  Kellyanne Conway, la fidèle conseillère de Donald Trump, et plus Hillary Clinton, se sont précisément amusés de sa tweetophilie. En parodiant une scène pendant laquelle le président élu s’adonne à des retweets de jeunes ados en plein «Security briefing».

Et cela n’a pas vraiment été du goût de Donald Trump, qui a immédiatement réagit… par tweet. Jugez plutôt:

Déjà, une autre question émerge à propos de ces petits messages de Donald Trump. Va-t-il pouvoir lui-même continuer à gérer son compte Twitter quand il sera vraiment président? Pas sûr. Les services secrets pourraient avoir leur mot à dire. C’est du moins ce que les déclarations de Kellyanne Conway ce dimanche sur CNN laissent penser: «Ce sera à lui, aux services secrets, et à ses conseillers de décider», a-t-elle déclaré. Let’s see.

 

Rencontre avec le «Subway Therapist»

Nous avions rendez-vous dans un couloir reliant deux stations de métro, en plein coeur de Manhattan. J’ai erré, je l’ai cherché, j’ai fait les cent pas dans ce couloir glauque où dormaient deux SDF, et j’étais prête à partir. Quand j’ai réalisé que, oui, il y avait bien un deuxième couloir pas loin. J’ai donc fini par le trouver, Matthew Chavez. Pardon: Levee. C’est comme ça qu’il veut qu’on l’appelle quand il fait ses performances. De Matthew Chavez, on ne saura en fait pas grand-chose. Si ce n’est qu’il gagne sa vie en prêtant sa voix pour des livres audio et en travaillant dans un bar de Brooklyn, lui le touche à tout.

Levee est donc là, un peu agité, face à un mur sur lequel des milliers de post-its de toutes les couleurs sont collés. Il en ramasse par terre, se fait suivre par une équipe de télévision, revient, discute avec un musicien. Nous oublie. Levee, c’est le «Subway Therapist» de New York. Le gars, toujours tiré à quatre épingles, boucles rebelles mais esprit «peace and love», qui s’installe, quand ça lui chante, dans un couloir, avec une table, deux chaises, une petite pancarte «Subway Therapist». Et qui attend que la magie opère. Que des gens s’arrêtent, racontent, se racontent. Et expient leurs angoisses. Il fait ça depuis six mois, sans rien avoir d’un thérapeute, juste parce qu’il veut «donner du bonheur aux gens». Les métros le fascinent. «C’est un lieu de vie incroyable, avec une mixité de gens d’horizons très divers. Un laboratoire fantastique!».

img_8667Depuis le 8 novembre, il a décidé de faire autrement. De mettre des post-its et des stylos à disposition et laisser les gens écrire ce qui leur passe par la tête, et coller leur message sur un mur. Des messages de paix, d’amour, de haine aussi. Certains sont en faveur de Trump. «J’ai senti que les gens devaient s’exprimer après cette campagne particulière, et qu’il fallait un endroit où placer ces émotions. Mais Levee est neutre, ce n’est pas une démarche politique», insiste-t-il.

Ce jour-là, nous étions nombreux devant son mur, à décrypter les près de 4000 messages. A deux stations de métro de là, à Union Square (photo), des post-its recouvrent aussi des murs, de manière plus chaotique, moins organisée. Mais Levee n’y est pour rien. Ce n’est pas son projet. Ces post-its là ont essaimé tout seul.