Ceci n’est pas un tweet trumpien

Être correspondante aux Etats-Unis en décembre 2016 a quelque chose de curieux, mais on va finir par s’y faire. Pourquoi curieux? Il y a de nouvelles habitudes à prendre. Chaque matin, c’est devenu presque un rituel, il faut, avec le café, commencer la journée en vérifiant ce que le président élu Donald Trump a bien pu poster sur Twitter pendant la nuit. C’est devenu une source d’information pour connaître ses intentions, presque la seule d’ailleurs, les communicants de Donald Trump n’étant pas très bavards. On n’échappe pas aux gazouillis présidentiels.

Il y a les tweets du matin, parfois postés très tôt, puis ceux qui seront égrainés tout au long de la journée. Avec LA question qui agite les journalistes et a déjà fait l’objet d’articles dans la presse américaine: quelle valeur a une déclaration du président élu par tweet? La même qu’un communiqué officiel? Si la question se pose, c’est parce que Donald Trump réagit souvent de manière intempestive. Il peut se montrer virulent, sanguin, maladroit, accusateur, des attitudes plutôt surprenantes de la part de quelqu’un qui sera dès le 20 janvier officiellement à la tête de la première puissance mondiale, non? Et il se contredit assez régulièrement. Surtout, le choix des thèmes sur lesquels il choisit de passer ses nerfs a parfois de quoi étonner.

Analyser ses messages de maximum 140 signes relève presque de la psychologie. Il y a plusieurs catégories: les attaques contre les médias – on se souvient de l’hallucinant échange avec le New York Times qui a fini en tweet-interview (!) -, ceux pour défendre son entourage – «mon merveilleux vice-président» -, et ceux qui accusent ses détracteurs. Donald Trump s’est par exemple fendu de plusieurs tweets contre écologiste Jill Stein, qui s’est mise bille en tête de faire recompter les votes dans trois Etats clés où les résultats entre Donald Trump et Hillary Clinton étaient très serrés, avec des soupçons d’irrégularités.

Mais il y a plus drôle: il ne semble pas vraiment faire preuve d’humour. Dernier exemple en date? Ce weekend, dans le «Saturday Night Live» de la chaîne de télévision NBC, Alec Baldwin et Kate McKinnon, qui campe désormais  Kellyanne Conway, la fidèle conseillère de Donald Trump, et plus Hillary Clinton, se sont précisément amusés de sa tweetophilie. En parodiant une scène pendant laquelle le président élu s’adonne à des retweets de jeunes ados en plein «Security briefing».

Et cela n’a pas vraiment été du goût de Donald Trump, qui a immédiatement réagit… par tweet. Jugez plutôt:

Déjà, une autre question émerge à propos de ces petits messages de Donald Trump. Va-t-il pouvoir lui-même continuer à gérer son compte Twitter quand il sera vraiment président? Pas sûr. Les services secrets pourraient avoir leur mot à dire. C’est du moins ce que les déclarations de Kellyanne Conway ce dimanche sur CNN laissent penser: «Ce sera à lui, aux services secrets, et à ses conseillers de décider», a-t-elle déclaré. Let’s see.

 

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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