L’hallucinant échange entre Donald Trump et le New York Times

Je savais bien qu’en vivant aux Etats-Unis j’allais devoir m’habituer à plein de choses. La taille des boissons à l’emporter, les «Oh, my god!» à tous les sauces, les précautions prises lors de la signature d’un bail – non, non, chère régie, je vous promets que je ne vous poursuivrai pas en justice à cause d’un enfant-qui-n’habite-pas-dans-l’appartement qui déciderait de snifer la peinture des murs. A plein de choses, sauf à un président qui tweete comme il respire, et joue à cache-cache (ou à poker menteur) avec les médias.
Mardi, tout avait commencé par ce tweet, posté sur le profil @realDonaldTrump (si, si: le vrai de vrai): «I cancelled today’s meeting with the failing @nytimes when the terms and conditions of the meeting were changed at the last moment. Not nice». Hop, un rendez-vous annulé avec un média qu’il a souvent critiqué, le tout balancé sur un réseau social! Le New York Times lui répond, se défend d’avoir changé quoi que ce soit, déclare ne pas avoir voulu que d’un rendez-vous en off. Puis, un nouveau tweet du futur président. Cette fois, pour dire, que, oui, peut-être, une nouvelle réunion serait agendée avec le quotidien, «qui en attendant continue de me couvrir (sic) de manière inexacte et sur un méchant ton». Et vlan! Un condensé des relations compliquées qu’entretient Donald Trump avec les médias en même pas 140 signes.
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La suite? La réunion a fini par avoir lieu. Et cette fois, ce sont les journalistes du New York Times, qui ne se sont pas privés de tweeter ses réponses en direct (retrouvez le live-tweet ici). Comme Julie Davis. Qui raconte qu’il a qualifié le NYT de «grand, grand joyau américain mondial». Il s’est aussi, lui le climato-sceptique, dit «ouvert» au sujet de l’accord de Paris sur le changement climatique (ah bon?), a affirmé que son gendre juif Jared Kushner pourrait l’aider à «faire la paix entre les Israéliens et les Palestiniens», que «la loi est totalement de mon côté, un président ne peut avoir pas de conflits d’intérets» ou encore que, non, son conseiller stratégique Stephen Bannon n’est pas raciste. Une interview tweeterisée donc, le tout entre du saumon, des morceaux de filets de boeuf et des cupcakes auxquels pas grand-monde n’a touché.
Lors de cet exercice atypique, Donald Trump n’a pas échappé à  une question sur le groupe d’extrême droite «alt-right», qui, samedi, fêtait sa victoire avec des saluts nazis. Une vidéo diffusant la scène a enflammé les réseaux sociaux. Sa réponse: «Je les désavoue et je les condamne». Il s’était vu reprocher par plusieurs tweetophiles, dont Mia Farrow, ex-femme de Woody Allen, de perdre du temps à s’acharner sur la comédie musicale Hamilton (cf précédente notule), sans rien dire à propos de ces saluts nazis. Voilà désormais chose faite, en direct depuis les locaux du New York Times, le journal qu’il aime tant détester, selon sa méthode de communication préférée.
Sauf que cette fois, ce n’est pas lui qui a tweeté, mais bien ce journal qui, dit-il, couvre son actualité de «manière inexacte». Euh, mais alors, cette information est-elle fiable? Est-ce bien une vraie condamnation, Monsieur le Président élu? Réponse dans un prochain tweet?

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

2 réponses à “L’hallucinant échange entre Donald Trump et le New York Times

    1. Bonjour! Merci pour votre message! Ce sont mes premiers pas sur ce blog et cela me fait plaisir de savoir qu’il vous intéresse. Très belle journée!

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