Le «Pizzagate» ou la rumeur absurde qui ne désenfle pas

C’est l’histoire d’une fausse rumeur, qui continue à galoper et à avoir des effets dévastateurs. Les ingrédients? Une pizzeria, Hillary Clinton et de la pédophilie. Tout est parti d’accusations selon lesquelles une pizzeria de Washington abriterait un réseau pédophile impliquant des proches d’Hillary Clinton. Elles ont été lancées pendant la campagne présidentielle et le patron de la pizzeria, malgré tous les démentis possibles, a fait l’objet de plusieurs menaces de mort.

A l’origine de la folle rumeur, la publication début octobre par WikiLeaks des emails de John Podesta, le directeur de campagne d’Hillary Clinton. Où il est notamment question d’une soirée de levée de fonds organisée dans la pizzeria Comet. Rapidement, les réseaux conspirationnistes ont lancé la rumeur d’un réseau pédophile. Qui s’est propagée à vitesse grand V sur internet. C’est le début du «pizzagate». «Ils ont découvert un réseau de trafic d’enfants pour les élites qui célèbrent leurs penchants en utilisant des noms de code et des oeuvres d’art dérangeantes», a été jusqu’à écrire le site conspirationniste «The Vigilant Citizen». D’autres ont mis en exergue le fait que James Alefantis, le patron de Comet, est phonétiquement proche de «J’aime les enfants». Il fallait le trouver.

Les vrais journalistes, eux, ont fait leur travail. Les enquêtes ont démontré qu’il n’y avait pas l’ombre d’un scandale chez le patron de Comet. Fin de l’histoire? Malheureusement pas. Les messages menaçants se sont intensifiés après l’élection de Donald Trump. Surtout, ce dimanche, une tragédie a été évitée de peu. Un homme armé est entré dans la pizzeria et a pointé son fusil sur le personnel. Il a eu le temps de tirer au moins une fois avant d’être arrêté. Il voulait de lui-même vérifier si des enfants étaient abusés dans le restaurant, cachés dans un tunnel.

 

Et ce n’est pas tout. Dimanche toujours, le fils du général à la retraite Michael Flynn qui sera le nouveau conseiller en sécurité de Donald Trump, s’est fendu d’un nouveau tweet, suggérant que l’affaire de pédophilie n’a pas vraiment été démentie. De quoi relancer la rumeur dévastatrice.

 

Michael Flynn lui-même, comme d’autres républicains, avait contribué à propager cette polémique infondée sur les réseaux sociaux, sans se donner la peine de vérifier les informations. Vue la gravité de l’affaire, le FBI intervient pour tenter de faire retirer les fausses accusations sur Internet. Mais une rumeur qui s’est propagée si vite peine à désenfler. James Alefantis va devoir s’armer de patience avant que toute cette affaire ne soit plus qu’un mauvais souvenir.

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

Une réponse à “Le «Pizzagate» ou la rumeur absurde qui ne désenfle pas

  1. Si la rumeur concernant la pizzeria est de toute évidence fausse, par contre les mails de Podesta et les échanges le concernant sont bien étranges évoquant des soirées pizza où sont mentionnés des ingrédients qui font penser à des codes. Je comprends que vous rejetiez cette hypothèse avec indignation, malheureusement la pédocriminalité dans les sphères du pouvoir est un fléau réel. Les liens des Clinton’s avec Jeffrey Epstein sont avérés. Cela, et d’autres affaires concernant la Fondation Clinton, fait peser sur eux des soupçons qu’on ne peut balayer d’un revers de main.

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